Lire est l'un des véritables moyens de s'instruire. [PV Tori]

Les livres étaient ce qui offraient la connaissance, l'imagination mais également la sagesse, ou du moins c'était ce que pensait le petit Maximilian. Depuis qu'il avait appris à lire il ne cessait d'ouvrir des bouquins. Cela avait commencé par de simples petits livrets pour enfants que l'on donnait aux marmots à l'âge de cinq ans. Puis au fur et à mesure, il avait commencé à emprunter et acheter des romans, des contes, des encyclopédies puis des ouvrages sur des sciences quelconques comme la cryptozoologies, les cités englouties ou même encore le paranormal. Sa mère le disputait tout le temps, lui informant qu'à son âge il devrait s'intéresser à d'autres choses comme le foot. Malheureusement pour elle, il était un peu trop curieux et avait goûté à la science : elle ne pouvait plus rien faire surtout qu'à présent il avait une certaine indépendance en étant dans un internat dont la bibliothèque recelait de véritables trésors pour quelqu'un comme lui. Il y avait sur tous les types : des romans fantastiques, de l'eau de rose, des bandes dessinées, des journaux mais également des encyclopédies.

Maximilian s'était décidé à continuer à s'informer le plus possible sur les créatures dites imaginaires par les gens les plus terre à terre. Il était sûr et certains que si certains n'étaient que des rumeurs, des racontars, il en était toutefois autrement pour d'autres. Il était prêt à parier que le Nessie n'était autre qu'un grand reptile aquatique qui s'était égaré dans le fameux lac écossais alors qu'il n'était originaire que de la mer. L'océan était très profond, personne n'était arrivé encore à visiter les abysses à cause de la pression. Qui disait qu'il n'y avait rien de géants? Que des choses se cachaient tant et si bien qu'on les prenait plus pour des monstres que pour des animaux? Dans le rayonnage des encyclopédies l'enfant cherchait de la lecture pour la semaine : tous les livres qu'il avait acheter avant d'arriver à Tsuki avaient été lu en peu de temps tant il avait du mal à se faire des amis et surtout à s'habituer à un lieu où tout le monde portait le même uniforme. Les plus grands étant pour la plupart des abrutis qui souhaitaient prouver leur domination sur les dits plus faibles et les plus jeunes se contentant tout simplement des cours qu'on leur donnait, l'américain préférait rester dans son coin avec ses bouquins. Il avait entendu quelqu'un l'insulter de rat de bibliothèque mais il s'en fichait puisqu'un rat était bien plus propre que ce que pensent généralement les gens, intelligent, compatissant et malins qu'ils ne le paraissaient. Il prenait ainsi les insultes pour des compliments, remerciant parfois ceux qui lui crachaient à la figure ou lui enfonçaient des poignards dans le dos.

Malheureusement pour lui, il y avait un désavantage dans les rayons des encyclopédies ; comme l'on pensait que les plus jeunes s'intéressaient à des choses enfantins et étaient de petites tailles on mettait les ouvrages de sciences et captivantes tout en haut, autrement dit, hors de portée d'un petit américain d'un mètre cinquante. Maximilian détestait sa taille actuelle et se demandait si plus tard il ferait dans les mètres quatre-vingt dix comme son défunt paternel. Il regardait une encyclopédie qui le narguait. Elle était trop haute et lui avait sa fierté qui lui dictait de ne pas aller quérir de l'aide. Tant pis, il aura ce livre d'une manière ou d'une autre. Il se colla à l'étagère, se mettant sur les pointes des pieds et tirant ses bras bien en haut mais ses doigts n'effleuraient même pas la tranche. Il serra les dents et se mit à sautiller mais en vain. Il regarda autour de lui : il n'y avait personne dans les parages. Tant mieux puisqu'il devait faire quelque chose dont il ne savait pas si c'était interdit ou non dans la bibliothèque. Il tenta aussitôt de faire de l'escalade en appuyant légèrement son pied sur le rayonnage le plus bas. Mais sa chaussure glissa et il tomba en arrière. Il se retint de jurer et retenta une nouvelle fois.

Malheureusement pour lui, il s'était fait rôdé. Par la bibliothécaire? Il n'en savait rien, il avait du mal à reconnaître sa voix. Il arrêta sa tentative d'escalade pour reposer son pied à terre et lâcher l'étagère au dessus de lui. Son regard se glissa jusqu'à la personne qui venait de le reprendre en espérant que ce ne soit pas la gardienne de ces lieux. Lorsqu'il vit l'uniforme, il laissa échapper un soupire de soulagement en portant sa main sur sa poitrine, comme si sa vie avait dépendu de l'identité de cette personne ; non, il n'y avait devant lui qu'une autre élève plus âgée de lui.

"Ne vous inquiétez pas madame, je sais ce que je fais, lui dit-il, confiant. J'ai déjà sauter par-dessus des murs, je suis déjà tomber d'un arbre après l'avoir grimper.... ce n'est pas une petite chute comme celle que je risque qui me faire grand mal."

Tiens, quelqu'un était devant lui, pouvait l'aider. Pourquoi ne pas lui demander un peu d'aide? Certes il avait sa fierté mais en soit il n'y avait rien de grave à ce qu'il la laisse quelques secondes juste pour avoir un livre qui lui semblait inaccessible, n'est-ce pas? Soudainement il prit un air mignon -ou du moins tentait puisqu'il ne savait pas à quoi il ressemblait- tout en jouant avec ses petits doigts d'enfant. Il la regarda un un léger sourire :

"Mais si vous ne voulez pas que je me blesse, est-ce que je peux réquisitionner votre aide?"

Il pointa de l'index le fameux ouvrage qui le faisait tant rêver.

"Voyez-vous, c'est ce livre qui m'intéresse mais il est trop haut pour moi. Est-ce que vous pourriez me le donner s'il-vous-plait? Et en échange je vous aide à trouver quelque chose. Je ne suis ici que depuis peu mais je connais très bien cette bibliothèque."

Il se tut lorsqu'une personne passa à côté d'eux en leur disant "chut" pour disparaître dans un autre rayon. Maximilian fixa ensuite le livre qu'il convoitait tant. Il se demandait s'il n'aurait pas du au final prendre une chaise au lieu de jouer aux acrobates.

"Au fait, excusez-moi mais si vous êtes ici c'est parce que je vous ai ennuyé en tombant toute à l'heure? Dans ce cas, veuillez m'excuser, ce n'était pas intentionnel."

Elle l'aidait, comme le pictogramme l'avait prédit. Un grand sourire s'afficha sur le visage radieux de l'enfant qui regarda la jeune femme prendre le livre. Elle avait du mal mais il était sûr et certain qu'elle allait réussir à le récupérer. Il se décida à l'encourager en chantonnant "Allez, vous allez y arriver.♫" à voix basse afin de ne pas leur attirer d'ennuis, surtout avec la bibliothécaire. La demoiselle arriva et lui tendit le livre tant convoité. Il le prit gracieusement afin de le serrer contre sa poitrine. Il dit :

"Merci bien, je vous suis fort redevable."

Elle lui adressa la parole, se présentant sous le nom de Tori et lui demandant par la même occasion son nom. Le petit garçon lui répondit :

"Je m'appelle Maximilian. Je viens des Etats-Unis. Enchanté de faire ta connaissance."

Il regarda ensuite l'encyclopédie et l'ouvrit aussitôt pour y feuilleter rapidement et constater qu'elle était plus intéressante qu'elle ne le lui avait semblé. Si le sommaire faisait au total trois pages, montrant ainsi qu'elle détaillait toutes les créatures, il y avait également des photos et des croquis qui accompagnaient les écrits. Les "monstres" comme le disaient si bien les cryptozoologues étaient séparés en plusieurs catégories mais surtout en fonction de leur origine. Maximilian avait bien de la lecture pour toute la semaine et encore il savait qu'il aurait des notes à prendre. Plus tard il espérait pouvoir y enquêter sur ces bêtes que de rares personnes avaient eu la chance (ou la malchance) de voir. Enfin il referma l'ouvrage pour poser lever les yeux sur Tori.

"Ce que je ne comprends pas, c'est la raison pour laquelle ils mettent aussi haut les encyclopédies sur la science et laissent facilement d'accès tous ce qui assez... enfantin? A croire que rares sont les personnes qui ont soif de connaissance et de lecture. Peut-être qu'après tout, les gens n'aiment pas s'instruire."

Il regarda de gauche à droite puis s'approcha de l'adolescente pour lui chuchoter :

"Après tu vas me dire, la plupart des élèves qui sont ici ne viennent que pour recopier des pages pour leurs exposés, pour paraître intelligents ou tout simplement pour pouvoir s'approcher de quelqu'un qu'ils trouvent mignons. Mais bon, je pense que toi, tu n'es pas dans ce genre-là?"

Il lui avait adresser un sourire malicieux. Il était persuadé qu'elle ne faisait pas partie de ces gens qui n'étaient là que pour les apparences ou quelque chose dans ce genre. Puis il serra le livre contre lui avant de lui adresser de nouveau la parole.

"Un deal est un deal : tu m'as aidé, à moi de te rendre la pareille. Est-ce que tu cherche un livre en particulier?"

Maximilian ricana doucement lorsqu'elle compléta en ce qui concernait les personnes qui faisaient semblants d'être de gros lecteurs. Il n'osa pas approuver ses dires car il avait peur que ça fasse plus fayot qu'autre chose, même s'il pensait la même chose qu'elle : combien de fois avait-il croisé quelques gens qui tenaient une belle encyclopédie à la main sans même l'ouvrir quelque part dans l'académie? Il haussa les épaules, l'air seulement de lui répondre "que veux-tu que je te dise?" avant de l'entendre dire qu'elle connaissait malheureusement déjà les rayonnages. Il baissa la tête, quelque peu déçu ; il ne pouvait pas souvent rendre services aux personnes plus âgées que lui, à cause son manque de force. Il ne pouvait même pas aider en cours tout simplement parce que même s'il avançait lui-même les programmes des années à venir, il ne trouvait pas un adolescent qui accepterait de recevoir des cours de la part d'un enfant de douze ans.

Mais alors qu'il allait proposer un autre type de services qui était plutôt de l'aider à porter son sac pendant une semaine environs Tsuki lui dit qu'elle pouvait faire mine de ne pas connaître les références ou du moins l'auteur. Le garçon afficha un léger sourire en reposant le regard sur le visage lisse de son interlocutrice. Il ne savait pas spécialement comment réagir, s'il devait être flatté qu'elle accepte de faire semblant de ne pas connaître l'écrivain ou penser qu'elle lui proposait cela uniquement parce qu'il était encore un enfant.

"Ce ne serait pas vraiment te rendre réellement service mais ça me va, lui répondit-il. Je ne te promets rien, il se peut très bien que si tu cherche un roman qui est pour jeunes adultes je n'arrive pas à y trouver à cause du fait qu'ils sont généralement trop hauts pour moi."

Remarque, avec un peu d'aide, pourquoi n'y arriverait-il pas? Il prenait une chaise, hop, le tour était joué. Ou alors il tentait encore une fois de jouer les acrobates en grimpant aux étagères. S'il se faisait attraper, tant pis : il ne pouvait pas avoir plus d'ennuis dans cette académie que dans ses anciennes écoles. Au pire des cas, il ferait une petite bouille d'enfant maltraité afin de faire pitié à la bibliothèque. A moins qu'il ne s'indigne que certains livres étaient trop hauts pour les personnes comme Tsuki et lui, et qu'il devrait y avoir dans ce cas quelques escabeaux. Oui. La dernière idée était plutôt bonne.