Message et mise en commun [Pv Noa]

Message et mise en commun

Salut Yasushi excuse moi de te déranger ... voila j'ai entendu votre conversation avec Lloyd et il y a des trucs sur cette histoire dont je suis au courant et qui pourrais t’intéresser. Si tu veux les connaitre dit moi tes disponibilités

Noa

Noa. Il s’agissait d’un rubis que j’avais rencontré en Nouvelle Calédonie. Nous avions été cuistots lors du BBQ organisé par Jïnn… enfin, plus lui que moi. Puis, certainement un peu poussé par Archie qui avait fait la « causette » avec lui, il m’avait proposé de faire un duel de pouvoir sur la plage. A cause de la peur de le blesser gravement, voire plus car je me sentais alors perdre pied, je lui avais concédé la victoire. Il l’avait refusée et m’avait proposé de le reprendre plus tard.

Le temps était passé. Je l’avais revu lors du cours de Biologie, peu de temps après que Yumiko m’ait brièvement raconté qu’elle avait été pour la première fois à la piscine grâce à lui. Grâce à lui, elle avait encore fait un pas en avant et cela me ravissait malgré ma légère jalousie.
Par contre, je me demandais ce qu’il pouvait savoir à propos de Marco. Est-ce que ce dernier avait parlé de ses problèmes à d’autres ? Oui, il m’avait dit que oui mais que Alyssa s’était vengée par la suite. Est-ce que je ne prenais pas un risque en allant le voir ? Malgré cette question, il était un fait qui me faisait plus peur que cela : le fait que Marco puisse se venger et, dans le pire des cas, finir par se faire justice, seul pour de bon. Etant le premier à savoir que ce n’était pas une bonne chose pour diverses raisons, je ne voulais pas qu’il se retrouve dans une spirale infernale. Du coup, sans plus me poser de question, je me dirigeai vers la maison des Rubis pour le chercher.

Je pris le temps de fouiller toutes les chambres, mise à part la mienne puisque je savais à peu près qui logeait avec moi, et je dus me rendre à l’évidence qu’il n’était pas là. Je partis donc pour un tour complet de l’école en espérant que je ne le raterais pas. Les établissements étant vides de sa présence, je me dirigeai vers les jardins. Je n’étais encore jamais allé dans cette partie de l’académie. Certainement fus-je bien trop occupé par mes sorties en ville.

Arrivé à destination, je restai là quelques instants. Je devais avouer que j’en avais marre de chercher, que je souhaitais abandonner tout ça pour me focaliser sur mes propres problèmes et, tout simplement, faire mon deuil si cela était seulement possible. J’avais cependant bien trop peur de quoi était capable Marco après la discussion que j’avais eu avec lui après avoir entravé sa tentative de suicide. Si seulement je pouvais lui éviter plus de cicatrices… Pour ma part, les miennes ne cessaient d’augmenter leur nombre.

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- Salut Yasushi. Tu as reçu mon message ?

En me retournant en direction de la voix qui m’avait hélé, je vis Noa s’approcher en me faisant signe de la main. J’attendis qu’il eût effectué les quelques mètres qui nous séparés pour lui répondre :

- Ouais, je l’ai reçu. Je te cherchais, justement. Comment sais-tu pour Marco et comment es-tu au courant pour ma discussion avec Lloyd ?

Je préférais aller droit au but. Certainement n’était-ce pas le meilleur moyen de me faire des « amis », mais j’avais de ces réponses pour résoudre ces problèmes le plus rapidement possible. Avec un peu de chance, je pourrais ainsi peut-être enfin me mettre au calme et m’occuper de mes propres ennuis. D’ailleurs, je me promis de ne me concentrer que sur l’Emeraude durant cette conversation, quitte à me blesser (moralement) pour ça. Pourquoi fallait-il que Marco ait des sentiments rudement proches des miens avec une approche si différente ? Au final, je me rendais compte que ne compter sur personne tout en se sentant impuissant n’était pas une meilleure chose que de devoir toujours avoir besoin d’aide. Le juste milieu… C’était quelque chose dont Berth avait tenté de m’inculquer, sans succès. Elle m’en avait parlé en tentant de me faire comprendre que les lois n’étaient peut-être pas toutes bonnes, mais que sans elles nous serions dans des situations pires que celles que nous connaissions dans la rue. Je pensais commencer à comprendre, mais cela me faisait tout de même chier. Comment accepter que les lois empêchent de venir en aide à autrui ? Comment accepter que les politiciens n’écoutent pas les personnes qui vivent au sein de leur société ? … Enfin, j’avais bien plus de questions que cela. Je me reconcentrai cependant sur Noa et la réponse qu’il devait me donner. Il était évident qu’il avait entendu ma conversation avec le prof de physique en passant dans le couloir. Cependant, il m’intriguait à connaître des détails concernant Marco. Que savait-il exactement qui pouvait m’aider ? Qu’avait-il qui pourrait empêcher l’Emeraude de faire ce qui pourrait-être sa plus grosse connerie ? J’attendais des réponses avec une certaine impatience.

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- A vrai dire ça fait depuis le début de l’année que je suis au courant pour Marco … j’ai même assisté à l’une de ces maltraitances et y avais mis fin. Je pensais que la frayeur que j’avais fait à Alyssa ce jour-là aurais suffi à la dissuader de toute tentative de représailles faut croire que je me suis bien trompé … Je te cache pas la surprise que j’ai eu quand j’ai appris que cela n’a pas été suffisant … Pour ce qui est de Lloyd et toi j’ai tout simplement L’ouïe fine … mais je ne m’amuse pas à espionner les gens d’habitude.

Au moins, je pouvais être rassuré puisque l’Emeraude n’avait pas été seul dans ces épreuves bien que son récit m’ait presque fait croire le contraire. Après, je ne pouvais pas le juger puisque j’avais moi-même le sentiment d’être seul malgré la présence de personnes qui m’aimaient ou m’appréciaient. Certainement était-ce parce qu’ils ne pouvaient pas remplacer ceux que j’avais perdus. Mais pour Marco… pourquoi ? Je ne comprenais pas.
Il était une autre chose qui ne me plaisait pas forcément : j’espérais que Noa n’avait rien entendu sur moi. Il était des choses que je pouvais plus ou moins dire au professeur de physique puisqu’il avait contribué à me sauver la vie, mais pas à Noa. Avec un peu de chance je n’aurais pas parlé de moi du tout, ou pas de façon compréhensible pour lui. Mais cela signifiait autre chose aussi. Enfin, tout dépendait d’à partir de quel moment il nous avait écouté.
Doucement, je soupirai d’un air qui donnait l’impression que je capitulais avant de reprendre plus calmement :

- Du coup, je suppose que tu le sais, sinon je te l’apprends, mais Lloyd veut montrer à Marco ce que ça donne quand on se fait justice. Je comprends qu’il m’ait demandé mon aide puisque Marco en veut à Lloyd… mais je ne me sens pas de le faire. J’ai deux raisons à ça : la première est que lui et moi ne nous connaissons pas bien et la dernière chose que je veux c’est qu’il pense que je l’ai roulé. Je lui avais dit que je l’aiderais en tentant d’aller voir le prof mais je ne sais pas comment il réagirait en me voyant débarquer avec lui. Puis… il est des conséquences dont je ne peux pas parler.

Suite à cela, je ne dis plus rien pendant quelques instants, espérant que Noa ne m’en demanderait pas plus. De toute façon, la conversation ne parlait pas de moi. Ce n’était pas mes problèmes que je voulais résoudre pour le moment.

- Dis-moi, est-ce que Marco te fait confiance ? lui demandai-je après ce silence.

(c) Rin sur Epicode

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Je le laissai réfléchir tranquillement pendant le temps qu’il voulait à ma question. Puis je l’entendis me répondre après quelques secondes :

- Je ne peux pas l’affirmer avec certitude mais je pense que oui. En tout cas assez pour se confier à moi. En tout cas je suis prêt à vous aider ! Je ne veux pas que Marco franchisse la limite … mais il ne faut pas non plus qu’il se renferme sur lui sinon ça le bouffera de l’intérieur, j’en sais quelque chose … Mais il y a un problème … Même si Alyssa est le principal bourreau de Marco ce n’est pas la seul il y a quelqu’un d’autre …

Les dires de Noa me glacèrent. Un… autre ? Marco m’avait parlé d’une autre personne qu’une seule fois et ce n’était que lorsque tout ça avait commencé, non ? A quel point cet autre acteur était-.il impliqué ? Avait-il recommencé ? Pour le moment, la seule personne qui pouvait me renseigner était celle avec qui je discutais en ce moment même. Bon sang ! Est-ce que tout allait bientôt se terminer ? Est-ce que j’allais pouvoir aller jusqu’au bout de cette histoire devenir fou ?
Lentement, désespéré, je passai ma main sur mon visage. Je me mis à regarder le ciel pendant quelques secondes avant de regarder à nouveau Noa et lui dire :

- Il m’en a vaguement parlé sans le nommer. Apparemment il l’aurait frappé pendant que Alyssa applaudissait et l’insultait. Il a fait autre chose ? Je demande parce que Marco semblait bien plus marqué par cette fille qu’une autre personne. Quoi que cette histoire avec Lloyd l’avait marqué au point qu’il veuille tout abandonner… Bordel ! Avons-nous vraiment besoin de la violence pour vivre ?!

En y réfléchissait bien, je ne pouvais pas réellement parler. J’avais été obligé d’en user pour survivre et j’avais demandé à Jïnn de me frapper au point de m’envoyer à l’hosto pour que je ne fasse de mal à personne. Quoi que ce dernier point était dû à un cas assez spécial. Merci, géniteur détesté !

(c) Rin sur Epicode

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Cette histoire avec Marco me semblait en-dehors de mes compétences et je devais bien avouer qu’en parler avec Noa me faisait pas mal de bien. Ce n’était pas tout à fait ça encore puisque je ne savais pas trop quoi faire et me sentais démuni. Mais, au moins, je ne m’énervais pas comme j’avais tendance à le faire ces derniers temps. Comment lâcher prise réellement dans ce genre de situation ?

_ Hé bien j’ai mené ma petite enquête … et le mec qui l’a frappé Il s’appelle Ikki, c’est un rubis, tu l’as peut-être déjà croisé … Grand roux, avec un bouc plein de piercing aux oreilles et toujours avec une batte de baseball. C’est d’ailleurs avec ça qu’il a frappé Marco. Je le sais j’ai vu les blessures de Marco peu de temps après et je peux t’assurer qu’elles n’ont pas été faites à main nu ! je m’était déjà occupé de Alyssa je m’était promis de faire pareil avec Ikki mais bon … si il a tourné la page la dessus ce n’est peut-être plus nécessaire finalement ... mais je pense qu'il faudra quand même le surveillé. Remarque je comprends que Alyssa l’ait plus marqué … J’ai été témoins le soir ou elle a fait boire le jus de vers à Marco en guise de représailles…

Ah ouais, tout de même ! Je comprenais un peu mieux son mal être. Cela me rappelait ma situation dans la rue lorsque j’étais en bas de l’échelle alimentaire, mal nourris, maltraité, tabassé et que seule la découverte de mon pouvoir que je n’avais cessé d’utiliser par la suite m’avait permis de remonter la pente avec l’aide de Tom. J’en venais à me demander qu’elle aurait été le comportement de Marco à ma place. Personnellement, sans mon pouvoir, je serais encore dans la rue, peut-être mort de faim, et non en face de Noa à aider un Emeraude victime de maltraitance. Face à cette réalisation je ne pus m’empêcher de soupirer un peu. Sérieusement… comment pouvais-je aider quelqu’un alors que je n’avais pas de réelle solution ? Est-ce que le mener vers Jïnn était une bonne idée ? Je commençais à réellement me poser la question…

- Si tu as besoin de quelqu'un pour aider Marco tu peux compter sur moi. Je viens de lui parler en serre, et j'ai essayé de lui apporter un peu de réconfort. Au fait maintenant que j'y pense ça va mieux depuis l'hôpital ? Tes blessures cicatrisent ?

- Merci Noa, je tâcherais d’y penser, lui répondis-je sincèrement avec un petit sourire piteux. Concernant mes blessures, ouais, ça va mieux. Mais si tu savais, je deviens fou à rester là ! ajoutai-je en m’ébouriffant furieusement les cheveux.

Sous les conseils d’Archie et Lloyd, afin de préserver ma vie, je devais rester à l’Académie. Avec un peu de chance les assassins à la solde de mon père ne me trouveraient pas. Mais je devais avouer que je me sentais en prison après avoir passé plus de dix ans à pouvoir aller où je voulais quand je voulais. Puis… les gosses me manquaient terriblement.

- Heureusement, je pars avec Archie tantôt pour trouver des familles pour les gosses qui vivaient dans le rue avec moi. Ce n’est qu’une mesure temporaire pour le mal qui ronge ce putain de pays, mais au moins ces mômes-là seront heureux.

(c) Rin sur Epicode

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_ C’est vraiment génial ce que vous faites ! Pour ce qui est de l’enfermement je te comprends … mais au pire une petite sortit en ville tous les deux ça te tente ? Archie n’en saura rien …

A cette proposition plus qu’alléchante, je me relevai et me passai une main dans les cheveux sur un air de réflexion. J’étais à des années lumières de vouloir refuser. Mais pouvais-je décemment prendre le risque de mettre ma vie en péril ? Le fait qu’Archie le sache ou non n’était pas ce qui me retenait d’accepter, mais le fait qu’ils me perdent tous ou non… ou que je change pour toujours sans moyen de retour en arrière. Je ne voulais pas qu’il assiste à une de ces situations, réellement. Quel accord avions-nous fait avec Archie et Lloyd déjà ? Il me semblait pouvoir sortir sous condition, non ?

« La solution temporaire est de rester à Tsuki et de ne pas le laisser se déplacer seul en dehors. » avait-il dit.

Donc, si j’étais avec Noa c’était bon ? Certainement. Du coup, je répondis en souriant à nouveau après avoir réfléchis quelques instants à la proposition :

- Je te suis. Comme ça je serais plus apte à réfléchir, certainement.

Réfléchir, c’était quelque chose que je faisais de plus en plus semblait-il. Mais cela ne m’empêchait pas d’être ce qu’on appelait un « homme d’action. C’est pourquoi je me mis à marcher à côté de lui vers ce que je nommais plus « la sortie » que « l’entrée » de l’école. D’ailleurs, j’en profitai pour répondre à sa remarque sur les mesures prises pour les mômes :

- Pour ce que nous faisons avec Archie, je voudrais faire plus… Beaucoup plus. Je voudrais qu’aucun gosse… non, que personne ne vive ce que j’ai vécu. Tu sais… même mon pire ennemi, j’aurais préféré qu’il ne vive pas dans la rue. Peut-être que, comme ça, il n’aurait pas mal tourné.

D’ailleurs, pourquoi ne pas profiter de cette sortie pour aller les voir ? Cela faisait longtemps. Ils allaient d’ailleurs me le reprocher, cela ne faisait aucun doute. Il me semblait aussi qu’aller voir Berth ne serait pas de trop. Du moment que je ne retournais pas là-bas, ça irait, non ?

(c) Rin sur Epicode

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_ Sans doute …si il y a bien une chose que j’ai appris c’est qu’on ne né pas « bon ou mauvais » mais on le devient … Y’a-t-il un endroit en particulier ou tu aimerais allé ?

Il lit dans mes pensées ou quoi ? Peut-être, quoi que son pouvoir était tout autre. Aurait-il alors simplement envie de me faire plaisir ? C’était sympa de sa part, bien que je ne sois pas certain que ce soit une bonne idée. A moins que je ne lui dise… Mais n’allait-il pas m’empêcher de sortir dans ce cas-là ? J’espérais que non…

- Il y a deux endroits où je veux aller. En fait, j’aimerais voir les gosses qui étaient avec moi dans la rue et qui sont maintenant dans une auberge grâce à Archie, et Berth, une personne qui a beaucoup veillé sur moi avant mon entrée à l’académie. Mais… l’auberge est l’endroit où je me suis fait poignarder pour que tu me retrouve à l’hosto l’autre jour.

Je me tus un instant, guettant sa réaction. Je ne voulais pas le mettre en danger, surtout sans qu’il soit au courant. Finalement, s’il décidait de ne pas m’accompagner, je n’aurais certainement eu que ce que je méritais à force de cacher les éléments les plus importants de mon vécu. C’est pourquoi je continuai :

- En gros, quand je suis sorti de l’hosto car Jïnn m’a… aidé à ne pas perdre le contrôle de moi-même, je suis allé voir mes gosses à l’auberge. Puis quand j’ai voulu rentrer à l’académie j’ai été intercepté par des sbires de mon père. Voilà ce qu’ils voulaient de moi : que je devienne l’assassin que mon père a implanté en moi ou mourir. Dans les deux cas, ce serait comme une mort pour moi. Comme je ne voulais aucun des deux, ils ont tenté de me tuer et ils sont apparemment toujours à ma recherche.

Une fois encore, je me tus pour le laisser assimiler mes dires. Je repris cependant assez rapidement sur un ton d’excuses :

- Je suis sincèrement désolé de e pas t’avoir dit tout ça plus tôt, mais je préfère que tu sois au courant de ce qui se passe si tu veux toujours m’accompagner à l’extérieur plutôt que tu le découvre de la pire des façons.

Voilà, c’était dit. Je n’avais plus qu’à attendre son verdict en espérant que celui-ci ne le ferait pas se mettre en colère contre moi. Tiens ? Pourquoi en avais-je si peur ? Autrefois cela ne m’aurait certainement pas dérangé…

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Loin de recevoir de la colère, c’est un sourire que j’accueillis avec une surprise que je ne cherchai même pas à cacher. Comment devais-je réagir face au fait qu’il ne s’énerve pas ? Non pas que je ne m’en sente pas soulagé, bien au contraire ! Mais c’était étrange… Je l’écoutai donc simplement me répondre :

_ Ne t’inquiète pas je sais que c’est toujours difficile à dire ce genre de chose … Si t’as des assassins à tes trousse et ben … raison de plus pour que je vienne avec toi alors ! (il me désigna son oreille) T’as un garde du corps d’enfer qui peut entendre les gens venir ! (il agita son poignet gauche devant moi) Et comme tu peux le voir je suis complètement rétablie et en pleine possession de mes moyens.

Il le prenait assez bien. Il devait être comme ces gens qui ont deux graines de courage pour une graine de folie. D’un autre côté, il n’avait pas tort en disant qu’il pouvait être meilleur garde du corps que n’importe qui d’autre. Il me fit tout de même un peu peur lorsqu’il commença à me dire qu’il y avait autre chose. Heureusement il ne se fit pas prier pour continuer :

_ Si on va voir des enfants faut qu’on passe au super marché acheter des bonbons ! Hors de question que je vienne les mains vides !

C’était juste ça ? Il me fit sourire un peu alors que je lui répondis :

- Ok, mais n’en prend pas trop. Certains seraient capable de se rendre malade si tu leur donne en libre-service.

Alors que d’autres ne mangeais pratiquement pas, comme moi. Mais je pensais comprendre pourquoi il ne voulait pas aller là-bas les mains vides. Après tout, il ne les connaissait pas encore. J’espérais qu’ils allaient tous s’entendre…
Comme promis, nous passâmes au Supermarché. Accompagné de Noa, nous allâmes dans le rayon bonbon et je le laissai choisir en le modérant un peu. Puis, en passant près de la caisse, j’attrapais une boîte de briquets pour les offrir à Berth. Elle ne fumait pas, mais je savais qu’elle les utilisait pour les bougies ou autres travaux en tant qu’aubergiste. Puis, elle n’allait tout de même pas me dire que ses vieux silex étaient encore utiles tout de même ?!

Une fois que nous eûmes tout payé, je dirigeai mon ami vers le quartier résidentiel où étaient logés les gamins. Le chemin se fit sans encombre bien que je ne fusse pas à l’aise. Pendant tout le trajet je n’avais cessé de regarder autour de moi discrètement, vérifiant les ruelles, les toits et autres cachettes. Heureusement, je lâchai prise en entrant dans la bâtisse. Les mômes, qui étaient en train de jouer dans une sorte de salon vers laquelle j’évitais de regarder à chaque visite, m’entendirent parler à l’accueil et vinrent m’accueillir comme un troupeau de chiots ravis de voir leurs parents. Tant et si bien que je fus très rapidement entourés de mêmes de tout âge entre 5 et 15 ans qui parlaient en même temps. Malgré la gêne qui m’avait pris à cause de la présence de mon ami, je riais et répondais à la plupart de leurs questions dont la principale était : j’étais passé où pendant tout ce temps. Comment leur dire que j’avais failli mourir ? En réalité, j’esquivais la question en leur répondant que l’école était loin d’être un lieu pour s’amuser constamment et que je n’avais tout simplement pas eu la possibilité de venir les voir. Bien entendu, certains ne furent pas dupes, mais leur attention fut bien vite attirée sur Noa dont certains remarquèrent la présence.

- Je vous présente un ami à moi. Il s’appelle Noa.

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Cela me fit vraiment bizarre de voir Noa mal à l’aise. Lui qui n’avait pas l’air timide en temps normal paraissait différent devant les gosses. Pour moi qui avait l’habitude de ce genre de situation, je ne comprenais pas très bien. Je trouvais cependant qu’il s’en sortait vraiment bien :

_ heu … Bonjour ! …ça intéresse quelqu’un ?

Quoi que s’il n’était pas à l’aise, montrer deux paquets de bonbons devant des enfants en manque d’affection n’était pas vraiment une bonne idée. Le calme que j’avais plus ou moins réussis à instaurer s’évanouit comme s’il n’avait jamais existé. Tous les petits être qui étaient alors autour de moi allèrent vers Noa comme des rapaces ayant trouvé une proie. Pendant une seconde je levai les yeux au ciel avant de parler d’une voix ferme et autoritaire sans paraître méchant pour autant alors que j’avais mis mes mains sur les hanches :

- Ca suffit maintenant ! Vous n’aurez rien si vous continuez comme ça ! Allons ailleurs avant tout, d’accord ? Puis, ne pensez-vous pas que vous mettez mon ami mal à l’aise par vos agissements ?

Tous se regardèrent comme pour se concerter silencieusement. Puis, comme s’ils avaient compris la leçon, ils s’excusèrent auprès de moi comme auprès de Noa avant de nous mener dans une de leur chambre. Sur le chemin, discrètement, je fis à mon ami :

- Ca va ? Désolé pour leur comportement, mais ils n’ont pas vraiment l’occasion de manger des bonbons. D’où le fait que je t’ai demandé de ne pas trop en prendre.

Arrivé dans une simple chambre d’hôtel, un peu trop blanche à mon goût, qui était meublée de trois petits lits dont un en hauteur, un bureau, une chaise et une armoire, sans compter la salle de bain, je fis en sorte que tout le monde s’installe sans dispute. Puis, souriant, je déclarai :

- Il y a deux paquets de bonbons. Noa et moi allons donc faire le tour de la salle pour que chacun d’entre vous en ait un de chaque. N’hésitez pas à vous présenter quand il passera vers vous, d’accord ?

J’attendis leur oui collectif pour prendre un des paquets et proposer à mon ami que nous fassions le tour ensemble. Je voulais éviter qu’il se fasse avoir par les petites manies de voleurs pour la survie. On se débarrasse malheureusement difficilement des mauvaises habitudes…

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En règle générale, malgré quelques chenapans, la distribution des bonbons se passa sans accrocs. Même Edwidge qui n’était pas du genre à parler réellement aux inconnus parla un peu avec Noa. Je ne pouvais qu’être ravi de la situation. Puis, il restait assez de bonbons pour faire une deuxième tournée, ce qui n’était pas plus mal. Au moins nous pourrions contenter les gosses qui en voudraient encore sans qu’il y ait de jaloux. Je les laissais cependant « déguster » tranquillement en annonçant seulement :

- Ne vous précipitez pas pour manger, les bonbons ne vont pas s’envoler.

Par la suite, je me tournai vers Noa, souriant :

- Eh beh ! Je savais que ton ouïe est exceptionnelle, mais là tu m’épates. Ces gosses se sont longtemps entraînés à voler pour survivre. Le plus souvent, ils communiquent par gestes … tu crois que vivre ici leur a permis de baisser leur garde ?

Je devais bien avouer que j’étais jaloux. Certainement que les années plus nombreuses passées à être sur mes gardes et cette histoire d’esprit assassin ne m’aidaient pas à baisser ma garde. Le moindre faux pas et il prendrait ma place pour faire de moi un meurtrier sanguinaire et sans âme. Puis, comment me sentir en sécurité après ce que La Brute avait fait… en plus de ce que mon père avait demandé ? Non… En fait je ne pouvais qu’être heureux pour ces satanés mômes. Malgré toutes leurs épreuves ils auraient enfin une famille aimante pour les élever et vivre en sécurité. Tout ce qui m’avait été refusé jusqu’à ce que je sois trop âgé pour être officiellement intégré à une famille. Pourquoi tant d’épreuves… ?

Alors que je m’enfermais doucement dans mes pensées, quelques gosses vinrent près de moi alors que les autres discutaient sur leurs impressions, les goûts et autres. Ils me regardèrent comme pour capter mon attention. Du coup, doucement, je souris en m’accroupissant devant eux et leur demander :

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Yasu, fit l’un d’eux, tu peux refaire ton tour de magie, s’il te plaît ?

Doucement, j’émis un petit rire bref. Puis, cachant mes mains derrière mon dos, je créais quelques petites sphères multicolores qui dansèrent tout autour de moi et de mes gosses. Je jouai ainsi avec eux jusqu’à ce qu’un évènement n’attire mon attention.

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