La nuit au cimetière [Terminé]

23h27. Si des gens ont aperçus l’annonce que j’ai affichée dans l’Académie, ils ne devraient plus trop tarder. L’atmosphère lugubre du cimetière correspond plutôt bien à ce que nous allons faire cette nuit : la chasse aux fantômes. Même si je suis septique quant à la présence d’esprits ici. En même temps, il se passe tellement de choses étranges ces derniers temps qu’il serait idiot de ne pas y croire. Mais bon, comme on dit : "Je ne crois que ce que je vois". Je me tiens près de la porte, attendant mes hôtes. La collectivité m’a demandé de m’occuper de cette affaire, bien qu’à la base je n’en avais aucune envie. Je ne suis qu’une petite employée… Et en plus, ils ignorent que je suis élève de l’Académie Tsuki (sinon, ils n’auraient jamais acceptés de m’embaucher). Bah oui, je travaille au cimetière de la ville, et alors ? L’endroit est calme, et à part quelques souris, je ne croise pratiquement personne à mes horaires de travail. La solitude… c’est ce qui m’a fait choisir cet emploi à mi-temps. Ce que je fais ? L’entretien, principalement. Et maintenant, je suis guide touristique dans un cimetière. Comme quoi… Je soupire. Dans le ciel, la lune ne nous illumine pas de sa lumière, si douce, si froide. Si seulement personne ne venait, je pourrais enfin retourner à l’Académie. Quoique non, c’est trop tard, les grilles doivent être closes à l’heure qu’il est. Soit "l’enquête" dure une bonne partie de la nuit, soit il va falloir passer le reste de la nuit à dormir à la belle étoile. Je soupire une nouvelle fois.

23h29. Toujours personne en vue. A côté de moi, je vois un pot de fleur qui a été renversé : sûrement une petite souris imprudente. Je me penche vers la tombe en question, et relève le pot. Rapidement, j’enlève la terre qui s’est renversée sur le marbre. Il faut respecter ses morts. Il faut respecter la mort. C’est peut-être aussi pour cela que j’ai choisi de travailler au cimetière. Pour me racheter de tous les meurtres que j’ai commis. Pour respecter la mort de ceux que j’ai tués.

En ce moment je me baladais énormément dans les couloirs, j'observais, j'écoutais, je regardais attentivement tout ce qui se passais, je découvrais au fur et à mesure les élèves et employés qui se déplaçaient dans l'ensemble de l'immense académie, tout ça sans un mot. Je n'avais adressé la parole qu'à une jeune demoiselle en arrivant au banquet, quelques secondes avant qu'elle ne plonge dans les toilettes. Je l'avais vu pâlir d'un coup, j'ai bien compris que quelque chose ne passait pas, ce sont des choses qui arrivent.
Seulement, en passant une nouvelle fois devant le panneau d'affichage, une feuille froissée avait attirée mon attention, et c'est pour cette raison qu'aujourd'hui je me retrouve dans ce cimetière. Je ne sais plus qu'elle heure était indiquée sur le bout de papier mais j'étais venu bien en avance pour visiter tout d'abord ce lieu plutôt insolite. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas rendu visite à quelqu'un dans un cimetière. La dernière fois, c'était ma défunte mère, je savais que j'aurais dû aller la voir avant de venir. Tant pis, j’appellerais Chikara pour qu'il aille la voir de ma part.
Cela faisait peut-être une bonne demie heure que je me baladais ici, et j'avais déjà fais le tour de la plupart des tombes. A première vue, rien d'anormale, pas d'entités ectoplasmiques, juste le silence du respect des morts, rien de plus. En passant dans une allée, je remarquais une jeune femme près de l'entrée, accroupie devant une tombe à ramasser un pot de fleur. Sans un bruit ni un mot, comme à mon habitude, je me dirigea vers elle, jusqu'à me retrouver quelques deux à trois mètres derrière elle. Je m'arrêta, m'appuya contre un mur d'enceinte du cimetière et lui adressa la parole sans savoir de qui il s'agissait, je l'avais seulement aperçu dans un couloir à l'académie lors d'une de mes très nombreuses balades.

C'était un proche ou une connaissance ?

Si elle se trouvait ici pour se recueillir, il fallait y aller doucement, ce n'est jamais agréable pour quelqu'un de venir ici lorsqu'on y a de la famille. Mais si elle est venue pour la même raison que moi, je le saurais très rapidement.
La lune n'était pas au rendez-vous ce soir, cela allait être une nuit très sombre... Ce n'est pas pour me désavantager, ça me permettra une meilleure discrétion si besoin est.