De l'inattendu au prévisible [Pv Yumi J. - FIN]

Rappel du premier message :

Le lendemain de ma sortie au cimetière, et de ma discussion avec Riley, j'étais motivé pour écrire cette fichue déposition. Mais, pour cela, je savais que j'avais besoin d'aide. Pas pas de n'importe qui! Il me fallait une personne en qui j'ai confiance, qui connaissait tout ou partie de mon passé et qui pourrait m'aider à écrire sans se moquer. Je savais qui correspondait à tous ces critères. Ça tombait bien puisque j'avais très envie de la revoir. Nous n'avions pas cours et j'en profitais pour courir dans toute l'académie à sa recherche. Non, mais une jeune fille, brune aux cheveux longs (non, pas Riley!), mesurant environ 1m60 et qui avait de magnifiques iris dorés, ça devait pas courir les rues! Et j'étais le premier à pouvoir dire que la réponse était non. Alors pourquoi est-ce que je n'arrivais pas à la croiser dans cette école?! Elle ne pouvait pas être plus immense que cette ville tout de même!

Comme il me semblait qu'elle n'était pas à l'intérieur, je tentais de la chercher dans le parc intérieur. Là, trois principaux choix s'offraient à moi, sans compter le portail :
- le terrain d'entraînement : non, ce n'était pas l'endroit où j'imaginais mon ange.
- le jardin : pourquoi pas, mais pour quoi faire?
- la serre : idem.
Après une hésitation d'une minute ou deux, je courais vers la serre en priant le ciel pour qu'elle y soit. Essoufflé, je marchais d'un pas rapide à l'intérieur de la structure de verre. Je ne pris pas le temps d'observer les diverses plantes qui se trouvaient là.
Lorsque j'entendis des voix qui sonnaient sur le ton de la conversation, je ralentis pour m'approcher discrètement. Elle était là. Elle était toujours aussi belle. Et elle semblait joyeuse. Un sentiment de culpabilité vint m'étreindre quand je pensai à la raison pour laquelle je la cherchais. Je m'en voulais de vouloir l'arracher à ses amies pour la mener vers un sujet plein de douleurs. Devais-je vraiment lui infliger ça?
Ne voulant pas la déranger, je fis mine de partir quand une des filles s'exclama :

- Eh! Regardez les fille! Canon à deux heures!

Je me statufiai. Si c'était de moi qu'on parlait, c'était pas drôle! Mais je ne pouvais ni m'enfuir, ni m'énerver. Maintenant qu'elle m'avait vu, autant que je lui dise bonjour... quoi que... c'était pas gagné...

Elle reposa sa tête sur mon épaule. Allait-elle pleurer à nouveau? Non, je pensais que non, puisqu'elle s'était simplement collée à moi. J'avais l'impression d'être sa bouée de sauvetage et ce sentiment me plaisait. Le fait qu'elle ait besoin de moi me plaisait. Elle me prit aussi ma main après avoir suivit mon bras en une caresse comme elle savait les faire. Enfin, elle commença un récit que je commençais à attendre :

- Tu sais, je… J’ai l’impression d’avoir vécu pour rendre mes parents heureux. Je voulais les voir sourire, mais… je n’y arrivais que très peu. Moi j’étais heureuse, enfin… Je crois. Et quand on m’a dit pour ma sœur, plus j’y pense, plus j’ai l’impression de… lui avoir volé son bonheur.

Si je faisais la liste des points importants de ce qu'elle venait de me dire, je dirais :
- elle était ce genre de fille qui ferait n'importe quoi pour rendre les autres heureux
- elle avait une soeur.
Mais je ne comprenais pas le fait qu'elle ait l'impression de lui voler son bonheur. De ce que je savais, même si c'était peu, nous pouvions tous être heureux sans pour autant voler celui des autres. Alors pourquoi?

- Puis je me suis dit qu’elle était née avant moi. Ils l’ont reniée. Et j’ai pensé que… J’ai le même prénom qu’elle. Ils m’ont eue après. Et… Est-ce que tu crois que je suis un enfant de remplacement ? Qu’ils ne m’ont eue que pour sauver leur honneur ? Je… Ils m’ont eue pour… Pour la remplacer…

Deuxième liste :
- sa soeur était plus âgée qu'elle
- ses parents semblent odieux, penser que tout leur est dû et qu'ils ont tous les droits
- elle souffrait du comportement de ses parents.
Mais je ne comprenais toujours pas ce qui s'était passé. J'avais l'impression qu'elle me parlait par énigme sans me donner les vrais détails.

- Des fois, je pensais que j’aurais préféré ne pas naître. Ca aurait voulu dire qu’elle était acceptée. Et elle n’aurait pas souffert. Je suis sûre qu’ils ne m’ont eue que pour ça, et… Ils ne m’ont jamais dit qu’ils étaient fiers. Mais j’étais heureuse, malgré toute la douleur que mon pouvoir me donnait. Enfin… Ça me fait mal d’être née pour remplacer ma sœur, parce qu’ils voulaient la faire souffrir. Je n’ai jamais voulu me donner la mort, mais je… J’aurais préféré ne pas naître, parfois. Pas par orgueil, mais pour ce ça impliquait par rapport à ma sœur. Mais j’ai honte de ressentir ça. Parce que maintenant je suis dans tes bras, et que j’adore ça.

Je ne répondis pas. Avec tout ce qu'elle m'avait dit, j'hésitais sur comment réagir, bien que j'ai une préférence pour une des solutions. Si je le faisais, elle risquait d'être bien surprise.

- Je crois que je vais avoir du mal à ne pas garder ce qui ne va pas pour moi. Parce que je veux te voir heureux, et… Et que ça me donnerait l’impression de polluer ton bonheur. Mas je te promets de faire des efforts. J’aimerais oublier, mais… cette idée que je suis l’enfant de secours me hante. Et je ne sais pas comment faire pour passer à autre chose.

Le moment étant venu, à mes yeux, de lui remettre les idées en place. Je commençai donc par lui dire :

- Tes parents sont des imbéciles. Et ça serait dommage que tu en devienne une en pensant ça! Je ne sais pas ce qui s'est passé puisque j'étais pas là et que tu ne m'as pas vraiment expliqué ce qu'il s'est passé.

Je la pris par les épaules pour qu'elle me regarde. Je ne souriais pas. J'étais en colère contre ses parents, contre les sentiments qui étaient nés en elle et l'idée de vouloir disparaître. C'est ce que je tentai de lui faire comprendre :

- Tu te rends compte que me dire que tu veux disparaître c'est horrible? Oh! Et puis zut!

J'étais loin d'être aussi doué qu'elle avec les mots. C'est pourquoi je mis mon épaule au niveau de son ventre et que je me relevais avec elle sur mon épaule. Tout en me dirigeant vers la sortie de la bibliothèque, je lui fis :

- Allons donc demande à ta grande soeur ce qu'elle pense de toi, si elle regrette ta naissance et surtout de nous raconter ce que lui ont fait tes parents.

- Tes parents sont des imbéciles. Et ça serait dommage que tu en devienne une en pensant ça! Je ne sais pas ce qui s'est passé puisque j'étais pas là et que tu ne m'as pas vraiment expliqué ce qu'il s'est passé.

Oh. Je n’aurais pas dû lui dire tout ça. Mais…Il m’avait dit de lui dire… Il pensait vraiment que j’allais devenir une imbécile ? J’étais certaine de lui avoir expliqué, mais peut-être que non, finalement. Alors que j’allais parler, il me prit par les épaules. Il avait l’air énervé.

- Tu te rends compte que me dire que tu veux disparaître c'est horrible? Oh! Et puis zut!

Il me souleva sur son épaule. Il avait vraiment fait ça ? Pourquoi ? J’étais tellement surprise que sur le moment, je ne pouvais plus rien dire ou faire.

- Allons donc demande à ta grande soeur ce qu'elle pense de toi, si elle regrette ta naissance et surtout de nous raconter ce que lui ont fait tes parents.

Quoi ? Je ne pouvais pas lui demander de raconter tout ça, alors qu’elle en était encore traumatisée ! On aurait pu aller voir son copain à la place, ou une de ses amies ! Ils n’en sauraient pas autant qu’elle, mais… J’étais sûre que son copain était au courant. La façon dont il m’avait regardée quand j’étais arrivée voulait tout dire. Il avait eu peur, et était presque prêt à se battre avec moi pour qu’elle reste. Ne sachant pas quoi faire, je me mis à gratter doucement son dos.

- Yasushi, tout le monde nous regarde. S’il te plaît, repose-moi.

Il continua à marcher dans l’académie. Il n’allait pas me reposer ? Et si je faisais mine de tomber ? Hm. Il était trop fort pour me laisser basculer, et même s’il me laissait faire, je ne voudrais pas me faire mal.

- Yasuchou. Je crois qu’on fait peur aux gens. Tu sais, je peux marcher à tes côtés, je ne m’en irai pas. Si tu ne me repose pas, je vais euh… Si tu me repose, je t’embrasse !

Ça ne marchait pas non plus. Il ne me reposerait jamais. Tant pis !

- Tu n’as jamais vu ma sœur, tu ne pourras pas la reconnaître ! Si je marchais en te tenant la main, ça irait ! Je ne vais pas m’échapper, juré !

Plus on croisait de gens, plus ils étaient étonnés. Moi qui détestais les ragots, là, j’avais tout gagné. On serait forcément au centre de discussions, comme « Hé, il paraît que ce garçon a porté cette fille sur son épaule ! Tu crois qu’ils faisaient quoi ? ». Mais tant pis. Il ne me restait plus que deux choses à faire : rétablir le sens de ce que je voulais dire, et chercher ma sœur.
Désespérée, mais d’un ton doux, je lui dis.

- Je n’ai pas dit que je voulais disparaître, tu sais ? Juste que si tout avait bien été pour ma sœur, je ne serais sûrement pas née. Et que dans ce cas, pour elle, j’aurais préféré ne pas avoir à naître. Mais je ne ressens plus ça ! Surtout quand je suis avec toi, je suis contente d’être là ! Je ne voulais pas te blesser, désolée. Mais, hm. Je pense que ma sœur a des chances d’être dans le jardin, alors…

Il prit la direction du jardin et avança dans celui-ci. Je souriais aux gens qui me regardaient bizarrement. En fin de compte, c’était plutôt marrant d’avancer sans avoir à marcher. Comme si je volais, mais sans avoir à faire pousser mes ailes. Je caressai son dos, pour lui montrer que je comptais coopérer.
Il marchait, tout droit. Tout le monde nous regardait, mais à un moment, je reconnus un visage. Yumiko ! Je tapotai le dos de mon transporteur.

- Fais demi-tour et vas vers la jolie blonde assise sur le banc, là-bas !

Je redoutais un peu. Pas leur rencontre. Bon, il était sûr qu’elle n’allait pas bien comprendre pourquoi je n’avais pas simplement marché à ses côtés, et peut-être même qu’elle aurait peur de lui, mais j’avais encore plus peur de ce qu’elle allait nous apprendre. Et de son état à elle quand elle parlerait.

- Merci, mon cœur. De vouloir m’aider à en finir avec ça. Je t’aime.