Le calme avant la tempête [PV Mei] [Terminé]

Ce matin, il faisait beau. Le ciel était d'un bleu profond et il n'y avait pas l'ombre d'un seul nuage, le soleil était resplendissant et, bien qu'élevée, la température qui accompagnait cette météo était  digne des plus belles journées d'été. Ça semblait être la journée parfaite pour sortir et faire des activités à l'extérieur, mais vers 13h, la lumière naturelle s'est assombrie une première fois. Intrigués, tous ont levé la tête vers le ciel pour apercevoir un petit nuage qui passait devant le soleil. Peu souciants, les gens sont retournés vaguer à leurs occupations, mais bientôt, d'autres nuages, de plus en plus gros sont venus cacher l'astre solaire, le faisant disparaître pour de bon vers 14h, lorsque de gros cumulonimbus sont arrivés.

Étendue dans l'herbe des jardins de l'académie, les bras croisés derrière la tête, j'observe le ciel. Son gris foncé est si intense qu'il tire sur le violacé. Cet immense ciel sombre combiné à l'humidité rend l'atmosphère lourde et oppressante. Il ne vente pas, le vent ne s'est pas encore levé, mais lorsqu'il le fera, ce ne sera plus qu'une question de temps avant que l'orage n'éclate. C'est le calme avant la tempête... Je suis venue ici pour profiter tu temps ensoleillé, mais lorsque les nuages sont arrivés et que les autres étudiants sont partis, moi je suis restée. La pluie ne m'embête pas, les orages ne me font pas peur et tant qu'il y a des infrastructures plus hautes que moi, il n'y a pas grand chose à craindre de la foudre. Je ne me presse donc pas à rentrer.

Non loin de moi, j'entends le frottement caractéristique du gazon lorsqu'on marche dedans. Cela veut donc dire qu'il y a quelqu'un tout près. Je tourne la tête pour tenter de voir de qui il s'agit.

En me levant je ne sais pas quoi faire aujourd'hui encore, puis j'ai remarqué le beau temps à la fenêtre de mon dortoir. J'ai donc décidé de sortir dans les jardins pour m'allonger au soleil, n'ayant rien à faire de mieux. Après m'être installée, ma musique dans les oreilles, je m'endormis bercée par la lumière du soleil. Mais quelques temps après, je me réveillai, ne sentant plus la chaleur réconfortante du soleil. J'ouvris donc les yeux pour le voir disparaître derrière les nuages. Je me relevai et décidai d'aller en ville, avec l'orage il y aurait moins de gens dans les rues, ça serait donc plus intéressant, personne pour être dérangé.
Je croisais plusieurs élèves se dépêchant de rentrer dans les bâtiments avant que l'orage n'éclate. Des personnes surement pas assez courageuses pour rester dehors quand le ciel s'énerve, ayant peur de se prendre la foudre. Le vent commençai à se lever, la pluie n'allait pas tarder à tomber mais ça m'était égal. Je commençais à avancer en direction de la grille quand je vis quelqu'un allongé dans l'herbe. Je passe à côté de cette personne en la regardant. Elle aussi ne doit pas craindre le mauvais temps. Elle tourne la tête vers moi. Je me demande si je dois aller lui parler. De toute façon la ville peut attendre. Je m'avance vers elle avant de m'installer à côté d'elle.

"T'as pas peur de l'orage?"

"T'as pas peur de l'orage?"

Il s'agit d'une fille aux cheveux blonds qui vient de s'installer à côté de moi. Elle ne semble pas être pressée d'aller s'abriter comme les autres.

"Non, je n'ai pas peur et ce n'est pas ton cas non plus, on dirait."

Les feuilles des arbres frémissement, agitées par le vent et quelques unes se détachent même pour se mettre à danser avec lui. Un gros coup de vent ballait mes cheveux qui viennent recouvrir mon visage. Je les replaces d'une main. Au toucher, je me rend compte que l'humidité les a fait un tout petit peu gonfler. Je reporte mon attention sur la nouvelle compagnie.

"Tu es là pour assister au spectacle ?"

Je ne vois pas pour quelle autre raison elle pourrait se trouver ici, mais bon, il faut dire que je n'y ai pas vraiment réfléchie, donc c'est probable qu'il y en ait une autre et puis, c'était pour faire la conversation. Le vent souffle plus fort et les branches des arbres s'agitent aussi, maintenant. Pas de doute, ce sera un gros orage. Par contre, s'il se met à pleuvoir, rester étendues dans l'herbe et dans la terre ne sera pas très confortable. Je ne me souviens plus s'il y a des bancs quelque part. Je chercherai lorsque la pluie se mettra à tomber.

"Non c'est vrai"

Je lui souris, elle avait l'air plutôt sympa après je ne la connaissais pas encore assez pour la juger. Je regarde le ciel, la pluie ne vas pas tarder à tomber.

"Tu es là pour assister au spectacle ?"

"Non je voulais aller en ville en profitant du calme créé par l'orage et toi ?"

Le vent s'intensifie balayant mon visage de plus en plus. Le ciel devient blanc, la pluie tombe, et le tonnerre gronde. La pluie me martèle le visage. Il n'y a plus personne dehors d'assez téméraire à part nous, on voit quelques personnes à leurs fenêtres regardant le spectacle de l'intérieur. Les rues doivent être également désertes, la sortie n'en seras que plus calme au moins. Je ne voulais pas me tremper en allant en ville mais je vais y être forcée si je continue de parler avec cette inconnue, d'ailleurs je ne sais pas comment elle s'appelle.

"Au fait moi c'est Mei et toi ?"

"Non je voulais aller en ville en profitant du calme créé par l'orage et toi ?"

Comme elle dit ça, le tonnerre retenti et la pluie se met à tomber. Je pourrais presque croire que c'est elle qui a fait éclater l'orage. C'est une pluie torrentielle et tiède qui s'abat sur nous. Les grosses gouttes viennent s'écraser à un rythme très rapide et il ne faut pas plus d'une trentaine de secondes pour que sois trempée de la tête aux pieds. J'ai l'impression de prendre ma douche... Je me lève debout avant de répondre :

"J'étais surtout là pour regarder les éclairs... et parce que je n'avais pas envie de rentrer à l'intérieur comme tous le monde."

Je ris un peu en me tournant vers l'académie où l'on peut apercevoir des visages d'élèves aux fenêtres. C'est drôle de les voir rassemblés de la sorte. Je reporte mon attention sur la demoiselle blonde.

"Au fait moi c'est Mei et toi ?"

Je n'avais pas pensée à lui demander son prénom... "Mei", c'est court comme prénom. À moins qu'il ne s'agisse d'un surnom. C'est possible aussi. Je lui tend la main avec l'intention de serrer la sienne.

" Moi, c'est Tori. Enchantée."

Un éclair déchire le ciel et un immense coup de tonnerre s'en suit presque instantanément. L'épicentre de l'orage, si on peut appeler ça comme tel, bien que je crois que ce ne soit que pour les tremblements de terres et les tsunamis qu'on utilise ce mot... euh... bref, le gros morceau de la tempête est vraiment juste au-dessus de nos têtes. À présent que nous sommes toutes les deux trempées jusqu'aux os, je demande à Mei :

"Est-ce que je peux t'accompagner où tu préfères aller en ville seule ?"

Je pris la main qu'elle me tendait et lui serra. Je regardais les éclairs tomber autour de nous dans un bruit assourdissant. Les autres rentraient de plus en plus à l'intérieur étant terrifier par la foudre tombant à proximité.  Mais pas nous, je réfléchissais un peu. Je voulais certes aller me promener seule en ville pour profiter mais un peu de compagnie ne me ferait pas de mal. Je lui souris.

"Tu peux m'accompagner si tu veux."

Je secouais mes cheveux pour essayer d'en faire quelque chose maintenant qu'ils étaient collés à mon visage par la pluie. Je commençais à avancer en direction de la clôture pour sortir de l'académie, je me retournai pour voir si Tori me suivait étant partie précipitamment. Nous passions à l'extérieur en nous dirigeant vers le centre ville. La pluie me frappait le visage de plus en plus mais je continuais d'avancer dans les rues désertes jusqu'au centre ville. J'avais raison tous le monde préférait se mettre à l'abri plutôt que d'affronter la pluie. Le centre ville d'habitude si agité était devenu très calme. On n'entendait plus que certain retardataire se précipitant à l'abri d'un café ou de leur maison. Je commençais à en avoir marre de la pluie qui collait mes vêtements et les enviaient un peu, je proposai donc a Tori.

"Tu veux qu'on s'arrête pour se mettre à l'abri ou la pluie ne te dérange pas?"

Je suis Mei en dehors de l'enceinte de l'académie. Dans la ville, les rues sont complètement désertes, ce qui me donne l'impression qu'un cataclysme se prépare et que nous seront les seules à le braver, pendant que tout le monde se protègera. Dans les fenêtres des restaurants et des boutiques, il y a des gens, parfois plus d'une dizaine, tous amassés, qui nous regardent passer en faisant de drôles de têtes. Je me demande bien à quoi ils peuvent penser en ce moment : " Ces filles-là, elles viennent forcément de cette académie étrange, il n'y a pas de doute. Il n'y a que des gens étranges pour rester dehors par ce temps. " Mei se retourne vers moi et me demande :

"Tu veux qu'on s'arrête pour se mettre à l'abri ou la pluie ne te dérange pas?"

Sa question me fait sourire. Elle a peut-être envie de s'abriter, mais elle préfère me demander mon avis pour ne pas paraître impolie ou bien, peut-être qu'elle ne veut pas que je pense qu'elle est lâche ou truc du genre ? Bien, de toute façon, ce n'est pas une mauvaise idée. Toute cette pluie commence à devenir embêtante. Je fais donc une proposition à Mei :

"Le mieux, ce serait qu'on s'abrite dans un commerce."

Je jette un rapide coup d'œil aux magasins qui nous entourent. La plupart sont déjà bondés de monde ayant voulu échapper à la pluie battante. À quelques mètres de nous, j'aperçois l'entrée d'une boutique qui est complètement dégagée. Personne n'est allé s'y abriter. Je me dirige vers ce commerce-là. Sur l'écriteau au-dessus de la porte, il est marqué " Le Loulou Bleu ". Sans prendre le temps de m'informer à propos du contenu de la boutique, j'ouvre la porte et je tiens ouverte pour Mei, puis j'entre à mon tour dans la bâtisse où nous seront au sec.

HRP:

"Le mieux, ce serait qu'on s'abrite dans un commerce."

Je regardais autour de moi à la recherche d'une boutique pour s'abriter. Malheureusement elles étaient toutes bondées. Les gens nous regardaient tous bizarrement, ils ne devaient pas voir tous les jours, deux jeunes filles se promenant dans la ville déserte, sous l'orage. Je leur souriais faussement espérant qu'ils arrêtent de nous regarder comme des phénomènes de foire. Pendant ce temps je n'avais pas remarqué que Tori avait trouvé un petit commerce. Je la suivais donc à l'intérieur du bâtiment "Le Loulou Bleu". Une fois à l'intérieur de cette boutique aux murs en pierre avec de vieilles poutres en bois assez imposantes qui montraient l'ancienneté de cet endroit. Je regardais les objets vendus, ce n'était que de vieux objets. Des robes anciennes, on aurait presque dit des robes de princesse comme quand j'étais enfant. Il y avait aussi des tournes disques, des vieux bijoux et accessoires, des meubles anciens, des poupées assez bizarres et pleins d'autres choses encore. Le vieux vendeur nous salua de derrière son petit comptoir en bois, vieilli par le temps. Je lui répondis. Il nous regardait attendant surement un mouvement de notre part. Je fis mine de chercher quelque chose dans les rayons. Je vis un vieux couteau qui n'était pourtant pas abimé, il était très beau. Je leva les yeux vers Tori et lui chuchotai.

"On devrait peut-être acheter quelque chose tant qu'à être là non?"

Une boutique d'antiquités ! Il y a toutes sortes d'objets d'une autre époque ici, mais ce n'est pas uniquement ce qui attire mon attention. L'architecture des lieux en elle-même est issue d'un autre temps. Les boiseries d'origine dont le comptoir, les poutres maîtresses en plein milieu de la boutique, les murs de pierre que je n'avais pas remarqué de l'extérieur. Cette boutique pourrait aussi bien dater du 17e que du 20e siècle, mais je ne saurais dire, en revanche, je suis certaine que l'antiquaire qui tient les lieux le sait, lui. D'ailleurs, le vieil homme nous souhaite le bonjour, ce que je n'ignore pas. Je le salue en retour et comme Mei, je pars en exploration des vieux objets. Je vois ve qui ressemble à une boite à musique en bois, mais je préfère ne pas y toucher, de peur de l'abîmer.

"On devrait peut-être acheter quelque chose tant qu'à être là non?"

Ce n'était pas une mauvaise idée. Après tout, il est toujours frustrant pour un commerçant de voir des clients repartir les mains vides. Heureusement, j'ai de l'argent sur moi, cependant, je n'ai aucune idée du prix de la chose la moins chère dans ce magasin. Je lui réponds donc, en chuchotant moi aussi :

"Tu as raison, mais je n'ai aucune idée du prix des objets et de leur valeur. Je suppose que les petits objets comme les bijoux, par exemple, voient être un peu moins chers, mais il vaud..."

Je m'interromps en voyant l'antiquaire quitter son comptoir pour venir vers nous. J'espère qu'il n'est pas en train de croire qu'on prépare un mauvais coup. Pour toute paroles, il nous demande si nous cherchons quelque chose en particulier.

Oh misère. J'espère qu'il ne s'agit pas de l'un de ces vendeurs qui se montrent vraiment insistants pour que l'on achète quelque chose, j'ai horreur de ça. Je regarde rapidement ce que je vois devant moi. Mes yeux s'arrêtent sur un anneau argenté orné d'une pierre verte. Je le pointe donc du doigt, histoire de voir un peu les prix.

"Eumh, je me demandais, ce... cet anneau-là, pourriez-vous me dire combien vous le vendez ?"

Le vieil antiquaire saisi l'objet désigné. Il m'explique qu'il s'agit d'un bracelet qui date des années 80, que c'est une contrefaçon chinoise d'un bijoutier européen très réputé, que la pierre est une fausse émeraude et que le bracelet est en zinc... Merci pour toute cette information. Et du coup, le prix du bijou revient à 16 livre sterling... Ce qui, si je me fie au taux de change, est actuellement environ 30 dollars canadien et environ 12 euros... Et c'est là que je me rends compte de la valeur du dollar canadien... waoh... Mais en somme, ce bracelet n'est pas très cher. Je vais le prendre. Le vendeur me tend le bijou, puis il se tourne vers Mei et lui demande si elle cherche aussi quelque chose.

"Tu as raison, mais je n'ai aucune idée du prix des objets et de leur valeur. Je suppose que les petits objets comme les bijoux, par exemple, voient être un peu moins chers, mais il vaud..."

Alors que Tori me répondait elle fut coupé par le marchand s'approchant de nous voulant surement savoir ce que nous recherchions dans sa boutique. Il devait se poser des questions à notre sujet, nous étions rentré à l'intérieur de sa boutique en vitesse et nous regardions maintenant les articles en chuchotant entre nous, lui lançant parfois des petits regards discrets. Il s'était peut-être dit qu'on voulait lui voler ses articles. Il demanda ce que nous désirions avec un regard suspicieux.
Tori décida de prendre un bracelet dont elle avait parlé avec le commerçant. Quand il eut fini avec elle il me demanda ce que je voulais. J'hésitai en regardant à travers les rayons, puis finalement je pris l'espèce de couteau suisse que je regardais juste avant. Il n'était pas aussi ancien que le bijou de Tori mais n'était pas non plus du 21ème siècle. Le manche était en bois avec des écritures gravés sur le côté, ce n'était une écriture que je connaissait. Surement cet article ne venait pas d'ici ou alors était dans une ancienne langue comme le latin ou quelque chose du genre. J'aurais peut-être dû plus écouter les cours de langues. Il m'indiqua le prix, il ne coutait que 22euros je crois, en convertissant le prix de base. Finalement je le pris et nous nous dirigions vers le comptoir pour pouvoir payer.
Après avoir réglé nous nous avancions vers la sortie de la boutique. En s'approchant de la porte vitrée de la boutique, je remarquai que l'orage ne s'était apparemment pas calmé, le tonnerre grondait encore et il pleuvait des cordes. Je lança un regard à Tori en rangeant mon achat dans la poche de ma veste avant de lui demander.

"On rentre à l'académie, on reste en ville ou dans cette boutique?"

Mei rabattu son choix sur ce qui semble bien être un canif. En arrivant au comptoir, je pense soudainement à quelque chose. Si nous avons été complètement mouillées par la pluie, nos billets en papier risquent de se déchirer ou même pas, ils seront trop mouillés pour ça. Ils risquent carrément de s'émietter en charpie, comme lorsque quelqu'un oubli un mouchoir en papier dans l'une des ses poches de vêtements et qu'une fois le lavage dans la machine terminé, il y a des petits morceaux blancs agrippés partout dans le linge. Une vraie horreur de tous les décoller par la suite. Les morceaux, décollez-les tous ! Ensemble pour la victoire. Ça demande du courage, les-mor-ceaaaauuuux. Décollez-les tous, décollez-les tous, les morceaux ! J'en ferai une parodie complète, un jour, du générique de Pokemon, mais pour l'instant, j'en reviens à l'argent.

Je porte ma main à la poche dans laquelle je range mon argent et je tente de tirer du plus doucement que je peux sur les billets pour éviter l'incident. Finalement, ils sont plus résistants que je ne le pensais. Ils sont humides, mais intactes. Il faut dire que c'est de l'argent. Il faut quand même qu'il y ait un minimum de résistance et j'ai complètement zappé ce détail. Tant mieux.

Je tends l'argent au commerçant, il me rend la monnaie en surplus et je lui en laisse une partie comme pourboire. Il demande si nous désirons avoir des sacs pour emballer nos achats, mais je décline l'offre. Un sac ne sert pas à grand chose pour transporter un petit objet que je peux tout simplement porter et c'est d'ailleurs ce que je fait. Je passe l'anneau à mon poignet gauche. Je remercie le commerçant et lui souhaite une bonne fin de journée, puis Mei et moi nous dirigeons vers la sortie. Ma compagne s'arrête devant la porte, puis se tourne vers moi :

"On rentre à l'académie, on reste en ville ou dans cette boutique?"

Je regarde la pluie s'abattre frénétiquement alors que des éclairs surgissent de temps en temps, suivis par le tonnerre. L'orage ne semble pas prêt de se calmer.

"Je t'avoue que je voudrais rentrer, mais on devrait peut-être attendre que ça se calme un peu dehors avant de sortir. On a qu'à discuter en attendant."

Je ne pense pas que ça puisse déranger vraiment le commerçant. Il doit bien s'ennuyer, seul comme ça, derrière son comptoir à longueur de journée. En plus, je réalise que j'ai accompagné Mei que je connais depuis un peu moins de 2 heures, mais je ne sais pas grand chose sur elle.

"Par exemple, si tu pouvais avoir un super pouvoir, lequel aurais-tu ?"

Je lui fait un clin d'œil pour qu'elle comprenne de quoi je veux parler et afin de ne pas révéler des choses devant l'antiquaire.

J'attendais donc à l'abri dans la boutique avec Tori, le vendeur n'avait pas l'air d'être dérangé par notre présence. Il nous regardait même plus assis derrière son comptoir, il était trop concentré sur ce qu'il faisait. Je crois qu'il réparait une vieille montre ou quelque chose dans le genre. Bref je regardais la pluie tomber dehors, l'orage n'allait pas se calmer de si tôt, il faudra attendre un moment encore. Je ne savais pas quoi dire, j'attendais que peut être Tori lance un sujet de discussion.

"Par exemple, si tu pouvais avoir un super pouvoir, lequel aurais-tu ?"


Je me demandais pourquoi elle me demandait ça jusqu'à ce que je vois son clin d'œil, j'ai compris qu'elle voulait parler de nos pouvoirs sans que l'homme ne comprenne.

"J'aimerais bien manipuler les sentiments, ça peut être intéressant de changer les sentiments d'une personne pendant quelques minutes. Et toi ? "

J'avais essayé de lui expliquer mon pouvoir pour qu'elle seule comprenne, c'était vraiment bizarre de ne pouvoir parler de nos pouvoirs qu'au gens comme nous. En fait ils nous cachais du monde extérieur en quelque sorte. Je comprenais, j'avais déjà vu le regard des gens quand j'avais utilisé mes pouvoirs. La plupart des gens n'aimais pas les choses qui sortent de l'ordinaire, ça leur faisait même peur parfois. Mais on fait avec, de toute façon c'est la seule chose qu'on peut faire. Peut être qu'un jour on pourra montrer nos pouvoirs à tous le monde sans être dérangé. Je lançais un regard à Tori attendant sa réponse, je me demande ce qu'elle pourrait avoir comme pouvoir elle.

Je ne crois pas que ça puisse la gêner de parler de son pouvoir. Je l'insinue car elle ne m'a pas parut comme une personne timide ou réservée, alors je me permets de lui demander sans avoir peur de faire une gaffe. Ce n'est pas toujours un sujet facile à aborder, mais jusqu'à maintenant, je suis étrangement surprise qu'à peu près tous les élèves à qui j'ai posé des questions à propos de leur pouvoir ne l'aient pas mal pris et qu'ils n'aient pas hésité à en parler. Durant quelques secondes, je me demande si Mei a compris, puis elle répond :

"J'aimerais bien manipuler les sentiments, ça peut être intéressant de changer les sentiments d'une personne pendant quelques minutes. Et toi ? "

Oh je vois, une autre " manipulatrice ". Son pouvoir, ce n'est pas rien. J'imagine déjà des situations dans lequel il peut s'avérer utile, même s'il en relève de la tricherie en quelque sortes... En fait, je suis là à penser à son utilité, alors que plusieurs personnes diraient déjà que tricher avec les sentiments n'est pas une chose morale à faire et tout, et tout... Au final, ça doit dépendre de son utilisation, mais bon, moi je m'en fou un peu. Du coup, c'est à moi de répondre à la question que Mei m'a retournée. Évidemment, je m'attendais à ce qu'elle me retourne la question, parce que cela aurait été une marque, soit de distraction, soit d'égoïsme, soit de désintérêt qu'elle ne le fasse pas, même si ce sont des choses qui arrivent aussi.

"Wow, c'est plutôt cool. Moi, j'aimerais manipuler les ombres. Les faire bouger et leur faire prendre la forme qui me plaît, pour faire du théâtre d'ombre, par exemple et je sais que c'est complètement farfelu, mais je voudrais aussi pouvoir rentrer à l'intérieur pour me cacher. Qui sait, peut-être qu'il y a une dimension à l'intérieur ?"

Je n'avais jamais envisagé la chose comme ça, mais je me rends compte que tenter d'expliquer cette dernière partie de mes capacités relève d'une grande ouverture d'esprit, car franchement, qui pourrait croire qu'il y a quelque chose à l'intérieur d'une ombre ? Après tout, ce n'est rien de plus qu'un phénomène d'absence de lumière, une projection sur une surface, sans plus. Voilà ce que pourrait croire presque toute la planète...

Je la regardais attendant qu'elle réponde, j'espère qu'elle n'a pas un mauvais regard sur mon pouvoir comme les autres. Mais après tout elle en a un elle aussi donc ça ne doit pas être si bizarre pour elle. Il est souvent mal prit vu que je manipule l'esprit des personnes mais c'est rien de bien important, les gens manipulés ne sont pas en danger tant qu'on ne l'utilise pas énormément. Elle me répondit après que je lui ai retourné la question.

"Wow, c'est plutôt cool. Moi, j'aimerais manipuler les ombres. Les faire bouger et leur faire prendre la forme qui me plaît, pour faire du théâtre d'ombre, par exemple et je sais que c'est complètement farfelu, mais je voudrais aussi pouvoir rentrer à l'intérieur pour me cacher. Qui sait, peut-être qu'il y a une dimension à l'intérieur ?"

Tori manipulais elle aussi alors, intéressant. Son pouvoir avait l'air cool et assez puissant, se cacher dans les ombres c'est pas rien quand même. C'est la première fois que je parlais de pouvoir avec quelqu'un de l'académie c'était plutôt intéressant de connaître ceux des autres. Je lançais un regard vers la rue, l'orage persistait mais il avait l'air de faiblir un petit peu. Je supposais donc qu'on avait le temps de continuer à parler un peu toutes les deux avant de bientôt pouvoir partir. Je réfléchissais à une question à lui poser.

"C'est sympa comme pouvoir. Et sinon comment t'es arrivée dans l'académie ?"

Ma question n'était pas très intéressante je suppose mais elle faisait passer le temps et puis je n'avais pas vraiment d'autres idées. J'avais pas besoin de faire semblant pour le vendeur, c'était une question normale. Pour la réponse ça serait un peu plus dur pour elle certainement, j'attendais patiemment sa réponse en triturant mon achat.

Mei jette un coup d'œil dehors et je l'imite. On a peut-être une chance de sor... Eh non, il pleut encore. Dommage qu'on ne soit pas tombées sur une boutique où ils vendent des parapluies, cela aurait été extrêmement pratique, car vu la thématique de cette boutique, s'il y a un parapluie en vente quelque part ici, il doit probablement s'agir d'une décoration d'intérieur, plus qu'autres choses.

"C'est sympa comme pouvoir. Et sinon comment t'es arrivée dans l'académie ?"

Mon regard était resté fixé sur la rue déserte, mais en entendant la question de Mei, je reporte mon attention sur elle, puis je me mettre à regarder dans le vide pour réfléchir à la réponse que je dois fournir. C'est une question plutôt vague et ma réponse dépend de sa signification. Je vois deux possibilités; soit elle me demande comment j'ai découvert mon pouvoir, soit elle veut parler de l'arrivée de la lettre et de la façon dont je suis venue, mais la première des deux hypothèses me paraît la plus logique, car l'arrivée doit se passer plus ou moins de la même manière pour chaque élève et ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant à raconter. J'ai évincé le problème de compréhension, mais je fais face à un autre problème, l'antiquaire. Je prends le temps de choisir mon vocabulaire, quitte à raconter un peu n'importe quoi et à contourner des détails.

"Eh bien, comme tu le sais, c'est une école pour des gens avec un talent très prometteur dans un certain domaine d'expertise. Alors... mon talent et ma passion, c'est de faire du théâtre d'ombres... Euh, j'ai découvert cette passion il y a environ 2 ans et demi."

Bon, je suis carrément en train d'inventer un truc, mais Mei n'est pas une fille stupide. Elle arrivera à saisir les propos qui se cachent derrière les mots que j'emploie.

"C'était durant une partie plutôt sombre de ma vie... Ça faisait presque un an qu'une grosse tragédie était arrivée et depuis ce temps, j'avais accumulé beaucoup d'émotions que je refoulais en moi, mais un soir d'hiver, j'ai... je me suis laissée aller dans une crise. J'ai fini par arrêter de pleurer lorsque je me suis aperçue que ma lampe de chevet projetait des ombres et c'est là que j'ai commencé à jouer avec. À partir de ce moment, c'est devenu une véritable passion et comme j'étais plutôt douée pour faire des formes avec les ombres, l'académie a entendue parler de mon talent et j'ai reçu une invitation pour la rejoindre. Voilà..."

Bon, je ne m'en suis pas trop mal sortie. Je retourne la question à mon interlocutrice, en espérant qu'elle puisse en faire autant :

"Et toi, comment es-tu arrivée ?"

En attendant une réponse, je jette à nouveau un œil à l'extérieur. Ah, j'ai l'impression que ça s'est un peu calmé par rapport à tout à l'heure. On pourra peut-être bientôt sortir...

"Et toi, comment es-tu arrivée ?"

Après son histoire je ne savais plus quoi dire c'était beaucoup plus...important que moi sa façon de découvrir ses pouvoirs, elle était assez différente de la mienne je pense. Je me suis enfin rendu compte que ça faisait déjà un peu de temps qu'elle m'avait retourné la question mais que j'avais bloqué, laissant le silence dans la boutique. Je me tournai vers l'homme pour savoir quoi lui répondre. Il n'avait pas l'air d'être préoccupé par notre présence ce qui rendait l'explication plus simple. Je me lança alors dans une rapide explication de ce qui m'avait emmené dans l'académie.

"Après quelques problèmes que j'ai eu un peu plus jeune j'ai sans le vouloir dans un moment de panique utilisé mon don sur...quelqu'un. Ma mère avait le même don que moi en quelque sorte, elle m'en a parlé juste avant de mourir mais je ne pensais pas que c'était possible de le transmettre à travers les générations. J'ai découvert grâce à cet accident que je l'avais moi aussi en moins puissant bien sûr."

J'avais dit l'essentiel et j’espérais ne pas en avoir trop dit pour que l'antiquaire découvre de quoi on parlait mais en même temps que Tori m'ai comprise. Et aussi que mon récit n'est pas été trop long et ennuyant. Je cherchai à voir sa réaction. Puis finalement en jetant un rapide coup d’œil à l'extérieur je remarquai que l'orage s'était calmer et que nous pourrions surement sortir de cette boutique je demandai quand même à Tori ce qu'elle voulait faire maintenant que nous pouvions ressortir. Nous pouvions soit continuer notre balade ou rentrer à l'académie.

"Ça à l'air de se calmer dehors, tu veux rentrer à l'académie ?"

"Après quelques problèmes que j'ai eu un peu plus jeune j'ai sans le vouloir dans un moment de panique utilisé mon don sur...quelqu'un. Ma mère avait le même don que moi en quelque sorte, elle m'en a parlé juste avant de mourir mais je ne pensais pas que c'était possible de le transmettre à travers les générations. J'ai découvert grâce à cet accident que je l'avais moi aussi en moins puissant bien sûr."

"Oh je vois. Je suis navrée pour ta mère..."

J'exprime un air désolé, mais intérieurement, je suis fascinée. L'histoire de Mei prouve que les pouvoirs peuvent provenir de l'héritage génétique. Ça me paraissait être une théorie plus que qu'envisageable, mais à présent elle se confirme pleinement à mes yeux. Ça m'amène à penser à ma propre mère. Lorsqu'à cause de la réception de la lettre de l'académie, j'ai été obligé d'annoncer à ma famille que je faisais bouger les ombres, mon père est devenu blême, ma sœur a semblé être surprise et j'avais cru apercevoir un sourire discret se dessiner l'espace d'un instant sur le visage de ma mère. À force d'y repenser, j'en suis venue à me demander si elle était au courant de quelque chose. Si c'est le cas, la connaissant, elle finira par me le dire un jour, mais en attendant, il semblerait que je doive vivre dans l'ignorance. Je réalise soudainement que Mei a parlé sans utiliser de métaphores ou quelque chose dans ce style-là. Je tourne rapidement la tête en direction de l'antiquaire, mais celui-ci ne semble pas avoir entendu quoi que ce soit. Soulagée, je détourne le regard en poussant un léger soupire.

"Ça à l'air de se calmer dehors, tu veux rentrer à l'académie ?"

En entendant cela, je regarde dehors et je constate qu'effectivement, il ne pleut presque plus. On pourrait continuer notre balade en ville, mais je n'ai pas envie d'être à nouveau prise par la pluie torrentielle, car son retour ne me surprendrait pas. Ce n'est pas que je n'ai pas envie de me retrouver à nouveau à l'intérieur d'une boutique avec Mei pour me protéger de la pluie, d'autant plus que je la trouve sympathique comme personne, mais je commence vraiment à avoir envie de rentrer pour me changer, entre-autre. Je pousse donc la porte, invitant ma camarade à sortir, puis je réponds à sa question :

"J'aimerais bien rentrer, oui. Si tu veux continuer ta promenade, ne te sens pas forcée de me suivre, par contre."

En choisissant de rentrer, je n'ai pas envie de décider pour elle, alors je préfère lui dire. J'attends donc de connaître sa décision pour savoir si je dois rentrer seule ou accompagnée.

"J'aimerais bien rentrer, oui. Si tu veux continuer ta promenade, ne te sens pas forcée de me suivre, par contre."

J'ai moi aussi envie de rentrer à l'académie alors je pense que je vais rentrer avec Tori. Malgré mon manque de sociabilité j'ai bien aimé sa compagnie jusqu'à maintenant. J'ai appris quelques trucs sur les pouvoirs des autres à l'académie, il faudra que je vois avec d'autres personnes sympa comme Tori pour en apprendre encore plus sur l'académie. Je la suis dehors en lui répondant.

"Je vais rentrer avec toi."

Je lève ensuite mon regard vers le ciel qui s'éclaircie de plus en plus, on va pouvoir rentrer sans être plus trempé qu'on l'est déjà. Je regarde ensuite les bâtiments, parmi les gens qui nous regardaient tout à l'heure quelques téméraires ressortes dans les rues remplies de flaques. Je soupire en les voyant comme ça pour de simples gouttes d'eau tombant du ciel. J'accélère pour rentrer le plus vite à l'académie, pas à cause du mauvais temps cette fois mais à cause de ma terrible envie de dormir, d'ailleurs un bâillement m'échappe. Je me retourne pour voir où est Tori quand j’aperçois la clôture de l'académie juste devant moi. Je m'arrête à l'intérieur des jardins en apercevant un arbre avec un feuillage assez épais pour me protéger de la pluie si l'orage revenais, j'y grimpe et m'allonge sur une branche assez robuste pour supporter mon poids. Mes yeux commencent à se fermer tous seul mais je reste éveillé pour pouvoir quand même saluer Tori, vu que je suppose qu'on va se séparer ici. Je souris en lui disant.

"C'était cool cette balade... Je suppose qu'on se sépare ici. À plus alors ?"

"Je vais rentrer avec toi."

Sa décision me fait chaud au cœur, car je trouve sa présence agréable et même si ce n'est que pour quelques minutes et en silence, c'est tout de même une joie de pouvoir rester à ses côtés.

"D'accord, alors allons-y."

Mei m'emboite le pas et je la suis en regardant les quelques personnes qui se remettent à déambuler sur les trottoirs. Certains tiennent encore leur parapluie ouvert au-dessus de leur tête. Peut-être qu'ils finiront par réaliser qu'il ne pleut plus lorsqu'ils regarderont les flaques d'eau parsemées sur le trottoir et dans la rue ou peut-être lorsqu'ils verront quelques personnes ayant fermé leur parapluie. Avec cette observation, c'est à peine si je remarque que nous sommes arrivées à l'académie, tellement j'ai le focus ailleurs, mais je suis forcée de constater qui les grilles du portail se dressent devant moi et que Mei les a déjà franchi. Lorsque je passe le portail à mon tour, j'ai tout juste le temps de voir ma compagne de balade disparaître dans le feuillage d'un arbre sous lequel je me dirige à mon tour pour l'apercevoir. Elle s'est confortablement installée sur une branche comme si c'était un lit ou un sofa et elle me sourit.

"C'était cool cette balade... Je suppose qu'on se sépare ici. À plus alors ?"

Je lui retourne son sourire.

"Je l'ai aussi beaucoup apprécié. Donc oui, je crois bien que c'est le moment où on se quitte. Bonne fin d'après-midi et à une prochaine fois."

Sur ces salutations, j'agite la main, puis je m'éloigne tranquillement sur le sentier qui mène vers l'annexe où se trouve les différents dortoirs. Je vais pouvoir me changer et me reposer au sec. Peut-être que je vais dessiner. Peu importe ce que je vais faire, j'espère que j'aurai à nouveau l'occasion de croiser Mei et peut-être que ce sera pour une nouvelle balade, qui sait ?