Quale bello pomeriggio [Pv Kupo]

Un après midi de printemps des plus agréables, c'est tout ce qu'il y a à dire pour le moment. Le soleil brille, mais sans taper trop fort. Il fait une température juste normale pour la saison, ni trop fraîche ni trop chaude, et même si quelques nuages de coton traversent le ciel, il semble ne pas y avoir le moindre risque de pluie. C'est un temps que je juge parfait pour une petite excursion. En plus, c'est le weekend. Je ne culpabiliserai pas de sécher pour profiter. Je met donc dans mon sac à dos tout ce dont je peux avoir besoin (comme toujours un carnet, mon stylo plume, et aussi quelques provisions pour la route). Mon casque est bien sûr bien vissé sur mes oreilles, et mon téléphone dans ma poche. Y'a des traditions à respecter, quand même.

Je sors de mon dortoir, hésitant entre la forêt et la ville... Puis finalement, je penche sur la deuxième proposition, me disant que je pourrais changer un peu de temps en temps. Le parc me semble aussi être un bon endroit pour passer du temps en paix, à condition de ne pas se retrouver face à une Caitlin ou un Mathieu sauvage... Mais elle est introuvable depuis quelques temps et lui est rentré en France alors... Aucun risque! Je progresse dans les rues alentours de l'académie, étrangement tranquilles pour une journée si agréable. Mais ça n'est pas pour me déplaire le moins du monde, bien au contraire. J'arrive à destination, et repère un arbre de taille raisonnable au milieu d'une allée. Le considérant comme l'endroit idéal pour aller se poser, je grimpe un petit peu avant de m'installer dos contre le tronc et jambes étalées tout le long de la branche, toujours avec mon casque et bercée par un petit rayon de soleil.

Je reste là quelques minutes, peut-être bien un petit quart d'heure, jouant avec le petit pendentif argenté représentant un arbre de la vie celtique dans un cercle autour de mon cou, offert par mon père. Le bijou stylisé est assez discret, et pas plus gros que l'iris de mon œil. Même si ce n'est pas trop le genre de chose que je porte d'habitude, je ne peux pas m'empêcher de l'adorer. De toute façon, il reste dans ma chemise la plupart du temps, je ne l'ai jamais montré. Je m’apprête à sortir mon carnet pour écrire, quand je sens ma cuisse vibrer. Je me stoppe en plein dans mon mouvement et vois justement un message de mon père, qui m'informe que si je veux, je peux l’appeler. À cette idée, un grand sourire se dessine sur mes lèvres. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu sa voix! Sans attendre un instant de plus, je compose son numéro (enfin non, pas vraiment, parce que sur les téléphones un minimum modernes les contacts sont préenregistrés, mais ça fait plus joli à dire). Au bout de moins de deux sonneries, il décroche et nous commençons à parler de tout et de rien, et je ne sais pas pour lui mais moi, un grand sourire joyeux au visage.

"-Hein ? Euh, nan, Désolé...."

Il se redresse d'un rapide mouvement de tête avant de me demander, alors que j'avais presque oublié:

"-Cette chaîne, donc ?

-Oh oui, et bien... En fait..."

Comment résumer ça rapidement sans faire mention de tout non plus? Je ne sais pas pourquoi j'ai tant de mal.

"-Et bien, tu vois... Cette chaîne... Enfin, après la rencontre avec Mathieu..."

Je prends une grande inspiration, et je me lance.

"-En fait après la rencontre avec Mathieu, je me suis sentie capable de ne pas avoir donné de nouvelles depuis mon départ et... J'ai repris contact avec mon père, qui m'a appris que Mathieu était sensé me donner quelque chose de sa part, et je suis retournée le chercher, et j'ai croisé Noa qui m'a aidé, et bref cette chaîne est un cadeau de mon père."

Je l'ai dit. C'est bon. C'est fait. Je ne sais pas trop comment continuer, et du coup, je me contente de baisser la tête pour rattacher le bijoux autour de mon cou. Il est possible que j'ai léééééégèrement contourné certains détails, mais vu l'avis qu'il s'en est sûrement fait, je ne sais déjà pas comment il va prendre le fait que je reparle à mon père alors... Ca suffira pour le moment. Mais pourquoi il le prendrait mal? Ce n'est pas son problème après tout?!? Oui mais... Je crois qu'il s'était senti assez concerné par tout ça... Et au fond c'était un peu le cas... Argh, il faut que j'arrête de penser pour rien, et que je voie juste.

"-Ah, je vois. Si ce n'est que ça.... En tout cas, ton père a de bon gout. Et puis, c'est une bonne nouvelle que tu reprennes un peu contact avec ta famille ! Et sinon, Mathieu t'as donné cette chaine comme si de rien était ? Je pense qu'être accompagnée d'un grand gaillard comme Noa a du le faire obéir un peu mieux...

-Pfff... Il a un peu fait des siennes quand même, mais c'est vrai que Noa m'a bien aidé. En tout cas, en principe, il est rentré en France et il n'est pas prêt de revenir."

Il se resserre contre moi, et je le laisse faire. C'est étrange comme il y a encore quelques jours, voir quelques heures, j'aurais été si gênée par ce geste, alors que maintenant il me paraît presque... Naturel. Il faut croire que même si je ne le pensais pas, je n'arrête jamais de me rapprocher de Kupo. Et puis, il n'a pas l'air d'avoir mal pris ce que je lui ai dit du tout, bien au contraire.

Cependant, je suis partagée entre deux sentiments assez contradictoires. D'un côté je suis heureuse de voir qu'il y a quand même des gens bien dans ce monde, des gens sur qui je peux compter, et qui ont l'air de m'apprécier pour autre chose que les intérêts qu'ils peuvent en tirer, mais de l'autre... J'ai peur de trop m'attacher, encore, que tout s'effondre, et de tout perdre à nouveau. J'ai été détruite une première fois, et par une chance que je n'aurais jamais crue, j'ai réussi à me reconstruire ici, mais qu'est ce qui se passerait si... Je ne préfère pas l'imaginer. Depuis quelques temps, je redeviens peu à peu plus sereine, et j'ai l'impression d'enfin être un peu au calme. Pour combien de temps? J'ai pas le temps de calculer, je préfère essayer de profiter.

Sans le remarquer, je me suis remise à fixer la lune, et j'ai penché ma tête pour la poser sur la sienne. Le silence est complet, une fois de plus, mais ça n'est pas vraiment désagréable. Même le vide peut parler, et il me semble que je n'ai pas besoin de dire quoi que ce soit en ce moment pour partager mon état d'esprit. Cependant, peu à peu, je commence moi aussi à sentir la fatigue monter en moi.

"-Peut être qu'on en devrait pas trop tarder..."