La tempête faisait rage à l'extérieur. La pluie épaisse frappait sauvagement les vitres et les éclairs déchiraient le ciel nocturne en menaçant la maisonnée de ses hurlements. Effrayée, la jeune fille tremblante se cacha brusquement sous ses draps espérant fuir la colère de l'orage. Elle devait dormir depuis déjà un bon moment, mais son esprit était bien trop éveillé pour lui permettre une bonne nuit de sommeil. De plus, elle pouvait entendre autre chose. Quelque chose qui se dissimulait très bien à travers l'orage, mais qui n'était bizarrement pas passé inaperçu aux oreilles de l'enfant. Peut-être était-ce la peur ou encore la nervosité qui devaient lui donner toutes ces idées, mais, lorsqu'elle entendit une porte claquer près de l'entrée de sa demeure, elle se précipita hors de son lit pour rejoindre le deuxième étage afin d'aller se réfugier dans le lit de son frère. Celui-ci devait connaître ses peurs nocturnes et ne posa aucune question, mais la jeune fille avait bien entendu. Elle savait que son instinct ne lui jouait pas des tours et que quelque chose se passait tout juste sous leurs yeux, dans leur propre maison. Les minutes s'écoulèrent et le regard sombre de l'enfant observait la porte espérant que ses craintes n'étaient dû qu'à l'orage et la noirceur, mais plus le temps avançait, plus ses battements de coeur accéléraient. Alors qu,elle croyait devenir complètement folle, quelqu'un cogna à la porte, la faisant sursauter par la même occasion. Elle fut paralysée sur le moment, mais son frère se leva doucement sentant de plus en plus le danger de l'autre côté de la porte. Une fois à distance de tourner la poignée, il hésita. Pas longtemps, mais assez pour alimenter la frayeur de l'enfant qui était toujours recroqueviller dans les draps de soie, tremblante comme une feuille. La porte s’entrouvrit et elle aperçut l'une des bonnes du manoir. Son visage était ridé et des poches bien visible se trouvaient sous les yeux de la femme, mais, ce qui était encore plus flagrant, c'était le regard qui confirma toutes les craintes de la jeune fille. Elle se cacha sous les draps et n'entendit pas ce qu'ils se disaient ou plutôt, ne voulait pas en être consciente car elle préféra se concentrer sur les coups de tonnerres espérant que toute cette histoire n'était qu'un mauvais rêve, mais bien vite, son frère l'agrippa par le bras et la força à sortir de la pièce. Ses longs cheveux noirs étaient ébouriffés et elle ne pouvait tout simplement pas détacher son regard de son escorte. Il semblait soudainement beaucoup trop tendu et cela la rendait encore plus nerveuse. Ils descendirent les marches avant de se rendre silencieusement vers les cuisines, mais la jeune fille avait bien remarquer les portes défoncées de l'entrée et les traces de pas trempes sur le sol boisé du manoir... Elle se mit alors à trembler davantage, serrant de plus en plus la main de son frère. Ils longèrent les murs, mais personne en vu. Pourtant, lorsqu'ils furent près des cuisines, des voix s'élevèrent à travers les éclairs et la jeune fille remarqua à nouveau les traces sur le planché, mais des marques rouges les accompagnaient désormais. Du sang? Elle frissonna et du coin de l’œil regarda dans les cuisines en restant bien cacher derrière son frère craignant ce qu'elle pourrait voir. L'enfant ne savait toujours pas où se trouvait ses parents et elle ne pouvait voir que des hommes et femmes qui ne lui disaient absolument rien, mais elle reconnaissait la langue dans laquelle ils parlaient. Elle ne connaissais pas le Russe, mais elle pouvait distinguer l'accent des autres langues du nord. Son frère la sortit de ses pensées et la tira plus loin, espérant pouvoir atteindre la porte qui donnait sur l'arrière du manoir, là où se trouvait une épaisse forêt, mais les enfant furent rapidement pris de court. Leurs parents étaient attachés dans les congélateurs qui faisaient la facilement la taille d'une pièce à eux seuls. Ils avaient les lèvres bleues et un homme les menaçait d'une arme à la main.

- Où sont-ils?, siffla-t-il, Nous avons pourtant bien vérifier toutes les chambres alors ne me faites pas perdre mon temps plus que vous ne le faites déjà et je vous promet de vous achever rapidement.

Les deux adultes vaincus ne dirent rien. Ils fixèrent toujours le sol, le regard vide. L'homme s’impatienta et donna un violent coup de pied dans le ventre de leur mère avant de lui tirer une première balle à la tête. Il agrippa ensuite leur père par le collet, appuyant l'arme sous le menton de l'homme complètement abattu. La jeune fille observait avec horrifique le sang de sa mère couler au sol ainsi que l'homme qui avait toujours sembler si fort à ses yeux sur le point de connaître exactement le même sort.

- Toujours rien à dire? Et bien, tant pis.

Il tira une seconde fois et le corps de leur père s'écroula au sol. La jeune louve laissa un cris l'échapper et son frère finit par sortir de sa torpeur et agrippa solidement de nouveau son bras avant de prendre la fuite. Ils devaient sortir de cette maison à tout pris, car ils allaient être repérés un jour ou l'autre et ça, c'était seulement s'ils ne l'étaient pas déjà. Ils franchirent violemment la porte et furent frapper de plein fouet par la pluie qui faisait toujours rage à l'extérieur. Ils prirent la fuite dès qu'ils purent, car ils étaient suivis. Évidemment, ils n'avaient pas laissés beaucoup de chances de leur côté. Son frère lui lâcha la main et lui hurla de prendre le fuite avant lui. Elle ne se fit pas prier et prit ses jambes à son cou sans se retourner. C'est alors qu'elle atteignait l'orée de la forêt et que les éclairs déchiraient le ciel qu'elle subit sa première transformation. La pression ainsi que l'adrénaline bien trop élevé, cela joua sans peine sur son organisme et le frêle corps de l'enfant devenu une bête immense au pelage de jais et aux yeux perçant. C'est à ce moment qu'elle disparut finalement à travers les arbres sans savoir que son frère avaient été attrapé et emmené au loin. Elle était assourdit par le tonnerre et la peur de toute cette soirée lui causa un blocage dans la mémoire... un blocage qui dura des années, mais qui disparu avec le temps, car ils la retrouvèrent plus vite qu'elle ne l'aurait cru.

Notre jeune fille est désormais une grande femme de 20 ans et, malgré elle, elle fuit toujours ces hommes, mais plus pour longtemps. Elle quittait le pays, oui, elle se sauvait à nouveau, mais, cette fois, elle se rappelait de chaques détails de cette soirée pluvieuse et orageuse. Comment pourrait-elle l'oublier? Elle ne pouvait pas fuir éternellement et décida de rejoindre la Suisse espérant trouver refuge au sein de cette école qui acueillait les gens comme elle. Peut-être que une fois là-bas... la jeune louve pourrait enfin arrêter de courir sans jamais trouver le bout de cette course effranée.