Arriver par la bonne porte. (Libre)

Rappel du premier message :

Ce jour là, il faisait beau.
   
    Kalth avait pris l’avion pour la première fois. Se sentir si loin de sa famille, de sa maison lui faisait éprouver une certaine tristesse. Lui qui avait toujours rêvé de partir ne cernait pas encore très bien ce sentiment. Bien sûr il n’était pas à l’autre bout du monde, mais il avait l’impression de ne plus rien avoir, de ne plus rien savoir. Il n’avait pour seuls repaires que ceux auxquels ses parents l’avaient habitué. Il les avait laissés en Irlande.
   
    En descendant du taxi, vêtu de sa chemise blanche, de son pantalon brun, et de son épaisse ceinture de cuir, Kalth se demanda combien avaient été là, à sa place, devant ce grand portail, traînant leurs valises derrière eux et songeant à ce qu’ils venaient de quitter. Peut-être certains n’osèrent-ils pas se retourner, de peur d’avoir de leurs parents la vision qui les ferait changer d’avis ? Peut-être d’autres se précipitèrent-ils tout simplement entre les imposants battants métalliques. Kalth était seul. Il n’avait qu’à avancer : au fond, il n’était là que pour ça. « S’évader » pensa-t-il. Il sourit. Les battants pourraient bien se refermer derrière lui, il se sentirait plus libre que jamais. Il ne restait plus qu’un obstacle : l’intégration. Il ne connaissait évidement que peu de chose sur l’académie Tsuki, des choses abominables : des choses administratives. Il ne savait rien de son histoire, si ce n’est sa fondation assez récente. Des énigmes pour plus tard. Il allait surtout devoir affronter la réalité d’une académie à laquelle ses parents ne l’avaient pas préparé : des gens. Des gens partout. Ses documents mentionnaient une maison, la maison Saphir. Il repensa en souriant à une de ses lectures, non des moindres.
   
    Kalth se décida enfin à avancer vers le portail. Au moins, avec celui-ci, il n’avait pas de doute quand à sa destination. Il tirait sa valise derrière lui et traversa la grande armature de fer. Une fois le portail derrière, il vit d’autres élèves qui vaquaient calmement à leurs occupations. Il senti un doux vent caresser son visage et filer entre ses doigts. Il s’arrêta. Qu'avaient ses doigts de si étrange? Kalth lâcha subitement ses valises et posa son regard sur ses mains. Ses gants ! L’imbécile ne portait plus ses gants ! Ceux-là même qui lui auraient offert une entrée paisible. Ceux-là même dont il ne pouvait pas se passer, pour peu qu’une poignée ne se tire que par les mains ! Dans le taxis ! Il n’était peut-être pas trop tard. Il se retourna et abandonnant ses valises, couru là où le taxis l’avait déposé. Il se stoppa en voyant celui-ci partir au loin. Cela pouvait paraître anodin de perdre ses gants, mais Kalth ne pourrait pas passer son temps à demander qu’on lui ouvre les portes dès sont entrée dans l’académie !  Si à la première tout irait bien, dès la seconde, il risquerait de tourner en boucle entre deux portes... Sans ses gants, il aura forcément besoin d’aide. Eh ça n'est pas en ouvrant avec ses coudes qu'il allait paraître normal! Kalth frappa un caillou de son pied en l’envoyant bouler le plus fort et le plus loin possible. Kalth revint auprès de ses lourdes valises en vrac par terre.

- À chaque fois que j’ouvre une porte... Celle-ci me conduit dans un lieux différent de ma destination... Si je veux que tout soit normal, j’ai besoin de gants... Je viens d’oublier les miens dans le taxi... Je n’aurai plus qu’à en trouver de nouveaux...

Ma première réaction fut :

-Ah merde.

J'étais sérieuse. C'était vraiment ennuyant on pouvoir qu'on ne pouvait désactiver. Puis je me mis à réfléchir un peu. Pourquoi ne lui trouvait-il aucune utilité à son pouvoir ? Il était très bien ! Bon ok, je pensais particulièrement à la fuite, ce qui ne fait pas très viril. Mais quand même ! Le garçon ajouta d'ailleurs quelque chose de plus :

- Peut-être qu’avec de l’entrainement je pourrais en faire quelque chose...

Nous étions presque arrivés. Un sourire malicieux pris place sur mon visage tandis que je disais sur le ton de la plaisanterie :

-C'est sûr. Quand tu l'auras bien amélioré, tu pourras l'utiliser pour créer une compagnie de voyage low cost pour les habitants de l'académie. Tu les fais payer pour passer une porte !

J'étais à moitié sérieuse. D'un côté, c'était pour dédramatiser le truc, il pensait que son pouvoir était inutile ! De l'autre, je trouvais amusante l'idée de payer pour passer une porte, même si l'idée en elle même était viable. Mana ne voulait-elle pas créer une société grâce à son don ? L'administration était désormais en vue. Enfin, le bureau des surveillants. Mais pour moi ça revenais un peu au même. Nous arrivâmes devant la petite dépendance, et je lui ouvris la porte en lui disant :

-C'est là.

Je ne rentrais pas à l'intérieur, les formalités administratives ne m’intéressaient pas le moins du monde. Je partis me percher sur une branche basse d'un arbre en face, tout en guettant le retour de mon camarade Saphir pour lui ouvrir de nouveau la porte. Il m'avait demandé quelque chose, j'allais pas le laisser aller je ne sais où avant d'avoir terminé ma mission ! Je me mis également à réfléchir à quel moyen il pouvait utiliser pour palier l'absence de ses gants...

La spontanéité de la jeune fille fit sourire Kalth.

-Ah merde.

    Comme en réponse à la malice qui se dégageait du sourire de l’Irlandais, Gwendoline plaisanta :

-C'est sûr. Quand tu l'auras bien amélioré, tu pourras l'utiliser pour créer une compagnie de voyage low cost pour les habitants de l'académie. Tu les fais payer pour passer une porte !

    L’idée fit s’échapper un léger rire au jeune homme. En effet, sur le long terme son pouvoir était intéressant... Il avait déjà réfléchis à quelques utilités, mais il ne pensait pas qu’il puisse y en avoir autant.

- Une panne de réveil ? Un colocataire agaçant ? Une attaque ninja ? N’arrivez plus jamais en retard en cours avec Kalth’s compagnie ! Bon le nom reste à retravailler...

    Rapidement, ils furent arrivés près d’une dépendance, que Gwendoline présenta comme l’administration.

-C'est là.

    Si la jeune fille ne pénétra pas la pièce, elle tint la porte. Kalth la remercia du regard et lui laissa la garde de ses valises.

- Merci, je devrait n’en avoir que pour un instant.

    Il s’engouffra dans le cadre et pu rapidement interagir avec la secrétaire, sans s’attarder sur l’apparence de la pièce. Une fois les clefs en main, il se dépêcha de ressortir, pour rejoindre Gwendoline et ses valises, l’air victorieux.

- Voilà ! Je les ai !

    Bien, maintenant il ne lui restait plus qu’à trouver le dortoir des fameux Saphirs... Encore une fois, il allait s’en remettre à sa nouvelle connaissance.

- Je prendrais bien la prochaine porte pour le dortoir Saphir, malheureusement, mon réseau n’est pas encore au point... C’est loin ?

    Kalth était plutôt content. Bien que tous n’aient pas été très sympathiques pour son arrivé, Gwendoline, elle, savait se montrer jovial. À ce propos, avec elle Kalth s’était sentis plus à l’aise depuis que Quiet était parti, ne serait-ce que pour une question d’entourage. Il se hasarda à une petite plaisanterie.

- Si tu veux, lorsque ma société sera populaire auprès de tous les retardataires de l’académie, tu auras droits à quelques petites ristournes...

-Une panne de réveil ? Un colocataire agaçant ? Une attaque ninja ? N'arrivez plus jamais en retard en cours avec Kalth's compagnie ! Bon le nom reste à retravailler...

Je laissais échapper un petit rire. Il ressortit assez rapidement du bureau, avec un air réjouit ses clés en mains :

-Voilà ! Je les ai !

Je descendis rapidement de mon perchoir, tandis qu'il continuait :

-Je prendrais bien la prochaine porte pour le dortoir Saphir, malheureusement, mon réseau n'est pas encore au point... C'est loin ?

Je haussais les épaules en disant :

-Ça dépend de ce que tu appelles loin ! Les différents dortoirs sont là-bas ! Émeraude, Rubis et Saphir ! On assigne une maison à chaque élève, à priori selon le caractère de chacun.

Je levais le bras, en désignant les trois bâtiments. Tandis que l'on avançais en direction des dépendances, je regardais rapidement autour. Aucune trace de l'empêcheur de tourner en rond, tant mieux. Des fois je me demandais pourquoi il était Saphir lui. Il savait tellement bien foutre la merde qu'on aurait pu le mettre chez les rubis. Sûrement qu'il était bien trop associable pour ça... Le nouveau rompit à nouveau le silence :

-Si tu veux, lorsque ma société sera populaire auprès de tous les retardataires de l'académie, tu auras droit à quelques petites ristournes...

Je lui souris, franchement amusé tout en lançant :

-Encore faudrait-il que je fasse partie de ces retardataires ! Et puis c'est mon idée après tout, alors il y a intérêt d'abord !

Je lui fit un clin d’œil. Cela me faisait bizarre de plaisanter avec quelqu'un, surtout un presque inconnu. Les événements avaient fait qu'il m'arrivais rarement d'avoir l'occasion de rire. Je redevins un peu plus sérieuse, alors qu'on arrivait dans le bâtiment :

-Tu verras, les Saphirs sont calmes. Enfin normalement. Chacun fait sa vie un peu de son côté ici. Des fois c'est pas plus mal... Le premier étage, est l'étage des garçons. Tu devrais réussir à trouver ta chambre sans trop de problèmes, les numéros sont marqués normalement. Et pour ouvrir la porte... Eh bah tu peux peut-être mettre les mains dans tes manches... Ou ouvrir avec les coudes !

J'espérais qu'il ne pensais pas que je l'abandonnais parce que je n'en avait rien à faire. Mais il y avait un règlement... Au moins, on sait pourquoi je ne suis pas Rubis moi ! Je restais plantée un peu comme une idiote, ne sachant plus vraiment quoi faire. Je finis par aller m'asseoir dans un des fauteuil, au milieu des autres Saphir vaquant à leurs occupations, trop concentrés, ou trop timides pour nous saluer, ne serais-ce que par un mouvement de tête... Comme d'habitude...

L’irlandais eu la réponse rapidement. Gwendoline désigna en levant le bras les trois bâtiments qu’on voyait un peu plus loin.

-Ça dépend de ce que tu appelles loin ! Les différents dortoirs sont là-bas ! Émeraude, Rubis et Saphir ! On assigne une maison à chaque élève, à priori selon le caractère de chacun.

    Kalth ne put s’empêcher de remarqué la répartition entre les trois maisons assez divisées. Chaque dortoir serait en fait un « entre-soi », en confrontation avec les deux autres. Pendant ce temps Gwendoline répondait à la plaisanterie avec un clin d’œil.

-Encore faudrait-il que je fasse partie de ces retardataires ! Et puis c'est mon idée après tout, alors il y a intérêt d'abord !

    C’était agréable, pour Kalth, de pouvoir plaisanter avec une inconnue. L’Irlandais n’en avait pas beaucoup eu l’occasion de dans sa vie. Il y avait peu de monde, et en terme de proximité, ils n’étaient qu’à deux, il pensait donc pouvoir se le permettre.

    Ensemble, il arrivèrent dans le fameux bâtiment des saphirs. Gwendoline prit un air sérieux.

-Tu verras, les Saphirs sont calmes. Enfin normalement. Chacun fait sa vie un peu de son côté ici. Des fois c'est pas plus mal... Le premier étage, est l'étage des garçons. Tu devrais réussir à trouver ta chambre sans trop de problèmes, les numéros sont marqués normalement. Et pour ouvrir la porte... Eh bah tu peux peut-être mettre les mains dans tes manches... Ou ouvrir avec les coudes !

    Effectivement, tout autour les quelques habitants du dortoir présents vaquaient à leur occupation sans se préoccupé des nouveaux venus. Pas un regard. Au contraire, ils étaient tellement concentré ! Cela plut à Kalth. Les derniers mots de Gwendoline lui arrachèrent un léger rire suivit d’un sourire.

- Merci beaucoup, pour tout. Je devrais pouvoir me débrouiller... enfin je crois. À bientôt j’espère !

    Il l’aimait bien, ou du moins, il la trouvait gentille. Le nouveau venu emprunta l’escalier, portant ses valises à bout de bras. C’était la dernière ligne droite. Lorsqu’il arriva devant la porte, il enfonça la clef, la protégeant avec sa manche, la tourna, la retira et enfin, de sa main protégée actionna la poignée pour découvrir sa nouvelle maison. Devant lui se trouvaient cinq lits, dont deux inoccupés. Il posa ses valises et choisit son lit. Il commençait enfin à se sentir libre.