Comment aborder le cas de Balty?... Tout d'abord, par simplicité, commençons par le début si cela ne vous offusque pas.
Balthazar est né sans se faire remarquer, le soir d'un 4 novembre 1980 dans un coin plus que perdu en Hollande, fruit de l'union de deux expatriés originaires d'un endroit encore plus minable d'Amérique centrale (les plus rapides auront alors compris qu'il a déjà atteint l'âge raisonnable de 37 ans, à l'heure où j'écris ces lignes). L'enfant qu'il était ne possédait à l'époque pas la moindre trace d'une quelconque "particularité". Il était dans la norme, un brin plus froid que ses camarades de classe en grandissant, mais pas particulièrement spécial... On pourrait juste mentionner qu'il sauta une classe à la limite. Il a atteint les écoles supérieures sans trop de difficultés, passant même quelques diplômes dans le domaine du droit. En bref, ce gars-là devenait un parfait petit bonhomme moulé par la société. Le genre de type qui reste dans le rang sans faire un pas de travers. Un brave homme alors âgé de 23 ans.
Mais...
Durant ces 23 années, quelque chose, une impression étrange lui restait en travers de la gorge. Une sorte d'insatisfaction chronique. Désirant plus que tout rester un modèle de réussite, il se forçait à réprimer sa vraie nature: calculateur, violent et sadique. Son dark side si vous préférez. Mais l'erreur est humaine, et il fallait bien que tout ses défauts reviennent un jour.
Ce jour, ce fut le 14 juin 2003. Il venait juste de gagner une bourse lui permettant de financer son Erasmus en France, et d'arriver dans les environs de Grenoble. Là-bas, Balty découvris vite ce qu'il se plaisait à appeler "la vraie vie", en enchaînant les cuites dans tout les débits de boisson qui avait le malheur de croiser sa route, en arrêtant de compter ses conquêtes féminines, et même, à l'occasion, distribuant une mandale ou deux pour clore ses soirée en beauté une fois bien alcoolisé. C'était le bon temps pour lui! Il s'était même taillé une petite réputation dans le milieu... et puis délaisser ses études ne l'inquiétait pas le moins du monde: il profitait de sa jeunesse comme personne, et cette dernière le lui rendait bien!
Mais rien n'est éternel. Un soir où Balty rentrait chez lui, parfaitement sobre cette fois, il heurta par mégarde l'épaule d'un sdf au détour d'une rue déserte, faiblement éclairée d'un néon vacillant. Ce dernier lui lâcha un juron, maugréant que personne n'accordait de respect aux pauvres gens tel que lui, que les jeunes son de pire en pire de nos jours, bref.
Balty n'attendit pas la fin de sa phrase pour lui envoyer son poing en pleine figure. Le malheureux s'écroula sous la force du coup, valsant au sol. Sans même perdre une seconde, Balty revînt à la charge, frappant encore et encore jusqu'à ce que ses phalanges soit trop douloureuses pour continuer. Il se stoppa en plein mouvement, soutenant sa victime par le col, lui crachant tout l'air de ses poumons au visage.
Il pris au moins une bonne minute pour revenir à la réalité. Il lâcha le pauvre homme sur le pavé, le visage sanguinolent et suppliant son agresseur de tout son être. Balty eu pour la première fois la connaissance de l'échec; il se sentait coupable. Après tout, que lui avait fait ce type? Rien. Il avait juste croisé le mauvais gars. Il sortit  un mouchoir en papier pour s'essuyer les mains. Il resta de nouveau sans bouger un court instant puis s'enfuit. Il ne jeta pas un regard en arrière, il couru juste vers son appartement, l'esprit vide mais la tête pleine.
Une fois chez lui il s'empressa se rincer toutes traces de cette mésaventure. Comme si l'eau pouvait le débarrasser de sa culpabilité. Il releva sa tête, pour s'observer une seconde dans le miroir. Juste une seconde.
Des yeux verts.
Des yeux verts.
Des yeux verts.
Il ne pouvait pas s'arrêter de le répéter en boucle. Des yeux verts. Ses iris n'était plus les siennes. Elles arboraient chacune une fente noir de jais bordées d'émeraude, comme celle d'un félin. Comme celles d'un chat.
De peur il se cloîtra chez lui la semaine suivante, ne sortant sous aucun prétexte, au moins jusqu'à ce que les vivres vinrent à manquer. Une fois le frigo vide, il dû bien se résoudre à aller chercher au minimum de quoi se nourrir. Au début, ce fût plus facile que prévu. Une paire de lunettes aux verres fumés suffisaient à cacher son regard, mais au fur et à mesure qu'il ressassait ses regrets et sa culpabilité, des signes étranges revenaient à quelques mois d'intervalle, ne lui laissant qu'un maigre répit à chaque fois... D'abord des oreilles, qu'il masqua d'un chapeau, puis une queue, qu'il glissa sous un grand imper et ainsi de suite jusqu'à devenir méconnaissable. Ce n'est que lorsque il fut totalement "changé", à ses 37 ans, ayant perdu toute relation sociale de peur de se faire remarquer, vivant dans une froideur et une prudence quotidienne qui viendrait à bout de n'importe qui, qu'il retrouva par hasard une lettre dans l'un de ses tiroirs. Persuadé de ne l'avoir jamais vu auparavant, il hésita une seconde avant de la prendre dans le creux de ses doigts. La vie ne lui avait pas fait de cadeau durant pas loin de dix ans, avec cette espèce de malédiction qui le transformait, lentement mais sûrement en félin. L'enveloppe verte qu'il inspecta méticuleusement était scellée d'un étrange symbole, signé du nom de...
Tsuki?!