Je suis désolé... (PV Tori)

Une semaine avait passé. Une semaine de regards croisés puis des yeux baissés. Même pas de salut, pas de sourire, pas de paroles. Rien. Ils se croisaient obligatoirement car ils étaient tous les deux de la maison Émeraude, mais il y avait un malaise palpable dès qu'ils étaient dans la même pièce. Pour quiconque les connaissant, ça devenait lourd. Pour eux ça l'étaient encore plus. Du moins, Marco espérait bien qu'il n'était pas le seul tourmenté par cette histoire. Il n'y avait pas un soir où il ne pleurait pas dans son oreiller. Il faisait tout bien sûr pour pas que ses colocataires le remarque. Il n'avait pas besoin de la pitié encore moins que la curiosité de ses camarades de chambre.

La nuit, comme le jour, le jeune homme s'engueulait lui-même mentalement. Mais qu'est-ce qu'il avait fait?! Combien de temps cela faisait depuis que Tori et lui avaient commencé à se fréquenter? Évidemment qu'elle n'allait pas lui raconter toute sa vie du premier coup et finir dans son lit comme dans ses visual novels. Quel con il avait été... Pour l'histoire de Leo, elle aurait bien fini par donner sa version des faits, non? Ou alors ça aurait eu aucune incidence sur eux, du moins si Venda ne l'avait pas prévenu...

Plus il y repensait, plus il se sentait imbécile. Il avait cru à cette histoire comme ça, sans demander à Tori à part comment elle le considérait. Marco soupira pour une énième fois. S'il n'était pas digne de Tori ce n'était pas à cause de sa supposée faiblesse, mais de sa monstrueuse connerie! La première moitié de la semaine, il l'avait ignoré par dépit et orgueil. À présent c'était par honte. C'était trop tard... Il avait vraiment tout gâché!  

L'émeraude se ressassait sa culpabilité amer encore une soirée dans le salon émeraude désert. Il se faisait tard et il commençait à réaliser qu'il plombait l'ambiance de la chambre. Au moins cette fois, le salon était désert...

Marco était recroquevillé sur le fauteuil dont il avait changé les pattes en or... Ça rappelait des souvenirs de sa première nuit à Tsuki. Il était descendu pour solidifier la chaise et aussi parce qu'il n'arrivait pas à dormir dans ce lieu si différent de chez lui. Il y avait rencontré Lucy d'ailleurs. Ils avaient le don de se croiser la nuit quand ils n'arrivaient pas à dormir. Ça lui manquait les conversations avec elle. Qu'était-elle devenue? C'était elle qui l'avait convaincu de ne pas partir quand il s'était fait battre dans le parc. Elle aurait peut-être les bons mots pour le conseiller sur sa situation épineuse. Il voulait revoir Tori... Il voulait la serrer dans ses bras et l'embrasser comme la première fois dans la cabane dans les bois. Ça avait été leur unique baiser d'ailleurs. Il se sentait si pitoyable.

Tori n'avait pas fait le pas pour lui démontrer ce genre d'affection, mais lui non plus. Il était autant à blâmer, si ce n'était pas plus pour ses doutes et cette dispute. Il voulait pleurer mais son corps semblait le lui refuser. Ses yeux avaient pleuré leur quota semblerait-il.

Il allait soupirer quand il entendit une expiration. Comme si le son était sorti avant qu'il ne fasse l'action. Marco se leva d'un bond, son coeur battant la chamade.

- Lucy!?

Il s'arrêta.

Oh...

Enfin, ce n'était pas une déception en soi, au contraire! Tori était là! ...Sauf qu'il ne pouvait pas exactement lui sauter dans les bras comme s'il ne s'était rien passé. Une nouvelle fois, le malaise se faisait sentir. Marco détourna le regard comme il le faisait d'habitude, mais cette fois-ci il ne bougeait pas. Il n'y avait personne pour être témoin de leur manège. C'était juste eux deux.

- ...

Marco avait ouvert la bouche avant de la refermer direct. Il se sentait comme un poisson rouge. Il fallait dire quelque chose. Ça ne pouvait plus durer! Tori pensait sûrement la même chose.

- Alors... euhm....

Bel effort Marco.

Voilà, le moment qu'il craignait ENCORE. Une impasse, ils allaient rester là à ne pas se regarder comme deux débiles et finalement partir chacun de leur côté et oublier cet échange. Ils allaient rester dans cette perpétuelle guerre froide où personne ne va tirer le premier et juste attendre en préparant les bombes chacun de son côté, juste au cas! Pourquoi c'était Tori et pas Lucy! Ou Kanade ou Kupo ou ou... Daa--- OU QUELQU'UN, N'IMPORTE QUI! Marco avait le goût d'aller s'enfuir comme Venda et juste espérer que Tori l'oublie... Marco Wakasa? Non connait pas.

- Désolée...

Ou alors ils allaient se mettre sur un accord commun et rompre... Ils ne l'avaient pas fait ''officiellement'' après tout. Une minute. Marco releva la tête vers Tori qui avait toujours la tête baissée. Pourtant il l'avait bien entendu. Pas de bruit ambiant pour le distraire et masquer les paroles de la jeune femme.

- C'est moi qui suis désolé...

Les paroles avaient sortit toute seule, mais avec un peu de mal, mais le reste se déversa comme un barrage qui s'écroule.

- J'aurais dut... J'aurais dut te parler. J'aurais dû t'expliquer! J'ai agis en imbécile Tori... Je... Je regrettes tellement!

Il la regarda, espérant, priant pour qu'elle lève les yeux vers lui.

Finalement Tori releva la tête et Marco fut frappé par une nouvelle vague de culpabilité en voyant son regard. Il ne voulait pas lui faire du mal... Elle méritait mieux que ça. Du coup il repensait à un conseil de Noa qui était très... ''Noa'' mais qui était débordant de vérité dans un sens. Le message général était de ne pas faire pleurer la personne que l'on aime.

- Non, je... C’est plutôt à moi de m’excuser… Au lieu de te répondre, je n’ai fait que poser d’autres questions et sur le coup, je ne me doutais pas que ça pouvait être vu comme un détournement de sujet ou un échappatoire… J’aurais dû être plus patiente et j’aurais dû prendre le temps de te répondre avant. J’ai réagi de façon irréfléchie.

- Tori...

Marco s'avança vers elle, a prenant par les épaules avant de l'embrasser sur les lèvres. À la fois pour essayer de faire taire sa culpabilité et parce qu'il le désirait. Elle lui avait manqué. Il voulait qu'elle le réalise. Le baiser se fit plus long et passionné que leur premier. Il sentait son propre coeur battre la chamade et la chaleur lui monter au visage. Pour avoir de l'air, Marco rompit le baiser.

Il rougissait d'un air penaud et ses yeux étaient luisants.

- ...J'ai aussi agi de manière irréfléchie. Tori... Il n'y a jamais eu de Léo avant moi, n'est-ce pas?

S'il avait simplement posé cette question la dernière fois, ils se seraient évités tellement de complications! Marco tenta de regarder Tori dans les yeux, attendant patiemment la réponse.

Tori ne l'avait pas rejeté, elle s'était abandonnée dans ce baiser et en le rompant, Marco avait juste eu envie de recommencer. Il avait entouré Tori dans ses bras lorsqu'elle l'avait elle-même enlacée. Il soupirait de bien être en la sentant ainsi contre lui. Comment avait-il put l'ignorer comme ça pendant toute une semaine? Crétin! Sombre crétin! Il ne voulait plus laisser partir Tori, il ne voulait plus jamais la faire pleurer! En entendant parler de Léo, elle avait secoué la tête. Un mélange de soulagement et de culpabilité envahissait Marco à ce moment là.

- Non, y a jamais eu de Léo et y en aura jamais.

L'asiatique sentait son coeur se serrer en la voyant manquer de laisser échapper un sanglot. Il tremblait de colère contre lui-même et contre celle qui avait provoqué tout cela...

- Je sais pas ce qu'elle t'a raconté, mais c'était qu'un jeune qui se faisait injustement frapper par une brute. Moi, je me suis interposée et c'est tout. Il s'est jamais passé autre chose.

Aussi tendrement que possible, Marco posa sa paume sur la joue de Tori, la caressant.

- Je me sens tellement mal de l'avoir cru! Je te demande pardon d'avoir douté de toi Tori.

Lui-même sentait les larmes lui venir aux yeux, mais avant de laisser ça venir, il embrassa à nouveau son amoureuse. Sa main se déplaça sur son épaule tandis que l'autre caressait son dos. Il voulait oublier tout ça, il voulait que Tori sache à quel point il l'aimait.

Ils durent une nouvelle fois se réparer pour respirer. Si ce n'était pas de ça, Marco ne la lâcherait probablement jamais. Tori en profita pour lui répondre:

- Ce n'est pas de ta faute, tu ne pouvais pas savoir. Tu l'as souligné toi-même, tu ne connais pas grand chose mon passé.

C'était peut-être vrai, mais Marco s'en voulait de lui avoir dit comme ça. Tori essuya ses dernières larmes avant de prendre ses mains dans les siennes.

- Écoute, je veux pas qu'un truc comme ça se reproduise. Tu peux me poser toutes les questions que tu veux sur ma vie. Il n'y a aucun problème. Je n'ai rien à te cacher, même pas les choses dont j'ai honte.

Marco se sentait rougir alors qu'il acquiesçait.

- Je ne veux pas te perdre Tori... Je ne veux plus faire quelque chose d'aussi stupide comme douter de toi. Tu sais... J'ai juste été jaloux inutilement en fait. J'ai cru qu'il y avait eu quelqu'un d'autre avant moi et... en fait ça ne me regardait pas.

Il se mordit la lèvre inférieure en baissant les yeux, mais les ramena dans ceux de la jeune femme blonde.

- Tu sais..., commença-t-il, caressant les mains de Tori.

Marco afficha un faible sourire timide.

- On a du temps devant nous. Évidemment que je veux savoir, apprendre à te connaître et te découvrir, mais... Ça ne se fait pas en faisant un interrogatoire. Je vais l'apprendre en passant du temps avec toi. L'important c'est que tu saches que je t'aime... Et que tu as toute ma confiance.