Journée à l'aveugle (pv Toko)

Noa lui avait répliqué au tact au tact.

- Sa seul trahison a été de se libéré de l’autorité de Dieu donc quelque part de vivre libre. Libre de pensé par lui-même, libre d’agir par lui-même, libre de n’avoir aucun compte à rendre à personne. Qu’est-ce qu’il a de mal à vouloir vivre libre ? Sans personne pour te dicté ta conduite ou pour t’imposer qui tu es et comment tu dois être.

Ses paroles frappait une nouvelle fois une corde sensible avec une précision chirurgicale. Il savait exactement sur quels boutons appuyer pour la faire réagir, la faire souffrir... Mais ne dit-on pas que la vérité blesse? Comment faisait-il cela? Ça la troublait au plus profond de son âme, mais elle n'arrivait pas à s'éloigner... Comme on le lui avait appris.

- Du peu que je perçois de toi tu me parais tout aussi humaine que moi. Monstre ou pas …il n’y a que toi qui puisses en juger.

À ce point là, Toko pouvait goûter le sang sur sa lèvre tellement elle la mordait fort, cela la faisait sentir légèrement nauséeuse.

- Question conne : si même moi qui suis aveugle et ne te connais que depuis quelque heures peut voir de l’humanité en toi pourquoi t’en ai incapable ?

Sur le coup, elle n'avait pas su quoi répondre, elle avait utilisé son petit stratagème pour gagner un peu de temps. Noa semblait heureusement ne pas le prendre mal.

- Pour la piscine il y en a une pas loin. Et pour mes bandages d’après l’infirmier ce n’est que temporaire … Sa fait déjà plusieurs jour que ça dure donc je devrais retrouver la vue bientôt je pense … je crois … j’espère … Bref ! Mais puisque tu en parles, je t’avoue que la sensation du tissus mouiller sur mes paupière, ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable. Est-ce que tu pourrais m’aider à les enlever s’il te plait ?

Toko s'accroupit face à lui, portant ses mains sur les bandages, mais s'arrêta dans son mouvement.

- ...Es-tu sûr? Si tu me regardes... Je disparaîtrai.

Elle laissa planer ses paroles un peu, le temps de le voir réagir.

Toko secoua ensuite légèrement la tête avec un rire léger.

- ...Je plaisante.

Humaine ou démon... C'était lui qui allait devoir observer par lui-même, peut importe ce qu'il en avait dit plus tôt. Délicatement, comme si elle déballait quelque chose de précieux, elle retira le tissus humide.

Après avoir tendrement retirer les bandages, Toko ne put s'empêcher de fixer le visage du rubis alors qu'il ouvrait lentement les yeux. Voyait-il quelque chose? C'était dur à dire, mais ses yeux devaient être encore sensibles à la lumière. D'ailleurs ses yeux traversèrent plusieurs palettes de couleurs. Du rouge sang, au violet intense... Puis au doré. Ses pupilles lui évoquaient les yeux des chats. Sans trop le réaliser, les joues de la Saphir s'étaient subtilement teinté.

- Il est si beau..., pensa-t-elle.

...Que lui arrivait-il?! Elle ramena nerveusement ses mains sur sa poitrine alors que le jeune homme regarda autour de lui avec émerveillement. Se pouvait-il que...!?

- Je peux vous voir …., souffla-t-il avec un magnifique sourire, troublant toujours la jeune femme.

Admirant la pièce, il continua.

- C’est incroyable je peux tout voir !

La joie du jeune homme fut contagieuse, Toko se surprit à sourire comme jamais elle ne l'avait fait avant. C'était un miracle! Noa s'approcha finalement d'elle, faisant sauter un battement à son coeur et baisser les yeux par réflexe.

- C’est bien ce que je pensais ….

Les épaules de Toko s'étaient mises à trembler comme si elle s'apprêtait à recevoir un jugement de la part du jeune homme d'un instant à l'autre.

- Tu n’as rien d’un monstre !

Elle releva légèrement la tête, les yeux brillants avec un regard surpris. Doucement, elle prit la main de Noa comme pour la serrer dans les siennes, mais elle finit par poser son front sur celle-ci, en la tenant toujours.

- Tu es trop bon pour moi...

Toko avait l'impression de rêver... Cependant, elle fut brutalement ramenée à la réalité lorsqu'une voix d'adulte les rappela à l'ordre.

- Mais... Mais qu'est-ce que vous avez foutu dans le couloir?!

Oups... Ils avaient causé une certaine pagaille avec l'eau et les gobelets. Toko releva la tête, mais sans toutefois lâcher la main de Noa. Elle le regarda comme pour lui demander silencieusement ce qu'ils allaient faire.

Alors que Noa entendait quelqu'un approcher, il serra Toko dans ses bras, accentuant une nouvelle fois le rougissement sur les joues de celle-ci. Il la prit dans ses bras comme s'il tenait une mariée. Elle regarda Noa avec un mélange d'embarras et de curiosité. Il utilisa ses rubans noirs pour les faire sortir de l'établissement, s'enfuyant du surveillant. Le coeur de Toko battait la chamade. Pas par peur, mais par excitation. Elle se tenait toujours dans les bras de Noa, sur le toit de l'académie, sentant la brise sur la peau, la faisant fermer les yeux et soupirer. Elle les rouvrit bien assez vite pour comtempler la vue. C'était si incroyable... Tout paraissait petit, elle se sentait loin de tout... Elle voulait s'envoler.

Noa la regarda avec ses yeux violets profonds et un sourire.

- Ce n’est pas passer loin ! Tu ne m’en voudras pas de mettre fin à cette entrevue mais il y a un visage que je veux revoir au plus vite … je te dépose quelque part ?

Elle lui rendit un sourire légèrement plus mélancolique.

- Je vais rentrer au dortoir des Saphirs pour aujourd'hui.

Comme pour s'accrocher à lui, elle passa ses bras autour du cou de Noa, nichant son visage au creux de son épaule.

- Pourrons-nous nous envoler à nouveau?, demanda-t-elle.