Journée de travail [Pv Artemis]

Nous sommes dimanche. Dimanche, c'est le jour où tu dors, où tu te reposes, où tu fous rien. Mais non, pas pour moi. Bah oui! J'ai voulu un boulot, maintenant j'assume! Bon, je console ma flemme en me disant que je vais passer une journée calme au milieu de petites boules de poiles et de plumes à croquer, mais elle me rappelle que qui dit chats et chiots dit aussi gosses qui courent, et ça, ce n'est pas une bonne chose. Qu'est ce que ça peut être chiant sérieux... En plus, plus le temps passe et moins ils sont éduqués. Ils passent leur temps à se cogner dans tout les sens, à chialer et à réclamer. Sérieux, je pense qu'on devrait me donner des cours de tolérance à l'enfant. Mais reprenons. Après avoir copieusement petit déjeuné, je retourne dans ma chambre et enfile une chemise au hasard, une veste en faux cuir et un jean, avant de me diriger vers la petite boutique. J'arrive avec seulement une dizaine de minutes de retard, et mon employeur m'accueille une fois de plus avec le sourire, me rappelant mon erreur tout de même, mais sans insister. C'est vraiment un homme adorable. Je culpabilise presque de ne pas être plus sérieux avec mon travail quand je vois avec quelle tolérance il me traite. Il ne m'a même jamais fait de remarques sur mon accent japonais ni quoi que ce soit.

Après avoir terminé de préparer l'ouverture de la boutique, nous ouvrons vers 10h. À cette heure-ci, tout est calme. Parfois quelques personnes entrent et regardent, nourrissent un peu les poissons, caressent les lapins puis repartent. Plus rarement, un gosse se précipite à l'intérieur et se colle contre les chatons apeurés par ses cris, jusqu'à ce que la mère ou le père gêné rentre et tire sa progéniture jusqu'à la sortie en lui disant que non, il n'aura pas de chat, parce qu'il ne sais pas s'en occuper, que son frère y est allergique, ou encore qu'ils n'ont pas la place, en s'excusant piteusement. J'ai presque pitié de ces parents sans autorité... Non, moi, ce que je préfère dans mon boulot, c'est quand quelqu'un regarde un long moment une petite créature avec un air attendri, que celle-ci fait de même, et ce pendant un quart d'heure au moins, avant que la personne ne vienne me voir pour me demander de l'acheter, ou encore parfois de la lui garder, pour qu'elle revienne la prendre quand elle pourrait. Dans ces moments, je sens que cet animal a une sorte de connexion avec la personne, et ça me donne le sourire.

Ainsi, je passe ma journée à déambuler dans les rayons, nourrissant les perruches, nettoyant la cage-vitrine des chatons, m'occupant de faire jouer les chiots, et... Retirant toutes les conneries que des gosses ont mis dans les aquariums. C'est clair que je ne m'arrête pas. Mais tant pis, j'aime ce que je fais. Je trouve juste dommage que l'on n'ait pas de chevaux ici. J'aime bien les chevaux, et je pense que ce sont les animaux dont je sais le mieux prendre soin après les filles alerte blague mal placée. Vers 16h, le magasin est vide, et j'ai fini tout ce que j'ai à faire pour l'instant. Je me dirige donc vers l'entrée et regarde dehors, la tête collée contre la vitre, attendant que quelqu'un entre. Pendant tout ce temps, Ryo est resté bien calme. C'est étrange... Mais il sait qu'il ne doit pas se montrer hors de l'académie. Ca pourrait nous apporter des ennuis. Et puis... Je crois que lui aussi, il aime bien cet endroit et cet atmosphère. Après tout, en tant que frères, on doit bien avoir quelques points communs.

Quelques minutes plus tard, une jeune fille rentre.

"-Bonjour!

-Bonjour et bienvenue!"

Lui réponds-je un petit sourire aux lèvres. Je l'observe brièvement. Elle est assez jolie, avec ses longs cheveux blonds et ses yeux tout bleus... Mais non, je ne suis pas au travail pour ça. Et puis, je ne la reverrai probablement jamais. Mais je dois avouer qu'elle est plutôt mignonne...

"-Koji, t'es pas sérieux là?!?
-Oui, tu as raison."

Ryo pour une fois me dit un truc utile. Je ne dois pas oublier mon rôle; m'occuper des animaux et gérer les clients. Je l'observe donc s'approcher des chiots, des chatons, des oiseaux et même des petits poissons. Je la suis quelque mètres derrière, un peu inconsciemment à vrai dire, en faisant des détours dans un peu tout les rayons pour vérifier que tout va bien. En réalité, j'attends que l'on me sollicite ou que l'on me demande quelque chose. Tout de suite, c'est l'ennui. La jeune fille ne me semble cependant pas observer seulement les animaux. Elle à l'air de prêter attention à chaque détail dans cette pièce. Une mafieuse en pleine reconnaissance? Non, je doute. Elle n'a pas du tout une tête de japonaise et même si elle l'était bel et bien elle ne serait pas du tout le genre de profile que les Yakuza engagent. Aucune chance. Si ça se trouve, elle est juste maniaque. Heureusement, j'ai mis du cœur à l'ouvrage et out est parfait héhé... Je la vois faire demi-tour et se diriger vers la sortie. Encore l'une de ces personnes qui viennent juste pour voir des animaux... D'ailleurs, je n'ai rien contre. Moi aussi, je faisais ça. C'est largement compréhensible... Mais maintenant, je sais que mon rôle est d'essayer de vendre, et ce n'est pas pareil. Même quand j'ai mal au cœur à confier à un gamin de 7 ans un poisson rouge dont la vie n'est déjà pas très joyeuse qu'il fera sûrement mourir dans les deux semaines à venir, je dois le faire, et c'est comme ça. Comme on dit; le client est roi. Je suis juste tiré de mes pensées appuyé contre le comptoir où se trouve la caisse quand elle retourne subitement voir les chatons. Je remarque qu'elle en fixe un en particulier. Je m'approche d'elle et passe derrière la cage vitrée. Je l'ouvre et saisis le frêle petit animal d'un geste aussi délicat que possible. Celle-ci ne bronche pas, et n'émet aucun miaulement ou aucune plainte. Je referme un fois qu'elle est dans mes bras, et m'adresse à la jeune fille en la vouvoyant, le métier oblige.

"-Vous voulez le regarder?"

Puis je la lui tends doucement. La boule de poils tient presque dans mes mains.

"-Je n'aime pas trop les laisser en cage, mais on n'a pas trop le choix... Si vous voulez jouer un peu avec lui, il y a un petit espace pour ça là bas."

Je désigne le fond du magasin, aménagé en principe pour que les enfants puissent jouer avec les chiots ou alors pour dresser ces derniers. Mais il ferait aussi parfaitement l'affaire pour ça. Même sans qu'elle l’achète forcément, je sais à quel point il est adorable de voir un chat s'amuser.

La jeune fille me répond d'un ton visiblement très enjoué;

"-Merci! Ce chaton est vraiment trop beau, il a déjà un nom? J'avais un chat quand j'étais petite, mais un jour il est parti. Oh! Vous pouvez me tutoyer, si ça ne te... vous dérange pas, on a presque le même âge après tout!

Je suis un peu désolé pour elle à l'écoute de sa petite remarque sur son chat, je décide donc de l'ignorer de peur de dire une connerie. Je me connais. Elle veut que j'arrête de la vouvoyer? Très bien très bien... C'était juste le comportement d'usage que je me dois d'avoir, mais moi aussi, je préfère de loin m'adresser aux autres à la deuxième personne. C'est plus... Chaleureux. Non?

-Et bien... Comme tu veux. Du coup, moi c'est Koji. Et, non, il n'a pas de nom. Ca aussi, ça m'agace un peu de temps en temps, mais c'est comme ça. C'est aux clients de choisir ce genre de choses."

Elle saisit la petite créature pendant que j'ouvre le petit enclos du fond de la boutique. En effet, le petit animal est assez adorable. Il paraît si frêle comme ça... Sans défense. C'est presque impressionnant de penser qu'il grandira, et qu'il fera a peu près le triple de sa taille actuelle.

La jeune fille à qui je viens de confier mon nom semble réfléchir un court instant à je ne sais quoi, avant de me sortir son gros pavé d'un seul coup.

"-Moi c'est Artemis, et j'ai décidé d'adopter ce petit chat. Je vais prendre aussi un sac de croquette et une litière et une gamelle et une caisse de transport et et .... Tu aurais un sac pour tout mettre? Combien je te dois? Il faut qu'on trouve un nom pour lui! Tu pense quoi de Bulle? C'est mignon Bulle non?"

WOWOWOW. Bon, à peine Artemis, donc, a-t-elle commencé à parler que je lui confie le petit animal qu'elle prend délicatement dans ses bras et commence à courir de part et d'autre de la boutique pour aller chercher tout ce qu'elle m'a demandé. Oui, je suis assez énergique, c'est un avantage dans ce genre de situations. Donc, elle a dit, croquettes... Sur l'étagère là bas! Fait! Gamelle... Gamelle... Gamelle... Là bas! Check! Litière, done! Hum... Elle a dit caisse de transport il me semble, je pars en chercher une au fond du magasin, et c'est bon! J'ai terminé! Je viens déposer le tout sur le comptoir de la caisse, et commence à calculer. Bon, avec la caisse enregistreuse, parce que moi et les maths euh... Voilà quoi. J'i bien Ryo qui me fait cerveau externe de temps à autres, mais c'est plutôt rare. En même temps, je réponds;

"-Bulle... Mouais, c'est joli, j'aime bien!"

Et après avoir annoncé le prix (oui oui ceci est bien une tentative très subtile de l'auteur d'éviter de chercher combien coûterait à peu près tout ça, parce que vous comprenez, j'ai la flemme), je met tout les articles dans un grand sac plastique, sauf la caisse de transport pour qu'elle puisse l'emmener dehors tranquillement. Ensuite, une fois qu'elle a payé, je regarde rapidement l'horloge à l'entrée. C'est presque l'heure de la fin de mon travail. Une idée traverse donc rapidement mon esprit, et un petit sourire satisfait apparaît sur mes lèvres.

"-Et bien... Félicitations, Artemis! Dis, j'ai presque terminé ma journée, encore un peu moins de trois minutes, ça te dirais ensuite d'aller prendre un chocolat chaud ou je sais pas quoi dans le coin?"

Oui, j'exagère, je dois arrêter, tout ça, mais ferme ta gueule le rageux je fais comme je veux!

La jeune fille me répond, d'un ton que je ne saurais réelllement qualifier. Est elle paniquée? Surexitée? Enthousiaste? Je ne sais pas. D'ailleurs, il faut que j'arrête d'essayer de lire les gens, le résultat est toujours foireux. Toujours.

”-Oui! Volontiers ! Pas de problème ! Bonne idée! avec plaisir ! “

Je souris en constatant que ma proposition a plu, et la regarde terminer d'organiser les grands sacs qu'elle doit transporter. Une fois qu'elle a finalement terminé, elle se retourne d'un geste précipité en ma direction et fait au apssage tomber au sol un petit objet bleu. Elle le ramasse très rapidement, ne désirant visiblement pas que je puisse l'identifier, mais trop tard. Je l'ai bien reconnu. C'est un badge de Tsuki, pour les Saphirs étant donné sa couleur. Où a-t-elle bien pu l'avoir? Il est en effet possible qu'elle soit aussi une élève de l'académie, mais franchement, quel hasard aurait pu faire que nous ne nous soyons pas déjà croisés aupravant et que nous nous rencontrions ici? L'hypothèse du badge volé, ou trouvé, me vient alors à l'esprit. Mais pourtant, elle à l'air d'un jeune fille honnête! Argh! J'ai dit que j'arrêtais d'essayer de lire les gens. Ca ne sert à rien. Je fais donc minde de rien pour le moment, et l'écoute me demander toujours aussi précipitémment;

”-Tu as besoin d'aide, pour fermer la boutique ? Je peux t'aider ? “

Je jette un regard général autour de moi, et constate l'état de la boutique. Tout semble en ordre, les animaux chacun à leur place et avec toute la nourriture nécessaire, les jouets et les acessoires bien séparés et organisés sur différentes étagères, le sol dégagé et le comptoir dépoussiéré. Non, je crois que tout est bon! Je me tourne à mon tour  en la direction d'Artemis et lui réponds;

”-Nan, c'est bon! On peut y aller!”

J'ouvre la porte et lui laisse l'honneur d'ouvrir la marche pour sortir du magasin, la suivant pour ensuite le fermer de deux tours de clef. À ce moment, je la regarde un instant et vois à quel point elle est chargée.

”-Tu veux que je t'aide à porter quelque chose?”

J'attends sa réponse et agis en conséquence, pour ensuite terminer;

”-Je connais un café plutôt pas mal dans le coin, tu me suis?”

Puis je prends une rue qui monte en faisant un signe de main pour lui indiquer la direction. Je prends quelques mètres d'avance, mais elle me ratrappe bien vite. J'en profite donc pour lui poser cette question délicate qui me tourmente depuis tout à l'heure;

”-Dis moi, où as-tu trouvé le badge que tu as fait tomber tout à l'heure?”

Elle refuse poliment ma première proposition,
bien que tout de même assez froidement. Je n'insiste pas, elle fait bien comme elle veut après tout. J'essaye simplement de me montrer un minimum galant. Ensuite, lorsque je lui demande si elle accepte que je la guide, elle me répond;

"-Alors là, je te suis totalement, je ne suis jamais venue par ici"

Ah, alors elle est encore nouvelle dans le coin, non? Je suis presque sûr que le badge qu'elle a laissé tombé tout à l'heure est celui de Tsuki, mais je ferais mieux de ne pas tirer de conclusions trop hâtives pour le moment, c'est un coup à ce que je me trompe et que Ryo se foute encore de ma gueule. Lui ne dit d'ailleurs rien et observe simplement le paysage urbain.
Vient ensuite mon ultime question à propos du médaillon.

"-Oh, ce n'est rien que le badge de mon école !"

Un petit sourire malicieux se dessine alors sur mes lèvres. Je plonge ma main dans la poche droite de mon jean en rétorquant simplement un petit;

"-Ah, ok."

Je sort ensuite un petit objet rouge rubis et commence à jouer avec, en le lançant un peu en l'air et en le faisant rouler d'un doigt à un autre, avec tout de même une certaine agilité.

"-C'est drôle parce que j'ai exactement le même..."