Une 4e visite médicale [Appia, Hideki, Zakita]

Une visite médicale supplémentaire et toujours aussi peu de retour. J'espère vraiment que tout se passe bien pour les élèves. J'ai beau travaillé avec ces gens, avoir passé du temps avec eux lors de ma formation, j'ai toujours autant de mal à leur faire confiance. La raison en est très simple, tout est totalement secret, je n'ai rien le droit de savoir alors que ce sont les élèves dont je suis censé avoir les responsabilités. Ce ne sont que de jeunes adultes pour la plupart, voire de jeunes adolescents qui n'ont pas tous eu les mêmes chances dans la vie, j'espère de tout cœur qu'ils ne leur font rien de contraignant.
8H00, devant la grille se trouve déjà la petite camionnette blanche, accompagnée d'une femme et d'un homme habillé tout deux d'une blouse, blanche elle aussi. Pourvu que les trois appelés ne seront pas en retard.
Je pars saluer les deux scientifiques ou médecins, je ne sais même pas quelle est leur fonction réellement. Tentant d'engager une brève conversation avec eux en attendant, j’apprends qu'ils ne sont pas d'ici. Apparemment l'un viendrait d'un autre pays d'Europe, la Suède, et la demoiselle serait Irlandaise. Après tout, pourquoi pas, c'est un mélangeant les cultures que l'on obtient une diversité professionnelle importante.

Cher journal,
Il m'est arrivé quelque chose d'étrange: j'ai reçu une nouvelle lettre de l'académie ! Mais cette fois-ci ce n'est pas pour m'inviter à les rejoindre (sinon, je me serais dit que leur administration était mal organisée), mais pour m'annoncer que je dois subir des "examens médicaux".
Je ne sais pas trop quoi en penser, mais je ne suis pas du tout rassurée...

La nuit précédant le départ, Appia n'avait pas beaucoup dormi. Enfin, encore moins que d'habitude, ce qui revenait à dire vraiment très peu. Avant de venir à l'académie, dans la clinique pédiatrique où elle était, les médecins lui avaient fait subir toutes sortes d'examens pour connaitre son état de santé. Elle avait eu le droit à des piqûres à gogo, au drôle d'appareil ou le docteur mettait des tuyaux dans ses oreilles, puis essayait d'écouter son cœur -ou sa respiration, elle ne savait pas vraiment-, on l'avait faite rentrer dans des machines pour -semblait-il- faire des images de son corps...
De par son expérience, Appia ne faisait pas confiance aux médecins. Il faut dire que la plupart de ceux de son époque étaient des amateurs et/ou des truands, et la meilleure solution pour rester en vie était de ne jamais tomber malade !

Ainsi donc elle avait peur de ce qui l'attendait. Peur de ces inconnus qui risquaient de la manipuler sous toutes les coutures, peur des aiguilles dans sa peu, dont les plaies mettraient des jours à se refermer, peur qu'on lui fasse subir quelque chose qu'elle ne comprendrait pas. Car en dépit de son passif la romaine avait encore, sinon plus, peur de la douleur et de la mort.

Et puis... contrairement aux autres docteurs qui l'avaient examinés, ceux-ci seraient certainement au courant pour ces histoires de "pouvoirs". Compte tenu du peu d'estime qu'elle avait pour les pratiquants de la médecine, elle ne supposait pas que leurs "examens" puissent l'aider... Mais alors de quoi s'agissait-il ? Peut-être serais-ce la un simple examen médical de routine, mais sinon ?...
Pouvaient-ils faire ça pour les... étudier ? Pour augmenter leurs connaissances sur les "pouvoirs" ? L'académie était-elle finalement un piège pour récupérer des personnes aux capacités spéciales, et les examiner ? Elle ne pouvait pas non plus exclure le risque (et cette possibilité l'effrayait) que l'on cherche à analyser les propriétés bizarres de son corps pour les copier, voire pour les lui voler ! Car, elle le savait (et quelque part cela gonflait son estime d'elle-même), allonger son espérance de vie était le rêve de nombreux humains depuis la nuit des temps !

En elle-même, elle décida ceci: si ces gens tentaient de lui faire le moindre mal, elle fuguerait, tout simplement !!


La veille au soir, Appia avait prévenues ses colocataires qu'elle ne rentrerait que le mercredi -en admettant que ça ne soit pas une ruse pour la mettre en confiance-, puis elle avait préparé son sac de voyage en y mettant des tenues de rechange pour les trois jours, ainsi que le minimum nécessaire.

Le matin venu, elle était tellement anxieuse qu'elle n'avait rien mangé ! Mais de toute façon, si l'examen médical ne se déroulait pas à l'académie, on risquait de l'y emmener en voiture ou en bus, et alors elle était sûre de tout vomir...  

Finalement, n'en pouvant plus d'attendre, elle décida de se présenter en avance devant les grilles de l'entrée. Bien lui en prît, car elle fut très longue à retrouver son chemin ! Mais là, alors qu'elle s'attendait à devoir patienter toute seule, grelottant dans le froid matinal, une boule dans le ventre, elle se trouva en présence de trois adultes. Le premier était un homme aux cheveux gris et au visage sympathique, avec une barbe mal rasée et de magnifiques colliers de perles accrochés à ses lunettes, et qui lui dépassaient des oreilles ! Appia supposa que c'était un professeur, ou un surveillant qu'elle ne connaissait pas, mais il émanait de lui une espèce d'aura qui donnait envie de lui faire confiance !
Il y avait avec lui deux "docteurs" en blouse blanche, un homme et une femme. Nettement moins rassurants, eux !

Prisca hésita un peu. Devait-elle 1) rester à distance, comme une jeune fille bien élevée, en attendant qu'on l'appelle, ou 2) venir à leur rencontre, ou encore 3) se sauver en courant ?!

A la réflexion, Appia se dit qu'elle était grande maintenant -du moins en théorie, et au sens figuré bien sûr-, aussi pouvait-elle très bien aller d'elle-même à la rencontre de ces gens ! Et leur parler... normalement. La Romaine s'avança donc vers eux, se composa un sourire aimable, et les salua.

- Bonjour, docteurs, et monsieur. C'est bien ici pour la visite médicale ? Je suis venue un peu tôt, j'espère que ça ne vous ennuie pas ?

Son visage se figea soudain à la vue de la camionnette garée près d'eux. Son sourire s'effaça, pour laisser place à l'horreur, liée aux très mauvais souvenirs laissés par son précédent -et seul- voyage en voiture.

- Oh non ! On ne va pas y aller dans cette... voiture ?!