Après que le coeur ait parlé. [Pv Yumiko]

J’avais trouvé ma sœur, en pleurs, dans le grenier de l’académie. Bien que je ne sois pas vraiment certaine de ce qui l’avait mise dans cet état, j’avais un nom qui me venait en tête. Pour le coup, je ne pouvais pas demander ce qui était arrivé, car ce serait tout bonnement… stupide. Au contraire, il fallait que je m’attèle à lui changer les idées ! C’était mon seul but de l’après-midi. Et c’était un peu un des buts que je m’étais toujours fixés, par la même occasion. J’avais bien pu aider quelques personnes, alors je n’allais pas m’arrêter en si bon chemin, d’autant plus qu’on parlait quand même de ma sœur, là.
C’est pour cela que nous marchions vers la serre. Je ne savais pas trop si je devais ou non m’agripper à son bras, lui prendre la main ou quelque chose de ce style, comment elle le prendrait. Elle avait été seule, et ça pouvait lui faire du bien de sentir une présence, mais en même temps, elle avait tout gardé de la culture japonaise, que je m’efforçais moi d’effacer un peu. Je ne la détestais pas, mais j’avais l’impression d’avoir plus ma place dans un endroit où on me laissait faire ce que je souhaitais, et j’avais besoin de prendre des libertés avec la façon dont on m’avait élevée.

Doucement, nous traversions les couloirs et les jardins pour finalement arriver à la serre. Je n’y allais pas souvent, mais j’adorais cet endroit. Les couleurs, les odeurs, les fleurs, le calme… Tout était agréable dans cet endroit. Je repérai un endroit bien isolé où nous pourrions discuter sans que Yumiko ne se sente gênée, puis je lui pris la main pour l’entraîner là-bas. Je lui fis ensuite signe de s’asseoir, et m’assis à mon tour, à côté d’elle.

- Alors, j’aimerais en apprendre un peu plus sur toi. Par exemple… Quelles sont tes passions ? Tu aimes lire, dessiner, réfléchir à toutes sortes de choses ?

Ces questions semblaient être des questions types, mais tout ce que je voulais, dans l’immédiat, c’était l’occuper. Puis, faire connaissance avec elle n’était pas de refus. Nous avions enfin ce moment pour nous, celui que j’attendais tant. C’était pour ça, que j’étais venue à l’académie, à la base. J’allais enfin connaître ma grande sœur, cet ange blond et fragile que j’avais envie de serrer dans mes bras.

Après que nous soyons sorties du grenier, j'avais suivis Yumi vers la serre. Au départ, elle avait eu l'idée d'aller au jardin, mais je n'étais pas d'humeur de croiser toutes sortes de monde. J'avais donc proposé qu'on ailles à la serre qui était un endroit bien plus calme. Nous marchâmes en silence, attendant que nous soyons vraiment seules pour discuter. J'imaginais aussi qu'elle devait chercher un sujet de conversation. Personnellement, je ne savais pas quoi dire. Je ne savais pas très bien ce que je devais faire dans ce genre de situation, à part me taire...
Bientôt, nous arrivâmes à la serre dans laquelle Yumi me prit la main pour m'entraîner dans un espace où nous nous installâmes. Elle nous avait choisi un coin plus tranquille que les autres car très peu connu.
Une fois que nous fûmes toutes deux assises, elle commença à me poser des questions :

- Alors, j’aimerais en apprendre un peu plus sur toi. Par exemple… Quelles sont tes passions ? Tu aimes lire, dessiner, réfléchir à toutes sortes de choses ?

Devant cet intérêt, je me mis à jouer avec mes mains, la tête légèrement baissée pour cacher les rougeurs qui me montaient aux joues. Et c'est timidement que je lui répondis :

- Je ne sais pas si on peut parler de "passion"... J'ai essayé le piano dont j'adore les sons. J'aime dessiner ce qui me passe par la tête : mes cauchemars comme des visages. Mais ce que j'aime le plus c'est lire pour apprendre.

Je tournai les yeux vers ma soeur à qui je souris gentiment :

- Cet endroit me donne tellement de possibilité... peut-être trop. Parfois, je ne sais tout simplement où me donner de la tête, ou je me sens dépassée par les évènements. Mais toi, qu'aimes-tu faire?

Ce n'était pas que par politesse que je lui posais la question, mais aussi parce que je me demandais à quoi elle pouvait bien passer ses journées. Était-elle aussi semblable que moi mentalement que physiquement? Après tout, mis à part les couleurs de nos cheveux et nos yeux, j'avais l'impression de voir un double de moi-même. Ses yeux, si semblables que ceux de notre père, dégageaient tant de gentillesse et d'amour que je ne pouvais pas croire qu'elle était comme nos parents. Je m'en voulais un peu d'avoir eu peur d'elle. Je m'en voulais de tenir une sorte de distance entre nous...

Ma sœur baissa la tête et joua avec ses mains, sûrement à cause de la timidité. J’espérais sincèrement que bientôt, elle n’aurait plus peur de me parler. Ce n’était pas que je voulais absolument être aimée de tous, ou inspirer à tous un sentiment de sécurité – quoique, ça me plaisait – mais elle, je voulais qu’elle ne doute jamais de moi et qu’elle sache qu’elle peut venir me parler.

- Je ne sais pas si on peut parler de "passion"... J'ai essayé le piano dont j'adore les sons. J'aime dessiner ce qui me passe par la tête : mes cauchemars comme des visages. Mais ce que j'aime le plus c'est lire pour apprendre. Cet endroit me donne tellement de possibilité... peut-être trop. Parfois, je ne sais tout simplement où me donner de la tête, ou je me sens dépassée par les évènements. Mais toi, qu'aimes-tu faire?

J’étais bien d’accord avec elle sur un point : en passant de « notre maison » à l’académie, le nombre d’activités se voyait augmenter considérablement.

- Moi… J’aime aller dans le jardin et ne rien faire de spécial. Et j’ai aussi Yasushi, le grand blond qui aime me porter sur son épaule. Disons que lui courir après pour savoir comment il va m’occupe plutôt pas mal ! Je n’ai pas vraiment de passion en particulier, en fait, c’est un peu ennuyeux. On pourrait dire que j’aime aider les gens ? Je ne sais pas trop.

Les yeux fermés et les doigts qui grattaient mes cheveux, je lui souris. Je ne savais vraiment pas quoi répondre à la question des passions. En soi, je n’en avais pas, réellement. Je lisais un peu, j’étudiais… Mais rien d’exceptionnel.

- C’est peut-être un peu tôt pour ça, repris-je après un silence, mais… Tu voudras bien me faire écouter un air de piano, ou me montrer un de tes dessins ? En échange, si tu veux, je peux… Chanter pour toi ? Je ne sais pas si ce serait vraiment un cadeau pour toi, par contre, mais si tu aimes avoir mal aux oreilles, pourquoi pas !

- Moi… J’aime aller dans le jardin et ne rien faire de spécial. Et j’ai aussi Yasushi, le grand blond qui aime me porter sur son épaule. Disons que lui courir après pour savoir comment il va m’occupe plutôt pas mal ! Je n’ai pas vraiment de passion en particulier, en fait, c’est un peu ennuyeux. On pourrait dire que j’aime aider les gens ? Je ne sais pas trop.

Une main devant la bouche, j'émis un petit rire discret. Si on suivait son raisonnement, je serais très certainement passionnée par les études puisque je ne faisais qu'essayer de rattraper tout le retard accumulé ces quinze dernière années. Mais je savais que ce n'était pas ce qu'elle avait voulu dire.

- C’est peut-être un peu tôt pour ça, mais… Tu voudras bien me faire écouter un air de piano, ou me montrer un de tes dessins ? En échange, si tu veux, je peux… Chanter pour toi ? Je ne sais pas si ce serait vraiment un cadeau pour toi, par contre, mais si tu aimes avoir mal aux oreilles, pourquoi pas !

Je perdis mon sourire. Non pas que j'étais contre ce qu'elle me proposait, mais ce n'était pas si génial que cela...

- Je... ne suis pas contre l'idée. Mais tu risque d'être déçue par mes performances... J'aime les sons du piano et mettre sur papier ce qui me passe par la tête, mais je ne fais des oeuvres de qualité, je crois.

En fait, je n'y connaissais absolument rien et m'en rendre compte assombrit mon visage. Puis, ne pouvant plus supporter de ne pas connaître la réponse, je demandais à ma petite soeur :

- Dis, c'est comment de vivre en famille?