Retrouvailes bien méritées - Feat Mr. Hatami ♥

J'étais dans la voiture de Tyron. Comment étais-je arrivée là déjà? Bercée par le mouvements réguliers de la voiture et son vrombissement sourd, je repensais à tout ce qui était arrivé depuis le moment où Tyron m'avait surpris avec Kô, dans la chambre de ce dernier.

Après avoir demandé à Kô de me faire partir, mon professeur avait tourné les talon pour partir. Ne voulant pas rester sur un malentendus comme celui-ci, je m'étais précipitée pour le rejoindre et je lui avais tout expliqué. Je l'avais fait sans penser aux conséquences. Sans prendre en compte que le Rubis nous écoutait et nous regardait. Apparemment, d'après ce qu'il nous dit par la suite, la scène lui avait beaucoup plu. En l'apprenant, mes jambes s'étaient dérobée et j'étais tombée au sol. Pendant toute sa tirade, Tyron n'avait pas parlé. Mais, après que l'adolescent eut claironné sa victoire, l'enseignant s'était avancé et, à ma grande surprise, il avait donné un coup de poing dans la figure de l'étudiant. Puis, après lui avoir rétorqué qu'il n'était pas le seul à connaître le secret d'autrui, il m'avait prit le poignet pour m'emmener dans sa voiture et se diriger loin du pensionnat.

Je me sentais si fatiguée... Regardant le paysage en silence, je me demandais comment j'en étais arrivée là. J'étais bien, Tyron était à mes côtés, mais je n'arrivais pas à savoir ce qu'il pensait. J'avais peur de savoir. J'imaginais qu'il allait me reprocher de ne rien lui avoir dit, de ne pas en avoir parlé avec mes amis, ou même ma soeur. Mais... pour moi qui était si ignorante des lois de ce monde, c'était prendre le risque de ne plus jamais le revoir. Dire que j'avais pensé disparaître, rentrer au Japon, pour le protéger... C'était quelque chose qu'il allait falloir que je garde pour moi. Heureusement, cette fois, ce n'était pas un secret trop lourd à porter.

Bientôt, nous arrivâmes chez mon professeur. A moitié endormie, je ne m'en rendis pas compte immédiatement. Ce ne fut que lorsque j'entendis la portière de mon hôte s'ouvrir que je me détachai et commençai à sortir. Cela fait, quand nous fûmes devant sa porte d'entrée, je prononçai d'une petite voix :

- Je suis désolée...

Son regard, alors que ma voix s'évanouissait dans le silence qui nous poursuivait, croisa le mien alors qu'il ouvrait la porte. Mais il ne répondit rien. Doucement, alors que l'accès à sa maison était désormais disponible, il me prit le poignet et me guida dans son logis. Ses gestes étaient telle une danse magnifique. Je me sentais tellement heureuse d'être à nouveau en contact avec lui, mais tellement honteuse de le souiller de mon impureté. Pourtant, je ne fis rien pour qu'il me lâche. Non, je le laissai faire, appréciant la douceur de sa peau et la grandeur de sa main masculine.
A peine fûmes nous entrés qu'il ferma la porte derrière nous et m'attira à lui. Surprise, je ne compris pas tout de suite ce qu'il se passait. Ce n'est que lorsque je sentis ses deux bras enlacer mon corps amaigris et son front posé sur mon épaule que je réalisai qu'un de mes rêves les plus fous était en train de se réaliser. Il m'enlaçait. Il m'enlaçait! Mais c'était impossible... Il devait me détester après tout ce que je lui avais fait subir, non? Ne sachant pas trop quoi penser de la situation, je fis d'une voix incertaine :

T-Tyron...?

- Ne me refait plus jamais ça… je croyais t’avoir perdue…

Ses mots, autant que le ton implorant qu'il avait émit, me firent monter les larmes aux yeux. Hésitante, je montais les bras vers son corps courbé. Puis, après une réflexion rapide entre raison et instinct, j'attrapai sa chemise blanche et la serrai aussi fort que je le pus. Doucement, essayant de faire disparaître les sanglots de ma voix, je lui répondis :

- Je suis désolée... mais j'avais tellement peur de ne jamais te revoir si je ne faisais pas ce qu'il me disait. Il m'avait dit que tu serais envoyé en prison et que je ne pourrais pas te voir. Par ma faute... Je ne voulais pas qu'il t'arrive quelque chose par ma faute! Je voulais tellement te protéger que je ne voyais plus rien d'autre. Je t'aime tellement, Tyron... Tellement que l'idée qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi ou autre m'effraie.

Cachant mon visage dans son épaule, j'aspirai son odeur qui m'avait tant manquée. Il m'avait tellement manqué pendant ce mois. J'avais beaucoup de regrets, comme celui de ne pas être allé le voir. Mais je savais que c'était la révélation de Kô, celle disant que Tyron n'avait jamais été en réel danger si je révélais quoi que ce soit, qui me faisait avoir de tels regrets.

J'aurais tellement voulu rester plus longtemps dans ses bras. Malheureusement, Tyron en décida autrement. Il se sépara de moi avec une grande douceur et plaça ses mains sur mes deux joues. Les miennes tenaient toujours sa chemise mais avec une prise plus fragile. Lorsque je sentis son pouce sur le coin de mon oeil, pour essuyer une larme qui perlait sans doute, mon coeur fit le bond du siècle dans ma cage thoracique. Jamais encore il ne m'avait frappé de la sorte. Mais ce fut encore pire quand les yeux bleus de mon ami s'approchèrent progressivement, jusqu'à ce que mon front touche le sien.

- Chut Miko… Ce n’est pas ta faute. Je le sais…

Pourquoi? Pourquoi balayait-il toute ma culpabilité ainsi? J'étais pourtant en partie responsable de ce qui nous était arrivé. De toute cette souffrance... Mais son murmure était sincère. Je ne savais pas quoi lui dire. Je n'arrivais même pas à le contredire. Je ne pus que lui poser un regard qui reflétait un nombre incalculable de sentiments qui s'entremêlait dans mon esprit alors que son regard me fut à nouveau accessible. M'avait-il déjà regardée ainsi? Y avait-il déjà eut autant de tendresse dans ses magnifiques prunelles?
Pendant quelques secondes que j'aurais voulu se voir s'étirer jusqu'à l'infini, nous restâmes ainsi à nous regarder mutuellement. C'était comme si nous apprenions à nous connaître au plus profond de nos âmes. Si seulement je pouvais lui faire lire mon coeur... A la fin de cet instant magique, Tyron prit une grande inspiration et fit d'une voix légèrement tremblante :

- Mi… Miko…Toi et moi… on ne peut plus être amis…

Petit à petit, tandis que les mots prononcés atteignaient avec un lenteur malicieuse mon cerveau, je me sentais me détruire. Que voulait-il dire? Pourquoi romprait-il notre lien alors qu'il avait semblé me pardonner de ce qui s'était passé? Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. Heureusement, il dû s'en apercevoir puisqu'il ajouta d'une voix mal assurée :

- Parce que… Parce que ça ne me suffit plus.

Une idée à laquelle je n'osais croire commençait à germer dans mon esprit lorsque Tyron approcha à nouveau nos deux visages l'un de l'autre. Mais ce n'est que lorsque ses lèvres atteignirent les miennes que je compris véritablement ce qu'il avait voulu dire. Ne pouvant y croire au début, le bonheur que mes sentiments soient réciproques prit rapidement le dessus. Mes mains se déplacèrent lentement dans sa nuque alors que mes yeux se fermèrent paresseusement. Je l'aimais plus que tout au monde. Pour lui, j'étais prête à tout, et encore plus maintenant qu'il me montrait qu'il en était de même pour lui!

Quand notre premier baiser prit fin, un léger sourire de bonheur flottait sur mes lèvres. J'avais certainement l'ai niaise, mais peu m'importait. Seulement, j'avais besoin de l'entendre confirmer ce que j'avais deviné. Je voulais l'entendre me le dire. Je lui tendis donc une perche tout en prononçant ces mots que je voulais tellement lui dire, rien qu'à lui :

- Je t'aime ♥

Alors que ma voix mourrait dans le silence de la maison, je vis les lèvres de Tyron s'étirer merveilleusement. J'aimais le voir sourire. Cela le rendait plus angélique, plus adorable, bien qu'à mes yeux il l'était déjà infiniment. Cela me fit sourire aussi. Quoi de plus normal que de montrer son bonheur à la personne qu'on aime?
Nos deux visages se touchaient presque. J'avais envie d'unir nos lèvres à nouveau, de le sentir plus proche de moi, mais j'attendais qu'il me réponde. Je voulais l'entendre le dire. Alors, quand sa voix, plus franche que précédemment, s'éleva, je ne pus m'empêcher de prier pour comprendre ce que j'espérais :

- Je… Moi aussi je t’aime.

Un long frisson de joie me parcouru avant d'illuminer mes yeux. Un rêve qui se réalisait. C'était un de mes plus beaux rêves qui était en train de se jouer à moment-là. Après tout ce que j'avais vécu pendant ce mois de solitude, je ne pouvais pas espérer mieux.
Suite à cela, mon amour se pencha, unissant une nouvelle fois nos lèves en un baiser moins timide. Comme j'aimais sentir ses lèvres chaudes sur les miennes, ses grandes mains envelopper mon visage et son souffle apaisant m'atteindre. Cela n'aurait pas pu être mieux !


Plusieurs dizaines de minutes s'étaient écoulées depuis que nous étions arrivés chez lui. Suite à l'échange de nos sentiments amoureux, nous nous étions installés dans le canapé. J'en avais profité pour poser ma tête sur ses genoux, m'excusant auprès de lui d'être aussi fatiguée alors que nous venions à peine de nous retrouver, et avais dormi un peu avant de rester à somnoler. J'étais si bien, si apaisée et décontractée. Je souhaitais vainement que le temps cesse de s'écouler.
Alors que le silence s'éternisait, je lui demandai avec une légère crainte que je me forçai de balayer :

- Dis-moi, tu as encore mon collier avec toi?

J'étais certaine que la réponse était positive, bien qu'un léger doute subsistait dans un coin de mon esprit. Mais ce n'était pas pour cela que je lui posais la question. Avait-il remarqué qu'il était souvent devenu d'une lueur bleutée ce dernier mois?

Délicatement, Tyron se tortilla. Ses gestes sous ma tête me fit sourire d'amusement. Je devinai qu'il était en train de chercher mon collier pour me le montrer. Cela faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu ni touché qu'il commençait à me manquer. Après tout, avant de le confier à mon petit ami, il ne m'avait jamais quittée. Quand il l'eut sortis de sa poche pour le faire pendouiller dans le vide devant nous, il me répondit :

- Toujours. Pourquoi ?

Alors que je cherchais une réponse plus adaptée que la plus simple possible que s'entêtait de me donner mon cerveau engourdi par le sommeil, Tyron fit une remarque :

- Il a changé de couleur quelque fois depuis que je l’ai en ma possession. Au début je croyais l’avoir biser ou je ne sais quoi. Ensuite, je me suis dit que ça devait avoir un quelconque lien avec toi, mais je t’avoue que je ne sais toujours pas quel était la cause de ses changements. Peut-être comptes-tu m’éclairer ?

Doucement, je me mis sur le dos pour mieux le regarder. Je savais que j'allais devoir lui expliquer le "code couleur" de mon pendentif. Je pensais même que j'aurais dû le faire un peu plus tôt compte tenu qu'il aurait pu m'aider si mon pouvoir avait évolué pendant que Kô m'avait sous son joug. Finalement, j'étais contente qu'il me le demande. Du coup, je lui répondis, à la fois contente, soulagée et honteuse :

- Il change de couleur quand j'utilise mon pouvoirs. Ma grand-mère m'a expliqué que ce collier pouvait avoir deux fonctions : prévenir une personne de ce qui m'arrivait et augmenter mes capacités à guérir les autres. Blanc, tout va bien. Bleu, j'ai guéris une maladie. Les deux autres couleurs j'ai encore du mal à définir ce que ça veut dire : "rouge, le sang a coulé et noir, la folie guette".

J'avais peut-être une idée de ce que cela signifiait, mais je ne voulais pas donner de fausses frayeurs à Tyron. Nous avions eu notre dose pour le moment. Je continuai donc sur l'explication de son observation :

- J'ai utilisé mon pouvoir ces derniers temps pour me sentir utile, mais aussi pour me faire dormir un peu. Je n'y arrivais pas... Environ une à deux heures par nuit et après chaque guérison. Pas plus.

Je venais de terminer mes explications quand Tyron commença à me caresser les cheveux. Outre des frissons de plaisir, ce geste avait le don de m'apaiser. Si bien que je sentis mes derniers muscles se détendre et mes paupières commencer à devenir bien lourdes.

- Tu devrais dormir et manger. Ton état est alarmant. Et je refuse d’avoir une petite amie qui se laisse dépérir.

- Ce n'était pas ma volonté... marmonnai-je, très légèrement vexée par le fait qu'il puisse croire que j'avais fait exprès de ne pas dormir, ni manger pendant un mois.

- Que veux-tu manger ? Je pourrais nous cuisiner un truc ? me proposa-t-il le sourire aux lèvre et le ton gai.

Très vite, j'oubliai ce qu'il avait dit précédemment et lui montrai à quel point son idée m'enchantait. J'avais déjà eu l'occasion de goûter un peu à un de ses biscuits, mais j'avais d'autres projets en tête. Par peur que l'odeur de la nourriture me rendre encore malade, je lui demandai de me préparer des boulettes de riz. Je savais que c'était assez simple, peu odorant et facile à manger.
Suite à ma demande, Tyron se leva, me laissant seule sur le canapé. Je suivis son parcours des yeux jusqu'à ce qu'il ne soit plus dans mon champs de vision. Je me sentais bien. Calme, apaisée et en sécurité. J'avais l'impression qu'on avait enfin retiré un gros poids de mes épaules et que les portes de la liberté s'ouvraient une nouvelle fois à moi. C'était agréable. Tant et si bien que je me laissai aller au sommeil.
Je ne savais pas combien de temps j'avais dormi quand j'entendis la voix de mon petit ami m'appeler. Mais j'étais certaine d'une chose, je ne m'étais pas assez reposée.

- Miko… Réveille-toi mon ange, tu dois manger un peu…

Lentement, j'ouvris les yeux sur le visage de mon bien-aimé. C'était un réveil si agréable que je ne râlais pas en m'étirant doucement. Puis, péniblement, je me relevai sur le canapé de sorte de pouvoir manger plus facilement. Dieu, que j'aurais préféré rester allongée!
Quand je fus confortablement assise, Tyron à mes côtés, je goûtai le plat qu'il m'avait préparé. Comme prévu, ce n'était pas trop odorant, ce qui ne me releva pas l'estomac. Quant au goût, je ne me pus m'empêcher de parler japonais :

- O i shii! (c'est délicieux!)

Sur ces mots, je me mis à manger doucement, mais avec appétit, le sourire aux lèvres. Le détail auquel je ne fis pas attention, bien que j'aurais certainement dû, fut que mes poignets barrés de fines cicatrices récentes et visibles n'étaient plus cachées par les manches longues de mon pull.

Pendant que je dégustais ma boulette de riz, je l'écoutai me raconter comment il verrait mon plat. Il fallait dire que cela ne me tentait pas du tout. Rien que l'idée de sentir des odeurs me coupait l'appétit. Je ne savais même pas pourquoi. Mais, avant qu'il eut fini de me donner le fond de ses pensées, il se coupa. Surprise, j'arrêtai de manger. Que pouvait-il lui arriver?
Immobile, je le laissai s'emparer de mon bras sans opposer de résistance. Mais lorsque je compris qu'il avait découvert mes cicatrices, je pâlis. Non... Pas ça. Pas ça! Nous étions si bien... Pourquoi avait-il fallu que ce détail perturbe notre tranquillité?

- Qu’est-ce que c’est que ça ?

Je baissai la tête, incapable de répondre. Je ne voulais pas me souvenir de ça. Je ne voulais pas me rappeler de la raison qui m'avait poussée à faire ce geste dont j'avais honte. Mais il insista :

- Quand as-tu fais ça ? C’était… c’était à cause de Kô ?

J'avais des difficultés à respirer. Je sentais une boule se former dans ma gorge. Pourquoi? Pourquoi tant d'épreuve? Était-ce le prix à payer pour être enfin libre? Cela en valait-il la peine? La voix brisée et le souffle coupé, je lui répondis :

- Non... ce n'est pas à cause de lui... C'était avant, juste avant.

Mes larmes montant, je baissai encore plus la tête pour pas qu'il voit le chagrin qui s'emparait de moi. Il avait faillit me perdre sans que je le veuille réellement. Pourtant, c'était moi qui m'était coupé. La question de la volonté pouvait se poser, mais il connaissait le pouvoir de mon père et son ordre. Il allait comprendre, n'est-ce pas?

- C'est mon père, repris doucement. C'est mon père qui m'a donné le choix à faire : rentrer au Japon... ou mourir de ma main...

Des larmes tombèrent sur la main qu'il ne tenait pas. Je ne faisait aucun bruit qui puisse montrer mon état. Cela m'arrangeait.

- Je suis désolée... Je ne voulais pas mourir. Mais le simple fait que je pense que je ne voulais pas rentrer au Japon a suffit pour que le pouvoir de mon père me fasse couper les veine avec le couteau qu'il m'avait fait parvenir...

Sur ces explications, je me tus en espérant qu'il comprendrait, qu'il ne m'en voudrait pas trop. J'avais tellement peur... Peur de le perdre...

Les yeux baissés sur ma main de plus en plus humide, je n'osais pas les lever vers lui. J'avais peur de voir de la colère sur ses traits. Pourtant, je sentis beaucoup de douceurs sur mes doigts enlacés par les siens. Il s'agissait d'un contact si chaleureux, si réconfortant. Je commençai à douter qu'il m'en veuille. Cela me semblait pourtant être dans la logique des choses. Mais, après tout, qui étais-je pour juger la réaction d'autrui?

- Je te crois. Je suis là maintenant… ça va aller.

Lentement, j'amenai la main qu'il ne tenait pas pour essuyer mes yeux. Tout en faisant ce geste, j'écoutai ce qu'il rajouta :

- Tu devrais terminer de manger. Ensuite Tu pourras aller dormir dans mon lit. J’ai appelé la secrétaire. Tu peux dormir ici ce soir.

Je ne répondis pas. Je savais qu'il avait raison, que je devais manger un peu plus qu'une malheureuse boulette de riz. Mais la perspective de m'éloigner de lui, même pour dormir, ne m'enchantais guère.
Après l'avoir regardé quelques instants, et remarqué qu'il n'était pas forcément à l'aise, je m'approchais de lui et, sans savoir vraiment pourquoi j'avais envie de faire ça, j'entourai son cou de mes bras et me blottit contre lui. J'avais besoin de faire ça, bien que je ne comprenne pas vraiment la raison. Le rassurer? Lui montrer que je l'aime? Que je ne veux pas l'abandonner, à aucun prix? Toutes ces raisons en même temps?
D'une voix douce, légèrement brisée par l'appréhension, je lui murmurai :

- Est-ce que je peux rester à tes côtés cette fois? Ou devrais-je rester seule?

J'aimais son odeur, sa chaleur et sa présence. J'aimais le sentir tout contre moi. Et puisqu'il m'avait avoué son amour, je pouvais en profiter, non? Tout comme dormir à ses côtés. Qu'est-ce qui pouvait nous en empêcher? Nous n'étions que tous les deux, chez lui. Il n'y avait pas de règlement pour nous dicter notre conduite et, quoi qu'il se passerait entre ces murs, c'était entre lui et moi. Nous n'étions pas obligés d'en parler à qui que ce soit.
Je pensais à tout cela alors que le silence s'éternisait suite à ma demande. Puis, hésitant, Tyron me répondit :

- Heu… Miko… Je ne sais pas si c’est une bonne idée… Je voudrais bien, mais…

Face à cette réponse que je n'attendais pas, je sentis mon coeur se serrer. Doucement, retenant ma déception avec une main de maître, avec une révolte que je ne me connaissais pas, je me détachai de lui, non sans ressentir une pincement, et lui dis :

- "Mais c'est interdit"? Tyron, c'est simple. Nous savons tous les deux garder un secret. Pour ma part, je te l'ai prouvé, et ce secret qui est le nôtre me pèsera bien moins lourd que ce que j'ai dû garder ce dernier mois. Alors, pourquoi ne pas nous aimer entre ces murs?

Je levai les yeux pour les planter dans les siens et, avec une détermination sans faille, je lui annonçai :

- Quoi qu'il en soit, même s'il faut que je dorme ici, je dormirais à tes côtés.

Pourquoi me dire qu'il m'aimait pour ensuite me refuser quelque chose d'aussi simple? Cette seule question me donnait assez d'énergie pour que ma détermination ne s'ébranle pas, quoi qu'il puisse dire.

Alors que je le regardai avec détermination, je remarquai que Tyron semblait totalement déconcerté. Il y avait de quoi : c'était certainement la première fois que j'insistais pour avoir ce que je souhaitais. Il était donc normal que je ne lâche rien. De ma vie je ne devais avoir demandé pas grand-chose. Et dormir avec l'homme que j'aimais, l'homme qui m'avait cruellement manqué, et je pensais simplement dormir à ses côtés, c'était vraiment peu! J'étais donc prête à ne rien lâcher même si pour cela je devais invoquer des pouvoirs supérieurs inexistants. Bon, j'allais peut-être un peu loin là. Mais tout de même!

Je n'eus pas à le faire de toutes façons : après bien quelques minutes de silence, il capitula malgré son air bourru :

- Bon. D’accord.

Contente d'avoir gagné gain de cause, et parce que je l'aimais tendrement, je lui souris. Puis, oubliant totalement de manger encore un peu, je repris mon câlin en lui caressant les cheveux, comme pour le rassurer. Je ne savais pas ce qui lui faisait peur, mais ce ne pouvait pas être très grave, n'est-ce pas?

Quelques dizaines de minutes plus tard, quand il m'eut obligée à manger au moins une deuxième boulette de riz et que nous ayons passé une agréable fin de soirée, nous allâmes dans sa chambre pour aller nous coucher. Directement, j'allai vers le lit suivit par Tyron qui semblait traîner le pas. Je ne fis rien pour le presser, préférant le laisser s'adapter à l'idée qu'il allait être près de moi toute la nuit.
En m'allongeant dans le lit, je réalisai que je lui avais demandé ça par pur égoïsme, bien que cela soit un peu pour éviter que ce qu'il s'était passé la dernière fois se reproduise. Je ne voulais pas lui causer d'ennuis...

Quand il m'eut rejointe, je lui laissa le temps de s'installer correctement. Sa présence m'apaisait. Doucement, sous les couvertures, je m'approchai de lui et me lovai contre lui en position foetale. Je laissai passer les minutes qui firent progressivement disparaître mon sourire. Malgré que j'étais heureuse d'être près de lui, de sentir sa chaleur, sa présence, son parfum si enivrant, je sentais mes nerfs lâcher. J'étais en train de réellement me rendre compte que tout était terminé, que j'allais enfin soigner cette plaie béante que Kô avait laissé sur mon âme.
Bientôt, je plaçai mes deux mains sur ma bouche alors que des sanglots commencèrent à me secouer. Lentement, comme lorsque Alastor, un jeune homme appartenant à la même maison que moi, avait voulu me venir en aide, je me mis à me vider de tous ces sentiments négatifs qui m'avaient étreinte pendant si longtemps.
Je m'en voulais pare que j'étais sans aucun doute en train d'inquiéter Tyron, mais je n'arrivais plus à arrêter. Je ne pouvais pas dire que j'allais bien. La fatigue n'arrangeait rien. Sauf si l'insomnie l'avait décidée autrement, j'allais bien dormir.