Ce qui alimente mes souvenirs [Pv Lexie] [Fini]

C'était l'heure de manger, Nysphri alla donc au réfectoire comme d'habitude, c'était un de ses moments préférés de la journée, même si il ne se sentait pas bien, ce qui était le cas vu la journée qu'il avait passé la veille, il ne cessait de penser à quel point il avait été égoïste et idiot, il s'en voulait terriblement et Nysphri étant comme il est, cela lui ouvrit l'appétit et il dévora son repas pour se changer les idées.

Il était encore seul comme toujours, après tout il n'avait pas encore vraiment d'amis. Cela ne le dérangeait pas au contraire ça lui permettait d'être tranquille rien qu'avec lui même, il observait les autres élèves en repensant encore une fois aux événements de la veille et commençait à être pris de remords une fois de plus et ce qu'il redoutait le plus surgit..

Il se rappela de son ancienne amie Hannah et surtout ce qui lui est arrivé, il ne pouvait s'empêcher de retrouver les mêmes expressions chez Lexie que chez elle ce jour là... Il aimerait tellement lui dire, il voulait être son ami, comme avec tout le monde me direz-vous, mais là il avait une attirance particulière comme si il fallait qu'ils continuent à se parler.

Malheureusement il avait tout gâcher avec ses agissements puérils, déjà que cette étrange fille avait l'aire inaccessible, alors là elle voudra sûrement ne plus jamais le revoir, mais Nysphri bien sûr étant optimiste ne s'attarda pas sur ça et passa à autre chose en se forçant de ne plus repenser à tout ça, il resta ensuite tranquillement assis profitant encore un peu du moment.

C'est le doux son émanant de ton téléphone qui te tira de ton profond sommeil. Exaspérée tu te forças à ouvrir les yeux et à te lever. Tu serais bien restée couchée plus longtemps, bien lovée au fond de ta couette rien ne pouvait t'arriver. Mais tu devais sortir de cette enveloppe protectrice et affronter la dure réalité, tel était ton choix. De plus tu n'étais pas complètement remise de ta dernière mésaventure, les blessures de la veille étant trop récentes pour cicatriser. Ton arrivée à l'académie avait été catastrophique et tu ne cessais d'y repenser, regrettant chacune de tes décisions, en particulier celle d'arrêter les cours à domicile. C'était si douloureux de ressentir ce poids en permanence, tu avais presque envie d'y mettre fin, là. Pourtant tu t'obligeais à continuer, comme habitée par un lointain espoir. Même si ta vie s'assombrissait de jour en jour, tu continuais d'essayer de survivre.
Ainsi tu attrapais sans grande conviction un large pull noir et t'empressais de l'enfiler, sans même porter attention au sens dans lequel tu l'avais mit. Tu fouillais un instant ta valise avant d'en sortir une jupe et des collants tout aussi noirs que le reste de ta garde robe. Tu étais tellement au fond du gouffre hier soir que tu n'avais même pas pris la peine de la vider, alors tu te contentais de mettre sans dessus dessous les affaires que tu avais soigneusement disposé, tu n'étais plus à ça près.
Une fois habillée tu allas dans la salle de bain. Il te fallut quelques secondes avant de réaliser que la jeune fille aux yeux rouges et aux énormes cernes dans le miroir n'était rien d'autre que toi, du moins ce qu'il en restait. Une fois ce stade passé tu commenças négligemment à te coiffer et te débarbouiller. Tu tentais de te forcer à faire ces gestes par automatisme, ta vie allait changer à présent tu devais t'y habituer. C'était la raison pour laquelle tu t'étais levée si tôt alors que tu ne comptais pas te rendre en cours. Tu ne te sentais définitivement pas prête à être confinée avec autant de personnes dans une salle depuis l'incident d'hier. Tu savais que tu risquerais sans doute de tout gâcher, alors tu préférais attendre le bon moment. Si jamais il viendrait un jour.
Ne sachant quoi faire de ton temps libre tu passas une bonne partie de la matinée à torturer ton esprit, repensant encore et encore à ce Nysphri. Tu n'arrivais pas à comprendre ce garçon et quelque part cela te frustrait. Pleine de contradiction tu souhaitais à la fois comprendre et ne pas savoir, la peur prônant sur ta curiosité. 
Ainsi midi arriva relativement rapidement et ton estomac à jeun te fis comprendre qu'il était temps d'aller manger. C'était non sans difficulté que tu arrivas au réfectoire, c'était Nysphri qui était censé te faire visiter l'académie. Cette réflexion te donna un coup au moral, tu regrettais presque de t'être enfuie. Mais affichant un air inébranlable tu attrapais ton plateau et décida d'aller t'asseoir à une table seule. Par chance il n'y avait plus beaucoup de monde, tu allais pouvoir profiter de ton repas tranquille. Tu passais rapidement devant un garçon, t'efforçant de l'ignorer et priant pour qu'il fasse de même, et rejoignis finalement ta table.

Nysphri était fatigué à cause de la récente utilisation de son pouvoir, il piquait donc du nez et était dans la lune mais au bout d'un moment il sentit quelqu'un passer devant lui, il leva légèrement la tête l'air endormi pour pouvoir observer cette personne.

Et là il ne savait que faire, c'était Lexie, là, juste devant lui qui passait sans le regarder avec son air froid habituel.

Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi malchanceux ? Il ne savait que faire et ne pouvait désormais plus ignorer ce qui était arrivé, il voulait s'excuser, s'expliquer ou en tous cas lui dire quelque chose mais il était effrayé à l'idée de lui dire quelque chose, il voulait découvrir qui se cachait sous ce masque de froideur mais savait que ce n'était pas une chose à faire...

Nysphri fut pris de panique il s'attendait à tout sauf à ça (espèce d'idiot forcément que tu avais des chances de la croiser ici) pensa-t-il, sa respiration s'accéléra et il ouvra sa bouche pour dire quelque chose mais se tut en se disant que c'était sûrement une mauvaise idée, il décida donc de partir en toute discrétion pour la laisser tranquille mais elle était sur le passage de la sortie... mais il avait encore ses chances, après tout elle faisait tout pour éviter les contacts, Nysphri se leva donc et alla vers la sortie.

Mais si tout c'était passé comme prévu, ça n'aurai pas été drôle. En conséquence de son stress, il trébucha et devinez où... juste devant Lexie, lui renversant dessus au passage les restes de nourriture.

Tu fixais ton assiette avec dépit, les yeux dans le vague. Cet insipide morceau de steak et ces petits pois douteux ne t'inspiraient pas grand chose. Tu n'avais pas l'appétit très ouvert aujourd'hui, ton entrée et ton plat n'avait été qu'à peine touchés, on aurait presque dit que tu te réservais pour le dessert. Et pour cause, celui-ci n'était rien d'autre qu'un éclair au chocolat, l'une de tes pâtisseries préférées. Même si tu essayais de paraître adulte tes manies d'enfant te trahissaient toujours, comme lorsque tu boudes tes légumes et préfères t'empiffrer de sucreries à la place, cela avait presque un côté mignon. Tu avais beau avoir vécu toutes les horreurs du monde tu restais malgré tout une petite fille de quatorze ans, jeune et puérile.
Une fois retournée sur terre tu te décidas enfin à continuer ton repas, attrapant rapidement tes couverts. Tu commençais alors à découper ton gâteau et à en prendre une bouchée. Cette façon de manger pouvait aisément te donner un air snob, pourtant ce n'était pas vraiment ça, il ne te serait juste jamais venu à l'idée d'utiliser tes doigts pour manger, telle était ton éducation. Tu profitais si intensément de cette trêve à la douleur que tu ne prêtais plus attention au reste au monde. Tu essayais d'en profiter autant que possible car ces instants de douceur étaient honnêtement rares, ta famille n'était pas suffisamment riche pour se permettre des achats si futiles.
Mais un énorme bruit te fis sursauter et te fis fermer les yeux de surprise. Ton cœur battais la chamade, le son était tout proche. Il ne fallut pas bien longtemps à tes yeux pour trouver l'auteur de ce vacarme et encore moins de temps pour le reconnaître; c'était Nysphri. Tu devais certainement être maudite, combien de chances il y avait pour que tu retombes sur lui aussi tôt ? Bien trop peu pour que tout cela ne soit qu'une coïncidence, tu en étais intimement convaincue. Le destin peut-être...
Le toisant d'un air mauvais tu empoignais ta serviette et te nettoyais brièvement. Il venait de chuter son plateau encore en sa possession et une partie de ses restes de nourriture t'avais salie. En le revoyant ainsi, avachi par terre, tu repensais à la scène d'hier. On aurait dit qu'il avait passé un mauvais moment lui aussi, peut-être équivalent au tien. Pourtant tu ne pouvais t'empêcher de le trouver bizarre, inquiétant, tu avais peur d'apprendre à le connaître d'avantage. Mais une partie de toi voulait en savoir plus. 
Tu te levais maladroitement de ta chaise et commençait à ramasser les débris de verre éparpillés autour de lui, prenant un air le plus détaché possible, tu ne voulais pas qu'il puisse voir ne serait-ce qu'un instant que ce que tu faisais là n'est pas anodin. 
 Tu murmurais à toi même mais également à lui.

« Tu pouvais pas faire attention sérieux... »

Et le voilà écroulé par terre, l'air totalement idiot mais surtout inquiet et apeuré par la réaction de la jeune fille. En une fraction de seconde il s'imagina les pires scénarios mais il décida finalement de commencer à se relever.

A sa grande surprise elle n'avait pas l'aire particulièrement énervée, à part son air supérieur habituel elle était même en train de ramasser les débris de verre éparpillés tout autour de lui, il ne la pensait vraiment pas capable de faire ça.

« Tu pouvais pas faire attention sérieux... »

Cette phrase pouvait sembler corrosive à première vue mais Nysphri le prit bien au contraire et il reprit immédiatement son sourire avec un air gêné tout de même, puis il se releva en vitesse pour l'aider tout en répondant.

Désolé... Pour dire vrai, je voulais partir sans que tu me remarques étant donné ce qu'il s'est passé hier... Mais bon ! C'est totalement raté...

Il disait sans avec un air amusé mais laissait transparaître de la sincérité et de la gentillesse puis après un léger silence il continua :

Au fait tu t'en sors ? Je veux dire t'arrive à te situer ici ? C'est grand et au final j'ai pas pu te faire visiter...

Il finit sa phrase en la regardant droit dans les yeux tout en remettant en ordre tout ce qui était tombé et en veillant aussi à ne pas trop l'approcher pour ne pas la brusquer.

Tu le voyais se relever et commencer à t'aider à nettoyer, le tout le sourire aux lèvres. Tu enviais presque sa facilité à sourire dans n'importe quelle situation.

« Désolé... Pour dire vrai, je voulais partir sans que tu me remarques étant donné ce qu'il s'est passé hier... Mais bon ! C'est totalement raté... »

Tu ne daignais même pas lever les yeux vers lui, te contentant de l'écouter en continuant ta tâche. Ce garçon te faisait vraiment pitié, son air innocent te donnais l'impression qu'il n'était pas normal, que quelque chose clochait chez lui. C'était... bizarre.

« Au fait tu t'en sors ? Je veux dire t'arrive à te situer ici ? C'est grand et au final j'ai pas pu te faire visiter... »

Non. Tu étais complètement déboussolée et paumée, jamais auparavant tu n'avais étudié dans un établissement aussi grand et ces longs couloirs t'angoissaient presque. Dormir avec des inconnus t'effrayais et ton lit te manquais, le Pays de galle te manquais, ta famille te manquais. Mais tu n'étais pas certaine que ton ancienne vie te manquais, que tu sois là bas ou ici n'aurait rien changé, elle aurait toujours été aussi merdique.

« Oui pas de soucis. »

Peut-être qu'il aurait pu te sortir de cette boucle infernale, de toute cette misère, mais non, toujours cet orgueil omniprésent. Toujours là pour te rappeler que tu dois tout endurer seule et que personne n'a besoin de t'aider. Tu serais un fardeau pour quiconque deviendrait ton ami de toute façon. Tu ne lui apporterais que peine et souffrance, tu le savais. Alors tu commençais à regretter ton acte, malgré toi tu avais tenté de te rapprocher de Nysphri. Pourtant tu savais que c'était mal, que ce n'était pas la bonne chose à faire. Ton rythme cardiaque s'accélérait à vu d'œil et un frisson d'effroi te parcouru l'échine. Pleine de remords. 
Aussitôt tu retrousser tes manche et attrapais les morceaux de verres afin d'aller les déposer dans le plateau vide. Tentant désespérément de t'éloigner de lui par tous les moyens. Tes poignets dénudés laissaient apparaître l'unique bijou que tu portais, un bracelet offert par ta sœur. Même si d'ordinaire tu n'aimais pas cela il avait une grande valeur sentimentale à tes yeux et tu ne voulais pas ignorer le cadeau qu'elle t'avais fait. Sur ce bracelet grisâtre on pouvait clairement y lire le nom « Anna » gravé sur une petite plaque argentée.

Nysphri l'observait attentivement pour essayer de desceller ses vrais pensées, ayant compris depuis un moment qu'il était rare qu'elle dise la vérité.

« Oui pas de soucis. »

(Pff... soit un peu crédible au moins :')) pensa-t-il, mais il passa à autre chose, de toute façon c'était peine perdue.

Comme prévu elle restait distante avec lui et alors qu'il pensait déjà faire son maximum pour se tenir à distance elle paraissait vouloir s'écarter encore plus mais elle continuait à ramasser les débris en remontant ses manches laissant apparaître ses poignets, c'était la première fois que Nysphri voyais une autre partie de son corps que son visage il était donc surpris et s'empressa de les regarder comme par réflexe puis... il vit un bracelet gris, argenté même où était inscrit très clairement " Anna "... (Qu'est-ce que... ?)

Son regard était figé, son corps paralysé et il commençait à trembler, même son sourire était givré comme bloquer sur son visage ce qui rajoutait une vision pitoyable de lui à ce moment, puis il dit brusquement à haute voix, presque en criant comme possédé :

QUI EST ELLE ? POURQUOI ? REPOND MOI TU CONNAIS D'OU CETTE HANNAH

Il ne se rendait même pas compte de son agressivité et n'avait même pas remarqué la différence d'orthographe des deux noms, s'étant focalisé juste sur la phonétique.

Il se calma un peu mais était toujours à vif, mais il était assez lucide pour se reculer pour ne pas lui faire peur et il baissa la tête comme si il s'agenouillait et dit :

...Je suis pitoyable hein... désolé, tu devrais me fuir, je ne sais pas pourquoi je suis comme ça avec toi...

Tu venais de récupérer tous les débris de verre dans ta main et tendais celle-ci vers son plateau pour les y déposer, reprenant peu à peu un air tranquille. Nysphri n'avait toujours rien fait de bizarre pour l'instant, cela t'apaisais et tu commençais même à penser qu'il n'y avait peut être pas tant de raisons de s'inquiéter.

« QUI EST ELLE ? POURQUOI ? REPOND MOI TU CONNAIS D'OU CETTE HANNAH »

Tu avais pensé trop vite.
Brusquée tu serrais par réflexe tes mains encore remplies de débris et basculais en arrière, venant t'écraser misérablement sur ton postérieur. Tu poussais un cri de terreur et de douleur en voyant ta vision se troubler peu à peu, levant les yeux au ciel pour tenter de cacher ta tristesse. Tes mains brûlaient, piquaient, tu pouvais clairement sentir le verre pénétrer ta chair. Mais ne voulant pas attirer l'attention sur tes blessures tu enfouissais tes mains dans tes poches, même si tu savais qu'elles ne resteraient pas immaculées bien longtemps.

« C'EST MA SŒUR ! »

Tu garder la tête levée pourtant tu donnais l'impression de fixer Nysphri avec rage. Pourquoi s'était-il soudainement mit à crier ? En quoi le prénom Anna lui posait-il un problème ? Ta vie privée ne le regardait pas et tu ne comprenais pas pourquoi il semblait s'acharner ainsi envers toi à chaque fois. Était-ce vraiment ta faute si tout cela arrivait ..?

« ...Je suis pitoyable hein... désolé, tu devrais me fuir, je ne sais pas pourquoi je suis comme ça avec toi... »

Et d'un seul coup ta colère s'en allait, comme aspirée. Maintenant tu avais l'impression que c'était toi qui venait de lui crier dessus, que c'était toi qui lui faisait du mal à chaque fois que tu le voyais. Tu avais la cruelle impression d'être coupable, de mériter toute cette souffrance. Ça faisait mal, très mal. Si mal que tu en oubliais tes mains déchiquetée. Incapable de te contrôler tu te mis à pleurer, sans chercher ni pouvoir le cacher. Assise par terre tu pleurais à chaude larmes, comme une enfant faisant un caprice. Mais était-ce vraiment un caprice que de vouloir être heureux ?

« C'EST MA SŒUR ! »

(sa soeur ? quel idiot je suis...)
Avant de dire ça elle venait de tomber brusquement sûrement à cause de Nysphri, il s'en voulait terriblement et se sentait encore plus médiocre.
Après s'être excusé il releva la tête et aperçu ses mains dans les poches de Lexie elle avait l'aire de souffrir mais pas seulement mentalement aussi physiquement, même si il pouvait paraître bête il comprit rapidement de quoi il s'agissait et cela ajoutait encore du poids à ses remords puis il releva encore un peu plus la tête et vu le visage clair de la jeune fille, elle pleurait mais pas juste quelques larmes, elle pleurait à gros sanglots. Ses pleures étaient comme ceux d'un enfant, d'une sincérité remarquable et inédite pour Nysphri.
Il ne savait pas quoi dire ni quoi faire, il se contenta alors de suivre son instinct et la regarda donc avec une profonde compassion et commença à pleurer à son tour sans le vouloir puis il dit :

J'ai connu une Hannah aussi... c'était mon amie, ma meilleure amie, ma seule amie, je faisais tout pour la soutenir ou l'aider, mais au final j'ai seulement fait l'inverse... un peu comme avec toi...

En disant cela ses larmes avait doublées de fréquence puis il s'avança délicatement en continuant de la regarder dans les yeux puis il tendit ses mains vers elle en ayant sorti au préalable un mouchoir de sa poche, il faisait attention à ne pas la toucher mais le voulait vraiment pour enlever les débris plantés dans ses mains il dit alors avec un ton hésitant :

J-je peux ?

« J'ai connu une Hannah aussi... c'était mon amie, ma meilleure amie, ma seule amie, je faisais tout pour la soutenir ou l'aider, mais au final j'ai seulement fait l'inverse... un peu comme avec toi... »

Au vu de ses bruits de reniflements il semblait s'être mit à pleurer aussi, comme pour t'accompagner. C'était absolument pitoyable. Vous étiez pitoyables.
Malgré toi tu avais écouté ce qu'il avait dit et tu étais désormais curieuse de savoir ce qu'il s'était passé plus en détails. S'il avait réagi aussi violemment c'était forcément qu'il s'était déroulé quelque chose de grave, cela t'intriguait. Mais jamais tu n'oserais lui demander, tu avais conscience que c'était déplacé et le pauvre semblait suffisamment mal comme ça pour que tu insistes sur un point sensible comme celui-ci.

« J-je peux ? »

Tu baissais automatiquement la tête vers lui afin de comprendre ce qu'il te voulait. Ton coeur fit un bond dans ta poitrine en remarquant avec stupeur qu'il s'était approché de toi. C'était mauvais. De plus, il tendait vers toi un mouchoir, comme s'il avait réussi à comprendre que tu t'étais blessée. C'était très mauvais. Par réflexe tu secouas la tête et sorti tes mains de tes poches afin de t'aider à te reculer. Tu te sentais plus à l'aise lorsque tu étais à l'écart des gens, surtout dans ce genre de situation. Tu comprenais que tu devais être claire avec lui pour éviter d'avoir davantage de problème, ce serait ensuite à lui de voir s'il voulait la paix ou la guerre.

« Ne me touche pas. Jamais. S'il te plaît. » 

Tu avais presque réussi à dire ça sans que ta voix ne tremblote. Tes pleurs s'étaient légèrement calmés, te donnant l'impression que tout tes stocks de larmes avaient été épuisés.

« Sinon il t'arrivera la même chose que la dernière fois. »

Comme tu t'y attendais, elle n'était pas réceptive à ton aide au contraire, elle avait même pris la peine de sortir ses mains meurtries juste pour reculer puis elle prononça d'un ton sec mais pas forcément méchant :

« Ne me touche pas. Jamais. S'il te plaît. »  
« Sinon il t'arrivera la même chose que la dernière fois. »

(C'était donc bien son pouvoir... pratique pour se défendre, mais si elle ne peut pas le contrôler ça doit être problématique, il faudra que j'en sache plus à l'occasion)pensa Nysphri, puis il remarqua qu'elle s'était calmée, elle avait sûrement toujours mal mais le faisait moins transparaître et elle ne pleurait presque plus ce qui calma Nysphri en retour et il pu dire avec un peu d'appréhension mais avec un sourire aimable:

Jamais ?

Il prenait ça presque comme un défi mais ne voulait surtout pas lui dire sinon elle piquerai sûrement une crise, il se contenta juste alors de lui dire dans son regard tout en essayant de lui faire comprendre qu'il n'avait que des bonnes intentions puis il enchaîna :

Bref, t'inquiète pas, je ne veux pas te faire du mal si tu veux pas je le ferai pas, j'ai déjà vu ce que ça donne quand on force quelqu'un...

Il prit un air aigre et s'arrêta avant d'en dire trop et finit par :

Tu veux bien aller à l'infirmerie au moins ?...

Tout comme toi Nysphri semblait s'être calmé aussi, rendant l'atmosphère un peu moins pesante.

« Jamais ? »

Il donnait l'impression de dire ça avec un air de défi, comme pour laisser présager qu'il réessaierai de te toucher un jour ou l'autre. Tu n'appréciais pas du tout cela. Et son regard ne te confortait que d'avantage dans tes pensées. Pourtant tu pouvais également y sentir de la bienveillance, mais tu n'arrivais pas à savoir si elle était sincère ou non alors tu partais du principe qu'elle ne l'était pas.

« Bref, t'inquiète pas, je ne veux pas te faire du mal si tu veux pas je le ferai pas, j'ai déjà vu ce que ça donne quand on force quelqu'un... »

Tu t'étais tout d'abord sentie légèrement apaisée de le voir te rassurer ainsi, il semblait penser ce qu'il te disait et une aura de tendresse se dégageait de ses paroles. Puis en entendant la suite tu crispas, ne sachant pas vraiment à quoi il faisait référence. Tu commençais soudain à avoir très peur, si peur que tes mains et bientôt tout le reste de ton corps se mirent à trembler. Était-ce lui qui avait forcé quelqu'un ? Forcé à quoi ? Tu ne pouvais pas rester sans réponse, même si c'était risqué. En cas de problème tu avais ton pouvoir, tu n'allais quand même pas rester immobile une seconde fois.

« Comment ça ? »

Bizarrement il s'était coupé d'un seul coup et repris sur un autre sujet, comme s'il avait peur d'en dire trop. Cela ne faisais que t'angoisser davantage. Il avait quelque chose à se reprocher. Tu te reculais légèrement.

« Tu veux bien aller à l'infirmerie au moins ?... »

Tu secouais la tête d'un air agacé en commençant à essayer de retirer les morceaux de verres de ta main, attendant de pied ferme des explications.

« Comment ça ? »

Cette phrase qu'il n'avait pas entendu en premier lieu résonna dans sa tête et voyant l'étrange attitude que prenait Lexie il décida d'y répondre sous peu, elle qui semblait calmée, voir même rassurée s'était soudainement crispé, elle recula encore alors que Nysphri n'avait pas bougé, ça ne pouvait vouloir dire qu'une seule chose : Elle avait peur de lui
(Elle ne pense quand même pas que...?) dit Nysphri à lui-même. Elle essayait de retirer elle même les morceaux de verres dans ses mains en montrant qu'elle ne partirait pas d'ici avant d'en savoir plus, il n'avait donc plus le choix...

Il essayait de garder le sourire caché derrière un masque de souffrance, comme si une ombre s'était abattue sur son visage, puis il commença son histoire.

...Eh, que t'ai peur de moi ok, je peux pas t'en empêcher, tu as même raison d'avoir peur vu ce que j'ai fait... mais surtout ne croit jamais que j'ai forcé qui que ce soit... je vais te raconter l'histoire de l'Hannah que je connais, ne m'interrompt pas et même si ça te passe peut-être au dessus, je ne l'ai dit à personne alors j'aimerai que tu considères ça...

Il prit une grande inspiration et enchaîna

Tu sais, j'ai toujours voulu être gentil,
plaire à tout le monde, mais en faisant ça je me suis effacé, j'était à deux doigts de n'être plus personne,
sans vraie personnalité, si je ne suis pas tombé là-dedans c'est grâce à une seule personne : Hannah.
C'était ma seule amie, la seule qui essayait de savoir qui j'étais vraiment et qui s'intéressait à moi. Bref, un jour nous étions tous les deux, dans la pénombre, je m'étais trompé de rue, j'avais pris une ruelle plus étroite et isolée et le drame arriva...

Il serra les poings

Je... j'étais impuissant, ils sont arrivés à trois, m'ont assommés par derrière, quand j'ai repris connaissance ils avaient déjà commencé, je paniquais je voyais la terreur dans ses yeux et j'ai alors déclenché mon pouvoir, le même que tu as ressenti hier, sauf que ce jour là il était beaucoup plus fort, mais aussi beaucoup plus douloureux, tellement que au lieu de la sauver je l'ai poussé en enfer... j'avais pensé à la toucher pour qu'elle ne subisse pas les effets mais après coup j'étais si faible que je ne pouvais plus bouger et je dû donc assister à ce spectacle sombre,néfaste,horrible. Je suis un monstre. Quand ils avaient finis leurs affaires je ne la vis plus jamais, elle s'était enfui chez elle, et devine ce que j'apprends le lendemain ? Elle n'était plus.

Il finit sa phrase avec un ton rempli d'un chagrin intense qu'il condensa en une seule et unique larme qui coula le long de sa joue.

« ..Eh, que t'ai peur de moi ok, je peux pas t'en empêcher, tu as même raison d'avoir peur vu ce que j'ai fait... mais surtout ne croit jamais que j'ai forcé qui que ce soit... je vais te raconter l'histoire de l'Hannah que je connais, ne m'interrompt pas et même si ça te passe peut-être au dessus, je ne l'ai dit à personne alors j'aimerai que tu considères ça... »

Tu prenais une grande inspiration et daignais lever les yeux vers lui pour lui montrer que tu allais écouter ce qu'il avait à dire. Il n'avait jamais dit cela a personne alors pourquoi à toi, était-ce parce qu'il avait confiance en toi ou car il était obligé ? Certainement la deuxième proposition. Soit.

« Tu sais, j'ai toujours voulu être gentil,
plaire à tout le monde, mais en faisant ça je me suis effacé, j'était à deux doigts de n'être plus personne,
sans vraie personnalité, si je ne suis pas tombé là-dedans c'est grâce à une seule personne : Hannah.
C'était ma seule amie, la seule qui essayait de savoir qui j'étais vraiment et qui s'intéressait à moi. Bref, un jour nous étions tous les deux, dans la pénombre, je m'étais trompé de rue, j'avais pris une ruelle plus étroite et isolée et le drame arriva... »

Ton coeur rata un battement, tu pouvais clairement deviner ce qu'il allait se passer par la suite. Ton imagination pris le dessus, tu te revoyais seule, en train de rentrer chez toi, ce fameux jour.

« Je... j'étais impuissant, ils sont arrivés à trois, m'ont assommés par derrière, quand j'ai repris connaissance ils avaient déjà commencé, je paniquais je voyais la terreur dans ses yeux et j'ai alors déclenché mon pouvoir, le même que tu as ressenti hier, sauf que ce jour là il était beaucoup plus fort, mais aussi beaucoup plus douloureux, tellement que au lieu de la sauver je l'ai poussé en enfer... j'avais pensé à la toucher pour qu'elle ne subisse pas les effets mais après coup j'étais si faible que je ne pouvais plus bouger et je dû donc assister à ce spectacle sombre,néfaste,horrible. Je suis un monstre. Quand ils avaient finis leurs affaires je ne la vis plus jamais, elle s'était enfui chez elle, et devine ce que j'apprends le lendemain ? Elle n'était plus. »

Ton coeur se serrait davantage plus le récit avançait, tu ressentais une profonde pitié pour cette jeune fille. Tu imaginais la douleur qu'elle avait pu ressentir ce jour là tout comme toi tu l'avais ressentie. Repenser à tout cela t'attristais énormément, malgré toi les larmes montaient à tes yeux. Nysphri aussi versa une larme, cela te fendit le coeur. Ce garçon n'était pas quelqu'un de mauvais, tu en étais à présent sure. Si bien évidemment son histoire s'avérait vraie. Mais au vu des détails figurant dans son récit et de son état actuel, tu étais presque sure que cette histoire était véridique. Malheureusement.

« Je suis désolée pour ton amie. »

Tu hésitais un instant puis ajouta,

« Mais tu sais, tout le monde n'a pas la chance d'avoir un ami prêt à nous défendre. »

Il ne regarda pas tout de suite la réaction de la jeune fille, trop occupé à prendre sur lui pour ne pas éclater en sanglots à nouveau, mais il se calma rapidement et observa alors la jeune Lexie.
Elle avait l'aire perturbée, normal vu ce que venait de dire Nysphri, mais elle semblait particulièrement touchée, ce qui jusqu'ici ne lui ressemblait pas, ainsi Nysphri fut étonné et commença à se poser des questions.

« Je suis désolée pour ton amie. »

(Elle vient vraiment de dire ça ?) Nysphri était encore attristé à cause de tous ses souvenirs affreux mais le fait que l'hautaine petit Lexie daigne dire le mot "désolé" lui rendit une sorte de joie visible grâce un petit sourire amical. Après un petit moment elle ajouta :

« Mais tu sais, tout le monde n'a pas la chance d'avoir un ami prêt à nous défendre. »

La première chose que l'on pourrait penser en entendant serait "c'est vrai" c'est d'ailleurs ce que pensa Nysphri, mais il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle disait ça comme ça, et maintenant, il descellait une sorte de message caché qu'il ne comprenait pas, où ne voulait pas comprendre en tous cas. Après un temps de réflexion il répondit avec un air énervé :

La chance ? C'est ce que tu penses?

Puis il prit un air plus doux et continua :

Mais... que veux-tu dire par là?

Et après avoir dit ça il la fixa, attendant de pied ferme plus d'informations.

« La chance ? C'est ce que tu penses ? »

Ta remarque semblait l'avoir énervé. Pourtant pour une fois ce n'était pas ton but, tu souhaitais même l'inverse. Tu avais essayé de le rassurer à ta manière, sans doute maladroitement mais tu ne pensais pas que cela l'énerverait à ce point.
Mais il sembla finir par se calmer, à ton soulagement. Tu n'avais pas envie de battre avec qui que ce soit là. Tu voulais juste te rouler en boule dans un coin et pleurer.

« Mais... Que veux-tu dire par là ? »

Son ton s'était adouci. Cependant cela ne te calmais pas du tout,  tu avais l'impression qu'il avait compris ton petit jeu, ce que tu avais implicitement dit. Tu serrais tes mains nerveusement en le fixant droit dans les yeux, prenant l'air le plus neutre possible.

« Bah... La plupart des femmes qui se font violer sont seule c'tout. »

Tu avais légèrement tiqué sur le mot "violer" mais tu espérais que cela passerait inaperçu, tu avais dit le reste de ta phrase sans encombre, d'un ton monotone. Malgré tout tu te sentais malaise d'avoir cette discussion, tu voulais y mettre fin au plus vite.

« Sinon, tu comptes laisser ton plateau par terre toute ta vie ? »


Tu avais repris ton air méchant et hautain par automatisme, comme si tu tentais de lui faire oublier ta gentillesse. Ne sachant quoi faire tu attrapais son plateau et lui tendais, prête à intervenir s'il touchait tes mains par inadvertance. Même si tu ne le détestais plus vraiment tu n'étais tout de même pas prête à ce qu'il te touche, même tes parents n'avaient pas droit à ce privilège.

« Bah... La plupart des femmes qui se font violer sont seule c'tout. »

Ce n'était pas les mots qu'attendait Nysphri, il avait l'impression qu'elle cachait quelque chose, surtout avec le fait qu'elle avait eu un léger arrêt sur le mot "violer", il était donc décidé à en savoir plus mais il fallait être discret et fin, ça devait sûrement être un sujet délicat surtout avec la caractère de cette fille là...
Il sentait que Lexie était de moins en moins à l'aise et essayait de sortir de cette situation, mais ce n'était pas le moment, il attendra le bon moment.

« Sinon, tu comptes laisser ton plateau par terre toute ta vie ? »

Même si il était habitué aux caractères désagréables, cette énième remarque désagréable l'agaça un peu, il répondit alors :

Pff, tous les mêmes ces rubis.

Il avait fait exprès de la comparer, de la mettre dans la catégorie pour la provoquer un peu et il se releva rapidement en prenant un air froid et hautain pour lui renvoyer son image et pour finir et il attrapa le plateau qu'elle lui tendait avec une main ferme et rangea tout avant de dire une dernière phrase :

Bon, ce fut un plaisir "Mademoiselle"...
j'espère qu'on pourra se revoir sans que tu veuilles me tuer."

On sentait l'ironie dans sa phrase, même si étant qui il est, il était un peu plus doux et fébrile dans la dernière partie de sa phrase, mais malgré tout il s'empressa de quitter les lieux avec un pas décidé pour faire une rupture avec la discussion, dans l'espoir de la faire réagir un peu.