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Et si on s'improvisait détective? [PV Sidney J. Pond]

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Message par Invité Ven 17 Juil 2015, 20:38

Sidney Jane Pond
Maison Rubis
Chambre 6F
Pouvoir inconnu


Assis sur le rebord de la fenêtre, il fit tourner la photographie entre ses doigts. Prise par le photographe du journal dans la salle de sport alors que la cible était en train de s’entraîner. Ce type était une petite merveille de la discrétion, de la précision et surtout de la rapidité concernant les petits services qu’il lui demandait souvent.

Sidney Jane Pond

Il murmura son nom du bout des lèvres. Il y avait toute une espèce d’atmosphère mystérieuse autour d’elle. On la disait imprenable, adepte de la disparition pour réapparaître dans un tout autre endroit. Certains la pensaient capable de métamorphose sur son propre corps, d’autres disaient qu’en la regardant dans les yeux trop longtemps, le jaune de sa pupille nous brûlait de l’intérieur. Certaines rumeurs faisaient valoir qu’elle aurait essayé de braquer une banque, d’autres que la couleur de sa peau très pâle était due à une maladie mortelle qu’elle avait contractée très jeune.

Sidney Jane Pond

Il fit glisser son pouce le long des contours de son visage. Il avait l’impression qu’il y avait une agitation autour d’elle. Ou alors, pour une fois, prêtait-il une attention particulière aux rumeurs de l’Académie parce qu’il était fasciné par la demoiselle. Il secoua la tête en regardant au loin. Fasciné ? Bah merde, certainement pas ! Presqu’étonné par son propre comportement, il ne put s’empêcher de lâcher un soupir. Il était loin d’être ravi de cette situation, sa curiosité avait juste été titillée.

Ne supportant pas que quelque chose ne lui échappe, il avait décidé de déjouer le mystère. La photo – d’ailleurs en y repensant, à l’instant présent il ressemblait plus à un psychopathe prêt à s’attaquer à sa prochaine cible qu’à autre chose - d'abord ; puis il avait monnayait quelques informations à l’une de ses colocataires contre un verre le week-end d’après. Honnêtement, cette histoire de verre ne l'enchantait guère mais il n'avait pas eu le choix. Au moins, il pu précieusement apprendre qu’elle se rendait souvent dans un bar en particulier : il tenterait sa chance ce soir.

A la nuit tombée, il avait enfilé un pantalon noir et un simple tee-shirt blanc qu’il avait recouvert d’une veste. Il ne savait pas s’il était excité ou nerveux du défi qu’il s’était lancé, mais il ressentait cette sensation si particulière qui à la fois compresse le cœur et le rend plus libre. Dans tous les cas, ça rendrait sa soirée beaucoup plus palpitante.

Il escalada avec aisance la grille de l’Académie, un passage qu’il empruntait si souvent que ses mains et ses pieds connaissaient par cœur la forme des prises. Il choppa au passage un bus de nuit presque vide, ce qui n’était pas si étonnant pour un mardi soir. Il regarda par la fenêtre, plus par plaisir d’avoir le regard accroché au loin plutôt que pour observer le paysage – Duquel il ne voyait d’ailleurs pas grand-chose avec une telle obscurité. Il avait peut-être été idiot de bouger un mardi soir : il aurait certainement eu plus de chance de tomber sur elle samedi. Il haussa les épaules. Au pire, il passerait une bonne soirée comme il les aimait et il reporterait son enquête de quelques jours.

Arrivé en ville, il arpenta les rues à la recherche dudit bar. Jamais il n’y avait mis les pieds mais il connaissait de nom. Myo, un rouquin qu’il appréciait bien, avait dû lui en parler une ou deux fois pour lui raconter ses aventures féminines. Il sourit en tombant sur l’enseigne et observa l’endroit quelques secondes avant de s’engager vers l’entrée.

« Eh, excuse-moi ! »

Il se retourna à l’appel de la voix. Il n’était pas certain que c’était à lui qu’on s’adressait mais en voyant le regard posé sur lui, ses doutes furent confirmés. Un vigile deux fois plus grand lui avec des bras qui faisaient trois fois la taille de ses cuisses. Mmh, oui, Hulk ?, pensa-t-il en réfléchissant à vive allure à la manière dont il pourrait se débarrasser de lui pour mener à bien ses projets. Allait-on lui refuser l’entrée parce qu’il n’était pas un habitué ? Il ne s’arrêterait certainement pas à la première difficulté et ferait jouer sa capacité à embobiner les gens pour arriver à ses fins. Ou alors il pourrait dire qu'il était un pote de Myo?

« Cette veste-là, je pourrais savoir où tu l’as achetée ? »

Muro regarda le colosse en levant un sourcil, faisant tout son possible pour réprimer un fou rire. Eh bien si ce n’était que cela…

Après une vingtaine de minutes à essayer de se débarrasser de cette victime de la mode, le jeune homme put enfin accéder à l’intérieur du bar. Une bonne ambiance y régnait, quelques clients étaient même déjà sur la piste de danse, mais la chaleur était étouffante. Il se dirigea vers le comptoir : il avait besoin d’un verre pour s’hydrater et calmer cette gorge sèche. Mais il s’immobilisa en apercevant, dos à lui, une longue chevelure rouge. Il sourit. Je t’ai trouvée Sidney… Il se fraya un passage et pris place sur le tabouret à droite de la jeune fille – Quelle chance, vide il était !

« Un whisky coca, s’il-vous-plaît ! », commanda-t-il en levant la main pour attirer l’attention du barman. Il se tourna vers l’étudiante et s’approcha de son oreille pour que la musique ne recouvre pas ses paroles. « Je vous offre un verre ? » Il n’avait aucune idée si elle le connaissait ou non, mais il aviserait. Le but était surtout d’en savoir plus.
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Message par Sidney J. Pond Dim 02 Aoû 2015, 17:09

Ce que j’avais été imprudente de laisser la brochure de mon bar préféré sur ma commode de nuit ! A cause de cette inattention, l’on pourrait à présent me trouver facilement lorsque je m’échappais en pleine nuit des griffes acérées de l’Académie. Et je pensais bien que j’allais faciliter les choses à quelqu’un, en cette fraîche nuitée…

Etalée sur mon lit, une main derrière la tête et les yeux vissés sur la lettre griffonnée avec hésitation que j’avais trouvée plus tôt dans la soirée sur mes draps, je soupirai, m’allumant une cigarette. Après quoi je rapprochai ladite lettre de mes yeux et la relus une énième fois.

« Sidney,

Je suis vraiment désolée. J’ai fait une boutade et j’espère que tu ne m’en voudras pas. J’ai aussitôt culpabilisé et c’est pour cela que je t’écris. Faute avouée à moitié pardonnée, qu’on dit…

J’ai donné à Muro le nom de ton bar favori. Je ne suis pas bête, j’ai remarqué tes escapades nocturnes et j’ai vu la brochure. Il m’a accordé un rendez-vous en échange d’une information sur toi, alors je lui ai dit que tu allais souvent à ce bar. Je ne sais pas du tout ce qu’il te veut, mais je n’ai pas pu refuser… Tu vois qui c’est, j’imagine. Ce magnifique jeune homme aux cheveux très noirs et aux yeux tellement bleus qu’ils me rendent dingue… T’as l’impression qu’il te drague dès qu’il te sourit ; sa voix est si envoûtante. J’en ai des frissons rien qu’à te le décrire. Quoiqu’il en soit, je suis certaine que tu vois qui c’est, personne ne peut ne pas l’avoir remarqué. Il me fait fondre, c’est pour cela que je n’ai pas pu lui refuser une information sur toi… J’espère que tu me comprends et que tu ne m’en veux pas. Je suis désolée. »


Levant les yeux au ciel, je brûlai le mot. Elle n’avait même pas eu les couilles de signer… Tu parles d’une Rubis. Quoiqu’il en soit, c’était forcément l’une de mes camarades de dortoir. Une part de moi criait vengeance, l’autre haussa les épaules intérieurement. Il y avait plus urgent à faire que de découvrir la petite niaise au cœur fragile qui se cachait derrière cette farce de mauvais goût.

En effet, ce qui avait le plus retenu mon attention était la requête du Rubis. Car, oui, je voyais parfaitement qui était ce Muro, à quoi il ressemblait et à quelle maison il appartenait. Et il allait avoir de mes nouvelles ! En toute discrétion, bien évidemment.

C’est alors que le souvenir d’une lumière m’aveuglant me revint en mémoire. L’autre jour, dans la salle de sport, un flash m’avait déconcentrée en plein entraînement. Je me doutais bien qu’il s’agissait d’une photographie, mais ne trouvant personne à la source de la lumière, j’avais fini par hausser les épaules et conclure que ça devait être un reflet quelconque. Se pourrait-il que… ? Non, fallait pas pousser le vice aussi loin tout de même ! Quoique. Ne jamais sous-estimer la torsion d’esprit de quelqu’un, et encore moins lorsque le quelqu’un en question était Rubis.

Ma réflexion avait duré assez de temps pour que je puisse finir ma cigarette. L’écrasant, je me levai, déterminée à agir. Je vérifiai d’un rapide coup d’œil que mes autres colocataires – du moins, celles présentes – étaient bien endormies avant de m’enfermer à double-tour dans la salle de bains avec ma mallette d’accessoires.

Je sortis ma panoplie de déguisements divers et variés en réfléchissant à toute allure à l’aspect que j’allais prendre, ainsi qu’au nom et au caractère de mon futur personnage. Je construisais l’identité que je me concoctais alors que je fouillais parmi les différentes perruques, optant finalement pour une tignasse blond foncé. J’accrochai cette dernière derrière la porte et entrepris de m’étirer les cheveux avant de les ramasser. Prochaine étape : maquillage.

J’étalai les pinceaux, boites et autres outils divers et variés sur le lavabo qui ne tarda pas à disparaître sous mes accessoires de modification physique. Je passai près d’une demi-heure à former mon nouveau visage, me fonçant légèrement la peau – juste de quoi avoir une pâleur plus normale – de tout le corps au passage, faisant en sorte d’agrandir mon regard que je chaussai de lentilles marrons, transformant ma bouche en une paire de lèvres pulpeuses et aguicheuses. La flemme m’empêcha de modifier mon joli petit nez – après tout, j’n’avais pas à me faire chier autant, si ce n’était que pour ce Muro… Cela étant, je m’accordai quelques changements corporels, mettant en valeur ma poitrine, faisant ressortir quelque peu mes clavicules, et allongeant mon cou.

Une fois le processus terminé, je me tournai vers les vêtements, optant pour une tenue relativement sobre mais toutefois séduisante. Une simple robe noire au décolleté pas si discret que ça, dont la longueur s’arrêtait mi-cuisses et affinait la taille. Enfin, la cerise sur le gâteau : j’enfilai ma nouvelle coupe, la coiffant à ma guise, lissant la frange qui me tombait quelque peu devant les yeux. Vérifiant qu’aucune mèche rousse ne dépassait, je fixai la perruque à mon crâne de façon à ce qu’elle résiste à n’importe quel mouvement de ma part, ma boîte crânienne s’en imprégnant presque.

Je me tournai vers la glace et admirai mon reflet, découvrant avec satisfaction une bombasse blond foncé au regard prenant. Muro, prépare-toi à rencontrer Mlle Tyler. Amy Tyler, pour vous servir.

Je ne sus dire comment je me retrouvai dehors ; mes pensées avaient pris le dessus sur le chemin machinal que j’avais dû emprunter, alors que je ficelais les détails du comportement d’Amy. Je pensais qu’il valait mieux ne pas en faire trop, aussi je me gardai des traits qui caractérisaient la Sidney détestable que j’étais mais décidai de les adoucir quelque peu, histoire de ne pas faire fuir le Rubis à ma recherche. Si toutefois il avait, comme moi, eu l’idée de sortir un mardi soir…

Au pire des cas, me dis-je tandis que je haussai les épaules intérieurement, mes pas résonnant à chaque dalle où je posai le talon carré de mes sandales – tac, tac, tac, tac –, je trouverais bien une cible pour me distraire, si j’avais le malheur de ne pas tomber sur le brun réputé pour son charme fatal. Je traversai la ville, décidée à me prendre un verre en cette agréable soirée – tac, tac, tac, tac.

J’arrivai assez vite à mon bar favori, connaissant le chemin sur le bout des orteils. Je m’assis au comptoir, pris mes aises et me commandai un verre de Martini blanc. Je jouais avec ce dernier entre mes doigts, le sirotant tranquillement, les sourcils haussés et le regard en alerte. Le siège à ma gauche était vide, et celui d’après était occupé par une chevelure qui rappelait avec force mes propres cheveux au naturel.

C’est là que je le vis arriver. Il prit place près de moi, l’air déterminé. L’excitation me montait, je jubilais intérieurement : j’étais sortie le bon soir ! Il prit sa commande. Whisky, hein ? La soirée promettait d’être amusante.

Je le regardai, amusée, s’approcher de la chevelure de feu à notre gauche et lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Il devait sans aucun doute penser m’avoir reconnue. Je me mordis les lèvres pour m’empêcher de lui rire au nez, mais lorsque la personne abordée se retourna, c’en fut trop pour moi : je laissai mon rire se déployer avec force, posant mon verre sur le comptoir pour me tenir les côtes alors que ma tête s’était rejetée toute seule en arrière, mon corps secoué d’un fou rire incontrôlable.

La chevelure s’était donc retournée vers l’étudiant. Non seulement il ne s’agissait pas de moi, mais en plus l’expression outrée dont il fut gratifié était exceptionnelle. La personne semblait choquée de se faire aborder par un jeunot – parce qu’il fallait avouer qu’il était tombé sur quelqu’un qui devait avoir une vingtaine d’années de plus que nous. Mais la goutte d’eau qui fit déborder le vase n’était pas cette expression de stupeur heurtée, non : c’était le visage sur laquelle elle s’était peinte. Muro, dans son élan et sa détermination sans faille pour me retrouver, avait abordé une Drag Queen dans la quarantaine.

Je me repris, essuyant avec délicatesse les larmes qui perlaient au coin de mes yeux. Vidant mon verre d’une traite, je me penchai vers l’étudiant pour lui murmurer à l’oreille, taquine :

- Si tu veux laver cet affront, pourquoi ne pas m’offrir un verre à moi, hein ? A moins que ta tentative ne soit parfaitement volontaire, dans ce cas je me retire et je respecte tes penchants. Mais je ne pense pas qu’elle soit intéressée par toi.

Me redressant légèrement, juste assez pour avoir sa tête en face de la mienne, je le gratifiai d’un regard malicieux en attendant qu’il daigne se retourner, les sourcils quelque peu haussés et les lèvres encore étirées par le rire qui m’avait secouée quelques secondes plus tôt.
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Message par Invité Ven 07 Aoû 2015, 00:08

Muro écarquilla ses grands yeux bleus. Le visage face au sien ne ressemblait en rien à celui de la photographie fourrée au fond de la poche de sa veste – celle qui devait être cornée à force d’être triturée entre ses doigts. Des traits masculins dont la virilité ne parvenait pas à être cachée par une maîtrise habile du maquillage. Des épaules carrés qui ne reflétaient pas la douceur des courbes qu’il avait en mémoire. Le regard enfin, dont la prunelle n’était pas teintée de cette couleur orangée si particulière.

Non, tu n’es pas Sidney Pond…

« Je veux dire… », balbutia-t-il, la bouche immobilisé en un « o » désemparé. Il n’avait envie de rendre mal à l’aise personne, encore moins lui. « … vous ou quelqu’un d’autre ! Vous voyez c’est ma tournée ce soir ! Un peu comme si j’avais gagné au loto. Ou comme si c’était mon anniversaire ! Sauf que c’est pas le cas… » Il lança des regards à droite et à gauche comme pour obtenir un soutien quelconque. Une aide. Un ami qu’il n’avait pas. Mais il ne fut accueilli que par un rire moqueur qui lui picota la nuque.

Il resta droit face à celle – ou celui, qu’importe ! - qu’il avait abordé(e). Non. Il ne se retournerait pas. C’était une technique qu’il avait apprise à maîtriser en observant les autres, un coup de baguette pas magique. Si on ne donne pas d’importance à une chose, elle se transforme en un simple détail ou disparaît complètement. C’est la règle n°1 que les parents doivent acquérir pour éviter les larmes de crocodiles: « Mais non mon chéri, ce n’est rien… ». Même si on se rend compte que ladite blessure est une hémorragie, toujours garder son sang-froid – c’est l’cas d’le dire !

" Si tu veux laver cet affront, pourquoi ne pas m’offrir un verre à moi, hein ? A moins que ta tentative ne soit parfaitement volontaire, dans ce cas je me retire et je respecte tes penchants. Mais je ne pense pas qu’elle soit intéressée par toi. "

Il avait pu sentir chacune des ondes sonores lui frôler la peau. Le lobe, le pavillon, l’hélix. Puis un frisson dans tout le corps. Comme si les ondulations avaient emprunté le conduit auditif comme porte d’entrée vers son organisme avant de glisser sous son épiderme jusqu’à ce que chacun de ses poils se soit dressé un à un. La sensibilité de l’oreille est fascinante. Surtout pour un détenteur d’une ouïe hors du commun.

La tentation était trop forte. Il décida finalement de faire face à la propriétaire de la voix féminine. Ce n’était pas faillir à sa technique n°1, non non ! Il avait simplement changé de plan entre temps. D’un œil charmeur, il lui dirait d’aller se faire foutre et il pourrait continuer à passer une agréable soirée. En ayant l’impression d’avoir sauvegardé une part de son honneur.

En tournant la tête, la proximité du visage de l’inconnue lui impulsa un mouvement de recul. Son regard fut tour à tour aimanté par des pupilles marrons qui semblaient moqueuses, un sourire taquin dont il taquinerait aussi bien les lèvres, et un décolletée où aurait pu être écrit, en majuscules et au marqueur noir, « Je suis libre ».

« Désolé, le mardi soir je n’offre de verre qu’aux rousses. », lança-t-il d’un air narquois en pivotant sur sa chaise, dossier entre les jambes, de façon à s’adosser au comptoir. Simple revanche, my lady…

Il scruta scrupuleusement la piste de danse, en quête de sa proie. Le bar était loin de faire salle comble : il fit rapidement le tour de tous les crânes. Résultat des courses : soit la rouquine avait décidé de passer la soirée autre part, soit elle arriverait plus tard, quand les étoiles seront haut dans le ciel. Il opta pour la deuxième solution – en fait, il n’avait pas vraiment d’autre option – et décida de prendre son mal en patience.
En se mettant la petite blonde sous la dent.

« Dîtes-moi, Mademoiselle, », dit-il en direction de sa voisine en reportant ses yeux sur elle, « que faîtes-vous ici un mardi soir ? Se moquer des beaux jeunes hommes qui noient leur solitude dans un verre de whisky était-il au programme ? Je ne vous croirai pas si vous essayez de me faire entendre que vous attendez votre cher et tendre. C’est votre joli décolletée qui me l’a chuchoté à l’oreille… », ajouta-t-il en finissant sa boisson. Il remua son verre pour faire s’entrechoquer les glaçons ayant à peine eu le temps de fondre. « Non, en fait, ça a assez peu d’importance. Vous êtes joueuse, je me trompe ? »

Il sorti son portable de sa veste et composa mécaniquement le code de déverrouillage. Il posa l’appareil sur le comptoir et le fit glisser du doigt vers la jeune fille. L’écran s’alluma, laissant les chiffres danser un rythme de métronome. Le chronomètre était lancé.

« A votre avis, combien de temps avant que je ne vous embrasse ? Avec votre consentement, j’entends. » Ses lèvres s’étirèrent en un sourire, le regard planté dans les prunelles brunes de la demoiselle.
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Message par Sidney J. Pond Jeu 27 Aoû 2015, 17:19

Ça avait marché ! Je n’y croyais presque plus.

Il s’était retourné, s’était reculé. M’avait jaugée du regard, reluquée, remballée, puis était revenu vers moi. Indécis, le petit Rubis ? Non, juste déçu…

Sans me défaire de mon sourire, j’avais noté en mémoire chaque mot qu’il m’avait adressé. Le chronomètre sur le comptoir attirait mon regard, mais je gardai les yeux ancrés dans les siens, déterminée à ne pas faillir.

- A votre avis, combien de temps avant que je ne vous embrasse ? Avec votre consentement, j’entends.

- Alors comme ça, on se vouvoie ? Très bien.

M
es lèvres s’étirèrent davantage alors que je calai délicatement une mèche blonde derrière mon oreille.

- Sachez, très cher, que je sais me montrer patiente.

M
on consentement, il ne l’aurait certainement pas. Les seules lèvres que j’avais envie de sentir sur les miennes pour l’instant n’étaient autres que celles d’un certain Diamant, porté disparu pour l’heure. Il faudrait d’ailleurs que je pense à lui rendre visite un de ces quatre ; mais ce n’était guère le sujet.

Je me penchai légèrement en avant pour approfondir notre contact visuel, haussant un sourcil, amusée.

- Et puisqu’on est mardi et que vous semblez apprécier les rousses, je vous demanderais de bien vouloir m’attendre un moment.

J
e commençais à me trouver un peu trop bavarde pour un début de soirée, mais soit, c’était un passage obligé. Lui adressant un sourire désabusé, je me levai lentement de ma chaise, maintenant le suspense ainsi que le contact visuel jusqu’à ce que je sois obligée de me retourner sur un clin d’œil prometteur. Direction : les toilettes.

Je me frayai un chemin tant bien que mal vers les toilettes féminines, véritable calvaire dans un endroit tel que celui-là. Il était encore tôt, aussi n’y rencontrai-je que deux ou trois jeunes venant se remaquiller. Je m’enfermai sans plus tarder dans une cabine, et entrepris de retirer cette fichue perruque qui me donnait du fil à retordre tellement je l’avais bien fixée à mon crâne.

Si je changeais de plan ? Oh non, j’improvisais juste. Il disait n’offrir de verre qu’aux rousses ? J’allais le prendre au mot, et il allait être servi. Rangeant ma perruque consciencieusement dans mon sac, prenant garde à ce qu’aucune mèche ne dépasse, je me redressai et retirai le filet ainsi que les élastiques et autres pincettes retenant ma réelle chevelure. Je fourrai le tout avec la perruque et fermai soigneusement mon sac de crime, avant de sortir de la cabine et de me confronter au miroir.

Je démêlai ma tignasse rapidement avec les mains, faisant glisser les mèches entre mes longs doigts fins, un air on ne peut plus concentré sur le visage. J’étais toujours Amy Tyler, sauf que Môsieur désirait une rousse, alors à défaut d’avoir Sidney, il aurait une Amy  Tyler rousse – du moins, pour l’instant. Je ne connaissais pas exactement la raison pour laquelle j’agissais de la sorte, pensais-je alors que je me recoiffais tant bien que mal, mais la soirée semblait prometteuse. Muro avait décidé de me donner du fil à retordre, il ne s’en sortirait pas aussi facilement. J’étais déterminée à repartir d’ici en sachant ce qu’il me voulait.

Je levai les yeux vers mon reflet pour y découvrir mon visage déguisé, coiffé à l’arrache comme si je venais de courir un cent mètres. Tant pis, je n’étais pas là pour séduire qui que ce soit. Bien qu’une petite voix me susurrait dans un coin de ma tête que c’était peut-être là l’une des clefs pour parvenir à mes fins.

M’adressant un sourire bref, je rajustai ma robe avant de quitter les lieux, le sac sous le bras. Je traversai la foule rapidement, esquivant à coups d’épaules les personnes indésirables, pour enfin rejoindre l’objet de ma soirée. Je repris ma place, et constatai avec un sourire qu’il n’avait plus la tête tournée vers moi. Aussi, j’approchai mon visage de son oreille à nouveau, tentatrice.

- Alors, vous me l’offrez, ce verre ?
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