Sujet Émeraude 1 (PV Chizuru) - Annulé

Archie s'était installé à l'infirmerie, une journée bien tranquille après les cours. Il n'y avait personne pour l'instant. Il lui suffisait juste de mettre une pancarte (Ne pas Déranger, sauf urgence) une fois son invitée arrivée, enfin, si elle se présentait. Le professeur était bien installé sur sa chaise, se tournant quelque peu les pouces. Face à lui sur son bureau il y avait un dossier (vierge bien sûr, il fallait qu'il le remplisse) ainsi qu'un bol contenant des petits caramels durs. et derrière lui, il y avait une caméra, qu'il allait activer après la permission de l'élève.

Il regarda l'heure, bon il était vrai qu'il n'avait pas donné d'heures de rendez-vous précise. C'était bien malin ça... Il se disait que s'il n'y avait personne d'ici le couvre-feu réglementaire, il allait retourner à sa chambre. De plus, il tenait à éviter les ambiguïtés. Archie était présent que pour une chose, une cause noble: L'avancée scientifique.

Il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine excitation, un peu comme un gamin qui attends de recevoir son jouet préféré. Archie devait cependant se contenir, c'était dans ces moments là qu'il avait tendance à perdre le contrôle de son pouvoir et de se mettre à flotter comme un ballon d'hélium. Et bien franchement, pour les premières impressions en tout cas, il tenait à éviter. D'ailleurs quels genre de pouvoir allait démontrer cette Chizuru? Quel genre de personne était-elle? Il attendit, continuant de jouer avec ses pouces nerveusement, espérant des réponses.

Être en retard, ça me fait sentir comme le lapin blanc, dans Alice au pays des Merveilles. Je déteste ça ! Il est vrai que ce professeur n'a pas donnée d'horaire précise pour cette rencontre, dont j'ignore encore le but, mais il commence à se faire tard. Pour ma défense, je ne suis pas passée à mon casier de toute la journée. Je viens juste de l'ouvrir, récupérer des choses dont j'avais besoin pour faire mes devoirs. J'ai eu la surprise d'y découvrir, coincé entre mon cahier de maths et mon livre d'histoire, un mot de la main d'un prof' de biologie dont je ne connaissais même pas le nom, ni l'existence, d'ailleurs. Et donc, je suis maintenant en train de courir vers l'infirmerie, sac brinquebalant sur une épaule et mes cheveux qui partent dans tout les sens. J'ai l'air fin !

J'arrive finalement dans l'infirmerie. Je frappe deux coups à la porte, avant de pénétrer dans la pièce. J'avoue que je suis dans une légère incompréhension en voyant sur le bureau des caramels, et à côté, une caméra. Qu'est-ce qu'il compte filmer ?
Mes yeux se posent sur le professeur. Il est assez....fort, les cheveux bruns, les yeux bruns, un air ressemblant légèrement à celui d'un gamin le matin de Noël. Ce qui me pousse à me demander, mais que diable me veut-il ? C'est louche, tout ça. Vraiment louche. Dans le pire des cas, j'ai une bombe lacrymogène dans mon sac, et la capacité de le faire brûler s'il tente quoi que ce soit.

Me rendant soudain compte que j'ai l'air d'une idiote plantée là sans rien dire, je me racle un peu la gorge et avance d'un pas.

"Hm, bonjour, je suis Chizuru...vous vouliez me voir ? "

Il vit arriver la fameuse élève, les cheveux quelque peu en bataille. La pauvre, elle avait dû courir pour se rendre jusqu'ici. Elle avait les traits asiatiques, mais une apparence assez originale. Des cheveux violets et des yeux bleus-violet qu'il assumait être de la teinture ou des verres de contacts. À moins que les pouvoirs ne donnent des effets secondaires comme des couleurs de cheveux ou de yeux inhabituels? Sans s'en rendre compte, il l'avait déjà un peu examinée et se sentit un peu gêné, réalisant son impolitesse.

"Hm, bonjour, je suis Chizuru...vous vouliez me voir ? "

''Oui, bien sûr. Assied-toi. Veux-tu un caramel?'', dit-il en en prenant un lui-même.

En fait quelques papiers de bonbons traînaient sur le bureau. Après avoir joué avec ses pouces, l'attente lui avait donné un peu faim et il s'était servis lui-même dans les bonbons en attendant.

''Je suis Archie, enfin, tu le sais déjà puisque tu as lu la lettre... Tu es la première que je rencontre ici, mais pas la dernière. En fait, j'organise des rencontres individuelles avec deux personnes de chaque maisons, de sexes différents incluant les membres du personnel. Avant d'être professeur ici, je travaillais comme infirmier, médecin pour finir comme scientifique dans les labos de recherches de médicaments.''

Il marqua une pause, croquant le caramel dans sa bouche avant de l'avaler.

''Je veux étudier nos pouvoirs. Comprendre leur origine. D'ailleurs, si tu me le permet, j'aimerais filmer notre rencontre, si tu l'acceptes, c'est plus facile pour noter plus tard.''

Je suis un peu méfiante. Il a une drôle d'allure, ce prof, et la caméra à côté de nous est vraiment, vraiment loin de me mettre en confiance. Je regarde le bol de caramel sur la table, hésitant à accepter la proposition du professeur. Mais mon amour pour le sucre se fait plus grand que ma légère paranoïa, et je finis par piocher un caramel dans le tas, mes lèvres formant un léger sourire tandis que je m'assoie.

"Merci, pour le caramel !"

Je dis. Puis j'écoute monsieur McAlister me parler, mâchant avec délice le bonbon qu'il m'a offert. Le caramel est un très, très, trèèèès bon moyen de me mettre en confiance ! Cependant, ma méfiance ne s'est pas totalement envolée, et je reste sur mes réserves tant que je ne connais pas le motif de ma présence ici (et surtout de la présence de cette caméra, je ne sais pas pourquoi, mais elle m'obsède).

Quand les explications viennent enfin, elles sont loin de me rassurer. Faire le cobaye ? Je ne sais pas si ça me plaît, j'en doute même sérieusement. Mais d'un côté, si je pouvais savoir d'où vient mon pouvoir je n'en serais pas mécontente, et participer à ce genre de recherches peut être après tout intéressant...je suis vraiment très hésitante, pour le coup.

Une main sous mon menton, je réfléchis encore quelques instants avant de finalement hocher la tête.

"Je n'aime pas trop faire le cobaye mais...je crois que tout ça pourrait apporter des réponses à des questions que e me pose depuis longtemps. Alors c'est d'accord. Et pour la caméra, aussi."

Je souris légèrement. Réfléchis encore quelques instants avant de poser une question qui, bien qu'indiscrète, me semble importante pour ma propre sécurité.

"Par contre..pourquoi vous n'êtes plus médecin ? Vous n'avez pas tué des patients ou quoi ?"

Je demande, l'air soudain tout inquiet. Tant pis pour la politesse, je tiens à ma vie ! Je regarde le professeur comme si ma vie dépendait de la réponse à cette question. Je passe une bien drôle de soirée...!

La nommée Chizuru semblait toujours méfiante, regardant de temps à autre la caméra. Peut-être était-ce ça qui la rendait à ce point mal à l'aise? Toutefois, elle semblait se détendre et accepta même un caramel, ce qui fit sourire quelque peu le professeur. Ça lui rappelait ses petits patients qui semblaient aussi excités de le voir quand il amenait des jouets et des bonbons, il avait un peu jouer les père Noël à cette époque là. Ah...Le voilà qu'il recommençait à ressasser des vieux souvenirs.

"Merci, pour le caramel !"

''De rien, ça fait plaisir!'' , avait-il répondu d'un ton enjoué.

Après l'explication, elle semblait toujours en doute. Rien de plus normal. Les scientifiques et les docteurs, les ''blouses blanches'' en général, inspiraient toujours une certaine crainte, ce qui attristait un peu Archie du coup. Cependant, elle semblait avoir atteint une décision et lui donna une réponse plutôt surprenante et rassurante:

"Je n'aime pas trop faire le cobaye mais...je crois que tout ça pourrait apporter des réponses à des questions que je me pose depuis longtemps. Alors c'est d'accord. Et pour la caméra, aussi."

Il afficha un sourire ravi à la déclaration de Chizuru. Toutefois, elle posa une question qui le prit de cours.

"Par contre..pourquoi vous n'êtes plus médecin ? Vous n'avez pas tué des patients ou quoi ?", demanda-t-elle d'un ton inquiet.

''Grand Dieu, non! Haha...C'est en fait un conflit entre mes méthodes et celle de mon père... L'hôpital lui appartenait ainsi que la firme pharmaceutique où il m'a envoyé travailler après. Je travaillais dans un hôpital pour enfants. Entre les nombreuses injections, médicaments et opérations, ils ne vivaient pas une vie très facile. Je voulais égayer un peu leur quotidien et les faire s'amuser, comme les enfants qu'ils auraient dû être, mais ce n'était pas très professionnel, selon certains...'', admit-il avec une certaine tristesse.

''Mais je veux rattraper le coup ici. Je veux pouvoir aider les gens, librement. Pour ce faire, il va y avoir des tests et des examens à faire, ce n'est pas toujours une partie de plaisir, je te l'accorde. Imagine un peu ce que ces résultats pourraient donner à la fois au monde scientifique et aux gens comme nous. Nous pourrions découvrir la clé pour maîtriser nos pouvoirs entièrement et marcher dans les rues parmi les autres humains sans être cachés, sans avoir peur. Un jour, nous pourrons leur révéler notre existence, sans être stigmatisés par la société. Nous sommes différents, certes, mais nous ne sommes ni des malades, ni des monstres. Oui, pour ça, il faut des ''cobayes'', Chizuru, mais c'est nécessaire. Je peux même te dire que je suis à la fois celui qui t'étudieras, toi et les autres, mais je serais moi-même un sujet. Tout ce que tu vas passer, je vais le vivre moi-même. Donc, tu ne seras pas seule et je peux te promettre de ne pas te faire de mal.'', jura-t-il.

Le parcours de la science n'est jamais facile, mais le docteur Archibald McAlister allait tout faire que ça en vaille la peine.

Il attendit un bref instant, avant d'actionner la caméra, pointant sur lui-même et Chizuru.

''Enregistrement du 25 Juin 2016, Sept heure et demi... Sujet Émeraude numéro 1.

...C'est juste une formalité ça par contre, peux-tu me dire ton nom complet ainsi que ton âge? En même temps, exprime ton consentement à l'expérience par caméra, s'il te plaît''

Bien calée au fond de ma chaise, j'écoute patiemment l'ex-médecin m'expliquer les raisons de son changement d'activité professionnelle. Ce qui est plutôt rassurant, d'ailleurs : Non seulement il n'a tué personne, mais en plus il a l'air d'être un type bien, puisqu'il voulait donner une vie normale aux enfants malade. L'intention était honorable, j'imagine, mais je ne connais rien au monde de la médecine, donc peut-être que ses ex-confrères avaient des raisons de condamner tout ceci. La médecine a l'air d'être un de ces domaines où il faut faire preuve de détachement, j'imagine que c'est ce qui posait problème...mais après tout, ce ne sont pas mes affaires.

"Je comprends...je n'aurais pas aimé ça, voir des enfants passer leur vie dans les hôpitaux. J'aurais sûrement suivi la même voie que vous, à votre place. Voir des adultes comme ça, ça craint, mais des enfants qui n'ont pas encore eu le temps de vivre...c'est pire."

Je souris, compatissante. Mais encore une fois, tout ça ce n'est pas mes affaires. Mes affaires, c'est la suite de ce que m'explique monsieur Mc Alister. Je me prends à son jeu, imaginer un monde où les gens comme moi, comme nous, vivraient librement, sans se cacher, sans craindre d'être montré du doigt, et j'avoue que l'idée m'est assez merveilleuse. Mais je suis aussi réaliste, et je ne crois pas que ceci puisse se faire avant des décennies, des siècles...chaque chose en son temps, l'humanité apprend petit à petit à accepter les différences, à mettre tout le monde au même niveau, et je ne vois pas en quoi nous serions prioritaires sur les autres minorités. Mais après tout, si je peux aider à faire avancer la cause, je suis plus que partante !

Je souris donc au professeur de biologie, plus enthousiaste que tout à l'heure à propos de son expérience, prête à donner un peu de moi pour la science ! Je regarde la caméra qu'il allume, un peu nerveuse. Je n'aime pas être filmée. Je n'aime pas non plus être appelée "sujet numéro un", ça me fait penser à un rat de laboratoire qui n'aurait pas de nom. Mais je ne fais pas de remarque, me contente de hocher légèrement la tête et de faire ce qu'on me dit.

"Je suis Chizuru Atomaki, j'ai dix-sept ans. Je consens à l'expérience par caméra et tout ça."

Dis-je, mes doigts tortillant une mèche de mes cheveux, avant de finalement remettre légèrement ces derniers en place. Je souffle un peu. Tout devrait bien aller, je ne devrais pas être nerveuse. N'est-ce pas ?

Chizuru l'écouta avec un sourire compatissant, semblant aussi quelques peu rassurée. Il était normal qu'elle pose ces questions, après tout, Archie lui-même n'aurait pas été à l'aise à rencontrer des personnes et avoir leur vie entre ses mains s'il avait vraiment causé la mort de quelqu'un.

"Je comprends...je n'aurais pas aimé ça, voir des enfants passer leur vie dans les hôpitaux. J'aurais sûrement suivi la même voie que vous, à votre place. Voir des adultes comme ça, ça craint, mais des enfants qui n'ont pas encore eu le temps de vivre...c'est pire."

Il acquiesça avec un visage grave. Pendant longtemps Archie avait cru qu'il n'avait pas eu de vraie enfance à cause de toutes ces années d'études et à travailler dur pour ne pas décevoir son père. Il avait déchanté en voyant ces enfants qui eux se demandaient s'ils allaient fêter leur prochain anniversaire. Il tenta de reporter son attention vers la jeune Chizuru, qui semblait désormais motivée à travailler avec lui.


"Je suis Chizuru Atomaki, j'ai dix-sept ans. Je consens à l'expérience par caméra et tout ça."

''Excellent, je te remercie Chizuru. Tu es donc...japonaise, c'est ça? Dis-moi... Tes cheveux...Est-ce de la teinture? Porte tu des verres de contacts? Ça a peut-être l'air bizarre dit comme ça, mais je veux vérifier si les pouvoirs provoquent la moindre altération physique.''

Archie se leva, se déplaçant de son habituel pas lourd en essayant de ne pas accrocher la jeune fille en face de son bureau. Elle avait beau être ici pour répondre à ses questions, ça restait que ce n'était pas un interrogatoire. Elle était son invité. Donc, il alluma sa bouilloire avant de se tourner vers l'élève.

''Au fait sens toi à l'aise de me dire si je pose trop de questions en même temps. Je fais du thé si tu en veux. Earl Grey, thé vert, Orange Pekoe? Sinon je crois avoir de l'eau et des boissons gazeuses dans mon frigo'', proposa-t-il gentiment.

Il ne proposa cependant pas du café, il considérait que les étudiants n'en avaient pas encore besoin.