après les révisions , la distraction (PV Yumiko)

Ne semblant plus être fâché du tout contre moi, Noa s’aida du bord pour se remonter au niveau du sol et s’assit près de moi. Puis, il prit la parole comme pour répondre à mes dires :

_ Voir le monde en nuance de gris ? Ca me parait un peu morose comme façon de voir les choses … après chacun son avis sur le sujet mais bon tant qu’on y est autant te dire comment moi je vois les choses … Le bien le mal … tout le monde se prend beaucoup trop la tête sur ses deux mots moi-même j’ai énormément de mal à me familiariser avec ces deux notions ! Les gens se prennent trop la tête avec ça ! Ils ne profitent pas assez de la vie. De toute façon quoi qu’il arrive, quel que soit le domaine tout est toujours question d’équilibre. D’ailleurs on dit bien « un mal pour un bien » tu me suis ? Et puis de toute façon que ce soit d’un côté ou de l’autre, l’extrême n’est jamais quelque chose de productif. Personnellement vu que j’ai arrêté de me faire chier à réfléchir à ce truc je me contente juste de suivre une règle que m’a dite ma grand-mère « tant que ça ne nuit pas, fais ce que tu veux ! ». En théorie ça a l’air simple mais là où est la subtilité c’est dans le « ça ne nuit pas » à savoir pour les autres, mais aussi et surtout pour toi même tu saisi ?

Si je me souvenais bien, « nuire » signifiait faire du mal. Donc, si je comprenais ce qu’il voulait me dire, je pouvais faire ce que je voulais tant que je ne faisais pas de mal aux autres ? Mais en quoi ça allait m’aider à savoir comment on faisait pour ressentir de l’amusement ?

- Pour ce qui est de la liberté … c’est avant tout dans la tête que ça se passe, c’est une façon de penser. Comment peux-tu espérer être libre si tu ne t’en donne pas les moyens ? Apprend à vivre et à te laisser aller. Toi qui a failli mourir tout comme moi, tu devrais connaitre mieux que personne la valeur de la vie et l’importance de profiter. Bon ok j’avoue parler de liberté, venant d’un mec qui peu se changer en oiseaux ça parait un peu facile mais voilà quoi.

J’avais envie de rire et de pleurer en même temps. Parler de liberté alors que j’allais certainement me retrouver prisonnière quand mon père aurait compris que j’étais toujours vivante, et de « profiter de la vie » alors que je n’avais jamais connu ce genre de chose. N’avait-il pas compris ?

- Pour ce qui est de ton histoire … en soit je suis flatté que tu me fasses suffisamment confiance pour me le raconter mais ça ne me dit pas ce que je suis sensé faire ou ce que tu attends de moi.

Alors il voulait savoir. Bon, finalement j’allais devoir le dire plus explicitement. Cela me faisait mal d’avouer à voix haute le problème. C’était comme si on m’obligeait à l’accepter et j’avais quelques difficultés à me convaincre que c’était un bienfait. Je me lançai tout de même sur un ton on ne pouvait plus sérieux tout en le regardant d’une expression égale à mon ton :

- Alors je vais te le dire franchement : apprends-moi à m’amuser, explique-moi comment on fait parce que pendant 15 ans je ne l’ai jamais fait. Pendant 15 ans je n’ai jamais rien fait qui soit amusant ou autre. Alors j’aimerais que tu m’apprennes à profiter de la vie pour que je puisse le faire avant que mon bonheur ne se brise.

Loin de me soucier du monde qui nous entourait, je me mis à genoux devant Noa et me prosternai comme dans mon pays natale en disant :

- Je t’en prie, pardonne mon impolitesse de tout à l’heure et mes méconnaissances, et aide-moi à comprendre ce que tout le monde ici semble prendre pour acquis.

Code par Rin

_ heu … y’a pas de mal … mais évite de faire ça avec moi, je sais que c’est culturel mais ça le don de me mettre mal à l’aise.

En me relevant, je souris en étant légèrement amusée. Il était comme moi, bien que moi dans les extrêmes, dans ce genre de situations. Je lui fis comprendre d’un signe de tête que je comprenais avant qu’il ne se lève et commence à faire les cent pas. Sur ce point il me faisait grandement penser à Yasushi. Ce dernier aussi avait besoin de bouger pour réfléchir. Je me sentis cependant fort chanceuse d’entendre ce qu’il pensait :

- Mmmh … t’apprendre à t’amuser hein ? C’est tellement étrange pour moi c’est quelque chose qui me semble inné … On n’apprend pas à s’amuser, on apprend en s’amusant … comment s’y prendre … ?

Si seulement je pouvais ne plus être une énigme… C’était un souhait que je savais irréalisable à moins que je n’apprenne tout ce qui me faisait défaut. M’amuser était quelque chose qui m’était étranger pour ne pas avoir pu le faire et que je n’avais vu personne rire pendant 15 ans. Maintenant que je le voyais, cela me semblait étrange. J’avais bien ri lors de certains évènements, mais je l’avait fait sans en avoir conscience.

- Ho je sais !

Surprise, je relevai le regard sur mon ami puisque je l’avais posé sur les nageurs. Il se tourna vers moi alors qu’il avait fait un geste supposant qu’il avait eu une idée et il me dit :

- S’amuser c’est avant tout prendre du plaisir … Alors dis-moi Yumiko … qu’est-ce qui te ferais plaisir ?

Qu’est-ce qui me ferait plaisir ? C’était une question que je ne m’étais pratiquement jamais posé. Peut-être était-ce pour ça que je ne parvenais pas à m’amuser. Je me remis à regarder les nageurs et mon regard fut attirer par une mère qui tenait son enfant qui semblait nager. Il paraissait s’amuser. Je restai silencieuse quelques dizaines de secondes avant de reporter mon regard sur Noa. Là, je lui répondis :

- Ce qui me ferait plaisir c’est de me dire que j’ai encore progressé, que je suis capable de quelque chose. J’aimerais nager pendant que tu restes à côté de moi. J’aimerais que tu fasses comme cette mère avec son enfant, fis-je en montrant la scène que j’avais regardé plus tôt. Peut-être que ça m’aidera…

J’étais égoïste. Je n’aimais pas ça, mais avais-je seulement le choix ? Dans le but de m’amuser, d’avancer, j’avais besoin d’un guide et il semblait que le mien avait besoin d’un coup de pouce de ma part.

Code par Rin

Tout en m’écoutant, Noa regarda dans la direction que je lui avais montrée et sembla réfléchir. Je ne savais pas ce qui se passait dans son esprit, mais en plus l’expression neutre à l’extrême ne me donnait pas le moindre indice. Néanmoins, il accepta ma proposition et sauta dans le bassin. Il avait l’air motivé finalement. Quant à moi, je sentais une certaine appréhension monter inexorablement.

- M’accorderiez-vous cette danse ?

Me tendant la main de manière fort galante, sa façon de me proposer de l’accompagner dans l’eau me fit rire très légèrement. Je voyais qu’il me taquinait à son sourire et, bien que je ne comprisse pas très bien ce que cela signifiait, c’était ses gestes, son ton et le reste de ses mimiques qui me faisaient réagir. D’une certaine manière se fut certainement grâce à cela que je pus entrer sans grandes difficultés dans l’eau. J’étais encore gênée par les vagues provoquées par les plongeons d’autrui, mais je tentai de cacher ma peur. Prenant mon courage à deux mains, je cherchais à comprendre. Le principe, en soit, était plutôt simple. Il n'en était pas de même pour avoir conscience que simplement maintenir mon équilibre m'empêcherait de me faire emporter. Je décidai cependant de sourire encore à Noa pour lui demander :

- Tu préfères me tenir comment pour m'aider à nager ?

Code par Rin

Noa parut gêné en réfléchissant à ma question. Innocente comme je l’étais, je ne comprenais pas du tout la raison de cette gêne. J’attendis donc simplement qu’il me réponde en le regardant :

_ Hé bien je pensais te tenir à l’horizontal pour que tu puisses nager la brasse sans avoir à craindre de couler ça te va ?

Il me semblait que ce qu’il me décrivait ressemblait à ce que Mana avait fait en Nouvelle-Calédonie, quand elle avait voulu m’apprendre à nager dans la mer. Heureusement, d’ailleurs, qu’elle m’avait tenue tout contre elle puisque j’avais alors eu très peur de l’immensité de l’espace aqueux. Là, ce n’était pas totalement la même chose, mais le fait qu’il me propose de faire la même chose que mon amie me rassurait. C’est pourquoi je lui répondis :

- C’est parfait !

Puis, en concert avec lui, je me mis doucement sur le ventre. Les fait que ce soit Noa qui me tienne, donc un garçon et non une fille, ne me dérangeait pas du tout. De toute façon, j’étais bien trop concentrée sur le fait de ne pas avoir peur, me rassurer en pensant que j’étais tenue par une personne de confiance. Je ne fis pas attention aux rires moqueurs de certains gamins qui me voyaient faire. Puis, doucement, je me mis à reproduire les gestes que le Rubis m’avait montré plus tôt. Les mêmes que ceux que Mana avait utilisés. J’eus quelques difficultés à les coordonner au départ, m’arrêtant de temps à autres pour réfléchir à un meilleur moyen et recommencer. Ainsi, doucement mais sûrement, je sentis que je pouvais avancer par moi-même. Des doutes subsistaient en mon esprit, mais j’avais vu mes amis le faire. D’autres aussi dans le grand bassin. J’en vins donc à mes convaincre moi-même au point de demander :

- Tu… tu peux me lâcher tout en restant près de moi, s’il te plaît ?

J’attendis qu’il le fasse, répondant que j’étais prête s’il me posait la question, et je continuai mes gestes Bientôt, je me sentis avancer par moi-même, sans que Noa me tienne. La peur s’éleva d’un cran, mais je n’y fis pas attention, trop occupée à me réjouir de mon exploit. Avant de laisser ma joie exploser, je m’efforçais à atteindre le bord en nageant. Cela fait, je fis en me tournant vers le jeune homme :

- J’ai réussis ! J’ai réussis !

Code par Rin

Je devais avouer que j’aurais été contente que Noa ait pris ma défense face aux enfants moqueurs si j’avais compris ce qu’il se passait alors. Mais mon envie de réussir m’avait gardée concentrée sur ma nage et ce pour un grand bienfait puisque j’étais parvenue à nager seule jusqu’au bord du bassin. Devant ma joie que je laissai éclater quand j’eus réalisé que j’avais réussis à nager comme tout le monde, le jeune homme applaudit en me félicitant :

- Bravo Yumiko ! Je suis fier de toi !

Puis il leva la main, paume ouverte :

- Give me five !

Au départ je ne compris pas. Sa main n’était pas levée assez haute pour que ce soit pour me frapper comme mon père. Quoi que vu qu’il n’avait aucune raison de le faire je n’avais pas à avoir peur. Mais alors, que voulait-il que je fasse ? Incertaine, je détachai ma main du bord pour la regarder et je fis en sorte que les deux se fasse face. Je laissai ensuite Noa faire ce qu’il voulait et il s’avérait que le but était de se taper dans la main. Je trouvais cela étrange, mais je souris tout de même, ravie d’avoir appris quelque chose en plus. Cette journée, malgré quelques malheureuses péripéties, s’était montrée fort intéressante.

Pendant encore un long moment, je m’entrainais avec Noa pour nager. Bien que j’eusse encore peur qu’il me laisse seule, même dans les endroits où j’avais pied, j’avais au moins le courage de nager sans qu’il me tienne. Puis, lorsque je fus trop épuisée pour continuer, je sortis du bassin et allais mettre ma serviette sur les épaules. Puis, accompagnée de mon ami maître-nageur, j’allais aux douches pour me débarrasser de cette horrible odeur de chlore pour enfin reprendre mes affaires et me rhabiller. Je devais avouer que porter mes vêtements de tous les jours m’avaient manqué, mais pas assez pour m’enlever la joie de savoir nager.

Lorsque je sortis de la cabine, les cheveux encore mouillés mais coiffés, je me dirigeai vers l’accueil pour y attendre le Rubis. Soudain, je sentis une main se poser sur mon épaule. Croyant que c’était le jeune homme, je me tournai vers la personne derrière moi, mais la peur me prit lorsque je vis que c’était une autre personne. Que me voulait-il ?

- Coucou ma mignonne. Tu es vachement jolie, dis donc. Je ne t’ai jamais vue par ici, tu es nouvelle ? Comment tu t’appelles ?

Je ne lui répondis rien, apeurée et acculée contre un mur. Il ne cessait pourtant de me harceler, s’approchant toujours plus de moi. En mon for intérieur, je ne cessais d’appeler Noa au point que je me mis à prononcer son nom doucement, trop pour que quiconque à l’ouïe normale ne puisse m’entendre.

Code par Rin

Je commençais à penser que personne ne viendrait m’aider quand j’entendis la voix de Noa faire :

_ Haaa bébé t’es la !

B… bébé ? Qui dont appelait-il comme ça ? Je ne comprenais pas. Je fus cependant un peu rassurée quand il s’approcha de moi en mettant sa main autour de mon épaule. Ce geste me permit de relever un peu des yeux et je vis que cela avait aussi eu pour effet de mettre l’autre garçon dans une colère noire. Mais qu’avait-il à la fin avec moi ? Je ne le connaissais même pas ?

- Dégage de là, espère de looser ! Ne la touche pas avec tes sales pattes ! Je l’ai vue en premier !

_ C’est qui lui ?

Telle fut la question que me posa Noa. Un peu décontenancée, je le regardai quelques secondes avant de secouer doucement la tête avant de répondre à la fois timide et encore un peu apeurée par celui qui nous faisait face :

- J-je ne sais pas. Je ne le connais pas…

Fou de rage, l’intéressé leva la main comme pour frapper l’un de nous, d’ailleurs plus moi que Noa, ce qui me fit recroqueviller sur mon ami en fermant les yeux par peur du coup qui allait venir. Je me rendis cependant compte qu’il ne venait pas. J’ouvris donc un œil pour constater qu’il partait comme s’il avait compris qu’il ne résoudrait rien de cette façon. J’avais eu peur. Très peur. Malgré cela, quand je fus totalement consciente que j’étais collée au Rubis, je regardais mes mains avant de porter mes yeux sur mon ami. Puis, devenant rouge pivoine, je me décollais en balbutiant :

- Go-gomen nasai ! Je ne voulais pas… ! Je…

Les mots ne venaient pas et mes pensées s’embrouillaient. J’étais certaine de ne pas voir Noa autrement comme un grand frère, d’où ma réaction, mais était-ce le cas pour lui ? Comme je ne pouvais pas en être totalement certaine, notamment par l’appellation « bébé », je n’osais pas en dire plus, préférant attendre sa réaction, les yeux baissés et les joues rougies par la gêne.

Code par Rin

_ Je suis désolé je ne comprends pas du tout le japonais … au fait désolé de t’avoir appelé « bébé » mais je me suis dit qu’en me faisant passé pour ton petit copain ce mec te laisserai tranquille … Ce n’est pas la première qu’une amie me demande de joué les faux petits amis pour jarreter un mec un peu trop insistant.

Je n’avais recommencé à le regarder quand il s’était excusé de ne pas comprendre le japonais. C’est seulement à ce moment-là que je pus constater qu’il semblait amusé. Etait-ce moi et mes réactions qui le faisait sourire ainsi ? Certainement puisque rien dans ses dires ne me prouva le contraire. Toujours rouge de gêne, je pris une mèche de mes cheveux mouillés pour jouer avec, petit tic que j’avais, alors que je lui répondis :

- Ce n’est pas grave que tu ne saches pas. Je disais simplement « désolée »… Puis, je comprends totalement ta démarche et t’en remercie infiniment, fis-je en m’inclinant doucement pour montrer ma gratitude.

Peut-être devinerait-il ma peur à ce moment-là, mais j’étais certaine que, de toute façon, elle ne lui avait pas échappé bien avant cela. Je me demandais si j’étais en train de reprendre mes habitudes natales en prévision de ce qui pouvait m’arriver dans les prochains temps. Je m’étais bien amusée et avait finalement profité de la piscine, mais combien de temps me restait-il ? Pouvais-je me permettre de prendre plus de plaisir lié à la liberté alors qu’elle allait m’être arrachée si cruellement. De cela, j’en était tellement persuadée que je ne voulais pas me forger des souvenirs trop douloureux. Ce n’était pourtant pas une raison suffisante pour laisser en plan les amis qui m’accompagnaient.

- Tu es donc un peu comme l’ange gardien des femmes qui se font harceler ? demandai-je innocemment à Noa en sortant du bâtiment.

Dehors il faisait un peu frais, mais c’était supportable. Je n’en fis donc pas cas alors que nous rentrions ensemble en discutant un peu de tout et de rien.

Code par Rin