Rencontre électrique • Zyx

Tu étais assis sur ta chaise, t'ennuyant profondément. Tu n'avais aucune occupation en tête, et embêter les rares personnes que tu connaissais ne te semblait pas une bonne idée. Tu soupira. Tu ne savais vraiment pas quoi faire, et tous les élèves étaient actuellement en cours ; tu te voyais mal aller leur rendre une petite visite. Et puis, ce n'étais pas ton genre d'aller rencontrer des gens comme ça, sauf si tu devais aller les embêter ou autre. Tu passe une main dans tes cheveux bleus clair et regarde le paysage derrière la fenêtre. Il faisais certes très beau, mais ce n'étais pas ce qui t'intéressait le plus aujourd'hui. Et tu avais beaucoup de temps devant toi à tuer avant de rentrer chez toi. Tu ne pensai qu'à ça, d'ailleurs ; tu t'ennuyais comme ce n'étais pas permis. Ton ancienne vie chez eux étais beaucoup moins ennuyante et plus productive ; au moins tu avais de l'action et des imprévus, tout ce que tu aimes. Là, rien. Cette pensée, t'arracha un léger sourire. Ton premier depuis plusieurs mois. Tu n'avais jamais le cœur à faire un vrai sourire, encore moins l'offrir à quelqu'un. Bien évidemment tes sourires carnassiers et moqueurs ne comptent pas, ce sont ceux que tu sais le mieux faire, pour le meilleur et pour le pire. Tu remballe bien vite ton sourire, car d'autres pensées te vinrent en tête, tu te charges de les chasser bien vite. Tu te lèves et commence à faire ce que tu avais de mieux à faire en ce moment (et que, en prime, tu savais bien faire) : te balader un peu partout dans l'académie. Tu décida de retourner à l'aile Diamant encore une fois. Histoire de bien repérer les lieux, diraient les mauvaises langues ; mais il fallait bien que tu te trouve une occupation. Cela valait mieux que de ne rien faire.

Tu avais réussi à faire passer quelques minutes, mais te voilà à nouveau dans ton ennuie profond, assis dans le fauteuil. Tu aurais bien joué à un jeux sur ton portable, mais tu avais la flemme de le sortir. Ce qui, en sois, était un peu bête. Tu te lèves à nouveau pour te diriger vers la fenêtre ; qui sait, il y a peut-être quelque chose d'intéressant à voir. Alors que tu marchais, ta hanche cogna quelque chose. Ce quelque chose tomba par terre à grand renfort de bruits. Qu'est-ce que c'est encore ? Tu te tournes vers la source du bruit et vois une guitare par terre. Tu te demandais ce que faisais un objet pareil en ces lieux, mais tu n'y prêta pas plus d'attention. Tu continue donc ta marche, sans te soucier de l'instrument à terre ni même le ramasser ; de toute façon, il n'avait pas l'air cassé et quelqu'un d'autre le ramassera à ta place car tu as mieux à faire que de ramasser les choses tombées par terre.

Débordée, littéralement, je suis débordée ; courir à droite, à gauche, corriger des copies, parler à cet élève, ranger, organiser, être à l'heure... Les jours comme ça arrivent rarement, mais aujourd'hui en était un.
 Pressée, j'ai voulu ramener ma guitare dans mon appart' au lieu qu'elle traîne à la salle de musique, histoire de gratouiller un peu les cordes ce soir. Mais ! Oui, parce qu'il y a forcément un mais. Mais j'ai oublié la housse de guitare, donc ça a été galère à transporter parce que je n'avais pas le temps de faire un aller-retour de plus. Et puis j'ai eu envie d'un café, mon célèbre café noir qui m'a valu une dispute avec le psy ici, il y a peu.
 J'ai donc posé la Fender Telecaster contre un canapé juste le temps de préparer ma boisson. Je pensais : "Après, je file poser ma bien aimée confortablement dans sa maison !" Tss, naïve que je suis. Un individu blasé avec des cheveux de schtroumpf passe dans le couloir, je ne prête pas attention à lui. J'entend ma guitare tomber, mon sang ne fait qu'un tour.

 Je me précipite en dehors de la cuisine, le schtroumpf se fiche complètement du pauvre instrument agonisant au sol. Tout va bien, elle n'a pas l'air abîmée...

"Tu comptes pas ramasser ça, je présume ?!"

 Non mais, quel malpoli. Faut vraiment être un couillion pour toucher cette guitare sans s'en excuser après ! Surtout quand on me connait. Je fais vivre l'enfer aux couillons moi. J'approche de lui a grands pas solennels, les sourcils froncés, les poings serrés. Tu vas passer un sale quart d'heure, pauvre schtroumpf.

Peu après avoir fait tomber la guitare sans le vouloir, tu ne tarde pas à entendre des bruits de pas puis une vois de fille, visiblement énervée :

- Tu comptes pas ramasser ça, je présume ?!

Tu t'assied sur le rebord de la fenêtre avant de te tourner vers la voix. Tu soupire et pris une mine à demi gênée à cause du look de la madame qui te faisait face. Vraiment, il y avait des gens qui s'habillaient bizarrement (tu te dit ça mais t'es pas mal dans ton genre, et tu le sais). Elle avait des percings partout, surtout au visage ; des espèces de piques sur les deux oreilles et sur la lèvre inférieure entre autre. Sa frange était bleue et rose et le reste de ses cheveux noirs avec des mèches blanches... a, et avec du bleu aussi. Elle avait des espèces de cornes sur le crâne et un style vestimentaire d'écolière mélangé à celui d'une rockeuse ; un mélange vraiment étrange. Sur quoi je suis tombé encore ? De toute façon, c'était toujours pareil ici : tu avais le don de tomber sur les gens les plus tordus qu'il soit. Tu repris bien vite ton masque d'impassibilité avant de répondre sur un ton moqueur :

- Hum... Je penses pas...

Tu te met de profil à elle, toujours assis sur le rebord de la fenêtre, la jambe remontée vers ta poitrine, tes yeux la regardant. Tu ne comprenais pas trop son attitude juste pour cette guitare. Bon ok tu aurais pu la ramasser, mais ton sale caractère ne te le permettait pas ; tu restes fidèle à toi-même, comme toujours. Tu attendais sa réaction, te préparant à utiliser la violence ; quelque chose dans son attitude te disait que c'était le genre de personne impulsive qui s'énervait pour un rien et qui utilisait la force pour se faire entendre, un peu comme... Tu retiens un soupir. Pourquoi penser à lui dans un moment pareil ?