Nya nya me voilà ! [PV Remienouillette]

Je jette un dernier regard en arrière presque machinalement, mon coeur se serre dès lors la première marche montée mais ça ne m'empêche de garder ce stupide sourire confiant sur mon visage. Pourtant, dire que je ne suis pas stressé serait mentir, je n'ai jamais voyagé, me garder reclus chez nous est sans doute moins onéreux, mais après tout pourquoi feraient-ils ça pour moi, je n'ai aucun lien de sang avec eux, je leur ai été imposé.
Je me sens complètement déboussolé et exclu en remarquant avec jalousie que les autres passagers semblent complètement détendus et sereins.

Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer, tu arriveras sain et sauf en Angleterre.

J'ai toujours été fort en auto-persuasion. À peine ces paroles d'encouragement pensées je sens ma respiration ralentir et viens m'assoir plus confortablement dans mon siège, comme apaisé.

Plusieurs heures plus tard me voilà devant cette imposante académie. Je suis un peu fatigué et sonné par le voyage mais je n'en reste pas moins énergique et souriant. Je pousse sans trop difficulté l'énorme portail et me dirige d'un pas enjoué vers l'intérieur de l'académie. Je ne peux m'empêcher de m'ébahir devant ces immenses et magnifiques jardins colorés arborant ma route. Je suis tenté de cueillir quelques fleurs mais je me l'interdis, détournant mon regard ailleurs pour éviter d'être à nouveau tenté.

Je dois laisser ces fleurs vivre tranquillement

J'ai toujours été très soucieux de l'environnement, je n'arriverai jamais à comprendre comment il est possible de polluer délibérément, évidemment il est quasiment impossible de pas polluer du tout mais je suis certain qu'il est possible de limiter les dégâts.
Mais soudain, quelque chose me coupe dans ma réflexion, je mets quelques secondes à comprendre la situation; ma tête vient de heurter un mur. Je frotte légèrement ma tête endolorie puis remarque que la porte d'entrée se trouve juste à côté.

J'ouvre la porte, un sourire satisfait et observe autour de moi, c'est beaucoup plus grand que je ne l'imaginais. J'ai toujours aimé d'avantage les petits espaces, peut-être car j'ai passé 10 années dans un minuscule studio mais, je trouve que les petits espaces dégagent une aura chaleureuse que les grands n'ont pas.
Je fais quelques pas en avant puis me rends compte que je ne sais pas du tout où aller, je me hasarde alors  à appeler quelqu'un, arborant une mine soucieuse et posant presque automatiquement un doigt sur ma joue, comme pour accentuer mon interrogation.

" - Y'a quelqu'un ? "

C'était belle journée ensoleillée comme il y en a peu dans la région. Le jour naissant venait tout juste de dissiper les légères brumes du matin. Dans les couloirs et les jardins de l'académie régnait encore un calme olympien. Comme chaque jour de semaine, la sonnerie retentit à 7h00 pétantes dans le dortoir 4F, marquant le début d'une nouvelle journée pour les élèves. Et comme chaque jour de semaine, Remie avait bien du mal à sortir de son lit. Enfant elle se serait levée d'une traite pour replonger quelques minutes dans son livre du moment avant de partir à l'école. Mais ce temps était révolu, l'horloge biologique typique des adolescents étant passée par là. La jeune fille jeta un regard autour d'elle et aperçu les autres filles du dortoir commençant à s'activer. Découragée par cette vision et son envie irrésistible de rester allongée, elle se terra dans son lit et ferma les yeux, faisant mine de ne pas avoir été réveillée par la sonnerie. Hélàs, c'était sans compter la seconde sonnerie de 7h05, suivie de l'arrivée fracassante de la responsable des dortoirs Saphir chargée de mettre debout les plus réfractaires.

"Allez allez, debout ! Il est sept heures passé de huit minutes !" dit-elle de vive voix en secouant de la main les élèves semblant encore embrumés. Remie décida de ne pas attendre qu'elle parvienne à sa hauteur et pris son courage à deux mains afin de quitter son lit douillet. Elle se mit ensuite à chercher sa trousse de toilette avant de se diriger péniblement vers une salle de bain. Elle ressortit une vingtaine de minutes plus tard, alors que le dortoir était déjà presque vide, la plupart des élèves étant déjà partis au réfectoire pour prendre le petit déjeuner. Un repas que Remie avait pris l'habitude de sécher, préférant attendre dans le calme son premier cours. 7h30, il lui restait encore une demi-heure de libre avant le cours d'Anglais. Remie traversa le dortoir afin de ranger ses affaires de toilettes. Elle regarda alors son lit avec un air envieux. Elle jeta ensuite un coup d'oeil autour d'elle : personne en vue.
"Tiens tiens... j'ai bien le temps de fermer les yeux et me reposer quelques minutes" pensa-t-elle.
Elle s'allongea quelques instants, puis rouvrit les yeux. L'horloge digitale rouge accrochée en haut du mur du dortoir indiquait maintenant 8:06.
"QUOI ? Comment c'est possible, je me suis juste allongée quelques secondes" s'écria-t-elle comme pour se plaindre, bien que personne ne pouvait l'entendre.

Remie se précipita et commença à détaler en direction de l'aile nord. Elle avait déjà plus de six minutes de retard. Elle enchaîna les couloirs, avant de débouler dans le Hall d'entrée, les yeux tantôt rivés sur sa montre, tantôt cherchant la direction. Bien qu'étant dans l'académie depuis plusieurs semaines, la confusion et le stress de la situation lui faisait perdre le sens de l'orientation. Elle entendit alors juste devant elle :
"Y'a quelqu'un ?"
Remie releva la tête, et n'eût à peine le temps de freiner sa course avant de bousculer une jeune fille se tenant devant elle. Le choc fût relativement violent et projeta le sac de la jeune fille quelques mètres plus loin.
Remie reprit ses esprits avant de lancer, affolée
"Oh pardon pardon je suis vraiment désolée"

Alors que j'attends une quelconque réponse, mon esprit s'égare à nouveau. Je me demande mentalement si j'ai bien pris toutes mes affaires et si ce n'est pas le cas, que feront-ils de celles restées chez eux, vont-ils les garder précieusement pour garder un souvenir de moi, ou les jèteraient ils pensant inutile de garder les affaires d'un enfant qui n'est pas le leur ? J'ai espoir qu'ils choisiront la première proposition malgré ma raison qui me hurle que la seconde serait la plus probable.
Mais je relève soudainement la tête, sorti de mes pensées par un bruit inquiétant et remarque trop tardivement qu'une jeune fille se dirige tout droit vers moi. Je n'ai pas le temps de me pousser qu'elle me percute violemment, envoyant valser quelques mètres plus loin mon sac et me faisant tomber à terre. Néanmoins je me relève rapidement, bien décidé à ne pas me laisser abattre par cette chute imprévue. Je l'entends s'excuser et m'empresse de lui répondre, désirant ne pas l'inquiéter davantage.

" - T'inquiète tout va bien ! "

Je tourne alors la tête et remarque que mon sac est un peu plus loin, je vais rapidement le récupérer et le met sur ton dos pour lui éviter de tomber à nouveau. Je joue avec les languettes de mon sac tout en me retournant vers mon bourreau, affichant un sourire amical.

" - Je m'appelle Eden, enchanté ! Et toi ? "

Je me rappelle soudain que je ne sais toujours pas où est mon dortoir, mais je suis persuadé que cette élève pourrait m'aider ou au moins me dire la marche à suivre lorsque nous sommes nouveau. Je sors difficilement la malheureuse lettre de mon bagage et remarque avec dépit que le papier est froissé, gondolé et même légèrement déchiré à certains endroits. Je hausse les épaules, me disant que de toute façon cette lettre ne me sera bientôt plus d'aucune utilité, et désigne du doigt le passage m'informant que je suis dans le dortoir 4M des Émeraudes, voulant éviter de trop user ma voix, laissant apparaître ma tête à coté du papier, abordant à présent un sourire confiant.

" - Tu sais où c'est ? "

Remie se sentait très gênée et sotte d'avoir grossièrement bousculé cette jeune fille. Elle avait couru à travers le hall sans faire attention, et en étant en retard qui plus est. Son estime de soi était à un niveau des plus abyssales. Malgré cela, elle n'avait envie que d'une chose, détaler à nouveau pour essayer de contrer la montre qui indiquait maintenant 8:08. Remie fît un petit sourire gêné puis se prépara à poursuivre sa course. Elle fut stoppée net par la victime de la bousculade.

"T'inquiète tout va bien !"

Remie chercha quelque chose à répondre rapidement. Elle démarra un mouvement avec sa bouche, mais finalement aucun son ne sortit. Elle réalisa finalement un faible mouvement d'acquiescement de la tête. L'autre jeune fille lui tourna le dos afin de récupérer ses affaires tombées à terre. Remie en profita pour la contourner dans l'espoir de rejoindre le couloir escompté. Mais malheureusement, une nouvelle élocution de sa victime interrompit cette entreprise.

"Je m'appelle Eden, enchanté ! Et toi ? "

Les dents de Remie se mirent à grincer, signe caractéristique de son anxiété. Ce n'est pas parce qu'elle pouvait apaiser l'anxiété des autres qu'elle n'y était pas sujette.
"Je m'appelle Remie" marmonna la jeune fille d'une voix lente et peu audible, avant d'ajouter "mais je dois abosluement y all..."
Elle n'avait pas terminé sa phrase que sa camarade avait brandi un vieux papier semblant avoir traversé les époques, en montrant quelque chose du doigt.

"Tu sais où c'est ?" demanda cette dernière.

Remie examina alors le papier et y reconnut la présentation et la police de la lettre d'admission à l'académie. Sa camarade pointait du doigt la mention "Dortoir Emeraude 4M". Dans les souvenirs de Remie, les dortoirs Émeraude se trouvaient dans l’aile opposée à celle des dortoirs Saphir.
"Tiens, à tous les coups il faut prendre à gauche au lieu de prendre à droite à la fin"  se dit-elle.
Elle regarda sa camarade qui abordait un large sourire. Malgré son impératif et le pétrin dans lequel elle se sentait, Remie ne put s'empêcher de répondre en pointant un couloir derrière elle.

"Oui euh... c'est... d'abord tu vas par là, puis..."

Elle se perdit dans ses pensées avant de réaliser qu'il allait être compliqué d'exposer à l'oral les différents dédales à emprunter.

"Je pense qu'il vaudrait mieux que tu me suives, ça sera plus simple", poursuivi-t-elle finalement.

Elle regretta immédiatement cette phrase qui venait de condamner ses dernière chances d'éviter l'heure de colle voir peut-être pire.

" - Je m'appelle Remie "

J'hochais la tête en souriant, c'était un joli prénom Remie, je n'avais entendu quelqu'un le porter auparavant mais il lui allait à merveille. Mais elle semblait assez timide, je n'avais presque pas entendu sa réponse à cause de sa toute petite voix, j'espérais que ça ne poserai pas de problèmes à l'avenir.
Elle semblait perturbée par quelque chose mais elle commença tout de même à répondre.

" - Oui euh... c'est... d'abord tu vas par là, puis..."

Mon visage changea radicalement, prenant une expression plus sérieuse. J'essayais d'imaginer et retenir ce qu'elle était en train de me dire, mais je risquais malgré tout de me perdre à nouveau, je n'avais jamais eu une excellente mémoire. Remie s'arrêta soudainement, semblant comprendre que ses explications étaient incompréhensibles et inutiles. Elle commença donc à marcher tout en me disant que cela serait plus simple que je la suive. J'acquiesçais d'une signe de la tête et commençait donc à la suivre, un petit sourire naissant sur mon visage. J'étais heureux que quelqu'un soit venu m'aider à trouver mon chemin.

" - Merci beaucoup ! Tu me sauves la vie ! "

J'observais constamment autour de moi en souriant, ce qui me donnait un petit air simplet, ce qui n'était qu'en réalité qu'un signe de nervosité. Cette académie était vraiment grande, je m'ébahissais devant chaque chose qui apparaissait dans mon champ de vision, et tentais tant bien que mal de me souvenir du chemin qui nous suivions, j'étais légèrement stressé à l'idée de me perdre dans un aussi gros bâtiment. J'étais toutefois étonné de croiser aussi peu d'élèves, peut-être étais-je arrivé en pleine heure de cours ? Je fixais un instant mon accompagnatrice, elle n'avait décidément vraiment pas le physique d'une personne séchant les cours, ils devaient simplement être banalisés pour une journée ou quelque chose dans le genre. Oui c'est ça.

Nous marchions depuis plusieurs minutes désormais et je n'aimais pas vraiment le silence pesant qui nous entourait. Seuls nos bruits de pas résonnaient dans les longs couloirs de l'école, troublant le calme y régnant. Pourtant je venais d'arriver, j'étais censé avoir beaucoup de choses à dire ou à demander, mais rien ne me venais à l'esprit.
Quelques secondes plus tard, je me décidais enfin à briser le silence en en apprenant davantage sur Remie et en posant quelques questions sur l'académie.

" - Ça fait longtemps que tu es ici ? Et tu as quel âge  ? T'es dans quelle maison ? C'est bien ici ? "

Remie commença à rebrousser chemin, espérant que ce retour aux dortoirs ne prendrait pas trop de temps. Elle tentait de légèrement presser le pas, sans trop oser se hâter de peur de paraître impolie.
"Merci beaucoup ! Tu me sauves la vie !" déclara sa camarade.
Cette gratitude réchauffa quelques instants le coeur de Remie, jusqu'à ce que la situation reprenne le dessus. "Par contre la mienne risque de bientôt s'achever..." pensa la jeune fillle en imaginant les conséquences de sa non-présence au cours de Mathématiques.

Les deux élèves traversèrent l'imposant hall avant de déambuler à travers le calme des longs corridors. La camarade de Remie brisa ce silence :
"Ça fait longtemps que tu es ici ? Et tu as quel âge  ? T'es dans quelle maison ? C'est bien ici ?"
Cela faisait beaucoup de questions d'un coup. Stressée par sa nécessité de se rendre au plus vite en cours, Remie répondit d'une voix basse mais avec une rare vélocité :
"Je m'appelle Remie, j'ai 15 ans je suis dans la maison Saphir".
La jeune fille détourna le regard, avant de se rappeler quelques secondes plus tard de la dernière partie de la question.
"Je ne suis là que depuis trois semaines... je ne connaît pas encore beaucoup de mon..."

Remie s'arrêta net de parler en apercevant devant elle une silhouette familière. Une silhouette qui ne pourrait normalement pas se trouver devant elle à cette heure et à cet endroit précis. Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas être lui. Hélas, plus les deux élèves se rapprochaient, plus semblaient se dessiner les contours de Monsieur Sparrow, professeur de Mathématiques avec qui Remie est sensée avoir cours en ce moment même. L'homme svelte aux cheveux bruns ébouriffés était en train de discuter à travers l'entrée du bureau des études. Décidément cette journée devait être maudite, probablement régie par une force invisible dont le  seul but est de faire tourner tous les événements au plus mal. Que faisait-il ici ? Probablement s'était-t-il absenté quelques minutes du cours pour venir chercher quelque chose. S'il la voyait, Remie n'aurait rien à lui dire et il saurait que la jeune fille sèche volontairement son cours. Ce serait une catastrophe.
Remie fît demi-tour en tirant sa camarade par le bras afin qu'elle ne fasse pas un pas de plus vers la direction fatale.
"Euh... viens" baragouina Remie d'une voix anxieuse, avant de presser le pas pour tenter de s'éloigner au plus vite du danger.
"J'ai... désolé, j'avais oublié... on peut pas passer par là parce que..."
Essouflée, Remie rempris sa respiration en cherchant quelque chose à dire.
"C'est en travaux. On ferait mieux de passer par dehors".

" - Je m'appelle Remie, j'ai 15 ans je suis dans la maison Saphir"

J'hochais légèrement la tete suite à sa phrase, un sourire béat sur le visage. Soudainement quelque chose me revint en tête, elle m'avait dit deux fois son prénom ! Je trouvais cette maladresse plutôt amusante et mignonne. Cela me fit doucement rire. Je posais une main sur mes lèvres comme pour cacher mon rire puis me tournais vers elle. Je m'apprêtais à lui répondre quelque chose quand elle continua,

"Je ne suis là que depuis trois semaines... je ne connaît pas encore beaucoup de mon..."

J'affichais une mine suspicieuse, penchant légèrement la tête sur le côté tout en m'arrêtant quelques pas plus loin d'elle. Pourquoi avait-elle soudainement arrêté sa phrase ? Est-ce qu'il y avait un problème ? Je me mis alors à regarder autour de moi, essayant de comprendre ce qu'il avait bien pu lui arriver pour qu'elle coupe sa phrase ainsi. Mais une vive sensation autour de mon bras me tira de mes pensées. Remie venait de m'attraper le bras et commençait déjà à faire demi-tour d'un pas assez pressé. Je me retournais alors a mon tour et commençait à la suivre tant bien que mal.

" - Hey doucement chuis asthmatique "

Je préférais la prévenir avant qu'elle ne se mette à courir pour fuir cet hypothétique danger. Cette situation me rendait quelque peu stressé, je ne comprenais pas pourquoi nous devions tout à coup changer de direction et son expression stressée n'aidait en rien.

"J'ai... désolé, j'avais oublié... on peut pas passer par là parce... C'est en travaux. On ferait mieux de passer par dehors. "

J'acquiesçais d'un signe de la tête. Je poussais un soupir de soulagement tout en ralentissant ma marche. Il n'y avait aucune raison de s'inquiéter autant pour si peu, cette jeune fille semblait vraiment etre quelqu'un de très nerveux pour se mettre dans un état pareil. Cette différente flagrante de caractère entre Remie  et moi me faisait doucement sourire, j'étais rarement du genre à m'inquiéter, je trouvais toujours un moyen de relativiser, elle devrait faire de même !

" - Faut pas stresser autant,  ça me dérange pas de faire un détour ! "

J'espérais avoir réussi à la rendre moins nerveuse. Toutefois je n'arrivais pas à m'empêcher de penser qu'il y avait peut être autre chose qui l'avait poussée à changer de direction. Je préférais en avoir le cœur net. J'étais pris d'une curiosité soudaine vers Remie, j'esquissais un sourire taquin.

" - T'es sûre que c'est seulement les travaux qui t'ont mit dans cet état ? "