J'ai besoin d'un mannequin! (PV Echo)

Je venais à peine de quitter le cabinet de Éléonore que je me dirigeai déjà vers l'extérieur. J'avais besoin d'air. Je serais bien retourner à mon dortoir, mais je ne pouvais tout simplement faire face à qui que ce soit en ce moment. Il faisait froid dehors et je ne portais qu'un col roulé, mais je m'en fichais. Je traînai du pied alors que je marchai à travers le Jardin. La neige crissait sous mes pas et silence ainsi que le froid me calmèrent doucement. Il devait être entre 13h et 14h de l'après-midi. Je ne sais pas combien de temps je suis resté dehors, à marcher à droite et à gauche. Pourtant, je n'ai jamais quitté le terrain de l'Académie, car si je l'avais fait, je pense que mes pas m'auraient guidés dans la forêt et je ne l'aurais pas supporté. Je ne me rappel pas la dernière fois que j'ai eue un contact avec un animal... peut-être 1 mois? 2? Je sais plus trop... C'est à ce moment qu'un petit écureuil s'approcha de moi. Je ne l'avais pas vu sur le coup et cela me fit sursauté légèrement. Je souris en coin. Il s'avançait tranquillement, d'un pas incertain. Je m'accroupis et lui tendis la main. Sans faire aucune mouvement brusque, le petit animal se glissa sous ma main. Je le caressai doucement alors qu'il me regardait de ses petits yeux bruns. Je ne me sentais pas en danger, étrangement, pourtant au moment ou je fixai ses yeux, un frisson me parcouru. J'avais l'impression de voir le cerf dans le reflet de son regard et je me mis à trembler. À cause de ma peur, l'écureuil reprit contrôle sur lui même et me mordit la main avant de s'enfuir vers l'arbre le plus proche. Je soupirai et jetai un regard sur ma main. Je saignai un peu, mais à peine. J'imagine que je le méritais après tout... Après cet incident, j'avais continué à me promener jusqu'à ce que le soleil soit à veille de se coucher.


Je longeai les couloirs du bâtiment principal une fois ma promenade terminé. Je ne sentais plus mes mains, mais cela ne m'importais pas du tout. Le couvre feu était dans à peine quelques heures, il faudrait peut-être que je rentre enfin à mon dortoir et faire face à mes colocs. Je pris une bonne inspiration avant de passer à la cafétéria. Heureusement pour moi, c'était encore ouvert pour les retardataires. Je pris un sandwich ainsi que expresso et m'installai sur une table voisine à une fenêtre. Je mis mes écouteurs et restai là-bas pas plus de 20 minutes. Une fois terminé, je rejoignais enfin le dortoir 4F. J'étais crevé, mais je sentais la caféine faire effet tranquillement ce qui me permettrait de supporter la nuit. En laissant échapper un bâillement, je quittai le bâtiment principal et me rendis dans l'annexe. Je me retrouvai face à mon dortoir quelques minutes plus tard. C'était plutôt silencieux, alors j'ouvris doucement la porte pensant que les autres devaient être couché. Pourtant, une fois arrivé dans la pièce, je retrouvai une jeune fille que je ne connaissais pas. Elle était étendu sur le lit qui était inoccupé alors j'imaginais qu'elle devait être nouvelle. Je lui souris alors qu'elle me fixait pendant que je retirais mes souliers à l'entrée. Je m'approchai tranquillement de mon lit et m'assis dessus avant de la regarder de nouveau.


- Salut, moi c'est Echo, dis-je gentiment, j'imagine que tu es notre nouvelle coloc de chambre? Ravie de te rencontrer !

- Oh Echo! Ouais Tori m'avait dit ton nom plus tôt aujourd'hui... Moi c'est Ariadne, je viens de Grèce.


Cette dernière se redressa sur son lit et commença à m'observer. Je n'étais pas tellement mal à l'aise au regard des autres alors ça ne me posait pas vraiment de problème. Je lui souris doucement en attendant le nom de Tori. Il faut dire que cette dernière était de très bonne compagnie et j'étais heureuse d'avoir des partenaires de dortoir aussi sympathiques. Je ne sais pas ce qui serait arrivé si j'avais été jumelée avec quelqu'un d'irritant. Je l'aurais peut-être envoyé promener avant de demander un changement de dortoir, qui sait. J'étais de nature docile, mais les gens chiants, je les supporte pas. Revenant à Ariadne, elle se mit à pointé mon visage du doigt tout en laissant échapper un petit rire.


- Hmph, je pensais pas être capable de trouver quelqu'un ayant l'air plus fatigué que moi après mon voyage en avion... Tu fais de l'insomnie ou est-ce qu'une des autres filles est une grosse ronfleuse? Je soupçonne Tori étrangement...


Je la regardai d'un air amusé. Direct et sarcastique, même avec ma fatigue j'arrivais à l'apprecier. Je frottai mes yeux avec mes mains avant de reposer mon regard sur Ariadne. J'avais pas vraiment envie de parler de mes problèmes de sommeil et de ruiné une si belle soirée. Je lui souris doucement.


- I wish... ahahah disons simplement que ces jours-ci, le sommeil ne me réussit pas. A ce que je peux voir, tu aime coudre? C'est génial, j'ai jamais su comment faire, ahaha!, dis-je un jetant un coup d'oeil à la machine.

Ariadne avait suivit mon regard des yeux alors que je regardais la machine à coudre qui se retrouvait proche de son lit. La simple image de cette machine sur ce bureau me ramenait des souvenirs. Je revoyais ma mère dans le coin d'une pièce, alors qu'elle essayait de réparer un de mes chandails qui avait été déchiré par une bataille à l'école. Elle n'était pas très fière de moi, mais elle m'aimait malgré tout et, avec un air sérieux, réparais le vêtement. Je me mis alors à sourire doucement pendant que ces images refaisaient surface dans ma tête. Revenant un peu à moi, Ariadne enchaîna avec la discussion et je laissai échappé un léger soupir de soulagement, car je n'avais pas à repenser à ces images une seconde fois.


- Ouais, c'est un truc de famille. Mon père est un de ces couturiers qui fait les habits qu'on voit dans les shows de mode. Cette machine là est même une "custom". Je l'ai construite moi-même il y a quelques années. Bon, "construite" est un assez grand mot. J'ai plutôt assemblé plusieurs composantes d'autres machines pour créer ce Frankenstein mais elle roule très bien. Aucunes chance que je la laisse à la maison pendant que j’étudie ici... J'espère que ça te dérange pas que j'aie un peu monopolisé ce coin là en tout cas...


- Aucun problème, moi ça me va!, dis-je en souriant faiblement.


Elle se leva du lit et je me mis à la suivre du regard en détachant ce dernier de la machine à coudre. Illuminé, Ariadne reprit la parole.


- Ça t'intéresserait d'apprendre? J'aurais besoin de quelqu'un comme mannequin pour mes habits, j'ai un album de photos que j'aime garder à jour mais j'ai pas ce qu'il me faut ici. En échange de me laisser te prendre en photo, je peux t'enseigner quelque trucs... Et même si ça t'intéresse pas je m'étais fait une genre de couverture alourdie récemment pour m'aider à dormir, apparemment ça aide pour l'insomnie mais je ne l'ai pas encore testé vraiment. Si tu veux, je peux aussi te la prêter en échange! Qu'est-ce que t'en penses?


Je la regardai d'un air surpris. J'étais pas très grande et je ne m'étais jamais vraiment intéressé à la mode, mais je ne m'attendais pas à une telle demande. Je fronçai les sourcils. J'avais vraiment le goût d'apprendre à coudre, peut-être que se serait un autre moyen pour reprendre une vie normale... Si seulement je pouvais le revoir, arg je dois arrêter, je suis une grande fille pas besoin de garçon! Vive l'indépendance ! Ouais, à qui j'essaye de faire avaler ça? Je secouai un peu la tête et souris doucement à Ariadne.


- Avec plaisir, qui sait le mannequinat c'est peut-être fait pour moi ! Par exemple, je ne suis vraiment pas habile des mains alors je ne crois pas que la couture me réussisse, mais je serais partante pour essayer, on sait jamais, dis-je avec un ton chaleureux.


Plus le temps avançait, plus j'oubliais ma fatigue et ma conversation avec Éléonore. J'avais besoin de passer du temps en société et de suivre le cours de ma vie, sinon j'allais devenir complètement cinglé.