Une petite musique dans la nuit [Libre]

J'avais l'habitude, en Amérique, de me rendre dans la salle de musique après les cours pour jouer un peu, sans que personne ne m'entende. Je n'ai jamais su pourquoi, mais là bas elle était presque toujours déserte, et j'avais donc tous les instruments à ma disposition, rien que pour moi, et si personne ne pouvait me voir alors je pouvais en jouer librement. Je me souviens que la première fois, quand je l'avais réalisé, j'avais essayé au hasard un peu tous les instruments sans vraiment savoir en jouer, et que je m'étais convaincu d'apprendre un peu, de mon côté. Et je l'avais fait, j'étais capable de lire des partitions et de rejouer plus ou moins une mélodie que j'entendais au piano ou à la guitare, dorénavant. Et personne ne m'avait aidé. C'était peut-être une de mes rares fiertés, mais je ne voulais pas l'étaler, ni la partager. Je pouvais parfaitement savourer une victoire sans pour autant m'en vanter auprès des autres.

Mais depuis mon arrivée dans cette nouvelle académie, je n'avais pas pu toucher le moindre instrument, et je ne crois pas révéler un grand secret en disant que... ça me manquait. Mais j'avais peur de croiser des gens, d'autres personnes qui auraient simplement voulu s'occuper avec de la musique, et d'être obligé de ne pas pouvoir faire ce que je voulais tranquillement.

C'est pour ça que j'ai décidé, ce soir là, que j'allais discrètement m'extirper hors de mon dortoir pour occuper la salle alors que personne n'y serait. Le couvre feu était passé, je le savais bien, mais il ne semblait pas y avoir de surveillant en vue, et c'était plus fort que moi. Sans trop presser le pas, aussi calme que silencieux, je m'y dirigeai donc vers le lieu tant convoité. Enfin arrivé à destination, je poussai la lourde porte avant de me glisser dans son entrebâillement. Tâtant brièvement le mur pour trouver l'interrupteur qui me permettrait d'y voir plus clair, je ne tardai pas à découvrir une grande pièce abritant toute sorte d'instruments, plus ou moins communs et venant de tous les pays du monde.

Je me dirigeai sans plus attendre devant un piano, et commençai à presser les touches unes à unes, pour former une légère mélodie. Il semblait accordé correctement, malgré ses airs pas vraiment récents. Je m’assis donc sur un petit tabouret, et commençai à jouer comme je l'entendais, librement. Les notes sortaient timides, discrètes mais douces, en formant une mélodie qui me représentait plutôt bien. Calme, sereine.

Et je restais là, à jouer, ininterrompu, pendant je ne sais combien de temps, avant de commencer aussi à me mettre à chantonner timidement, des paroles presque inaudibles et masquées par l'instrument, mais que moi je réussissais à percevoir.

Je n'arrivais - toujours - pas à dormir, hantée par mes souvenirs. Je décidais donc de braver une nouvelle fois le couvre-feu pour aller prendre l'air et me remettre les idées en place. Habillé d'un leggins, d'un sweat-shirt sombre et de mes bottes, la garde de Fialinn dans un petit sac bandoulière, Je sortis de ma chambre pour aller dans les jardins. De l'air ! La brise était agréable, et je me promenais quelques minutes, mais je ne tardais pas à avoir froid. N'ayant aucune envie de rentrer dans ma chambre, je me rappelais du calme régnant dans la salle de musique. Ma prochaine destination étant ainsi décidée, je me mis en route en me frictionnant les bras.

Une fois dans le bâtiment, je mis quelques temps avant de retrouver mon chemin jusqu'à la fameuse salle. Il y avait de la lumière. Oh non ! Quelqu'un était déjà là. J'hésitais à faire demi-tour, mais l'idée de retourner dehors où dans ma chambre ne m'enchantaient pas, alors je décidais de rester. Je m'avançais, commençant à entendre une belle mélodie.

J'entrais dans la pièce et clignais vivement des paupières surprise par la luminosité. Un garçon aux cheveux noirs était assit au piano en train de jouer. Je ne savais pas s'il m'avais remarqué, mais je restais silencieuse, n'osant pas le déranger. Je m'assis à même le sol, le dos contre un mur, et continuais à écouter la musique qui, comme souvent, m'apaisais. Je ne savais pas pourquoi la musique avait cet effet là sur moi, mais tant que ça marchais, je ne m'en plaignais pas. Contrairement à l'entraînement, qui me faisait tout oublier, là je n'oubliais pas, mais enfin, j'arrivais un peu à accepter mon passé. Je fermais, les yeux, mais mon pied battant la mesure prouvait bien que je ne dormais pas. J'aurais bien aimé savoir jouer moi aussi...

Cela faisait un certain moment que j’étais allongée sur mon lit, fixant le plafond, attendant que le temps passe. Ce n’était pas que j’étais mal à l’aise, ou que j’avais fait un cauchemar, ou qu’une de mes camarades ronflait trop fort, c’était juste que je n’arrivais pas à trouver le sommeil. C’était souvent dans ces moments-là que je me rappelais de souvenirs enfouis proches ou récents, et après, je ne me sentais vraiment pas bien.

Réfléchir me mettait le moral dans les chaussettes, et tout le temps ! Même quand je pensais à des moments heureux… parce que ça me rappelait que ces moments faisaient partie du passé, et que je ne pourrais plus jamais les revivre. Ça me rendait si triste, mais ça me donnait du courage pour faire de nouvelles rencontres, et revivre plein de moments joyeux ! Bien sûr, il y avait encore des moments heureux que je ne pourrais jamais remplacer avec de nouvelles rencontres… comme les souvenirs heureux passés avec Maman. Je ne pourrais les remplacer pour rien au monde !

Perdue dans mes pensées, je me mis à sourire en pensant à mon papa : que devenait mon papa  Est-ce qu’il était bien dans sa toute nouvelle vie, sans moi ? Est-ce qu’il s’était fait de nouveaux amis ? Est-ce qu’il avait rencontré une fille ? Je le souhaitais vraiment, pour mon papa… il se sentait tellement seul et triste depuis que maman est partie, et il a toujours dit que je lui suffisais pour son bonheur… mais maintenant que je n’étais plus avec lui, qui pourrait le rendre heureux dans sa vie, maintenant qu’il n’y avait plus personne ? Et aussi, pour éviter de penser à la mort de maman, je pensais tout le temps à mes anciens amis, ainsi qu’aux nouveaux…

Aujourd’hui, j’étais perturbée. Je sentais la pluie battre contre la fenêtre, à un rythme lent et régulier. C’était si apaisant… j’aimais la pluie puisque, justement, non seulement il ne faisait pas chaud mais en plus, c’était un temps idéal pour boire un bon chocolat chaud dans les bras de quelqu’un que l’on aime… je faisais tout le temps ça avec maman, même quand il neigeait ! Mon papa ne me faisait pas beaucoup de câlins, et ça m’a toujours attristée… ici, personne ne me faisait de câlins.

Le sentiment de sortir et de marcher un peu me prit violemment à la gorge. Non, je ne pouvais pas… si un surveillant m’attrapait, j’allais passer un sale quart d’heure… il y a un couvre-feu ! Mais… oh, et zut ! Je me levais tout doucement, tout en couvant d’un regard inquiet mes camarades. J’espérais ne pas les réveiller… par-dessus mon short rose, j’enfilais un jean tout à fait seyant. Je conservais mon débardeur de pyjama, rose à motifs flamant rose. Je mettais mon masque de renard. J’enfilais mes sandales à lanières dorées que je portais depuis le début de l’été, puis je sortais de mon dortoir.

Je devais vite me cacher dans un endroit fermé pour que l’on ne me trouve pas… au moins, pour un certain temps. J’avais entendu parler d’une salle de musique, mais je n’avais jamais pu y aller réellement. Je voulais voir tout ces magnifiques instruments ! Ma maman jouait du piano, et j’aimais l’écouter jouer… j’aimerais entendre une mélodie de piano de nouveau. Je prenais la direction de la salle de musique et j’ouvrais la porte Là, au fond, quelqu’un jouait. Un garçon pâle, grand, aux cheveux noirs… je… je le connais !

« Toi ! »

Je me ruais sur le musicien, les larmes aux yeux. Le garçon qui était tombé dans les pommes, au banquet ! Je m’accrochais timidement à lui.

« Tu vas bien ? »

J’avais malheureusement ignoré la jeune fille blonde.

Trop absorbé par mon activité, j'oubliais complètement de faire attention au monde qui m'entourait. J'étais emporté par les notes qui s’enchaînaient au rythme de mes doigts qui appuient sur les touches, et tout disparaissait autour. Je me sentais réconforté, une impression qui m'avait manquée depuis longtemps. J'oubliais me tristesse, mes complexes, ma faiblesse et ma santé. La musique est vraiment quelque chose de... magique.

"-Toi !"

Je ne m'interrompis soudainement, quand je sentis une étreinte me surprendre. Après un sursaut, je me tournais et découvrais alors une jeune fille masquée, mais que je réussis cependant à reconnaître. En effet, j'avais déjà vu ce masque de renard lors du banquet, et je reconnaissais cette voix. C'était la jeune fille qui m'avait invité à aller me baigner avec elle.

"-Tu vas bien ?"

Je me souvenais que je n'avais pas la moindre idée de son nom. Mais peu importe, bien qu'elle m'ait interrompu, je décrochais un petit sourire sincère. Je ne la connaissais que très peu, mais je l'aimais bien. Elle débordait d'enthousiasme et sa présence était loin de m'être désagréable. Peut-être qu'elle ressemblait un peu à Samantha, en un sens. Oui, ça devait sûrement expliquer les choses. En attendant, je lui répondais, retirant mes mains du clavier pour les poser sur ses épaules affectueusement.

"-Hey! Ca fait plaisir de te voir! Mais tu devrais dormir, à cette heure, non? Tu seras fatiguée demain... Et oui, je vais mieux, merci!"

Maintenant que j'étais plus à l'aise, j'étais beaucoup moins timide que la première fois qu'elle avait pu me voir. Je profitais de cet instant de pause, qui peut-être allait s'étendre encore, pour constater ce qui se passait dans la pièce et ses alentours. Et j'eus bien fait, car une personne se trouvait là, l'air de rien, assise contre un mur. Une jeune fille à la longue chevelure blonde, qui semblait un peu absente. Sans cette intervention de la part de la jeune fille-renard, je ne l'aurais probablement pas remarquée.

La regardant, j'annonçai donc, un peu moins sûr de moi:

"-Euh... Bonsoir?"

-Toi ! Tu vas bien ?

Je sursautais et rouvris les yeux étonnée. La musique s'était arrêtée, interrompue par une petite fille blonde avec un masque de renard sur le visage. Elle devait avoir une dizaine d'années, peut-être un tout petit peu plus. Pas beaucoup plus vielle que Kénan quoi. Elle dégageais beaucoup d'énergie. J'avais d'abord été agacée de cette interruption, puis voyant à quel point elle avait l'air de s'inquiéter pour le garçon j’eus un petit sourire attendri. Sa façon de faire me fait penser a mon petit frère. Je fus une nouvelle fois interrompue dans mes pensées lorsque le garçon lui répondit :

-Hey! Ça fait plaisir de te voir! Mais tu devrais dormir, à cette heure, non ? Tu seras fatiguée demain... Et oui, je vais mieux, merci!

Puis il se tourna vers moi :

-Euh... Bonsoir ?

Il n'avait pas l'air très sûr de lui. Moi non plus d'ailleurs, mais je fis un effort pour répondre :

-Bonsoir. J'espère que je ne te dérange pas. Au passage ce que tu jouais était très joli.

Je me rappelais soudain qu'on ne s'était pas présenté.

-Je m'appelle Gwendoline et vous ?

Je commençais à me relever, prête à partir, si jamais ma présence était dérangeante. Je voulais juste trouver un moyen pour pouvoir enfin m'endormir. Mais je n'étais pas contre discuter non plus. Au moins ça me changerais les idées. Parce que j'en avais vraiment besoin. Je les fixaient avec des yeux interrogatifs attendant leur réponse.

Doucement, le garçon aux cheveux noirs se tournait vers moi, et il posait son regard étonné sur mon joli masque. Je rougissais légèrement : il avait un regard très profond, j’avais l’impression qu’il lisait dans mes pensées ! J’espère vraiment que ce n’est pas son pouvoir, parce que je serais gênée s’il apprenait que je le trouvais terriblement craquant… bien qu’aux premiers abords, il m’avait paru un peu froid et réservé, mais pas du tout ! Il semblait être très chaleureux, très gentil, et avoir la main sur le cœur. Après m’avoir adressé un sourire des plus doux, il posait ses grandes mains sur mes petites épaules.

« Hey! Ca fait plaisir de te voir! Mais tu devrais dormir, à cette heure, non? Tu seras fatiguée demain... Et oui, je vais mieux, merci! »

Je frissonnais d’excitation : ça lui faisait plaisir de me voir, vraiment ? Je ne pensais pas que cela était possible ! Il m’appréciait, alors ? Je souriais timidement derrière mon masque, heureuse. Il était très mignon et en plus de ça, il avait l’air de m’aimer… par contre, sa question me vexait. Pour qui me prenait-il ? Je n’étais plus une gamine, je suis grande maintenant ! Je ne veux plus me coucher à 21 heures… c’est si barbant !

Et je n’ai pas besoin de tant d’heures de sommeil ! Et si je dormais si tôt, je raterais plein de choses ! Ce soir-là est la preuve la plus explicite ! Si j’étais allée dormir, eh bien je l’aurais raté… et pourtant, il me tardait de le rencontrer à nouveau ! J’aurais aimé qu’il fasse comme Noa et qu’il m’invite à la piscine pour se faire pardonner de la dernière fois, mais il m’avait dit qu’il n’aimait pas se baigner… je le forcerais bien, tiens ! Et puis, il se trompait… je ne serais pas fatiguée ! Et si je le serais, je n’aurais qu’à faire une sieste… en tout cas, j’étais vraiment contente qu’il aille mieux.

« Euh... Bonsoir? »

Je regardais la direction que prenait le regard des yeux de mon camarade, puis je regardais dans la même direction que lui, l’air étonnée. Là-bas, dans le coin, il y avait une jeune fille à la longue et belle chevelure blonde, adossée contre le mur : je ne pus retenir un petit soupir d’admiration. Elle était si belle ! Grande, le corps si fin ! Un magnifique visage d’ange, et une chevelure magnifique ! J’étais jalouse… pourquoi tout le monde était plus grand que moi !? C’était sûr que mon ami aux cheveux noirs préférait cette grande fille à moi… ils avaient sûrement le même âge, j’en était sûre !

– Bonsoir. J'espère que je ne te dérange pas. Au passage ce que tu jouais était très joli. Je m'appelle Gwendoline et vous ?
– Je m’appelle Maya. »

Je reportais mon attention sur mon ami aux cheveux noirs, attendant avec impatience qu’il se présente. Mes yeux larmoyants pétillaient de bonheur. J’étais tellement heureuse de la savoir en bonne santé, il m’avait fichu une de ces trouilles là dernière fois au banquet !

La jeune fille masquée suivit mon regard, pour observer la demoiselle contre le mur. Cette dernière compris que mon appel lui était bien destiné, et me répondis, sur un ton qui me parut froid, distant, et presque un peu forcé:

"-Bonsoir. J'espère que je ne te dérange pas. Au passage ce que tu jouais était très joli."

Retrouvant mon sourire de facade simple et discret, je bredouillai un petit "M... Merci" à peine audible, et qui ne tarda pas à être interrompu puisqu'elle continua sans attendre pour les présentations:

"-Je m'appelle Gwendoline et vous ?"

Ma petite sauveuse répondit en première, semblant toujours aussi débordante d'énergie, ce qui me mit en confiance.

"-Je m’appelle Maya."

Il faut croire que sa bonne humeur était contagieuse, car oubliant quasiment toute forme de timidité, j'annonçai presque joyeusement:

"-Et moi c'est Thomas, enchanté!"

Ensuite, j'eus conscience qu'il allait falloir continuer la conversation sur quelque chose. Je ne pouvais pas laisser un blanc s'installer, et encore moins recommencer à jouer : c'aurait donné l'impression que je n'en avais rien à faire, alors que ce n'était pas le cas. Après quelques secondes, je demandai donc tout bêtement:

"-Je n'arrivais pas à dormir, alors je suis venu ici pour passer le temps. Mais vous, qu'est ce qui vous amène, si je ne suis pas trop curieux?"

J'avais toujours une main posée sur l'épaule de Maya, et faisait alterner mon regard entre les deux filles. Bien sûr, en ce qui me concernait, c'était un magnifique mensonge. Je n'avais pas la moindre envie de venir, et cette sortie avait été prévue pour que, justement, je ne tombe sur personne.

Mais malgré tout, peut-être cette rencontre allait-elle se révéler agréable, qui savait?

-Je m'appelle Maya.

Cette petite fille avait une sorte de bonne humeur contagieuse qui me faisait vraiment penser à mon petit frère. Il fallait vraiment que je me l'enlève de la tête si je voulais pouvoir dormir à un moment. Qu'est ce que l'académie attendais ? L'autre garçon répondis presqu'aussitôt :

-Et moi c'est Thomas enchanté !

Il repris la parole après quelques secondes :

-Je n'arrivais pas à dormir, alors je suis venu ici passer le temps. Mais vous, qu'est ce qui vous amène, si je ne suis pas trop curieux ?

Son regard alternais entre moi et la petite fille. Maya. Sa main étais posé sur son épaule. J'avais envie se rester dos au mur, mais je me rapprochais plutôt d'eux pour ne pas paraître malpolie. Je me rassis par terre, n'ayant vu aucun tabouret ou autre. Tout en faisant cela, je déclarais simplement :

-Je n'arrivais pas à dormir non plus. On va dire que... Je pense à un peu trop de choses en ce moment. Alors je voulais me changer un peu les idées

Je ne voulais pas parler de ces choses auxquelles je pensais. Me rappelant la réaction de Maya en rentrant, je demandais innocemment :

-Vous vous connaissez tous les deux ?

Je pensais un instant qu'ils étaient peut être frères et soeurs. Mais j'avais l'impression que ce n'étais pas tout à fait ça. En fait j'essayais juste de détourner la conversation pour ne pas avoir à parler de moi. Et puis, comme je la voyais actuellement, j'étais sûre que Maya s'empresserais de répondre. L'autre garçon avait l'air plus réservé. J'attendais de voir ce qu'il allait se passer. J'étais curieuse.

[HRP] : Désolée j'ai pas les codes des couleurs, et je sais même pas si j'ai fait 12 lignes ou pas. Je suis sur mon téléphone donc je galère un peu ^^.

« Et moi c'est Thomas, enchanté! Je n'arrivais pas à dormir, alors je suis venu ici pour passer le temps. Mais vous, qu'est ce qui vous amène, si je ne suis pas trop curieux? »

Maintenant, je savais comment il s’appelait, enfin ! Je ne pouvais pas mettre un nom sur lui, ni l’appeler à voix haute autrement que : « Garçon ! » et je trouvais cette situation très gênante… Thomas, c’était un nom trop mignon ! J’avais trop envie de lui dire, mais je n’osais pas… j’avais peur de le gêner, parce que c’est sûr que ça devait être bizarre si je le complimentais comme ça, de nulle part… mais peut-être serait-il assez compréhensif… mais la fille allait peut-être croire que… que je l’aimais et que je tentais de le séduire ! Mais non !

Le pauvre garçon, il n’arrivait pas à dormir… j’avais envie de lui faire un câlin, et le bercer dans son dortoir ! Il était tellement craquant, avec ses traits fins, et ses cheveux noirs et soyeux ! Il n’était pas beaucoup musclé, et ça me plaisait moins… c’est pour ça que j’aimais beaucoup Noa, il était si musclé, et si massif ! Comme Jïnn ! J’aimais bien les garçons musclés, il donnait une impression de force et de protection sans limites… avec eux, j’avais l’impression que rien ne pourrait jamais m’arriver… je veux qu’ils soient mes grands frères, tous ! Comme Yasushi… comme ça, j’aurais plusieurs grands frères, et je ne craindrais plus jamais rien.

« Je n'arrivais pas à dormir non plus. On va dire que... Je pense à un peu trop de choses en ce moment. Alors je voulais me changer un peu les idées. Vous vous connaissez tous les deux ? »

Voilà que Gwendoline, l’adorable et jalousée jeune fille dans le fond s’était mise à parler. Pitié, j’aimerais bien être seule avec Thomas ! Pourquoi elle était là !? Remarque, c’est moi qui m’étais incrustée… mais je m’en fiche ! Ils n’avaient pas l’air de discuter, puis même, selon ce qu’ils disaient, on comprenait que ce n’était pas un rendez-vous arrangé, et que c’était une rencontre à l’improviste… et tant mieux, parce que je me sentais plutôt jalouse à l’idée que ces deux-là se soient rencontrés en secret en plein milieu de la nuit.

« Moi aussi je n’arrivais pas à m’endormir… » Je riais légèrement, gênée. « Non, je ne connaissais pas Thomas, mais je l’ai rencontré au banquet d’anniversaire… Il m’avait fait si peur ! On devait aller se baigner ensemble dans la piscine, et il a fait un malaise juste devant moi… je suis tellement rassurée de le voir en forme. »

Je me tournais vers Thomas et je lui adressais un regard empli de tendresse et d’amour. Je me mettais à rougir en envisageant la suite : et si je m’asseyais sur ses genoux ? C’est vrai, je pouvais bien ! Tout doucement, je tendais les bras vers lui et je lui demandais d’une petite voix douce et intimidée.

« Tu peux me porter et m’asseoir sur tes genoux, s’il te plaît ? »

Gwendoline se leva, s'approcha de quelques pas puis se rassit, avant de répondre à ma question.

"-Je n'arrivais pas à dormir non plus. On va dire que... Je pense à un peu trop de choses en ce moment. Alors je voulais me changer un peu les idées."

Tout comme moi, elle ne semblait pas vouloir en dire beaucoup plus. Je n'allais pas forcer, après tout ça la regardait, et la laissai continuer;

"-Vous vous connaissez tous les deux ?"

Ce fut au tour de Maya de prendre la parole, toujours aussi enthousiaste.

"-Moi aussi je n’arrivais pas à m’endormir…"

Il faut croire que cette académie est pleine d'insomniaques, et surtout que les surveillants ne font pas partie de ceux là... Après un petit rire, la petite émeraude répond pour nous deux à la question de la Saphir;

"-Non, je ne connaissais pas Thomas, mais je l’ai rencontré au banquet d’anniversaire… Il m’avait fait si peur ! On devait aller se baigner ensemble dans la piscine, et il a fait un malaise juste devant moi… je suis tellement rassurée de le voir en forme."

À la fois un peu nerveux de me souvenir de ces événements et rassuré de me dire qu'ils sont passés, je laisse échapper un petit rire discret, à la fin duquel je remarque le regard de Maya sur moi. Qu'est ce qui se passe, pourquoi elle me fixe comme ça? Tendant ses petits bras en ma direction, elle demande;

"-Tu peux me porter et m’asseoir sur tes genoux, s’il te plaît ?"

Elle est... Adorable. Seulement... Est-ce qu'elle veut que je la porte? Parce que je doute d'en être capable... Enfin, je ne sais pas si j'aurais suffisamment de force pour la soulever. Une fois assise, ça devrait aller. Après une très courte seconde d'égarement, je l'imite, tendant mes bras vers elle, et disant;

"-Grimpe!"

Je ne pouvais pas lui dire que j'étais incapable de la soulever, mais je présentais ça un peu comme un défi, dans l'espoir qu'elle ne m'en veuille pas. À vrai dire j'avais de l'espoir, et lui adressai tout de même un grand sourire amical. Tiens, je me demande si elle serait amie avec Sam'! Si ça se trouve, elles se connaissent même déjà.

hrp:

-Non, je ne connaissais pas Thomas, mais je l'ai rencontré au banquet d'anniversaire... Il m'avait fait si peur ! On devait aller se baigner ensemble dans la piscine, et il a fait un malaise juste devant moi... je suis tellement rassuré de le voir en forme.

La petite Maya se met à fixer Thomas. Hein ? J'ai un peu de mal à comprendre cette fille, surtout que le fait de ne pas pouvoir voir son visage me perturbe au plus haut point. Aucun moyen d'interpréter ses expression, puisque je ne les voyais pas ! Mais elle est mignonne. Je me demande vraiment pourquoi elle ne l'enlève pas, mais ne pose pas de question. Après tout elle fait ce qu'elle veut.

-Tu peux me porter et m'asseoir sur tes genoux, s'il te plaît ?

Et une seconde après :

-Grimpe !

J'eus de nouveau un petit sourire. Cette petite fille était adorable. Je me rappelle ses précédentes paroles. Je ne pu m'empêcher de dire :

-Le fameux banquet. Je crois que pour beaucoup, ça a été une grosse frayeur. C'est à dire que se faire attaquer par des bout de scènes volant, des arbres déracinés, ou des espèces de rubans chelou, c'est absolument normal !

J'utilisais bien sur de l'ironie. A part ça, je comprenais la joie de la petite fille. Moi aussi, j'avais été soulagée de voir qu'Iris allait mieux lorsque je l'avais croisée dans cette même salle quelques jours plus tôt. Je décidais de faire repartir cette conversation sur la musique, trouvant que tout le monde parlait un peu trop du banquet ces derniers temps :

-Et sinon, ça fait longtemps que tu joues de la musique ? Et toi tu sais en faire ? Moi j'adorerais, mais je n'ai jamais eu le temps de m'y mettre.

J'attendis mes réponses, pour une fois, je prenais l'initiative d'une conversation, en espérant que celle-ci ne tournerait pas aussi court que lorsque j'avais parlé de la relation entre Thomas et Maya.