Glassy Sky [ Ft. Lya ]

C'était un réel nouveau départ. Une nouvelle vie. Un renouveau dans ce qui me semblait être un enfer sans fin. Et pourtant, me voila, souriant réellement. Non pas ce masque que je portais depuis quelques temps maintenant, mais bien un réel sourire qui s'était créé. J'avais du mal à faire la part des choses, le temps ne s'écoulait pas normalement.

Je m'étais égaré près des docks de la ville, se trouvait à côté les bas quartiers ainsi que le seul et unique accès aux rives. J'enviais un peu de solitude, comme à mon habitude, enjambais des grillages, passait dans les plus petits trous de souris du coin pour tenter d'accéder à la rive d'une autre manière. Je n'aimais pas faire comme tout l'monde. J'aime à être différent. J'aime à avoir ce petit plus qui fait de moi quelqu'un d'autre. Une petite brise soufflait, pas assez pour que je le sentes, mais bien assez pour me décoiffer. Je n'pouvais pas mettre ma capuche, j'n'avais pas ma veste. D'aucun n'oserait s'aventurer par ce temps avec mon accoutrement. Un simple T-shirt blanc, avec un Short noir, et des baskets, elle aussi noires.

L'on croirait voir un jeune adolescent, mais ma taille et ma stature leur ferait dire le contraire. J'n'étais certes pas un sportif, mais cette malédiction avait bien un côté positif. J'n'ai bien sûr pas fait d'expérience ou de tests, mais à chaque utilisation, mes muscles me donnaient l'impression d'être sollicités. J'étais à présent aux côtés d'une grande grue, elle dominait le ciel de sa grandeur, et était le point le plus élevé à perte de vue. J'avais l'impression d'être un enfant, et que n'importe quel objet inconnu, d'une taille sans pareil, ou juste différent détournait mon attention. Mais avant de succomber à cet appel qui relève plus de la gaminerie que d'une réel "envie", je profitais du placement de plaques de métal permettant l'accès au toit juste à côté. L'intérieur ressemblait à des bureaux, mais le sol de la pièce était couvert de poussière, et je pouvais y apercevoir, toujours par la fenêtre, des pots de peinture.

Ce bâtiment devait être en rénovation, ou en construction, ou que sais-je. C'était sûrement interdit d'accéder à cette partie de l'immeuble sans autorisation, mais j'ai toujours rêvé de passer une journée à observer le ciel et ses nuages. Le mouvement de ceux-ci m'avait toujours fasciner. Était-ce les même que l'on revoyait en boucle une fois le qu'ils avaient fait le tour du globe ? Est-ce le même ciel qu'ils voient, là-bas ? Est-ce le même ciel qu'elle voit ?

D'ici, je voyais la rive, l'étendue d'herbe qui se trouvait à quelques mètres de là où je me trouvais me donnais réellement envie d'y passer un peu de temps. J'étais coincé entre descendre de là, et me poser sur l'herbe, à écouter le bruit de la rivière qui y coulait. Le temps que j'y réfléchisse, je me recouchais à nouveau pour contempler le ciel. Les nuages s'étaient multipliés, et à leur contact se créait ce phénomène qui faisait se faire s'écraser sur le sol ces gouttes d'eau que peu de gens apprécient. Et alors que mes vêtements absorbaient de plus en plus d'eau, je décidais d'aller à sa source. Une échelle qui se trouvait derrière moi me permettait de me rendre à l'étage d'en dessous, puis un simple escalier, sale et poussiéreux m'ouvrait la voie vers la sortie.

La rive était à ma portée, malgré la pluie fine qui s'abattait sur moi. Des arbres devant le ruisseau me protégeaient de celle-ci, me permettant de m'y poser. J'allumais une cigarette, et déchirait le couvercle de mon paquet pour en faire un cendrier. Pas question de jeter des cendres dans l'eau, ou sur l'herbe. La première expiration de fumée avait un effet libérateur.

J'aurais pu rester ici toute ma vie. Damn.

Le vent soufflait, mais j'étais en partie protégé par la nature environnante. Les arbres présents près des rives me servaient à la fois de bouclier contre les bourrasques qui tentaient de m'atteindre, mais aussi de support. Ils m'aidaient en permettant de m'adosser à eux. L'on était bien mieux que sur ce toit. Certes la vue y était différente, mais ici, le bruit de l'eau qui se déplaçait, le courant qui déplaçait de par sa force les petites feuilles égarées, le bruit du vent qui se frottait au arbres. Je fermais lentement les yeux pour profiter de cet instant presque magique. Quand tout à coup.

Ce fantastique florilège musical qui me rendait nostalgique, presque somnolent tant il était doux, fut déranger par le bruit d'un moteur, sûrement une voiture, ou un autre véhicule. Le son ne semblait pas aussi lourd que celui d'un camion, ou d'un bus, et pas assez aigu pour être celui d'une moto ou d'un vélo à moteur. Mais à peine ai-je eu le temps de comprendre que c'était une voiture, que le son repris de plus belle pour s'en aller au loin. Quelqu'un était descendu ? Ou alors s'était-il arrêter pour contempler lui aussi la rive ? Si c'était le cas, n'a-t-il pas été enchanté par la beauté de celle-ci ? Qu'importe, il s'en était allé, et il n'était plus une source de dérangement pour moi. Je pris une grande inspiration et passais mes deux mains derrière ma tête. Je voulais à tout prix retrouver ce bien-être qu'étai-

Des pas. Des bruits de pas atteignirent mes oreilles. Non pas ceux de chaussures au contact du sol, mais plus au contact des différentes feuilles tombés des arbres au fil du temps. Un pas léger, presque gracieux et équilibré. Je n'osais faire un geste, non pas par peur, mais bien pour cacher ma présence. Je ne souhaitais pas vraiment être déranger par un randonneur ou un enfant perdu. Malheureusement pour moi, les pas se rapprochèrent, toujours avec cette même rigueur. Plus la distance qui nous séparait se rétrécissait, plus je pouvais déterminer de qui il s'agissait. Mais alors que je tendais l'oreille pour, en quelques sortes " Finir mon diagnostic", tout s'était arrêté.

L'eau, les arbres, le vent, la pluie. Mais surtout les pas.

Elle s'était arrêté ? Je tournais la tête pour tenter de jeter un œil derrière mon arbre, ce qui eu pour effet de faire frotter mes vêtements entre eux, bouger les feuilles sur lesquelles j'étais assis, les bruits de mes semelles qui glissaient sur le sol humide. Il fallait se l'avouer, il y a beaucoup plus discret. M'enfin, foutu pour foutu, je me relevais, les mains dans les poches, mais .. Je ne trouvais personne derrière cette arbre. Le temps reprenait alors son cours. Je m'étais fais des idées ? Suis-je réellement devenu fou ?

Je tournais les talons pour trouver à ma précédente place, un parapluie noir, qui semblait bouger. Il y avait quelqu'un en dessous ? Si c'était le cas, cette personne savait que j'étais assise là, mais .. Qui est-elle ?

Le parapluie laissait place à une jeune fille que je découvrais dès lors les sourcils froncés. Elle semblait tout moi presque perdu, ou apeurée de ma présence en ces lieux pas du tout anodins. Au moins, elle était paré à la pluie, elle. J'aurais juré avoir entendu un bruit, comme si elle avait fait tombé quelque chose, j'espère ne pas lui avoir fait trop peur, n'ayant pas encore engagé la conversation avec cette personne. Je gardais les mains dans les poches, prévenant de ma non-hostilité, mais aussi parce que j'en ai tout simplement l'habitude et il ne faisait pas si chaud que ça. J'entendais alors d'une voix tremblante

- Qui êtes-vous ?

Au moins, elle semble bien vouloir communiqué, je l'ai toujours dit : Les mains dans les poches, c'est parfait. Je fis un pas de côté, lentement, pour ne plus être dérangé par les feuilles et ai pu dès lors apercevoir son visage. Elle semblait jeune, très jeune, ses cheveux noirs et longs brillaient grâce à la lumière ambiante qui était reflété par la rivière à nos côtés. Tout comme son visage, d'une blancheur impressionnante, ses yeux me fixaient alors, toujours accompagnés de ses sourcils froncés. C'n'était pas vraiment de la peur, un brin d'inquiétude peut-être, mais pas de la peur. Ma présence en ces yeux l'ennuyait déjà ?

- Vous, qui êtes-vous ?

Je rétorque la même question à la question posé. Un bon moyen d'engager la conversation, bravo Sans. Je n'étais pas vraiment fier de ma réponse, mais qu'à cela ne tienne, j'étais dans la même position qu'elle. Elle m'était inconnu, tout de noir vêtue dans cette situation incongrue. Que faisait-elle ici ? Et pourquoi ? Moi qui pensait pouvoir passer un peu de temps seule, à profiter du bon temps, voila que la pluie fait son apparition, et que cette jeune fille apparaisse. Je retirais alors une main de la poche de mon pantalon pour la passé dans mes cheveux, les renvoyant en arrière d'une manière presque sensuelle, et je souriais à la jeune fille. Je ne voulais pas qu'elle me pense hostile.

- J'espère ne pas vous avoir fais peur.

Je voulais en savoir plus sur le pourquoi de sa présence, surtout ici. Encore, si c'était dans l'académie, dans la bibliothèque, dans la serre ou dans le parc, j'aurais pu comprendre, mais ici.. Sur la rive, et par ce temps ? Puisqu'elle a un parapluie, j'imagine qu'elle avait prévu la météo, et qu'elle comptait donc se rendre dehors. Ses bottes ne semblent pas sales, elle vient à peine d'arriver. Au vu de son âge, je dirais qu'elle est encore étudiante et la seule école dans les environs, c'est l'académie ..

J'en venais rapidement à la conclusion qu'elle était une élève de l'école, sans trop pouvoir le prouver. Elle devait donc avoir un pouvoir. Se téléporter peut-être ? C'est trop facile. Elle aurait pu juste prendre un taxi. Je repensais alors au bruit de moteur que j'entendis un peu plus tôt, il s'agissait bien d'une voiture. L'idée du taxi, ou d'un ami en voiture semblait plus plausible.

Je secouais la tête, tentant de me retirer toutes ces questions de la tête, je voulais juste passer une après-midi seul et au calme, pourquoi je joue le petit détective ?

J'avais à sa question par une autre question avant de ré-enchérir pas une nouvelle interrogation. Elle m'avait dès lors répondu, et alors qu'elle prit une inspiration pour se faire, j'observais ses lèvres sans même m'en rendre compte.

- Je m’appelle Lya ... Je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un ici ... je voulais simplement .. observer la rivière .. Et vous ... Qui êtes vous ... Monsieur ?

... Je m'étais perdu une seconde de plus avant d'assimiler les informations qu'elle venait de me donner. Mais avant même d'y parvenir, je plaçais ma main sur mon menton, détournant mon regard vers le ciel une seconde supplémentaire. Elle m'avait appeler .. "Monsieur" ? Elle doit peut-être me prendre pour quelqu'un de plus âgé, et à première vu, elle semble bien plus jeune que moi. Qu'importe, observer la rivière ? Elle serait venu jusqu'ici pour observer la rivière ?

À cet étonnement, et aux interrogations qui me venaient maintenant à l'esprit, je sur-enchérissait comme indiqué plutôt, passant ma main dans mes cheveux, souriant. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour répondre, d'abord corporellement, souriante et se penchant maintenant un peu sur le côté. Sa chevelure argentée venait, tout comme une cascade, tentait de subir la gravité, glissant d'abord sur son épaule pour enfin attérir en suivant le mouvement de son corps.

- Je dois vous avouer avoir eu un peu peur tout de même , surtout que vous étiez caché derrière les arbres ... Je n'imaginais pas rencontrer quelqu'un ici par temps de pluie !

Qui était caché, j'n'en sais rien, mais c'est sûrement relatif. Je souriais en coin, presque comme si je m'étais fait rire seul. Je n'm'imaginais pas vraiment rencontrer quelqu'un ici non plus, pensant que les rives étaient déserte, surtout ave ce temps, comme elle le dit. Je croisais son regard, et ce plusieurs fois pendant la conversation, me sentant peu à peu absorbé par celui-ci, je tentais de l'éviter pour ne pas finir rouge. J'avançais pour me placer à ses côtés, face à la rive, me permettant peut-être de lui faire comprendre que je n'étais pas une menace.

- Et vous ? qu'est ce qui vous amène sur les rives ?

Guh. Comment répondre à ça ? Je voulais faire bonne figure, mais j'avalais ma salive difficilement lorsque j'entendis cette question. Devais-je lui dire que je suis censé être en cours, et pas ici ? Elle semblait plus jeune que moi, comme je l'avais supposé tout à l'heure, mais elle ne semble pas si naïve que ça. Je n'devrais pas lui mentir, mais j'imagine qu'omettre n'est pas mentir. Sur ma gauche se trouvait un rocher plat, épargné de toute humidité puisque caché par un arbre, me permettant de m'y asseoir. Il y avait la place pour deux personnes, mais j'imagine que proposer à une inconnue de s'asseoir pourrait être mal interprété. Je prends place sur l'une de ses extrémités, laissant la place à une "éventuelle" seconde personne de s'y poser aussi.

- J'avais un peu de temps .. Ou plutôt, j'ai pris un peu de temps pour moi. Et je recherchais un peu de calme. Il y a encore quelques minutes, j'étais couché sur le toit derrière vous .. - dis-je, en montrant d'un signe de tête de quel immeuble je parlais. - La pluie en a décidé autrement. Et maintenant, tout comme vous, j'observe la rivière. Seirma, j'm'appelle Seirma.

À force des mots, le vent semblait se calmer, le cours de l'eau semblait ralentir, et je sentais une odeur de parfum, qui apportait à la situation une touche de fantaisie. Je fermais les yeux, pris une grande inspiration et .. Observais la rivière.

Elle s'était assise à côté de moi, pourtant, je sentais tout de même comme une hésitation à cet acte. La voilà maintenant à mes côtés, toujours fixante sur la rivière, pendant que moi, je gardais les yeux au ciel. Je prenais une grande inspiration, et tendais l'oreille pour l'écouter :

- Enchanté de faire votre connaissance.

Enchanté ? Au vu des circonstances, je ne voyais guère d'enchantement dans son comportement. Plus une certaine réticence à la communication, voire peut-être une sorte d'animosité envers l'inconnu. "Hm" fut ma simple et concise réponse à sa dernière intervention. J'évitais les mouvements brusques, tapant légèrement du talon au sol en rythme avec la musique qui venait de faire irruption dans mon esprit. Je détourne le regard pour l'observer une seconde, et je remarque qu'elle en avait prit l'initiative en première. La voila qui me scrutait presque, posant son parapluie sur le côté.

Aux premiers abords, elle semblait se questionner, posant ses yeux sur mon corps entier avant de croiser mon regard. Son interrogation s'intensifiait tant elle prit une nouvelle inspiration et pris à nouveau la parole.

- Si ce n'est pas indiscret ... Quel âge avez-vous ?

Elle était courtoise dans sa question, et douce dans sa voix. Le sourire qu'elle affichait semblait presque avoir de l'effet sur moi et je repris l'observation du ciel pour m'en défaire. Les quelques secondes qui venait de s'écouler depuis qu'elle s'était assise permirent à une sublime odeur de m'atteindre. Elle s'emparaît de moi, sans même s'en rendre compte. Quoi que. Je n'connaissais pas son âge, et à première vue, elle semble jeune. En lui donnant mon âge, ou plutôt celui que je suis censé avoir, je pourrais peut-être rebondir et découvrir le sien, étant donné qu'il est hors de question de demandé l'âge d'une femme. Mais mentir n'est pas vraiment mon fort, devrais-je rester vague là dessus ?

Puis je me mis à réfléchir. Elle qui paraît hésitente et réticente à ma présence ici tente d'en apprendre plus sur moi ? Mon âge ? Ce que je fais ici ? Elle essaie de déterminer qui je suis par ces questions futiles d'introduction. Et si elle les obtiens ..

Je fronçais les sourcils tant la réflexion semblait intense, et réfléchissais à ce que l'on pouvait découvrir avec ces informations. Elle pourrait savoir que je suis étudiant, que mes cheveux blanchâtres ne sont pas normaux, pas humains, que mon âge me lierait à .. - J'avalais ma salive et déduisait qu'elle pourrait facilement savoir que je suis de l'académie, que j'ai un pouvoir, et que je suis peut-être une menace pour elle. J'étais comme pris dans une toile, attendant sagement d'être dévoré par sa créatrice.

Ou alors je me fais simplement des idées.

- "19 ans, depuis peu."

Si ça doit arriver, ça arrivera.