Keep waiting... [Avec Eryn]

Le temps était redevenu clément depuis quelques jours : les oiseaux s'étaient remis à chanter sous un timide soleil qui jouait à cache cache avec les nuages. Une légère brise venait caresser de temps en temps les prairies au alentour. Le calme qui avait jusqu' alors parcouru le château n'était plus q'un lointain souvenir dissipant le dernier souffle d'un silence pesant. L'heure était surtout revenu aux divers examens qui allaient avoir lieu. La seule occupation à part les révisons était l’écriture pour ma part et  le paysage coloré se dessinant au loin était source d'inspiration pour oublier la récente période qui avait été propice à d'innombrables cauchemars.

Au final, je m'étais décidé un de ces matins à poser ma plume pour aller faire un tour à l'extérieur : libre de tout matériel, les sens en éveil, je rêvais de profiter d'un renouveau que la belle saison du printemps me donnait. Bien entendu, je n'étais pas dupe et je savais pertinemment que le calme que j'aimais côtoyer de nombreuses heures sur le banc au fond de l'allée à l'est du parc  ne serait malheureusement pas au rendez-vous Il y avait quelque chose de mystérieux dans le silence avec la quiétude que celui-ci procurait mais la vie n'était pas uniquement une belle plaine accueillant en son sein un calme ruisseau preuve de la quiétude recherchée

Je traînais donc les pieds en direction de mon repère me frayant un chemin entre les divers silhouettes dont je ne connaissais pas le nom cherchant désespérant des yeux Elena : une jeune fille saphir qui savait comment me remonter le moral Je me demandais bien où mes connaissances d'hier étaient passées. Le temps avait du les emporter vers de nouveaux horizons et ne pas avoir de leur nouvelle m'avais pour ainsi dire jeter un coup dur au moral. Au final, mes projets d'évasion d'il y a quelques mois étaient pour une nouvelle fois d'actualité...

Je m'asseyais donc sur ce banc : l'illusion de n'avoir plus que cet objet comme véritable attache : des planches de bois comme chaînes...

Au final, les yeux contemplant l'horizon imaginant des formes dans le ciel, une question vint à mon esprit ; quelqu'un oserait-il troubler cet instant ou la nuit viendrait me tenir compagnie avant d'aller rejoindre mes compagnons de dortoir ?

Le vent était frais mais le soleil était agréable sur son visage. Elle se réveilla en papillonnant des yeux et commença à s’étirer avec un petit bruit de contentement. Chose qu’elle cessa de suite en entendant la bouteille qu’elle tenait encore à la main tomber dans un bruit sourd sur le banc qu’elle surplombait.
Ah oui, elle s’était endormie sur cette vieille branche, incapable de regagner son dortoir sans se faire repérer… Elle devait avoir fière allure à dormir dehors… La blonde se redressa lentement pour ne pas tomber de son lit improvisé. Il faut dire qu’il s’en était fallu de peu, à s’étirer au réveil comme ça…

Une fois redressée sur son séant, la jeune fille bailla et étira le haut de son corps en tendant les bras vers le ciel comme un appel. Encore heureux, cette fois elle ne portait pas de jupe, sinon elle aurait montré ses dessous au jeune homme qu’elle n’avait pas encore remarqué en bas.
Sa chemise grise était légèrement froissée mais rien de bien visible, elle glissa ses mains dans ses cheveux pour enlever les rares nœuds et passa ses jambes de chaque côté de la branche avant de sauter au pied de l’arbre telle une gymnaste.
Et… elle se figea comme une enfant prise en faute. Elle ne s’était absolument pas rendu compte de la présence du garçon qui la regardait de ses étranges yeux… violets ? lavande ? Elle était un peu loin pour le discerner et ses cheveux blancs n’étaient pas non plus ordinaires.

Après avoir scotché quelques secondes, la jeune fille lui fit un énorme sourire et s’approcha pour ramasser la bouteille qu’elle glissa dans son sac l’air de rien et s’assit à côté de lui.

« Chouette journée hein ? »

Comme s’il ne venait pas de la surprendre en flagrant délit de découchage… Elle enroula une mèche de cheveux autour de son doigt et s’installa confortablement sur le banc en lui jetant un regard en coin.
Apparemment, il était occupé à écrire, ou dessiner, elle n’en savait trop rien et les derniers relents d’alcool avaient besoin de se dissiper pour qu’elle puisse vraiment réfléchir à la situation.
La jeune fille sortit une sucette de la poche de sa veste qu’elle venait de remettre et en tendit une au garçon alors qu’elle enfournait la première dans sa bouche.

« Fen veut une ? »

J'entendis un léger craquement et sentis une présence soudaine vers moi, je n'osais pas détourner les yeux du spectacle s'offrant à moi profitant de chaque rayon de soleil léchant ma peau et lui rappelant à quel point la vie était chaleureuse sauf dans mes souvenirs malheureusement...

Des yeux étrangers se posaient sur moi petit à petit je le sentais : telle une proie j’attendais de savoir ce qui m'attendais... On aurait dit plus que la personne en question m'épiait : un éclat blond s'était dessiné au coin de ma pupille et à en croire ma première impression cette personne devait être une étudiante à moins que mes sens étaient trompés par quelconque pouvoir qui existait au sein de cette académie. Il est vrai que les pouvoir étaient quelque chose de merveilleux mais il fallait bien se rendre à l'évidence que cela n'était pas vraiment quelque chose de réaliste ... Certes cela était tangible à moins que j'étais depuis quelque temps un dormeur éveillé mais la probabilité que ce que j'avais vécu existait réellement était de l'ordre, si on suivait les fameuses lois de probabilité que m'avait enseigné mon précepteur, de zéro.... Tout cela arrivait dans les romans fantastiques ou les contes pour enfants mais il fallait se rendre à la triste évidence... La folie était en fin de compte une pathologie assez répandue car tous ici étaient plus persuadés les uns que les autres que tout tournait rond... Il est vrai que rien ne pouvait être plus vrai qu'un serpent de feu comme colocataire, des élèves se prenant pour des apprentis médium.

« Chouette journée hein ? »

Sa voix me sortit de ma torpeur... Je levais mes yeux vers une jeune fille à la beauté frappante. Qui était-elle ? Une nymphe à la chevelure dorée du parc ? Une fée des pays imaginaires ? Je ravalais mes questions pour plus tard et essayais d'estomper le pourpre qui naissait sur mes joues.

« Fen veut une ? »

Je regardais la sucette que dorénavant l'arrivante me tendait. Je ne pus m’empêcher de sourire devant cette entrée en matière plutôt cocasse. Elle n'avait pas vraiment d'accent à moins que je n'étais trop occupé à miroiter le formidable cadeau qu'elle me tendait. Il est vrai que j'avais faim et j'adorai par dessus tout le sucré.

"Je veux bien merci"

Je me mis à déguster ce présent inattendu : le spleen de mon enfance comme troisième compagnon d'infortune désormais. Sombrant peu à peu dans mes pensées, je me mis à remarquer que je possédais un côté lunatique dont je n'avais pas eu connaissance jusqu'à présent. M'excusant de ma rêverie passagère je me tournai vers elle et lui demandais :

" A qui ais-je l'honneur?"