Deuxième phase d'un plan impitoyable - feat Yumiko & Tyron

Devant Kô, la jeune fille tremblotante leva le bras pour désigner son téléphone portable. Bien qu’elle fût à une certaine distance, l’adolescent avait pût voir son nom trôner au sommet de la conversation. C’est à ce moment-là qu’il se rappela qu’il l’avait convoqué et aussi, bien sûr, ce pourquoi il l’avait fait. Soupirant, il posa son propre téléphone.

- Ah, soufflait-il, c’est vrai. J’avais oublié. Tu es là depuis longtemps ? As-tu entendu ma conversation ?

Demanda-t-il, visiblement sur la défensive. Si elle en avait suffisamment entendu, elle pourrait se douter de quelque chose. Et ce n’était pas particulièrement ce que le garçon souhaitait. Lorsqu’elle lui répondit par la négative, toujours en silence, le rubis parût soulagé. Cependant, le langage corporel terrifier de la jeune saphir commençait à l’énerver. Un peu à cran, cependant, il ne dit rien. Il passa à coter d’elle pour retourner dans le hall de la maison. Il alla retrouver une machine distributrice qui y était et demanda à la jeune fille si elle souhaitait quelque chose. Suite à sa réponse, il glissa une poignée de monnaie à l'intérieur et appuya sur les touches pour démarrer le mécanisme. Récupérant sa commande, il regagna sa chambre suivi par son larbin personnel. Il prit place sur la chaise derrière le bureau avec une mine qui portait à croire qu’il était loin, bien loin dans ses pensées.
Sans trop porter attention à celle tout près qui n’osait pas bouger, Kô repensait à sa conversation avec son père. Rentrer chez lui aurait été si facile… Il regrettait presque de ne pas avoir menti à son père. Cependant, il savait qu’il s’en serait d’avantage mordu les doigts en lui donnant raison…

Et puis… Ce n’était pas du bluff. Ce qu’il avait dit à son père pour le faire taire… à propos de ce qu’il ressentait…  Il prit une gorgée de sa boisson, comme pour aider à mieux faire passer l’idée. Il jeta un coup d’œil à la jeune blonde, toujours aussi vivante qu’une statue.

- Assied toi. Dit-il en désignant le lit.

Cela semblait être un ordre. Peut-être en étais-ce un ? Kô s’en fichait. Il pensait de nouveau à son père déjà. Il étouffa un râle de frustration. C’était impossible tout ça. Son père avait raison. Il ne pouvait pas être dysfonctionnel à ce point. Ce devait être sa conscience qui s’évertuait à contrarier son géniteur…  Le garçon prit une inspiration. Il regarda de nouveau Yumiko qui visiblement souhaitait s’en aller très loin. Puis, sans crier gare, il posa sa boisson, avança la chaise à roulette sur lequel il était assis vers elle et posa la main sur sa nuque. Puis, sans crier gare, il se pencha vers l’avant doucement et colla ses lèvres aux siennes pour l’embrassée.

Cela ne dura quelques secondes durant lesquelles la jeune fille devait probablement très mal réagir, cependant, le garçon s’en fichait éperdument. Non, la seule chose qui l’inquiétait à cet instant, c’était ce qu’il ressentait. Le vide.
Cela ne lui faisait rien, absolument rien. Puis, vers la fin, cela commença à l’écœurer.

Il la lâcha sans préavis et se recula, furieux.

- Pourquoi ?! lui demandait-il Pourquoi suis-je incapable d’être normal ?!

Ses yeux bleus écarquillés de terreur fixaient ceux de la jeune fille comme en quête de réponse. Puis, comprenant que celle qui se tenait face était son larbin personnel, il senti la honte, sournoise, se glisser dans sa gorge. Si elle comprenait c’était fichu. Mort de peur, Koaiden sera les poings. Ne pouvant retenir les tremblements dans sa voix il lui lança un ultime ordre :

- N-ne parle de ça à personne !

Puis il se leva d’un coup et lui tourna les dos afin d’éviter qu’elle ne puisse voir sa faiblesse plus longtemps. Il remmena une main devant lui. Elle tremblait. Comme une feuille. Il serra les poings jusqu’à blanchir ses jointures. Cela devait s’arrêter maintenant ! Il devait reprendre le dessus !
Malgré tout… il avait bien du mal à le faire…

Lorsqu’il eut le cran de lui jeter un nouveau coup d’œil elle était là à trembloter dans son lit, le dos appuyer contre le mur. Ses joies rosies lui donnaient un petit air attendrissant quand même. Il souffla, comprennent qu’elle n’avait fichtrement rien compris à la situation. Rassuré de voir à qu’elle point elle était réellement stupide, il essaya de terrer cette infime déception tout au fond de lui. Hors de question de regretter qu’elle n’ait rien capté. Il s’agissait de sa réputation à la fin. Malgré tout, il se sentait bizarre de la voir comme ça. Comme si… Comme si cela l’atteignait… Curieux de voir ce qui se passait, il s’approcha doucement du lit et prit place sur le matelas. Alors qu’il n’était plus très loin d’elle, il la regarda dans les yeux et prononça une phrase qui ne prit visiblement pas la peine de passer sous les yeux de sa conscience.

- Je suis désolé.

Dit-il d’un coup. Bien sûr, le premier surpris fût Kô. Écarquillant les yeux, il sentait le malaise grimper en lui avec un rire machiavélique. Ne plus jamais se laisser aller à la curiosité. Jamais. Se promit-il. La jeune demoiselle semblait elle aussi très surprise tout à coup. Alors qu’il s’apprêtait à envoyer une réplique cinglante pour se rattraper une voix derrière lui le prit de court. Elle était forte, autoritaire et masculine. Il s’agissait d’un professeur sans aucun doute.

- Mikawa.  Prononçait cette voix pour capter son attention.

Il se retourna et un sourire malsain naquit sur ses lèvres. L’enseignant dans l’embrasure reprit la parole :

- Un oiseau m’a dit que tu avais ramené une intruse dans ta maison. Ne me dis pas que tu as oublié le règlement ?

L’adolescent avait envie d’éclater de rire. Trop beau, c’était trop beau. Et il n’avait même pas cherché lui-même à atteindre cette situation parfaite. Alors qu’il se décalait juste un peu pour laisser la jeune fille voir qui se tenait dans l’embrasure, il feignit presque d’être malaisé par la situation.

- Oups. Dit-il avec son air hautain habituel, Je me suis fait griller apparemment. Dommage, nous étions déjà si avancés...

Marmonnait Koaiden avec une lueur malsaine dans le regard alors que Tyron Hatami cachait on ne peut mieux tout ce qu’il pouvait bien ressentir à cet instant.

Tyron était de surveillance.
Depuis près d’un mois, il n’allait pas très bien. Il avait du mal à manger, à dormir, à se lever… à faire quelque chose de sa vie en gros. Il aurait bien mis tout ça sur le compte d’une maladie quelconque, mais… il savait bien que c’était faux. Il savait que tout cela était causé par la disparition de Miko. Il ne s’avait même plus s’il devait l’appelée comme ça. Elle était avec un autre maintenant. Il sera les mâchoires… Avec Lui qui plus est. Son nom complet était Koaiden Matheson Mikawa. Il refusait catégoriquement qu’on l’appelle ainsi d’ailleurs. C’était ce que certains profs lui avait dit. Alors qu’il avait failli prononcer son nom complet devant tout le groupe lors de son premier appel il s’était rappeler que pour avoir un semblant de bonne entente avec lui il valait mieux ne pas le faire. Il aurait dû. À peine quelques semaines plus tard il se baladait dans les couloirs exhibant fièrement sa nouvelle copine. Yumiko Okamoto. Et surprise  phénoménale, les dates coïncidaient avec la déclaration amoureuse de la jeune femme envers son professeur et le rejet de celui-ci. Elle voulait le rendre jaloux, sans doutes. Et ça avait fonctionné. D’autant plus qu’elle mettait un point d’honneur à l’ignorer. Il ne la croyait pas comme ça, mais visiblement, il s’était trompé.

Cependant, il avait récemment eut une discussion pour le moins houleuse avec Sawako, une amie de Mi… Yumiko. Elle avait dit être inquiète pour elle, mais Tyron ne voyait pas grand-chose dans tout ce qu’elle lui racontait d’alarmant. D’accord, elles ne se voyaient presque plus, mais les gens changent lorsqu’ils sont amoureux, non ?

Le professeur ressassait tous ces douloureux souvenirs en manipulant le pendentif qu’elle lui avait remis avant de se détourner de lui. Un soir de rage, il avait bien faillit s’en débarrasser, mais il s’en était dissuader. Il n’était pas comme ça. Malheureusement. Alors qu’il était profondément captivé par la pierre, quelqu’un passa dans le couloir et il releva les yeux. Il avait failli hoqueter de surprise, mais réussit à ne pas émettre le moindre son. C’était elle. Et elle se dirigeait vers le dortoir des Rubis. Bien qu’il sente la jalousie s’infiltrer en lui en sachant pertinemment qu’elle allait sans doute rejoindre son nouveau petit ami, il ne pût s’empêcher de remarquer l’horrible état dans lequel elle se trouvait. Elle était si maigre… Et le bleu de ses yeux se perdait dans les taches noires qui en salissaient la peau dessous. Avec un frisson, certaines paroles de Sawako lui revinrent en mémoire. Il la vit entrer dans le dortoir et ravala sa salive. Elle n’avait pas le droit d’y aller. Il pouvait très bien aller la cherchée et empêcher cet imbécile de Kô de mettre ses sales pattes sur elle… Mais il ne pouvait s’empêcher de se questionner à savoir ce que souhaitait réellement la Saphir. Et si elle aimait ce sale mioche ? Elle détesterait Tyron, c’était certain.

Il mit un certain temps avant de se décider. Ou plutôt avant que la jalousie ne l’oblige à foncer interrompre quelque chose qu’il ne souhaitait fort probablement pas voir. Bien sûr, lorsqu’il était arrivé, les deux adolescents étaient sur le lit. Et ils ne semblaient pas jouer aux cartes. Heureusement, cependant, ils avaient leurs vêtements. Si non quoi, le prof n’était pas certain de la réaction qu’il aurait eu. Il avait parlé avec son air professionnel, décidé à cacher toute trace de rancœur quand Kô lui avait répondu avec son irrépressible ton agaçant. Il avait serré les dents et mâcher ses mots avant d’ordonner froidement :

- Ouais. Comme tu dis. Maintenant tu la fais sortir où il y aura de graves conséquences.

Alors que l’adolescent semblait vouloir lui rire au visage, Tyron tourna les talons ne supportant pas cette image plus longtemps. Il les avait bien vues les joues rosit de la jeune demoiselle… Et il avait mal. Très mal.

Kô avait laissé la jolie demoiselle joindre son prince avec plaisir. Si on lui avait dit qu’il assisterait à cette discussion un jour, il ne l’aurait jamais cru. Il les suivit avec moins d’ardeur que la fille et s’appuya sur le cadre de la porte pour profiter du spectacle avec un large sourire aux lèvres. Avec une joie malsaine, il l’a vit se mettre en larme pour tout lui expliquer. Ah l’amour. C’était un sentiment qui vous rendait si faible… Alors que Kô se délectait de l’air d’incompréhension qui dessinait les traits de Tyron, celui-ci émit un « quoi ? » énergique. Ses yeux étaient tapisser d’horreur et il n’en fallu pas d’avantage à Kô pour éclater de rire.

« C’est trop s’il vous plait ! Je vais mourir de satisfaction si ça continue !

Cette réplique lui valut le regard de braise se don professeur. L’adolescent s’approcha, le pas léger.

- Je vais t’expliquer, moi, espèce d’ingrat. Cela fait presqu’un moins que je manipule à ma guise la demoiselle que voici. Et cela pourquoi ? À cause de toi. Et un peu d’elle aussi. Elle est si niaise. M’enfin. Elle ne pouvait pas savoir elle, que s’il n’y avait rien entre vous tu ne risquais rien. Elle avait si peur que je te condamne la pauvre…

Alors que les explications fusaient, les traits de Tyron se décomposaient de compréhension. Il ne semblait pas très appréciateur de la vérité, cependant. Il semblait se demande pourquoi, vivement.

- Pourquoi ? hasarda Kô pour le devancer, Parce que je m’ennuyais, voilà tout. Et puis… Bien que j’en aie douté longtemps, le fait est que tu as des sentiments pour elle, n’est-ce pas ? Tu ne t’en peut-être aperçu que lorsque je te l’aie pris, mais cela n’a pas vraiment d’importance. Je connais la vérité.

Avec un sourire satisfait, il susurra :

- À la fin, c’est moi qui gagne. »

Tyron l’avait laissé déballer son sac en entier, sans broncher. Frapper par l’horreur de ses propos. Par l’horreur de la situation. Et par la frêle Miko qui pleurait sur le sol en assistant à toute la scène. Il avait failli rester professionnel jusqu’au bout, mais la fin du récit de Koaiden eut le don de l’énerver au plus haut point. C’était une façon bien atroce pour elle d’apprendre que ses sentiments étaient réciproques. Alors qu’avec son ton condescendant habituel il lui susurra sa victoire, ce fût plus fort que lui. Il ne pût se retenir.

D’un pas vers l’avant, il se donna un élan monumental et fit percuter ses jointures sur la gueule d’ange satanique de Mikawa. Celui-ci tourna la tête et tomba à la renverse, complètement sonné. Le coup avait raisonné dans la pièce. Désormais seuls les gémissements du garçon rompaient le silence. N’arrivant pas à desserrer les dents, Tyron parvint malgré tout à ne pas se jeter sur lui. Cependant il lança dans l’air d’un ton menaçant :

- Ça oui. Tu as gagné un coup de fil de ma part vers chez M. Matheson salopard. Moi aussi, j’en connais des vérités.

En réalité, il ne savait rien. Mais il ne pût s’empêcher de déguster la terreur dans les yeux du garçon. Faisant volte-face, il attrapa le poignet de Miko et l’entraîna hors de cette chambre, hors du pensionnat même. Il voulait l’emmener loin. Loin de cet horrible monde dans lequel ils étaient contraints de vivre.

Malheureusement, il ne pouvait pas lui offrit une telle idylle. Tout ce dont il parvint à faire ce fût l'éloigner de Kô en lui faisant prendre place dans son véhicule avant d'en faire vrombir le moteur...