Petite visite au Stand de Tir [Pv Mira]

Les photos des gamins :

Ayayayaya ! Mais arrête de me tirer les cheveux Elia ! se plaignait Jïnn en portant une fillette sur ses épaules qui lui tirait les cheveux comme on tirerait les rennes d'un cheval.

Plus vite ! T'avais promis qu'en plus tu utiliserais ton pouvoir pour gagner du temps ! Vu que tu veux pas que j'vienne sur la moto de ton père avec toi ! ressassait l'enfant pour la troisième fois déjà.

Ils sont bruyants...Jïnn t'es sur qu'il fallait prendre miss folle dingue ? ajoutait un petit garçon cette fois avec un air blasé et ennuyé.

Il veut quoi l'intello à lunette ? Moi au moins je m'amuse ! N'est-ce pas, Bain ? répliquait-elle avec la maturité de son âge.

Allons allons, restez tranquille. Elia, tu sais que j'ai pas le droit, même avec ma licence provisoire. Les dons ne doivent pas perturber l'ordre public. Imagine qu'on atteigne 55m/s et que je te lâche par inadvertance ou que j'heurte un passant ? interrompait-il la conversation d'une voix sèche et visiblement presque à bout de patience.

Hummmmmmmm....C'est pas cool. tirant une moue.

Oh aller, boude pas. On le fera à l'académie, d'accord ? concédait le Junalkin

Ouaaaaaaaaais ! Tu vois quand tu veux ! en se redressant fièrement l'air d'être une excellente actrice.

La bonne galère...Lui qui pensait rendre service aux parents en mélangeant baby sitting et esprit de camaraderie entre ces deux là, ça allait s'annoncer très difficile. Bain était du genre assidu et jovial uniquement dans ce qui l'intéressait, le reste du temps bien qu'il soit espiègle et rusé, il paraissait désintéressé et blasé. Elia c'est une boule d'énergie qui ne demande qu'à se défouler le plus possible. Elle a aussi le pied enfoncé sur l'accélérateur de son pouvoir parfois, adorant s'amuser avec. On pourrait la considérer déviante mais elle est d'une pureté héroïque, malgré ses dissidences qu'elle ne pense pas à mal, au contraire. Là où ce petit duo peut dissuader les professeurs de croire en eux, Jïnn lui voyait dans ce petit couple enfantin une fine équipe. L'un complète les défauts de l'autre. Le trajet était mouvementé au début, vu qu'il les emmenait à pied. Entre les jérémiades de la demoiselle et les remarques piquantes et salés de l'autre bambin, il était bien monté. Il priait très très fort pour que Mira puisse gérer les deux gamins avec certainement plus de pédagogie et de patience que lui. Pourtant, le capitale tolérance et patience de Jïnn était déjà bien haut. En tout cas, lorsqu'il marchait dans la rue en causant une pollution sonore attirant les regards les plus curieux, le Junalkin inclinait légèrement la tête en marmonnant parfois des "Excusez-moi, désolé..." ou bien "Ils transpirent la fougue, pas vrai ? haha...". Le bon malaise.

Il arrivait enfin dans le quartier des divertissement et se fiait à son GPS de smartphone pour trouver l'adresse qu'il avait obtenu sur le tract. Entre temps, Elia était descendu de ses épaules pour marcher d'un air tout excité. Ils arrivaient à bon port sans soucis. Il devait être 14h30 et le temps était dégagé et ensoleillé. La température atteignait les 24° Celsius et l'atmosphère était doux, bien dosé en humidité. L'apprenti super-héros détaillait alors la bâtisse, le terrain de jeu vu de l'extérieur. Cela avait pas l'air trop mal. Il laissait les deux gosses entrer en premier, Elia se mouvant de partout pour pouvoir tout mieux observer alors que Bain restait à sa position pour analyser le tout d'un air plus posé et à conserver son énergie. Jïnn prenait les initiatives en se présentant à ce qui lui semblait être le patron lui et son groupe, ainsi que la raison de sa venu :

Bonjour bonjour ! Je suis Jïnn Junalkin ! Je viens avec mes deux petits compagnons : Elia et Bain ici présents. Enchanté !

Elia semblait trop concentré à observer les possibles rateliers visibles et Baine haussait juste le menton en guise de bonjour. Jïnn allait les faire filer droit. Il faut leur apprendre les bonnes manières à ces gamins en les reprenant d'une voix qui se voulait sévère mais qui restait douce malgré tout :

Hé ho ! On dit quoi ?

En coeur : Enchanté monsieur !

Il continuait alors en souriant et en se redressant totalement. Jïnn avait une tenu très simple : sa montre, son jean et son T-shirt bleu ciel. Ses chaussures étaient des New Balanced visiblement déjà utilisées mais encore correct, largement. Il avait l'air pas mal content de venir :

On vient de la part de Mira ! Elle m'avait recommandé de ramener des jeunots donc j'ai jugé bon de leur apprendre la contrôle de soi par le biais de cette activité. C'est bien vous le patron pas vrai ?

Tu trouves qu'il ressemble à une crème ? Ouais okay il est blanc mais sans plus !

Par pitié....Faîtes la taire...Ce genre de blagues c'est interdit nom de dieu !

Jïnn soupirait. L'après-midi sera longue....Et y'a du boulot !

– Bonjour Alain !
– Bonjour Mira. Qu’est-ce que tu nous apportes là ?

Je levai les yeux au ciel à cette remarque. J’avais déjà dû lui dire au moins une dizaine de fois que j’allais préparer des gâteaux pour l’événements. J’étais même parti plutôt hier pour être sûre de pouvoir tous les terminer. Cet homme avait une mémoire de poisson rouge.
J’ouvrais la glacière qui lui avait fait poser la question et il fit son curieux en arrivant près de la table qu’il avait dressé pour le gouter des enfants. Il y avait déjà différentes boissons, petits gâteaux tout faits et plusieurs bols de bonbons, installés à la va vite sur une table où par miracle une nappe assez grande et pas trop hideuse avait été déniché par mon patron.

– J’en ai fait cinq, dis-je en commençant à déballer mes préparations. Je préférais anticiper les allergies et les régimes alimentaires spéciaux : il y en a un sans gluten, un sans produit laitier, un sans beurre, un aux pommes et mon fétiche au chocolat.
– Ah, j’ai de la chance d’avoir une employée aussi prévoyante.

Il voulut chiper un bout du dernier sorti mais je lui donnais une tape en lui faisant les gros yeux. Il me répondit de son sourire amusé avant de finalement m’aider à disposer les différents plats sur la table.

– Pas de gants aujourd’hui ?

Je regardai ma main gauche et pliais tous mes nouveaux doigts. A première vue, il n’y avait pas de différence avec mon autre main. Ça en devenait même flippant tant mon bras gauche était une reproduction miroir quasiment parfaite de mon bras droit. Les mêmes grains de beauté, la même forme d’ongles, les mêmes traits de la main. Ce matin, j’avais eu mon rendez-vous mensuel à Olympus, pour l’adaptation de ma prothèse. C’était littéralement une prouesse de la technologie qui faisait partie de mon corps mais elle me rebutait autant que je la trouvais extraordinaire. Maintenant la seule chose qui pourrait me trahir visuellement, c’était une fine ligne entourant mon bras juste au-dessus de mon coude. J’avais bien évidemment choisi un haut qui me descendait jusqu’à l’avant-bras pour que personne ne la voie. Mais j’avoue que j’hésitai encore à mettre les gants de la panoplie de cowgirl que je n’avais pu m’empêcher de prendre par habitude et qui pendaient de la poche de mon short.

– Je teste pour l’instant, dis-je à Alain en me mettant à découper les gâteaux en petites parts. Je ne peux pas rester toute ma vie avec des gants.
– Tu n’as pas à avoir peur, on ne voit rien du tout.
– Mais on le sent.
– Mira…
– Tu as bien demandé de l’aide à quelqu’un pour aujourd’hui ? changeai-je de sujet, ne voulant pas m’appesantir sur mon problème.

Le silence me répondit et je relevais instinctivement ma tête, accusatrice.

– Non, pas Tom !
– Il s’y connait. Et comme il a besoin d’argent…
– Tu m’étonnes, il vit au-dessus de ses moyens rien que pour impressionner les filles, cet a…
– Adonis ? ou apollon peut-être ? me coupa une voix désagréable.
– Abruti !

Je jetai un regard mauvais à celui qui venait d’arriver dans l’espace accueil du club. Il arborait aussi un costume de cowboy et visiblement ça avait l’air de lui plaire. Personnellement j’avais modifié le mien pour me sentir plus à l’aise. Si j’avais encore le short, la ceinture, le chapeau et les gants, j’avais troqué le ridicule bout de tissu rose avec un débardeur des plus normaux et une chemise à carreaux avait remplacé la veste que les gros lourds avaient abimée.

– Heureusement que j’ai demandé à quelqu’un de vraiment compétant de venir, soupirai-je après que le neveu du patron m’ait puérilement tiré la langue.
– Ne me dis pas que tu as demandé à…
– Bonjour.

Alain ronchonna de suite en entendant la voix d’Inori alors que je me précipitai pour prendre la jeune femme dans mes bras.

– Pourquoi mon ancien patron n’a jamais l’air content de me voir ? s’offusqua-t-elle faussement.
– Oh mais non, il cache seulement son immense joie de te retrouver. Evidemment, Inori sera payé aussi pour son aide.

Le boss grommela un « certainement » dans sa barbe et je ne pus m’empêcher de rire. Alain n’avait pas de réel problème avec Inori, il faisait juste semblant de lui en vouloir pour sa démission. Il était bien conscient qu’avec ces études, elle ne pouvait plus assurer le poste que j’occupais actuellement mais c’était du grand Alain, tout craché. Il aimait faire le gamin, alors que nous savions qu’il était un homme très intelligent qui ne jugeait jamais personne.

– Bon ! Nous sommes au complet, le goûter est installé, les carabines, les plombs et tout le reste est en place, je crois que nous sommes prêts pour accueillir les petits monstres !






L’événement avait commencé depuis un moment. Je n’étais pas forcément toujours bien à l’aise avec les enfants, après tout je n’avais jamais eu à m’en occuper réellement mais j’avais l’impression de bien m’en sortir pour l’instant.

Tout semblait bien se dérouler. Alain avait plutôt bien réussi à organiser ce qui m’avait paru à la première explication être un grand micmac. Les enfants, accompagnés la plupart du temps par leur parents, étaient accueillis par Alain et nous attendions d’avoir au minimum un groupe de 8 enfants pour que l’un de nous commence les explications, concernant autant les enfants que les accompagnateurs, puis les emmène au stand de tir. J’avais envoyé Inori pour le premier groupe, préférant que Tom voie comment ça se passait avant de dire n’importe quoi juste pour se mettre en valeur. Et finalement je lui avais confié le deuxième groupe pour voir s’il allait s’en tirer. Je dois dire que je fus surprise par le soudain professionnalisme qu’il adopta. Tant mieux ! Je n’avais plus besoin de m’inquiéter !

Rapidement ce fut à mon tour d’occuper les petits marmots. Pour le coup, je crois que j’eus de la chance sur les arrivées ! Ils étaient plutôt calmes et me souriaient comme s’ils étaient intimidés par ma personne. Je me présentais au dernier petit garçon arrivé avec son père quand Alain m’appela. C’était sûrement le huitième enfant !

Je retournai au comptoir et aperçus deux bouts de chou au côté d’un visage familier. Je souris amusée malgré moi. C’était presque étrange de voir Jïnn habillé normalement alors que je m’étais ancré dans le crâne une image de super-héros avec toute sa panoplie. Mais mon sourire était d’autant plus grand que je trouvais drôle le fait qu’il m’est pris au mot et qu’il se trouvait bien en face de moi avec des enfants, comme il l’avait dit. C’était vraiment un homme de parole. Quant à Alain, il était déjà lancer sur la promotion de l’événement en bon chef de projet.

– Oui, je suis bien le maître des lieux. Les enfants ont-ils déjà fait du tir ? Que ce soit oui ou non, vous pouvez être sûr qu’ils repartiront avec de bonnes bases. Vous en avez déjà fait ? On laisse les parents essayer aussi si vous le souhaitez.
– Alain ! Tu vas le laisser en placer une !

Je dus intervenir avant qu’il commence une autre phrase sinon il n’aurait pu s’arrêter. Je ne sais pas pourquoi mais visiblement Jïnn avait dû éveiller son intérêt pour qu’il soit si soudainement pleins d’énergie. Il avait dit « parents » ? Est-ce que ce serait… ces enfants ? Il était un peu jeune pour avoir des enfants aussi grands, non ? Enfin… Je me trompais peut-être complètement sur leurs âges, à tous les trois ! Cela dit, je n’avais pas de temps à perdre en réflexions sur de tels détails.

– Bonjour Jïnn ! Alain, je te présente mon sauveur de l’autre jour. Tu sais quand tu m’as envoyé faire de la pub dans ce costume ridicule.
– Ce n’est pas vrai ! Je suis enchanté, jeune homme ! dit-il en prenant la main de Jïnn pour la secouer avec un peu trop d’entrain. Je m’en serais tellement voulu si on l’avait touché, je suis vraiment heureux que vous ayez pu vous interposer à temps.

Mince… J’avais oublié que j’avais donné une version un peu différente à Alain de l’altercation avec les deux anti-gears. Alain pensait qu’ils n’avaient pas pu poser ne serait-ce qu’un doigt sur moi et j’avais dû porter une bonne couche de fond de teint pendant deux jours. Je devais vite reprendre la parole avant que l’un ou l’autre se rendent compte de mon… subterfuge, on va dire ça.

– Je suis aussi contente de vous revoir, encore plus aujourd’hui. Je vois que vous êtes bien accompagné. Vous arrivez juste à temps pour rejoindre mon groupe. Nous allons faire une explication générale avant de faire un accompagnement individuel.

Je me penchais légèrement avant de m’adresser aux deux bambins avec un large sourire.

– Alors dites-moi tout. Vos prénoms, si vous avez fait du tir et si c’est le cas votre expérience. Et aussi… vous aimez les gâteaux ?

Je lançais un regard espiègle à Jïnn avant d’ajouter :

– Les deux dernières valent aussi pour vous, Monsieur l’apprentis super-héros.

Cette journée s'annonçait longue. Il venait presque à se demander pourquoi il les avait pris. Roh aller, il faut pas abandonner si facilement. Ils n'ont que 10 ans et il y a encore pleins de personnes possibles dans son groupe. De ce fait, le Junalkin secouait légèrement la tête avant de sourire avec une bonne humeur sur son visage. Il en profitait pour le partager à Mira et à la saluer de la main au passage. En tout cas, le patron prenait la parole, autant être attentif pour ne pas rien rater. Pourquoi ? Car Elia demandera comme toujours "Qu'est-ce qu'il baragouine ? J'ai oublié....héhé...".

– Oui, je suis bien le maître des lieux. Les enfants ont-ils déjà fait du tir ? Que ce soit oui ou non, vous pouvez être sûr qu’ils repartiront avec de bonnes bases. Vous en avez déjà fait ? On laisse les parents essayer aussi si vous le souhaitez.

– Alain ! Tu vas le laisser en placer une !


Son sourire se crispait un brin. Il pouvait parler autant que ça cet Alain ? Pour Jïnn, cela ne paraissait pas dérangeant, au contraire. L'échange était bien l'une des raisons qui le poussait à devenir super-héros. Il se frottait l'arrière de la tête en regardant de sa hauteur, surplombant les enfants, pour analyser leur réaction. L'éternel blasé penchait légèrement la tête, se demandant surement ce qu'il faisait ici. Pour la rouquinette, oui car Jïnn était gaga parfois, elle paraissait contenir son excitation. Comme d'habitude, puisqu'elle devient une cocotte minute quand il faut essayer une nouvelle activité. Les deux mains de notre protagoniste se posaient alors sur le haut du crâne des bambins pour en quelque sorte les apaiser d'un contact physique doux mais vigoureux tout de même. Les quatre yeux se relevaient vers lui, l'air de trouver ça gênant.

– Bonjour Jïnn ! Alain, je te présente mon sauveur de l’autre jour. Tu sais quand tu m’as envoyé faire de la pub dans ce costume ridicule.

En parlant de costume ridicule, à deux trois détails prêts, la demoiselle le portait à nouveau. Surement une obligation professionnelle. Au moins la vue était plutôt satisfaisante. Jïnn s'y perdait en repensant au sauvetage. Il donnait donc un air de mater Mira alors que pas du tout, il était juste absent momentanément. Elia le ramenait à la raison en lui mettant un petit coup de talon dans son bas de tibia. Il n'avait pas mal, elle non plus (ou presque), mais il redressait sa tête pour regarder droit devant lui.
– Ce n’est pas vrai ! Je suis enchanté, jeune homme ! Sans même sans rendre compte, sa main s'était déjà placé pour une bonne poignée virile. Quoi que Alain avait l'air un brin trop enthousiaste, au moins personne ne serrait la main de l'autre comme une brute pensant que la force de la poigne annonce qui domine la discussion. Je m’en serais tellement voulu si on l’avait touché, je suis vraiment heureux que vous ayez pu vous interposer à temps. Jïnn haussait un sourcil, totalement dubitatif. Il se contentait de répondre avec un hochement de tête, l'air fier, alors qu'à l'intérieur il se posait énormément de questions. Non pas que mentir était forcément mauvais dans une moindre mesure, mais...Si le patron était la crème qu'elle décrivait, pourquoi lui cacher un détail relativement important de la sorte ? Plusieurs hypothèses : Alain n'aime pas forcément les super-héros qui n'arrivent pas avant n'importe quel crime pour le résoudre en deux temps trois mouvements. Alain n'aime pas voir son employée avec quelques ecchymoses durant quelques jours et pourrait la licencier. Ou alors Mira n'assumait juste pas ? Boarf peu importe, mais il le gardait bien en tête, sait-on jamais. De toute façon il ne pouvait pas se poser plus de questions puisque la concernée reprenait rapidement la parole. Une coquille demeurait par contre, c'était que Jïnn aussi avait raconté tout ça à ses petits bambins, eux par contre auraient la langue plus pendu. Surtout Elia. Un peu plus et ils seraient plus "speed" qu'Elia en imposant un tel rythme. Faudrait la laisser vivre ici la rouquine, ça lui sera plus profitable vu qu'ils ont tous l'air archi-dynamique.

– Je suis aussi contente de vous revoir, encore plus aujourd’hui. Je vois que vous êtes bien accompagné. Vous arrivez juste à temps pour rejoindre mon groupe. Nous allons faire une explication générale avant de faire un accompagnement individuel.


Bien accompagné...Surement. Dans ce sens là ça passait mais dans le sens...Fiou, c'était éprouvant. Au moins il pourra se prélasser tranquillement à rien faire pendant qu'ils tireront sur des cibles. Parfaiiiiiiiiiiiiiiit ! Les deux enfants avaient leur attention centrée sur Mira.

– Alors dites-moi tout. Vos prénoms, si vous avez fait du tir et si c’est le cas votre expérience. Et aussi… vous aimez les gâteaux ?


Jïnn la regardait alors dans les yeux, calmement et souriant.

– Les deux dernières valent aussi pour vous, Monsieur l’apprentis super-héros.


Comme d'habitude c'est poil de carotte qui répond avec un entrain chimérique en première, ses deux petits poings serrés au niveau de sa poitrine dans une posture assez masculine au demeurant :

Moi c'est Elia ! J'ai jamais touché à une arme de tir ! Par contre j'suis douée à lancer des armes blanches ! Il est plutôt bon pédagogue l'autre derrière moi, hihi. Sinon pour les gâteaux j'adooooooooooore !

Le petit intello esquissait une sorte de sourire malicieux comme pour en profiter afin de tacler sa camarade de toujours :

Cherchez pas, c'est un ventre sur pattes. Moi c'est Bain. J'ai déjà pratiqué depuis une année déjà. J'aime aussi les gâteaux même si je préfère le salé.

Étonnamment mature....ou chiant. A voir selon le degré de sensibilité de son interlocuteur. En tout cas, il paraissait bien trop sérieux pour son âge ce garçon. Il dégageait une sorte d'entrain calme et contrôlé, l'inverse total de la fillette. Jïnn restait les bras croisés, avec un léger sourire, comme si ces deux jeunots étaient sa propre progéniture. Une sorte de fierté pouvait se sentir.

.Il pouvait avorter le plan de ne rien faire. En même temps à quoi s'attendait-il ? C'était évident qu'il allait potasser un peu. Il expirait alors légèrement par le nez en souriant d'avantage, comme s'il se moquait de lui-même. Se fourvoyer ? Même pas en rêve ! Il avait allumé son feu intérieur, en quelque sorte. D'une voix calme et impliquée, il répondait tout simplement :

Pour ma formation, on est obligé de savoir se servir de ce genre d'outils. C'est pas mon style mais on va dire que j'ai des bases solides. Puis pour les gâteaux, je peux faire un écart sur ma diète haha, ça sera pas significatif si j'abuse pas.

Un léger ricanement finissait sa phrase pour que la fille aux cheveux de feu vienne en rajouter une couche pour d'une part se moquer et de l'autre pour révéler la vrai nature du grand gaillard :

Ouais enfin il dit ça mais si vous voyez ce qu'il bouffe...C'est pas des gâteaux mais on va dire il peut s'enfiler trois poulets sans broncher. Il fait le timide !

Ah bah bravo ! J'peux même pas avoir mon standing ! Alala....Sinon...On commence ? Faudrait pas que vous retardiez un possible groupe ! Puis comme ça je vais me délecter de la galère d'Elia.

Il faisait un High Five avec Bain au passage, l'air d'approuver cette idée. Elia allait galérer c'était sûr et certain. Autant en profiter un maximum puisqu'elle était hilarante dans ce genre de situations.

C’est la petite rouquine, toute mimi, qui prit la parole la première avec un grand sourire sur le visage.

– Moi c'est Elia ! J'ai jamais touché à une arme de tir ! Par contre j'suis douée à lancer des armes blanches ! Il est plutôt bon pédagogue l'autre derrière moi, hihi. Sinon pour les gâteaux j'adooooooooooore !

Euh… Pardon ? Elle avait dit quoi ? Je me concentrais pour que mon sourire figé ne soit pas trop crispé pour qu’il ne paraisse pas faux. Elle était mignonne après tout et son énergie et sa bonne humeur étaient contaminants. Mais… armes blanches ? Elle est douée aux lancées de couteaux ? Je jetai un regard en biais à Jïnn qui visiblement était celui qui donnait les cours de jets d’armes dangereuses… Je sais que j’étais techniquement en train de participer à un événement où des enfants auront des armes dans leurs mains mais je ne pouvais m’empêcher de voir étrangement cette autre activité. Je l’assimilais plus à un entraînement militaire ou pour les combattants… donc voir cette fillette m’en parler comme si c’était normal était tout à fait bizarre pour moi. Et même un peu inquiétant.

Cela avait-il un rapport avec l’académie préparant les super-héros ? Ces deux petits avaient aussi des pouvoirs ? C’est peut-être ainsi que Jïnn les connaissait. Je n’avais aucune idée de leur lien donc c’était plausible. Mais y avait-il des membres aussi jeunes ? Ou est-ce que… j’étais en train de tout mélanger ? En quoi ça me concernait ! Je me posais bien trop de questions et ça dépassait largement le taux de curiosité acceptable…

Je me montais trop la tête. Cette petite ne semblait ni traumatisée, ni instable psychologiquement. Elle était fière d’elle, fière de sa capacité. Cela ne semblait être qu’un jeu finalement. Rah ! Je m’énervais quand j’étais comme ça !

Je me montais trop la tête.

– Cherchez pas, c'est un ventre sur pattes. Moi c'est Bain. J'ai déjà pratiqué depuis une année déjà. J'aime aussi les gâteaux même si je préfère le salé.

Le petit gars aux cheveux violets avec sa taquinerie me ramena au moment présent. Un an de pratique ! Mais qu’est-ce que c’était que ces enfants adeptes aux armes ! En tous cas, je ressentis bien malgré moi un petit coup de pression supplémentaire. J’espère qu’il n’allait pas s’ennuyer, je ne pensais pas pouvoir lui apprendre quoi que ce soit. Il allait falloir que je trouve une façon de présenter les choses pour qu’il puisse s’amuser.

Une minute ! Du salé ! Mais c’est ça ! Je savais qu’il y avait quelque chose qui me chiffonnait quand j’avais vu la table soi-disant fin prête. Il manquait du salé au cas ou… J’étais tellement habituée au goûter sucré que je n’avais pas envisager autre chose. Comme quoi les habitudes sont vraiment mauvaises.

Jïnn enchaina et par miracle pu empêcher une moue inquiète sur mon visage.  

– Pour ma formation, on est obligé de savoir se servir de ce genre d'outils. C'est pas mon style mais on va dire que j'ai des bases solides. Puis pour les gâteaux, je peux faire un écart sur ma diète haha, ça sera pas significatif si j'abuse pas.

Sa formation ? S’il le précisait, cela voulait dire que ces enfants n’en faisaient pas partie mais alors où est-ce qu’ils… Mais arrête de te mêler de ce qui ne te regarde pas Mira ! Concentre-toi sur l’essentiel !

S’il avait déjà fait du tir, il pourrait au moins bien faire respecter aux deux gamins les règles de sécurité et cela pouvait me soulager d’un certain poids de pouvoir au moins compter sur lui pour deux enfants sur neufs du coup. Ajoutons à ça les deux habitués venus avec leurs enfants, je pourrais prendre un peu plus de temp pour l’initiation et ne pas me contenter de jouer à la caméra de vigilance.  

De plus je ne pus empêcher mon sourire moqueur quand il parla de diète. Cela avait forcément rien avoir avec un régime pour perdre des kilos, Jïnn n’avait rien à envier aux plus grand sportifs niveau carrure. Complètement sculpté en V et avec une musculature que son simple T-shirt soulignait merveilleusement bien… Hum… Je pensais à quoi de base ? Ah oui ! La diète ! C’était surement un régime spécial pour ces grands musclés que je ne comprenais jamais !

– Ouais enfin il dit ça mais si vous voyez ce qu'il bouffe...C'est pas des gâteaux mais on va dire il peut s'enfiler trois poulets sans broncher. Il fait le timide ! se moqua la fillette en me faisant doucement rire.
– Ah bah bravo ! J'peux même pas avoir mon standing ! Alala....Sinon...On commence ? Faudrait pas que vous retardiez un possible groupe ! Puis comme ça je vais me délecter de la galère d'Elia.

Jïnn tapa dans la main de Bain qui semblait approuver cette taquinerie. De mon côté, si j’étais amusée par leur échange, je n’en étais pas moins attendrie. Même si je ne savais par leur lien, ils étaient mignons à s’envoyer des piques entre eux et n’importe qui pouvait remarquer leur bonne entente en général.

– Ne t’inquiète pas, je vais te donner mon astuce personnelle pour leur mettre la pâtée, soufflais-je avec un sourire de connivence à la petite demoiselle. Vous me suivez ? m’adressais-je finalement aux trois nouveaux arrivés pour les intimer de rejoindre le petit groupe qui attendait patiemment.

Je passais devant tout le monde pour qu’ils puissent tous m’entendre et me hissai même sur le tabouret qui traînait là pour essayer qu’ils puissent tous me voir… Ce qui n’était pas gagné à cause de ma taille.

– Alors rebonjour à tous, je suis réellement ravie de vous accueillir dans ce club de tir pour cette journée un peu spéciale. Vous avez tous des expériences différentes avec le tir mais je vais essayer de m’adapter à chacun ! N’hésitez surtout pas à m’interrompre ou m’interpeller si vous avez une question !

J’attrapai ma carabine qui attendait sagement dans le coin et remontai prestement sur mon tabouret pour reprendre mon monologue.

– Tout d’abord, une initiation se fait toujours avec une carabine à plomb. La règle la plus importante et primordiale, c’est de ne jamais pointer sa carabine chargée sur quelqu’un. Même pour rigoler ! D’accord les enfants ? Je peux vous assurer que même si un plomb c’est tout petit, dis-je en ouvrant la carabine et sortant le plomb qui était déjà en place, ça peut faire très très mal ! Je demande aux accompagnateurs de faire très attention à ce que cette règle soit respectée.

Je regardai chaque adulte à tour de rôle en affichant l’air le plus sérieux que je me connaissais. S’il arrivait quoi que ce soit à un participant, je ne me le pardonnerais pas !

– Maintenant avant que je vous laisse rejoindre les stands de tir à proprement parler, je vais profiter que vous puisiez tous me voir pour faire le test qui vous permettra de savoir qu’elle est votre œil directeur. Ceux qui le connaissent déjà, vous n’êtes évidemment pas obligé de le faire.

Je servis un petit sourire d’excuse aux concernés, notamment aux deux habitués mais aussi à Bain et Jïnn puisque je n’avais pas le choix que de les faire attendre un moment pour les explications suivantes.

– Pour viser correctement, on ferme toujours un œil et celui qui reste ouvert est votre œil directeur. Que vous soyez droitier ou gaucher, ça n’a rien avoir ! Un droitier peut très bien avoir pour œil directeur le gauche. Donc pour savoir, chercher un point fixe devant vous, par exemple le coin du tableau juste derrière moi. Tendez ensuite votre main devant vous, index en l’air, leur indiquai-je en faisant moi-même le geste mais face à eux. Et essayez de faire en sorte que le bout de votre doigt touche votre point fixe. Avec vos deux yeux ouverts, vous devez alors voir votre doigt flou. C’est normal ! Ensuite fermer un œil, on va dire le droit, toujours en vous concentrant sur le point fixe. Si votre doigt n’a pas bougé, c’est que votre œil directeur est le gauche ! Donc vous devrez fermer le droit pour tirer. Au contraire si votre doigt semble avoir bougé, c’est que le gauche n’est pas votre œil directeur et que vous devrez tirer avec l’œil droit ouvert. Je vous laisse tenter avec les deux yeux pour que vous puissiez comprendre la différence. Puis je vous emmène direction la pratique !

Pour ma part, j’ouvrais les deux yeux et constatai avec un peu de gêne que bien malgré moi mon point fixe se trouvait juste à côté de la tête de Jïnn et qu’il y avait beaucoup de chance pour qu’il pense que je venais de le fixer depuis un moment… Génial ! Ce type était beaucoup trop grand !

Ma carabine toujours dans la main, je descendais de mon tabouret en laissant un moment aux enfants qui s’amusaient à comprendre comment c’était possible et révélant, parfois avec fierté, quel était leur œil directeur à leur accompagnateur. J’en profitais alors pour m’excuser rapidement de vive voix auprès des habitués, puis allais faire de même avec Jïnn et Bain.

– Vraiment je suis désolée que vous deviez patienter pendant mes explications globales. J’aurais voulu pouvoir faire quelque chose de bien plus personnalisé mais pour des gens qui n’ont jamais tenu une carabine, ce serait compliqué de les laisser tout seuls avec une arme. En tous cas, je pourrais du coup vous faire tester nos pistolets, si vous le souhaitez, pour vous dédommagez.  Et…

Je me tournais et me penchais légèrement vers Bain avant de poursuivre avec un mon plus beau sourire.

– Je me disais que j’aurais bien besoin d’un assistant de démonstration pour mes explications, ça te tenterait de m’aider ?

– Ne t’inquiète pas, je vais te donner mon astuce personnelle pour leur mettre la pâtée, La gamine semblait avoir des étoiles dans les yeux à ce moment là, sous l'air curieux des deux autres garçons. Vous me suivez ? Un hochement de tête général suivit d'un "Oui" suffisait pour que le trio la suive vers le groupe. Le club devait bien tourné vu le nombre de groupes et de personnes par groupes. A défaut de voir le taux de criminalité redescendre comme avant, les gens pouvaient au moins vivre de manière assez prospère. Jïnn esquissait malgré tout un sourire amusé en voyant la petite demoiselle essayer de prendre de la hauteur avec son tabouret. C'était plutôt mignon.


– Alors rebonjour à tous, je suis réellement ravie de vous accueillir dans ce club de tir pour cette journée un peu spéciale. Vous avez tous des expériences différentes avec le tir mais je vais essayer de m’adapter à chacun ! N’hésitez surtout pas à m’interrompre ou m’interpeller si vous avez une question !

Jusque là, la carabine était normale et la revoir à nouveau se mettre sur le tabouret fit ricaner un peu la rouquine et le grand gaillard.

– Tout d’abord, une initiation se fait toujours avec une carabine à plomb. La règle la plus importante et primordiale, c’est de ne jamais pointer sa carabine chargée sur quelqu’un. Même pour rigoler ! D’accord les enfants ? Je peux vous assurer que même si un plomb c’est tout petit, Petit mais costaud le projectile. Comme prévu. ça peut faire très très mal ! Je demande aux accompagnateurs de faire très attention à ce que cette règle soit respectée.


Jïnn soutenait son air sérieux avec le sien. Les règles de sécurités sont essentielles à une pratique de la sorte. Puis comme ça, on responsabilise les gamins, on leur apprend à s'en servir dans les meilleures conditions et ça formera des bons citoyens capables de se défendre eux-même. Les deux enfants l'avaient bien compris en regardant Mira et en voyant leur tuteur sérieux. Ils hochaient la tête machinalement, l'un très lentement puisqu'il connaissait déjà la chanson et l'autre beaucoup de fois.

– Maintenant avant que je vous laisse rejoindre les stands de tir à proprement parler, je vais profiter que vous puisiez tous me voir pour faire le test qui vous permettra de savoir qu’elle est votre œil directeur. Ceux qui le connaissent déjà, vous n’êtes évidemment pas obligé de le faire.


Pour Jïnn et Bain, ils tiraient avec l'arme contre l'épaule droite avec l’œil directeur gauche pour Bain et droit pour l'autre. Le guerrier du hado s'entraînait actuellement à viser avec les deux yeux ouverts, pour qu'en cas de conflits nécessitant les armes puisque son individualité ne pouvait pas le protéger encore contre les balles, il puisse ne pas manquer de vision périphérique. Dans un sens, il se confortait de ne pas maîtriser totalement cette technique puisque son sixième sens palliait largement à cette faiblesse.

– Pour viser correctement, on ferme toujours un œil et celui qui reste ouvert est votre œil directeur. Que vous soyez droitier ou gaucher, ça n’a rien avoir ! Un droitier peut très bien avoir pour œil directeur le gauche. Donc pour savoir, chercher un point fixe devant vous, par exemple le coin du tableau juste derrière moi. Tendez ensuite votre main devant vous, index en l’air,Elia le faisait de son côté, tirant la langue pour se concentrer Et essayez de faire en sorte que le bout de votre doigt touche votre point fixe. Avec vos deux yeux ouverts, vous devez alors voir votre doigt flou. C’est normal ! Ensuite fermer un œil, on va dire le droit, toujours en vous concentrant sur le point fixe. Si votre doigt n’a pas bougé, c’est que votre œil directeur est le gauche ! Donc vous devrez fermer le droit pour tirer. Au contraire si votre doigt semble avoir bougé, c’est que le gauche n’est pas votre œil directeur et que vous devrez tirer avec l’œil droit ouvert. Je vous laisse tenter avec les deux yeux pour que vous puissiez comprendre la différence. Puis je vous emmène direction la pratique !

Au moment où Jïnn relevait la tête en direction de Mira, il écarquillait un peu les yeux avant de regarder à gauche puis à droite avant de comprendre que le point fixe que fixait la dame au bras mécanique était proche de lui. Il souriait un brin gêné mais sans plus. Elia cherchait encore un peu son oeil directeur pendant que Baine regardait le reste des troupes.

– Vraiment je suis désolée que vous deviez patienter pendant mes explications globales. J’aurais voulu pouvoir faire quelque chose de bien plus personnalisé mais pour des gens qui n’ont jamais tenu une carabine, ce serait compliqué de les laisser tout seuls avec une arme. En tous cas, je pourrais du coup vous faire tester nos pistolets, si vous le souhaitez, pour vous dédommagez.  Et…


Pourquoi donc s'excuser pour si peu ? C'était complètement normal puis la piqûre de rappel ne fera pas de mal pour tout le monde. M'enfin, au moins Jïnn pourra tester les pistolets si on lui proposait et s'il se sentait motivé. Pour l'instant, il préférait voir l'évolution des deux gamins, il avait l'académie déjà pour progresser et tirer à tout bout de champ sur une cible. Cela dit, il devait toujours mettre au point sa technique secrète avec son don. Bain restait intrigué pour le coup, quand Mira le regardait.

– Je me disais que j’aurais bien besoin d’un assistant de démonstration pour mes explications, ça te tenterait de m’aider ?


Il haussait tout simplement les épaules. Il n'aimait pas trop se montrer en publique mais bon, il ne voulait pas non plus décliner. Il rétorquait tranquillement :

-Ouais ouais, je peux. Vous expliquez les manip' et moi j'les applique pour tirer en plein dans le mille c'est ça ? C'est plutôt facile alors.

Très confiant en lui même, Bain suivrait les indications de Mira à la lettre tout en suivant le protocole. En attendant, Poil de Carotte avait enfin trouvé son oeil directeur et pointait son doigt vers Jïnn d'une main avec l’œil gauche ouvert, œil pointé avec le doigt de la main restante. Elle était carrément fière d'elle :

C'est celui là Jïnn ! Comme Bain !

Le jeune adulte lui répondait alors en riant légèrement, comme si c'était une aubaine qu'il félicitait :

Comme ça tu pourras demander à Bain de t'aider après les cours ! J'aurai un peu de vacances comme ça, héhé.

La rouquine lui mettait un petit coup de poing dans la cuisse, souriante elle aussi. Elle enchaînait encore un peu, laissant ses petites mains se heurter à des cuisses semblables à des troncs d'arbres. Elle n'en avait pas fini :

Tu vas voir ! Au premier instant de repos que tu prendras dans ton jardin je viendrai te défier en combat loyal !  

Et tu finiras au sol comme à chaque fois ! Allez arrête de fanfaronner, mate plutôt Bain gérer son coup ! finissait-il d'un air provocateur mais aimant

Les trois protagonistes se taisaient alors. Bain se dirigeait vers Mira et prendrait une carabine qu'elle lui donnera potentiellement. Il pourra se présenter si besoin. En tout cas, sauf indications contraires, il placerait ses jambes  perpendiculairement par rapport à la cible à viser. Il utiliserait aussi parfaitement la mire de son arme au bout du guidon en laissant la cible flou par rapport à son instrument de visée. L'alignement avec la cible et la mire lui offrirait alors un visuel optimal. Le gamin contrôlerait aussi parfaitement sa respiration en marmonnant quelques données mathématiques comme l'angle, la distance, la vitesse à un temps T zéro. Il serait aisé de voir qu'il possède un don qui l'aide dans cette tâche, bien qu'aucune manifestation surnaturelle n'était visible. Le petit gérerait aussi parfaitement la pression sur la gâchette en plaçant son doigt entre la première articulation et le bout (mais pas l'extrémité !). Son souffle serait aussi parfaitement maîtrisé, afin de tirer sans tremblement superflus en le bloquant lors du tir.

Le gamin haussa les épaules et me répondit avec un ton désinvolte, ça n’avait pas l’air de l’intéresser plus que ça.

-Ouais ouais, je peux. Vous expliquez les manip' et moi j'les applique pour tirer en plein dans le mille c'est ça ? C'est plutôt facile alors.

Hum… Je ne pense pas avoir réussi à susciter l’enthousiasme espéré chez Bain. Les enfants pouvaient avoir la fâcheuse tendance à être déconcertants parfois. Mais bon, s’il avait accepté, je pouvais me dire qu’il en retirait au moins quelque chose. Je lui fis alors un sourire en guise de remerciement.

Je laissai encore quelques minutes aux enfants pour qu’ils puissent comprendre quel œil ils allaient utiliser pour la suite, ne manquant pas de remarquer l’échange de taquineries d’Elia et Jïnn. Les enfants pouvaient être aussi mignons que déconcertants, c’est sûrement pour cela qu’il y en a qui devenaient complètement gaga de ces petites bouilles. Pour ma part, j’étais plutôt dubitative avec eux. J’avais l’impression de ne jamais savoir comment m’y prendre mais ça ne m’empêchait pas de tenter de les comprendre et de jouer avec eux. Et du coup, ça m’arrivait de faire des flops ! Je n’en étais d’ailleurs pas très loin avec ma proposition à Bain !  

Les enfants se calmèrent et recommencèrent à se concentrer sur moi, c’était le moment d’avancer !

– Je vous invite à me suivre aux stands de tir, si vous le voulez bien ? dis-je tout haut à l’intention de tout le petit groupe.

On sortit de la salle d’accueil pour arriver dans la petite cour intérieure du club de tir. J’indiquai rapidement d’un geste de la main la direction des stands à balles réelles, plus pour les accompagnateurs éventuellement intéressés que pour les enfants, puis les conduis à ceux réservés aux plombs. Dès qu’on rentrait dans cette pièce, les cibles s’étalaient de part et d’autre de chaque côté de la porte en nous faisant face. Elle n’était pas très profonde mais suffisamment pour le terrain de tir adapté aux maniements de carabines ou pistolets à plombs et à l’installation d’une table dressée de gâteaux, de chaises et de rangements. Pour une première fois, cela pouvait paraitre un peu impressionnant mais c’était vraiment un grand club.

Beaucoup d’emplacements été déjà pris par les deux premiers groupes même si déjà certaines personnes papillonnaient vers la table du goûter. Il restait cependant une dizaine de cibles de l’autre côté de la pièce. Je guidai alors mon petit groupe vers les places du fond et répartis les enfants accompagnés devant les cibles. Devant eux, une carabine étaient déjà posée sur le dessus. En dessous, des trépieds les attendaient si besoin et les boites de munitions avaient été remplies. Les systèmes électriques des cibles les avaient déjà placés à 10 mètres des emplacements des carabines. Tout avait été prévu pour un bon commencement et pour ne pas perdre de temps inutilement.

Les enfants même séparés par leur emplacement continuaient d’être dissipés. La plupart avaient les yeux grands ouverts, regardant tout autour d’eux que ce soit pour épier leur camarade des deux premiers groupes déjà en train de tirer ou pour jeter des coups d’œil envieux vers la table des desserts. En frappant fort dans mes mains, j’attirai de nouveau l’attention sur moi.

– Place aux explications ! Bain, ici présent, va vous illustrer mes indications à la perfection !

Je montrai d’abord comment charger une arme puis je me positionnai derrière le garçon pour laisser le groupe voir en œuvre mes explications. Bain les exécutait à la lettre, ça en était presque trop facile pour moi. Je n’avais pas besoin d’en rajouter sur les détails puisque mon auditoire voyait en direct ce qu’il fallait faire ! Lorsque l’enfant tira, certains laissèrent exprimer leur admiration, dont les deux autres petites filles en plus d’Elia qui avaient leur bouche en cœur. Trop mignon !

– Bien ! Vous avez tout ce qu’il vous faut pour vous lancer ! Je vais passer vous voir chacun individuellement mais n’hésitez pas à m’appeler si vous avez la moindre question. Et n’hésitez surtout pas à vous servir à la table des goûters autant que vous le voulez ! terminai-je avec un signe vers la nappe blanche.

Je leur servis un grand sourire avant de me tourner vers Bain et de poser une main sur son épaule.

– Merci beaucoup pour ta participation, tu as bien géré. Etant l’équipe la plus expérimentée je viendrais vous voir plus tard, me redressai-je pour regarder Jïnn. Amusez-vous.

Mon sourire n’avait pas quitté mon visage et il perpétua. Mon groupe était pour le coup assez agréable. On ne s’attend pas à avoir beaucoup de récalcitrants pour une activité que les enfants choisissent eux-mêmes, donc forcément je n’avais pas de rebelles ou de tête de mule. Seulement deux petits m’avaient posé des problèmes dans une moindre mesure, l’un parce qu’il avait une attitude de monsieur je-sais-tout-et-je-n’ai-pas-besoin-de-l’aide-d’une-roturière avec ces airs de je-suis-riche-et-pas-toi -oui, un enfant peut être comme ça- et l’autre parce qu’elle était tellement sur pile électrique qu’elle ne m’écoutait absolument pas, comme son père d’ailleurs. Je me demande encore comment j’ai fait pour que ces deux-là arrive ne serait-ce qu’à se mettre dans la bonne position. Pourtant il avait tous les deux réussi à toucher la cible. Bon, pas forcément en plein dans le mile mais c’était déjà extraordinaire !

Je quittai la petite fille bien sérieuse avec sa carabine posée sur le trépied sous les yeux attentifs de sa mère et arrivai aux côtés de Jïnn et de ses deux acolytes. Voyant la petite rouquine s’agitait en ne trouvant pas la position adéquate, je passais ma main sous la crosse et la baissait juste un peu pour qu’Elia puisse la caler contre l’os de son épaule.

– Comme ça. N’essaye pas de la monter à la hauteur de tes yeux, mais penche toi plus sur ton arme pour viser, d’accord ?

Je me reculai pour leur laisser la place, un léger sourire d'encouragement ourlant mes lèvres. Bain n’avait évidemment pas du tout besoin de moi. J’observai alors un moment les deux petits viser chacun sur sa cible, puis je jetai un œil sur le jeune homme qui les surveillait. Ma curiosité ne m’avait pas quitté. Les deux enfants ne ressemblaient pas vraiment à Jïnn. Mais les trois là avaient l’air de s’entendre très bien et en plus ils avaient l’air de partager un même type d’entraînement assez spécial, surtout pour des enfants. Qu’est-ce qui pouvait bien lier ? Ces deux petits étaient-ils comme Jïnn ? Des… dotés ?

Ce fut alors bien plus fort que moi. Je cédais complètement à mes envies et laissai mes principes de côtés. Ces petits me semblaient si inhabituels que j’avais envie de comprendre. Mais bizarrement j’espérais tout de même ne pas en apprendre trop ou plutôt ne pas apprendre ce qui malgré moi m’inquiétait. C’est donc toujours en plein débat mental que je m’approchai de Jïnn, discrètement pour ne pas déranger les petits mais satisfaire mes questionnements intérieurs. Je baissai le ton pour enfin me lancer. Le détournement me sembla être le procédé idéal pour en savoir plus.

– Alors dites-moi, Monsieur le sauveur, ce ne sont pas vos enfants, n’est-ce pas ?

Pendant la démonstration, Jïnn et la petite Elia regardaient avec assurance tout en opinant la tête d'un air fier. La synchronisation des deux était remarquable d'ailleurs, de quoi faire rire. Ils connaissaient Bain, son don et son talent naturel pour la mécanique et les armes à feu. Le speech de Mira ne les dérangeait pas le moins du monde, la petite rouquine suivait attentivement en tirant la langue et en fronçant les sourcils, signe de sa concentration rare et difficilement accessible. Puis cette éphémère état de focus s'évaporait totalement quand la petite voyait la nourriture. Elle décidait d'y aller directement mais Jïnn la retenait par une main vive saisissant son col. Il riait doucement avant de lui murmurer :

-Tutututut. T'as oublié notre petit pari qu'on a fait à la maison pas vrai ? Pour chaque tir réussi tu manges un aliment au choix. Si tu rates, tu mangeras mes recettes foireuses, kukuku~

-Rah...T'es sadique !

Pendant ce temps, Bain hochait la tête avec un fin sourire satisfait face au remerciement de la gérante. Tous les trois rejoignaient donc leur petit endroit pour tirer tranquillement. L'intello du groupe n'en ratait presque pas une et tentait même des ricochets par moment, l'air de trouver ça drôle. Il notait quelques calculs dans son calepin entre quelques tirs pour ajuster sa trajectoire pratique en passant par la théorie. C'était carrément dispensable pour ses capacités mais au moins, ça le détendait de calculer sur papier. Il avait l'impression de sceller son travail à jamais en conservant des traces écrites.
Pour la rouquine, ce fut plus complexe. Elle essayait de s'appliquer mais perdait vite patience avant de s'agiter. Heureusement pour elle et le groupe, Mira, la sauveuse, arrivait pour lui donner un coup de main qui n'était pas de refus. Elle écoutait du mieux qu'elle pouvait, se penchant, tirant toujours légèrement la langue. Enfin replongée dans sa bulle, il semblerait. Les conseils s'avéraient efficace, elle touchait une fois pile poil au milieu, la chance de débutante certainement. Après un léger cri de joie, expressive comme elle était, elle continuait à s'atteler à la tâche. Les deux enfants sombraient dans la folie des jeux de leurs âges. Au moins, Jïnn était peinard pour écouter la question discrète de Mira :

– Alors dites-moi, Monsieur le sauveur, ce ne sont pas vos enfants, n’est-ce pas ?


Un sourire s'élargissait sur son visage. Il se retenait de rire, ça se voyait à s'en crever les mirettes.. Il croisait alors les bras d'un air curieux. Pourquoi voulait-elle savoir ça après tout ? Puis surtout, la réponse pouvait s'obtenir facilement non ? Un petit gamin brun à lunettes, ça passe encore, mais une rouquine ? Ah quoi que...Il se mettait le doute. Son visage semblait en pleine dualité, entre le sourire et le questionnement intérieur, le regard dans le vide en haussant un seul sourcil. Cet état comique ne durait que cinq secondes grand maximum. Il répondait ensuite lui aussi sur le même ton que son interlocutrice, restant léger tout de même :

-Pas du tout ! Ce sont juste des élèves à l'académie que j'ai connu assez tôt. Pour arrondir les fins de mois j'ai pensé à faire du baby-sitting, étant donné que Elia ici présente est adoptée par les parents de Bain depuis 3 ans déjà.

Puis, en se rapprochant un peu de la dame, il arrondissait un brin son dos pour lui murmurer d'un ton un peu taquin et moqueur. Après tout, il avait un prénom nom de dieu ! Puis surtout, il était lui aussi curieux. En plus, il était tout sauf un bon père....Et aussi baby sitter dans un sens. Personne n'est parfait ! Encore moins le guerrier du hado qui était faillible autant qu'une passoire.

-Je n'ai que 19 ans vous savez. Je suis clairement pas apte, à être papa ! Puis faudrait trouver la maman aussi haha, et ça c'est pas gagné ! Surtout vu mon futur boulot, je vais éviter d'en faire baver à plus qu'à moi-même. Puis entre nous...Ils me ressemblent pas du tout ! J'suis métisse Américano-Japonais, bon j'tire vachement plus de l'occidental mais bon j'avoue c'est pas évident à deviner. Pourquoi cette question ?

Il souriait sans montrer les dents, restant amical et amusé par Mira. Ah oui, juste avant qu'elle ne réponde, il mettait sa main comme paravent pour sa bouche et parlait comme initialement, histoire de la mettre au courant :

-J'ai trouvé mon pseudonyme entre temps, j'ai opté pour Enos. Un en grec, l'unité, un pour tous tout ça. Comme ça, plus besoin de m'appeler monsieur le sauveur, héhé. C'est trop honorant par rapport à mon acte. N’importe qui de civil le ferait. Enfin j'espère sinon j'ai plus trop foi en l'humanité. Sinon, ça va depuis la dernière fois aussi ?

Trop bavard, beaucoup trop. C'était une mauvaise habitude à cause de sa pleine vie de campagnard japonais à parler qu'aux mêmes personnes depuis gamin. Inadapté social serait surement le mot, quoi qu'un peu fort. Au moins, il restait à l'écoute.

Sans que je m’y attende, le visage du grand brun se fendit d’un grand sourire amusé. Ma question n’avait pas pour but de faire rire pourtant. Mais bon, il était préférable qu’il garde une bonne humeur face à mon manque de discrétion et ma curiosité mal placée. Plus d’un aurait pu tirer la tronche et m’envoyer bouler. Heureusement pour moi, ça n’avait pas l’air d’être son cas et il me répondit avec un ton léger, baissant la voix comme je l’avais fait, nous confinant dans une discussion plus intime.

– Pas du tout ! Ce sont juste des élèves à l'académie que j'ai connu assez tôt. Pour arrondir les fins de mois j'ai pensé à faire du baby-sitting, étant donné que Elia ici présente est adoptée par les parents de Bain depuis 3 ans déjà.

J’aurais voulu croire que l’académie n’accueille pas des enfants aussi jeunes, mais visiblement j’étais vraiment loin de tout savoir sur cette institution. Ces petits faisaient donc eux-aussi parti des dotés… Cela me paraissait difficile à envisager devant leur petite bouille. Je savais pourtant qu’il ne fallait pas se fier aux apparences mais là… Quand je regardai les deux enfants s’appliquer à tirer, même s’il le faisait avec un sérieux remarquable surtout Bain qui me surprenait pas mal avec son petit calepin, je ne pouvais les différencier des autres. Ils étaient simplement des enfants qui faisaient leur activité, et j’osais même espérer qu’ils s’amusaient.

Cependant savoir qu’ils avaient des pouvoirs qui pouvaient être potentiellement dangereux et destructeurs me faisaient tout de même changer de point de vue sur eux. Je savais que c’était stupide de retrouver ma méfiance pour deux gamins qui n’avaient pas montré le moindre signe de méchanceté et au contraire mais je ne pouvais m’empêcher d’imaginer des scénarios catastrophiques. Tout comme ceux qui me traversaient de temps à autre l’esprit en me retrouvant à côté de Jïnn qui me faisait penser à un puissant guerrier qui pourrait en un rien de temps nous anéantir. Et à chaque fois que ça m’arrivait je me morigénai intérieurement en me disant qu’il était celui qui était venu me sauver. Quel paradoxe ce serait de blesser une personne que l’on vient de sauver ! Heureusement pour moi, en continuant de parler un peu plus près encore de moi, Jïnn me permit de sortir de ce cycle de pensées que je détestais avoir dans la tête.

– Je n'ai que 19 ans vous savez.

Euh… Pardon ? Je retiens la mine choquée qui avait failli m’échapper et repris ma concentration pour la suite.

–  Je suis clairement pas apte, à être papa ! Puis faudrait trouver la maman aussi haha, et ça c'est pas gagné ! Surtout vu mon futur boulot, je vais éviter d'en faire baver à plus qu'à moi-même. Puis entre nous...Ils me ressemblent pas du tout ! J'suis métisse Américano-Japonais, bon j'tire vachement plus de l'occidental mais bon j'avoue c'est pas évident à deviner. Pourquoi cette question ?

Mes dents se serrèrent alors que je n’avais pas prévu le retour de question de cette façon-là. Comment lui dire que ce qui me taraudait était de savoir si les petits pouvaient être des dotés et donc peut-être devenir dangereux comme lui ? Je savais qu’il était bon de ne pas être trop naïve et que le proverbe « il vaut mieux prévenir que guérir » m’allait comme un gant mais pour le coup ma méfiance habituelle me mettait dans une situation assez gênante… Qu’est-ce que je pourrais bien lui répondre ! Bon… Je peux pas me débiner et je n’ai absolument pas l’intention de mentir au héros qui ne cessait de me sourire amicalement. J’ouvris donc la bouche pour lui répondre mais il me coupa dans ma lancée, mettant sa main devant sa bouche pour me parler comme pour me faire une confidence.

– J'ai trouvé mon pseudonyme entre temps, j'ai opté pour Enos. Un en grec, l'unité, un pour tous tout ça. Comme ça, plus besoin de m'appeler monsieur le sauveur, héhé. C'est trop honorant par rapport à mon acte. N’importe qui de civil le ferait. Enfin j'espère sinon j'ai plus trop foi en l'humanité. Sinon, ça va depuis la dernière fois aussi ?

Je ne pus que laisser entendre un petit rire avant de me reprendre, avec tout de même un sourire qui n’était pas prêt de quitter mes lèvres. Il enchaînait les mots avec un débit plutôt impressionnant, ne me laissant pas en placer une, alors qu’il me posait des questions ! C’était à la fois drôle et mignon. Et ça devenait encore plus dur de lui dire qu’une partie de moi avait peur de lui, comme des enfants.

– Avec tout ce que vous m’avez dit, je ne sais même plus par où commencer !

Ou je fais semblant pour avoir un peu plus de temps pour réfléchir à ce que je vais lui dire ! Mais je gardai la face, ne quittant pas mon sourire. Je n’avais pas à me monter la tête pour si peu… Réponds normalement Mira. Au pire il se passe quoi ? Il te regardera comme quelqu’un de complètement stupide et décidera de partir tout de suite pour éviter que les enfants soient en contact avec une personne aussi étroite d’esprit ? Possible… Je passais une main sur ma nuque en essayant que ce geste détente la crispation qui s’installait sur le haut de mon dos. Mais finalement j’en chaînai rapidement à voix basse pour qu’il soit encore le seul à entendre.

– Je trouve qu’Enos est un bien joli pseudo. Rester dans la lignée grecque semble être judicieux dans cette ville. C’est un nom que l’on retiendra rapidement. Dois-je vous appeler ainsi ou je peux me permettre de vous appeler Jïnn, puisque le titre de sauveur vous gêne tant ? précisai-je avec mon sourire en coin, puis comme pour le remercier à nouveau, mais sans forcément en rajouter, je me tournai légèrement vers lui et ma main se posa sur son avant-bras avant de continuer. Par contre je vous dis tout de suite que ça ne retire en rien votre statut ! Je suis peut-être plus pessimiste sur l’humanité que vous mais je suis sûre que pas tout le monde ne serait pas intervenu contre deux hommes pour une simple inconnue. C’est ce qui fait de vous un héros. C’est grâce à vous que je vais bien et que je n’en garde pas même un traumatisme.

Pour ne pas abuser, je retirai ma main et croisai les bras, regardant mon groupe d’enfants. J’étais là pour les surveiller, après tout. Je ne sais pas si c’est en voyant tous ces enfants se donner un maximum pour réussir leur tir que je trouvai le courage d’expliquer vraiment ce qui m’avait trotté dans la tête, mais je décidais de dire la vérité. Du moins en partie.

–  Je m’excuse si je me suis montré indiscrète, c’est juste qu’en sachant que vous êtes… un doté, je me demandais si c’était le cas de ces deux petits. Je vous avoue que je n’y connais pas grand-chose à ce monde. Les dotés, l’académie, cette ville est complètement folle pour moi parfois et je ne peux m’empêcher de m’en méfier… hésitai-je en glissant un regard pour voir la réaction du héros. Donc ce n’était que par curiosité ! Et peut-être par envie de papoter avec Monsieur le sau… Euh, je veux dire Monsieur le héros Enos.

Je préférai terminer sur cette phrase bien plus légère, avec le retour du sourire en coin, en m’étirant les bras derrière mon dos, comme pour passer à autre chose. Même si je ne voulais plus être méfiante, je crois que je n’étais pas encore prête de l’abandonner.