Tout d'abord, commençons par le commencement, mes parents sont américains, et ouais, pure sang virginienne mesdames et messieurs. Ils ont "immigré" en Suisse pour "le travail de papa", j'étais même pas né donc je m'en tape un peu... C'est juste que la Suisse ça claque moins que les États Unis. Quant au travail de mon père, tout ce que je sais c'est qu'il travaille dans une entreprise d'impore-expore, mais j'en sais pas plus... J'ai pas non plus envie d'en savoir plus... Je m'en branle. Bon donc j'ai vécu à la campagne Suisse pendant un sacré bout de temps, dix-sept ans en fait, c'était un peu genre petite maison dans la prairie : la petite maison toute mimi, les parents qui s'aiment, une fille pas encore devenu punk et tout et tout, il manquait plus que le chien et la famille était au complet. Alors, l'enfance on s'en branle et on avance vite fait quinze ans en avant : c'est à partir de là que les choses ont commencé à fucked up : mes parents étaient plus trop dans l'esprit de la petite maison, les engueulades s'enchainaient sur tout et rien, j'étais au milieu... Vite fait sympathoch, mais on s'en lasse vite. A seize ans, c'était à se demander quand tout aller exploser : Papa dormait la plupart du temps sur le canapé, ils se parlaient presque plus, les soirées en famille avaient disparu et l'erreur ultime c'était de demander quelque chose qui nécessitait la participation et la coopération des deux à la fois. Pour ce qui est de l'argent de poche c'était à celui qui soudoierait le premier sa fille... Pitoyable. Bah après ça m'amusait bien, je commençais ma petite vie de rebelle : la coloration bleue, c'était un jeu d'enfant, pour ce qui est de la coupe... Il fallait choisir le bon moment, ça c'est tout de même fait. Je suis peut-être pas psychologue, mais ce que je faisais c'était une tentative pour ce faire remarquer ou un truc du genre... A la place ils s'engueulaient et cédaient à presque tous mes caprices.

Ouais donc... Un de ces jours, mes dix-sept passés, réunion de famille : "ton père et moi avons décidé de se séparer", alors avec mon look de petite junkie qui venait tout juste de se faire percer le nez, je les ai regardés, quelques secondes avant de leur sortir: "Non... Sans putain de blague ?". Après la séparation, c'est allé très vite, la garde alterné se résume à deux semaines pendant les vacances scolaires pour mon père et le reste de l'année pour ma mère. Mon père a gardé la maison ce qui a conduit ma mère a déménagé à Abondance... Droit dans les quartiers HLM... Elle espérait peut-être trouvé du boulot et commencer une "nouvelle vie", je sais pas, j'ai plus envie de savoir. La dernière partie de l'histoire c'est la meilleure, de famille, à peine six mois après la séparation, ma mère a déjà trouvée un remplaçant : une espèce de gros con sur pattes. Bon d'accord j'ai toujours du mal à accepter tout... Tout ça ! Mais qu'elle se mette avec ce gros débile de mécanicien m'a vraiment flingué. Mes parents mon trop dessus ces dernières années, les deux me foutent en rogne et j'ai plus envie de penser à eux et à quoi que ce sois qui les concerne.
Pour ce qui est de mes années scolaires, de base, j'étais pas une fille très studieuse... Mais là, c'était comme faire un croche pieds à un unijambiste dans les escaliers : c'est hyper drôle, mais ça fait mal. J'ai tout de même terminé mon degrés secondaire I, je l'ai terminé hein, pas réussi. Et puis arrivé à Abondance j'ai complètement décroché, la ville est devenue mon terrain de jeu. Je fais ce que je veux quand je veux. Ma mère et mon beau-père fond mine d'être autoritaire sans grand succès.

Maintenant que vous savez de où je viens et comment je suis arrivé ici laissez-moi vous introduire mon grand rêve : la liberté, me barré de ce foutu putain d'appartement ! La solitude. Bon comment faire pour avoir l'argent suffisant pour acheter un appartement quand t'as dix-neuf ans, que t'as aucun diplôme et que tu vis de base dans un quartier défavorisé ? L'illégalité ! Vous imaginez pas à quel point c'est facile de faire la rencontre des mauvaises fréquentations dans ce genre d'endroit : C'est l'effet boule de neige, tu rencontres une personne qui te présente à une autre et encore une autre, ainsi de suite jusqu'à trouver le bon boulot. Du coup je travaille pour le Parrain... Alors pas directement avec le Parrain, évidemment, mais je fais parti de son réseau, à vrai dire je l'ai jamais vu. C'est pas très catholique et ça paye pas si bien que ça mais c'est un bon début. Je deal la plupart du temps, on me donne des spots et des noms par sms, j'y vais, ils me donnent leurs tunes, je leurs file la drogue et je garde une petite partie de la recette, pas plus compliqué que papa dans maman. Quand on me dit de faire la garde du corps pour des "VIP", je le fais. Quand on me demande de vérifier qu'un mec ne nous double pas, je le fais. Tout ce résume en une phrase, courte, simple mais efficace : "Execute le boulot sans poser de questions et tout le monde sera content".
Avec ma majorité, j'ai plus à aller chez mon daron, je suis pas obligé de dormir non plus chez ma mère. Il reste plus qu'à être patiente. Un de ces jours je recevrais un message de "promotion" et la grande vie commencera enfin.