Sad soul, sad soul, what are you hiding from? [Pv Noa]

La matinée était jusqu'ici tranquille pour moi, puisqu'il ne devait être qu'à peu près six heures. Je m'étais levé tôt, avant tous mes autres colocataires, m'étais habillé tout de noir, et m'étais vite éclipsé sans un bruit, comme à mon habitude. Tout semblait désert dans l'académie, et cette idée me plaisait beaucoup. Je n'étais pas spécialement de bonne humeur, pas plus que d'habitude en fait, mais j'étais content de ne pas avoir à me préoccuper de tomber sur quelqu'un en me promenant. En fait, je ne déambulais pas non plus totalement sans but. Je savais où je voulais aller, et c'est aussi pour ça que malgré le silence complet, je vérifiais à chaque virage que personne n'arrivait en ma direction. J'avais très certainement l'air suspect et tendu, mais si personne ne me voyait, alors tout allait bien.

Je n'étais pas allé manger aujourd'hui, même si j'avais promis à Samantha de faire un effort. J'essayerais peut-être, un peu, plus tard. En attendant, j'arrivai au niveau des toilettes, ces mêmes où j'avais rencontré Cheslock, quelques semaines plutôt. Même si il s'était avéré que j'appréciais plutôt bien le rubis, ces souvenirs n'étaient pas non plus totalement roses, loin de là. Mais peu importait, je n'étais pas là par mélancolie ou je ne sais quoi.

Dans la poche de ma veste opaque, j'avais précieusement rangé mon petit set de couture et mon opinel. Je m'enfermai dans une cabine, adossé contre la porte, puis les sortis, pour progressivement "réarranger" mon avant bras, dont j'avais soigneusement ôté les bandages.

Je me trouvais vite blasé de constater que de simples coupures ne me faisaient presque plus rien. Voir toutes les cicatrices, les marques ou le sang ne me donnait même pas un petit haut-le-cœur, rien. J'allais devoir me forcer à pleurer, pour ressentir ne serait-ce qu'un minimum de douleur. Sans même vérifier que j'avais bien pris mon bandeau, j'approchai l'aiguille de mon visage, l'autre lame négligemment posée au sol, prêt à me forcer à faire couler mes larmes. Mais soudain, un bruit lointain, mais tout de même assez près pour m'inquiéter, se fit entendre. Surprit, je relevai la tête brusquement, et me cognai contre la paroi de bois derrière moi, dans un gros bruit indiscret.

Une fois de plus, voilà que j'avais fait la connerie qui risquait de me trahir. Mon cœur battant à toute vitesse, mon seul réflexe fut de m’immobiliser, arrêtant même ma respiration, laissant tout mon atelier macabre étalé sur le sol devant moi.

Quelle heure était-il ? Je n'en avais aucune idée … je venais tout juste de rentrer à l'académie après avoir vagabondé toute la nuit en forêt broyant du noir et ressassant en boucle mes pensés morbides. J'avais attendu que Yasushi s'endorme pour faire le mur une fois de plus et partir d'ici pour ne revenir que maintenant, quand la majorité des élèves dorment et l'effectif de la surveillance est encore réduit. Je vais certainement avoir des questions de la part de Yasushi mais qu'importe … je n'aurais cas prétexter un entrainement matinal … après tout j'ai la tenue pour …
 
Néanmoins, je fis un petit détour par les toilettes … je m'avançais jusqu'à l'évier pour y faire couler l'eau fraiche, en recueillir dans mes mains positionné en récipient afin de m'en aspergé le visage plusieurs fois. Ceci afin de me réveiller un peu et de nettoyer les traces que m'ont laissé la forêt comme la terre par exemple … je détachais également mes cheveux pour y enlever les éventuels débris qui aurait pu y rester accrocher comme les feuilles mortes des petites brindilles ou encore les graines de certaines plantes qui s'accroche aux animaux pour être disséminé .
 
Après avoir terminé ma brève toilette matinal je refis ma queue de cheval pour ensuite regarder mon reflet … j'avais vraiment une salle tête … les nuits blanches ne me réussissent vraiment pas je voyais les cernes qui se dessinaient sous mes yeux … puis un détail retenais mon attention … Dans l'image qui se reflétait je pouvais distinguer au pied d'une des cabines derrières moi d'étranges objets visibles par l'entrebâillement entre le sol et la cloison … Je tournais des talons pour voir cela en vrai et m'en approcher … il y avait deux trois trucs qui dépassaient de l'espace qui est censé être délimité ce qui me permit d'en ramasser un pour l'observé … une lame ? Elle semble avoir quelque marque d'usure … mais qu'est ce qui se passe là-dedans ?
 
Machinalement je toquais contre la porte avant de m'exclamer.
 

_ Il y a quelqu'un ?

C'étaient des pas, je n'en doutais plus maintenant. Ils s'approchaient peu à peu... Mon cœur s'accélérait et mon visage rougissait, refusant toujours de reprendre ma respiration, paniqué. Une main se faufila sous l'espace que laissait la porte, et saisit mon opinel. Merde! J'en avais besoin! Mais je ne pouvais plus le récupérer, maintenant... Aargh... J'étais foutu. Et puis je cédai, je repris ma respiration, essoufflé, alors que la personne demanda en frappant à la porte;

"-Il y a quelqu'un ?"

Bien évidemment, je ne pouvais pas dire que je n'étais pas là. Et je ne pouvais pas non plus le lui faire croire... Je savais très bien qu'il posait cette question pour la forme... Ca paraissait évident. Sans dire un mot, je me relevai en silence, ramassai mes bandes que j'enroulai très grossièrement autour de mon bras, rangeai mon aiguille dans ma poche, et me poussai vers le fond de la cabine. Comme si j'espérais que ça allait me protéger...

Cette voix me disait quelque chose.

Alors que je me retournais, éloigné de la porte, je remarquai une nouvelle erreur stupide. Ce qui conservait la cabine fermée, c'était simplement mon poids contre la porte. J'avais complètement oublié de fermer le verrou. Dans un léger grincement, elle s'ouvrit donc doucement, me laissant entrevoir un visage familier. Noa se tenait juste là, ma lame dans la main. Je le fixai, hébété, paniqué, tenant mon bras gauche et les bandes ensanglantées qui y étaient vaguement posées, sans savoir quoi faire. Tout ce qui sortit de ma bouche fut un petit;

"-N... Noa?"

Je sentais le tissus s'humidifier peu à peu dans ma main... Mais n'osais pas regarder. Mais lui, il devait voir la trace rouge s'agrandir et s'étendre... Je venais de signer mon arrêt de mort.

Je pouvais entendre que ça s’agitait derrière la porte jusqu’à ce que celle-ci s’ouvre toute seule, lentement dans un grincement dévoilant mes yeux ce que renfermais cette cabine. Il s’agissait de Thomas se tenant le bras en sang tandis qu’à ces pieds se trouvaient tout un arsenal de lames et objet tranchants en tous genres …
 
"-N... Noa?"
 
Il parait surpris de me voir … tu m’étonnes ! Mais pour quelqu’un qui veut être discret, je trouve qu’il manque un peu de vigilance … Personnellement je restais neutre face au spectacle qui s’offrait à moi. Certain e cache pour assouvir leurs bas instincts, d’autre pour combler leur addictions et d’autres encore pour s’automutiler …nous avons tous nos petits problèmes … Même si je me surprenais à fixer inconsciemment sa plaie saignant e avec une certaine insistance … Comme si mon regard ne voulais pas s’en détacher …
 
Ce n’est pas la première fois que je rencontre des personnes qui se taille les veines, cependant j’ai remarqué qu’il y en avait deux sortes … ceux qui ne font ça que pour se rendre intéressant en mode « holala regardez-moi je vais tellement mal, intéressez-vous à moi ! » et a l’inverse ceux qui ont vraiment un problème … J’ignore dans laquelle des deux catégories je devais ranger Thomas, d’un côté son manque de précautions pour ne pas se faire prendre me donne envie de le mettre dans la première …, sans compter que je savais déjà qu’il s’automutilait puisque j’avais bien senti ces cicatrice quand il a finis dans mes rubans le jour de son arrivé. Me ne tirons pas de conclusions hâtives nous allons tout de suite voir ce qu’il en est …
 
Je fis apparaitre au bas de mon dos un de mes tentacules écailleux, je le dressais juste a côté de moi et en tira une écaille avant de faire disparaitre l’appendice et de tendre l’objet tranchant à l’émeraude. L’écaille était en fer de lance, légèrement incurvé comme une cuillère pour être adapté a la forme arrondi de mes tentacules, elle faisait 20 cm de long pour 10 au point le plus large et était extrêmement tranchante sur tous les rebords a l’exception de son point d’accroche …
 
_ Si tu veux te blesser, ce truc-là sera plus efficace que tes jouets crois-moi …
 

Même si ce dernier se saisissait de mon écaille je ne la lâcherais pas tout de suite la tenant fermement entre mon pouce et mon index.

Il ne semblait rien penser, me fixant juste avec insistance pendant un instant, ce qui était particulièrement désagréable. J'avais envie de fuir et de me cacher... Mais où? Je m'étais moi même bloqué ici... De son dos surgit bientôt un autre membre noir, comme ceux que j'avais pu voir le soir de mon arrivée, mais pas non plus identique à ces derniers. Celui-ci me paraissait plus épais, et il ne me semblait pas non plus qu'ils étaient recouverts d'écailles, la dernière fois... Cela n'empêchait pas que le spectacle était très impressionnant, et me fascinait autant que me terrifiait.

Il arracha l'une de ses écailles noires et me la tendit. Elle ressemblait comme deux gouttes d'eau à celles qui auraient été décrites dans un conte de fées, ces grandes écailles magiques aux propriétés étranges des dragons. Mais il semblait qu'ici, il n'en était rien. Enfin, elle ne semblait pas posséder d'autre pouvoir. Je la fixais toujours avec cette même expression, mélange d'étonnement et de peur, quand il me dit;

"-Si tu veux te blesser, ce truc-là sera plus efficace que tes jouets crois-moi …"

Euh... Est-ce qu'il plaisantait? Enfin... Je ne savais vraiment pas comment réagir. Jamais je n'aurais même imaginé une situation pareille. Un instant de plus, je restai donc là, immobile, laissant mon regard alterner entre le grand Rubis et son... Sa chose.

Une fois de plus la solution idéale aurait été de fuir à toute vitesse, mais une fois de plus j'en étais incapable. Trop curieux, je finis donc par m'approcher, tendant prudemment la main vers l'objet et tentant doucement de m'en saisir. Voyant qu'il ne le lâchait pas, je retournai à ma place initiale, et demandai, hésitant:

"-Qu... Qu'est ce que c'est?"

L’émeraude hésita un long moment avant de tendre la main vers mon écaille. Voyant que je ne la lâchais pas il se résigna.
 
_ "-Qu... Qu'est-ce que c'est?"
 
Je suis presque tenté de lui « d’après toi qu’est-ce que ça peut bien être ? Un oiseau ? Un avion ? Non ! C’est un putain de Brocolis bien sûr ! » Plus sérieusement …je ne bougeais pas d’un pouce gardant ce même visage neutre  et impartial même si un peu de fatigue y était observable …
 
_ Juste un des aspects de mon pouvoirs … enfin … quand je dis l’un des aspects … c’est le principale enfaîte … quelque chose qui est fait pour blesser voir même tuer les gens …quelque chose qui fait maintenant je peux difficilement toucher quelqu’un sans risqué de lui faire mal …
 
Je venais seulement de me rendre compte que mon regard c’était machinalement abaissé vers le sol tandis que mes pensé glissaient vers quelque chose plus noir durant ma réponse … je me ressaisissais chassant ces idées noirs de mon esprit avant de regarder à nouveau mon interlocuteur en désignant ses affaires ainsi que son bras et ses blessures …
 
_ Et ça qu’est-ce que c’est ? Enfin je veux dire pourquoi tu t’automutiles exactement ?
 

Je me doute bien qui ne va pas se dévoiler a moi comme sur un plateau c’est pourquoi il me parut bon d’ajouté en haussant les épaules. 

_ Rassure toi je n’ai pas l’intention de répéter ça à qui que ce soit … j’ai déjà suffisamment de mes problèmes à régler … mais si je te prête mes affaires … je pense être en droit de savoir non ? 

"-Juste un des aspects de mon pouvoirs … enfin … quand je dis l’un des aspects … c’est le principale enfaîte … quelque chose qui est fait pour blesser voir même tuer les gens …quelque chose qui fait maintenant je peux difficilement toucher quelqu’un sans risqué de lui faire mal …"

Je le regardais sans savoir si je devais répondre quelque chose ou non. En fait, j'avais l'impression qu'il avait presque peur de lui même, ou en tout cas de son don. Après tout... Peut-être que je pouvais m'estimer heureux de ne pas en avoir... Je m'imaginais très mal essayer de contrôler une force étrange, je pense que j'aurais eu peur. En même temps, tu avais peur de tout... Il se mit ensuite à fixer mon bras, et posa l'une des questions que je redoutais le plus.

"-Et ça qu’est-ce que c’est ? Enfin je veux dire pourquoi tu t’automutiles exactement ?"

Je me contentais de baisser le regard, fuir ses yeux le plus possible. Je n'allais pas lui dire, de toute façon. Comment aurait-il pu comprendre, lui qui était parfait? Je n'aurais pas été capable de lui expliquer, de toute façon... Il ajouta tout de même, pensant sûrement qu'il me convaincrait;

"-Rassure toi je n’ai pas l’intention de répéter ça à qui que ce soit … j’ai déjà suffisamment de mes problèmes à régler … mais si je te prête mes affaires … je pense être en droit de savoir non ?"

Je redressai le menton, et fixai la chose noire qu'il tenait dans sa main. Je n'allais pas le prendre. J'allais partir. Oui, ça semblait bien. J'avais peur. Je le regardai dans les yeux, une expression totalement vide, sans animosité ni tristesse, tenant toujours mon bras, avant de sans prévenir tenter de passer à côté de lui et de partir. Avec un peu de chances il n'essayerai pas de me rattraper.

"-Non merci, je... Je vais juste partir."

Son regard, ses mimiques ses expressions et gestes semblaient trahir une sorte de honte en lui … Durant son hésitation il me semblait distingué les bruits de quelqu’un qui se rapprochait … Ce fut ce moment qu’avais choisie le nouveau pour essayer de me fuir moi et mes questions.
 
"-Non merci, je... Je vais juste partir."
 
Je ne sais pas vraiment pourquoi, peut être une sorte de réflexe étrange et inconsciente mais je le retenus en le planquant contre moi, dos à moi couvrant sa bouche de ma main tandis qu’un de mes tentacules rassembla et ramassa en vitesse toute les affaires qui trainaient par terre. Quitte à ce caché se serais con de reproduire les même erreurs que Thomas en trahissant notre présence avec des espèces d’ustensiles de bouchez qui étaient resté en évidence.
 
Par les bruits de pats et leur échos je remarque que j’avais bien fais de prendre une telle précaution car quelqu’un venait de s’engager dans la pièce. Etait-ce un élève qui venait se soulager ou un diamant qui assurait la surveillance ? Je l’ignorais, quoiqu’il en soit nous ne pouvions qu’attendre et espérer qu’il parte vite.
 

J’étais anormalement calme, comme si j’avais l’habitude de ce genre de situation, à moins que je ne sois trop fatigué et que j’ai la flemme de paniqué, quoiqu’il en soit même mon corps ne trahissais aucun stress … J’étais simplement caler dos contre la porte pour l’empêcher de s’ouvrir toute seul, serrant le jeune dépressif dans mes bras L’une de mes mains sur sa bouche lui imposant le silence. Néanmoins je remarquais que mon autre main s’était retrouvée entaché par le sang de mon camarade lorsque je l’ai saisie par son bras meurtrie.

J'allais m'éclipser, pas très finement, mais j'allais m'échapper de cette situation particulièrement gênante. Le but semblait proche... Mais tout s'enchaîna très vite. Sans que je ne comprenne pourquoi, Noa m'empoigna, me plaqua contre lui et me bâillonna de sa main, tout ça en l'espace d'une seconde ou deux, à peine. Ce minuscule laps de temps avait été suffisant pour laisser battre mon cœur à toute allure, si bien que j'avais l'impression qu'il essayait de échapper de ma poitrine. Que faisait-il, pourquoi? Le fait est que je me sentais, j'étais, extrêmement vulnérable, à sa merci. Si il avait voulu me casser un bras, m'étouffer, m'atteindre de quelque façon que ce soit, il l'aurait pu sans la moindre difficulté.

Mais non, rien. Il ne se passa rien. Au bout de quelques instants qu'il était immobile et semblait ne pas bouger du tout, ma surprise redescendit et d'une grande inspiration je retrouvai mon calme. Je ne luttais pas, de toute façon je n'en avais pas les moyens, et le calme qui s'installa en moi me permit d'entendre les pas qui résonnaient derrière nous. Je compris alors que Noa venait de me sauver la mise, et étais reconnaissant, sans pour autant avoir moins peur de lui.

Ne tarda pas à se faire sentir, aussi, une douleur sur mon bras. Il l'avait attrapé pour m'immobiliser, et continuait de le serrer, tant et si bien que les plaies qui le recouvraient me faisaient souffrir de plus en plus, en crescendo. Mais je ne dis toujours rien, préférant le laisser faire, puisque lui était visiblement un million de fois plus doué que moi. En même temps, il était parfait.

Oui, encore plus que tous les autres de ce monde et de cette académie, Noa était parfait à mes yeux. Il était intelligent, il était fort, il était réactif et vif, et possédait un don non seulement puissant mais aussi semblant parfaitement maîtrisé. Et moi, j'étais là, l'air hébété, impuissant devant lui.

Contrairement à ce à quoi je m’attendais, le jeune émeraude n’avais pas chercher a lutter, à moins qu’il ne soit trop faible physiquement vu sa carrure de brindille pour que je ne le remarque …
 
Les bruits de pats venaient dans notre direction faisant monter la tension d’un cran … Puis nous pûmes tous les deux distinguer le bruit indiquant que la porte de la cabine d’à côté s’ouvrait dans un un léger grincement, pour se refermer dans un second, clôturer par le signe distinctif du verrou. S’en suivie une série de bruits qu’on pourrait qualifier de naturels mais non moins sordide dont je vus épargnerais les détails …
Vous le visualiser là le moment de solitude ? Intérieurement je priais pour qu’aucune odeur ne remonte … Je ne pouvais m’empêcher de me crisper quelque peu face à cette situation des plus incongrue jusqu’à ce que je me rende compte que j’avais inconsciemment resserrer un peu plus ma main sur le bras de Thomas. Je finissais par relâcher ça en lui susurrant à l’oreille.
« Désolé … »
 
Le bruit de la chasse d’eau se fit entendre, sonnant la  proche fin du supplice … je distinguais ensuite celui de l’évier puis du sèche mains. Enfin les bruits de pats s’éloignèrent signe je pouvais enfin libérer le nouveau de mon étreinte, chose que je fis. Je reculais un peu également, quittant la cabine afin de donner a nouveau plus d’espace intime à Thomas.
 
_ Navré si je t’ai brusqué … je crois qu’il vaut mieux que j’y aille …
 

De toute façon il ne semblait pas enclin à se confier et m’expliqué le pourquoi du comment alors pourquoi insister ? Qu’il se fasse du mal si ça lui fait plaisir ! Personnellement je n’aime pas perdre mon temps inutilement.

Je n'étais pas vraiment gêné par la proximité, pas maintenant plus que la fois où Makumo avait décidé de m'inspecter, juste après mon arrivée, mais plus par les bruits et tout ce qu'il semblait se passer à côté, alors que Noa me gardait parfaitement immobile. Je le sentais même se crisper légèrement, signe qu'il n'était pas plus à l'aise que moi. J'avais un peu l'impression que nous étions en train de commettre un crime obscène, mais heureusement ça n'était pas le cas.

Sans s'en rendre compte, il se mit à presser mon bras encore un peu plus fort, ce qui me fit serrer les dents, fermer les yeux et froncer les sourcils pour supporter la douleur sans broncher. Mais il ne tarda pas à s'en rendre compte et à relâcher la pression, laissant au passage entendre un tout petit;

"-Désolé …"

De peur de me faire entendre je ne répondis pas, mais je le remerciai intérieurement. Lorsque la torture fut enfin achevée, le rubis s'éloigna, et me rendit ma liberté.

"-Navré si je t’ai brusqué … je crois qu’il vaut mieux que j’y aille …"

J'étais incapable de discerner son état d'esprit. Était-il gêné de ce qu'il venait de se passer, en colère pour je ne sais quoi? J'étais décidément nul au possible pour lire les autres... Je ne savais pas vraiment quoi lui répondre, et tête baissée, comme si tout depuis le début avait été ma faute, je tenais de nouveau mon bras. Cette rencontre allait inévitablement finir, mais je ne savais pas quoi dire. Du coup... Je laissai ma bouche prononcer les seuls mots qui me venaient à l'esprit;

"-Merci... Noa."

Je le voyais porter sa main à son bras que j’ai très certainement dû endolorir sans le vouloir en prononçant un timide
 
"-Merci... Noa."
 
Je n’y répondais pas tournant simplement des talons pour quitter la cabine ainsi que le local me dirigeant d’un pas lent en direction du dortoir pour aller dormir. Je me rendais compte que ma main me démangeait et y porta à nouveau mon regard. Je venais de me rappeler que le sang du jeune homme entachait mes mains et y accorda anormalement mon attention avec insistance admirant sa couleur écarlate, sentant sa chaleur sur ma main froide. Je ne sais pas pourquoi mais j’y trouvais comme une certaine beauté, un plaisir malsain en voyant ma peau être maculé par ce liquide … pourquoi ? Je l’ignore …
 
Je jetais un coup d’œil autour de moi pour constater que j’étais bien seul puis avec une certaine appréhension et hésitation je portais lentement mes doigts à mes lèvres. Un gout ferrique envahissait ma bouche et fit s’illuminer mes yeux de leur éclat violet. C’était … bon ! Je connaissais bien le gout du sang, ou du moins de mon propre sang puisqu’à force de me battre et de m’entrainer il n’était pas rare que je saigne notamment de la gencive mais le gout ne m’avais jamais fait autant d’effet que maintenant … cette fois il y avait quelque chose en plus… comme un arôme particulier qui donnait une saveur particulièrement appréciable. Je ne pus m’empêcher de réitéré l’opération encore et encore jusqu’à finalement récupéré l’intégralité du liquide du bout de la langue sur ma main, n’en perdant pas une seul goute. Lorsque j’eus finis je ressentais comme un manque j’avais l’impression d’être resté sur ma faim …
 

Puis je secouais vivement la tête pour chasser ses étranges pensés de ma tête. Il était vraiment temps que j’aille me coucher je commence vraiment à débloquer.