On peut plus dormir tranquille? [Pv Nävis]

L'été, c'est bien hein. Moi c'est une saison que j'aime bien. Y'a le soleil, la chaleur (beaucoup de chaleur), et puis les glaces, les batailles d'eau, les vacances (enfin pas vraiment, à l'académie, mais je suis en vacances tout le temps donc...) et surtout, les tomates. Et oui, l'été c'est la saison des tomates, et c'est pour ça que c'est la meilleure des saisons. M'enfin, si je dis ça, c'est aussi parce qu'il a un gros problème. Cet été est beaucoup trop chaud. Si bien que je n'arrive plus à dormir. Sérieusement. Déjà que de base c'est pas ce que je réussis le mieux... Comment dire que ça fait plusieurs jours que je ne dors que trois à quatre heures, et que je commence à sérieusement ressentir l'épuisement en moi.

Et cette nuit, c'est la pire de toutes. Impossible, je n'arrive pas à fermer l’œil. Je regarde; Artemis, Cheshire, Kyoku, Nayght, toutes ont fini par s'endormir, mais pas moi. Je suis là, allongée, comme une conne, mon casque sur les oreilles, incapable de quoi que ce soit. D'ailleurs en fait, je met ça sur le compte de la chaleur, mais je ne suis pas sûre. Certes il fait chaud, mais il y a autre chose. Ces derniers temps, je suis comme préoccupée. Par quoi? Même moi je sais pas. Mais j'ai un mauvais pressentiment, comme si il n'allait pas tarder à se produire quelque chose de grave, ou du moins qui m'affecterait. Je suis d'autant plus inquiète que je n'ai aucune idée de ce dont il peut bien s'agir, et que j'ai réussi à venir à l'académie, à oublier, après maints et maints efforts, et que je suis terrifiée à l'idée que ce nouveau monde presque idéal que j'ai construit autour de moi s'effondre.

C'est vrai, il y a Skylinn, Kupo, Noa, je peux compter sur eux, ils ne me trahiront pas, puis il y a mon pouvoir aussi, sur lequel je peux de plus en plus me reposer, même si la maîtrise n'est pas encore parfaite, au fur et à mesure que j'apprends à l'utiliser... Tout semble presque trop parfait. J'en suis sûre, quelque chose de mauvais se prépare. Quelque chose que je ne veux pas voir arriver, mais qui va me sauter dessus sans que je ne le voies venir pour me détruire. Je peux le sentir. Oui, plus que la chaleur, c'est ça qui perturbe mon sommeil.

Quatre heures du matin, j'en ai marre d'attendre un repos qui ne viendra jamais. Discrètement, je sors de la chambre, comme toujours vêtue de ma chemise jaune et de ma veste noire, invisibles dans la nuit profonde. Je sors dans les jardins, puis m'éclipse jusqu'au terrain d'entraînement. Ouais, quitte à pas dormir, autant faire quelque chose de productif. Je n'ai même pas pris mon casque, ce qui me permet de noter que la fraîcheur et le silence de la nuit sont étrangement plus agréables que l'atmosphère de ma chambre. Pas que j'aime pas mes colocs, loin de là, mais je me sens trop entourée, presque oppressée. J'aime être seule, de temps en temps.

Oui, être dehors me fait du bien. Respirer un grand bol d'air, être bercée par la petite brise du si petit matin... Je m’assois, directement sur la terre du terrain, regarde un peu autour de moi, avant de pousser un bâillement. Finalement, au bout de quelques minutes, je m'allonge, fixe les étoiles, puis sans m'en rendre compte, petit-à-petit, m'endors enfin. Comme si il ne me fallait que ça, finalement. Sans même que je n'en sois consciente, je fais pousser sous et autour de moi des plantes qui forment un matelas, comme un petit nid végétal à même le sol, ouvert sur le haut, particulièrement agréable pour dormir.

Un sommeil doux et agréable, bercé ni par les rêves ni par les cauchemars, juste par la nuit, tout ce dont j'avais besoin ces derniers temps. Essayant mentalement de repousser le moment où un quelconque événement viendrait interrompre ce moment de repos, un objet dont je ne peux pas identifier la provenance les yeux fermés vient me heurter le visage. Pensant peut-être à une pomme de pain, je faits simplement une grimace, avant d'en revenir à mon activité, quand une voix se fait entendre.

"-Eh, eh t'es morte? Dis tu vas bien? Hého."

Gaaaaah... Quelqu'un.
Cette voix me rappelle aussi une certaine personne, mais je suis incapable de me souvenir d'elle, tout de suite. La fatigue et le mal de tête m'en empêchent. Tant pis, ça ne devait pas être important. Si ça avait été Skylinn Kupo ou Noa, non seulement il n'aurait pas réagi comme ça, mais en plus je l'aurais reconnu. Les autres, on s'en fiche. Enfin, il y a d'autres gens que j'estime et que j'apprécie, et que j'aurais reconnus, mais je vais pas non plus établir la liste complète de mes connaissances, là.

Je me redresse péniblement, poussant un grognement fatigué, espérant que la gamine arrête de me secouer, demandant aussi froide que désagréable, et sur un ton presque agressif;

"-Nan, je suis pas morte, du moins pas encore, pas la peine de me balancer je sais pas quoi à la gueule... Je voudrais juste DORMIR, BORDEL."

C'est seulement en me recouchant doucement, sans faire attention à sa réaction, que son nom me revient en tête. Nävis, voilà. Elle a pas intérêt à continuer de me gaver. Mes mains se remettent à briller, formant un sorte de cocon se refermant doucement autour de moi, comme pour m'isoler au sol. Pas quelque chose de très épais ni résistant, juste suffisant pour couvrir. Un signe que si elle insistait, elle allait mal finir.

Elle ne sembla pas réagir tout de suite, ce qui à vrai dire me laissa un instant espérer qu'elle dégage et me foute la paix, mais non. Après tout, il ne faut pas oublier qu'en général les choses ne se passent JAMAIS comme on le voudrait. Je l'entends donc se mettre à circuler autour de moi, mais je ne suis pas vraiment sur mes gardes. Cette gamine ne me fait pas peur, ce n'est certainement pas elle qui me fera quoi que ce soit. Et la voilà qui se lance dans son petit monologue de méchante de film...

"-Tu vois Luxia, je n'ai pas du tout aimé ta provocation pendant le cours de philo et sache que lorsqu'on me provoque, je répond irrémédiablement par une vengeance."

Ta gueule... Que je me répétais dans ma tête, ayant juste envie de lui enfoncer mon poing de brindille dans la face. Soudain un courant d'air frais m'atteignit, et je compris sans le moindre mal qu'elle avait déchiqueté mon lit improvisé.

"-Voila j'estime que c'est fait, je ne tiens pas à perdre plus de temps avec toi."

Et je l'entendis s'en aller.

Seulement, c'était loin d'être fini. Riant légèrement, je me redressai, et commençai à lui répondre, assise sur ce qu'il restait de mes plantes.

"-C'est ça, ta vengeance?"

Je repensais au temps ou moi, je ne pensais qu'à me venger, en permanence, et un grand sourire en coin apparut sur mon visage. Je m'appuyais alors au sol de ma main pour me relever, faisant pousser autour de sa jambe une ronce dont les épines vinrent la picoter. Elle voulait jouer, et bien dans ce cas jouons.

"-Je pense pouvoir comprendre mieux que quiconque le besoin de se venger... Mais pour quelque chose d'aussi ridicule que ma petite parodie... et de façon si superficielle... C'est ne plus se respecter. Tu te rends encore plus stupide."

Je me réveille doucement, et bientôt, la fatigue est presque complètement oubliée et laissée derrière moi. Enfin... Presque, ce que je dis n'est pas entièrement mesuré, et je me sens assez... instable. En manque de sommeil, quoi. Je termine donc sur une note hautaine mon discours de provocation.

"-M'enfin, je comprends que ça soit tentant de s'attirer des emmerdes, après tout on se fait vite chier ici... Mais fait quand même gaffe à ce que tu fais; même si d'où tu venais tu te sentais supérieure et extraordinaire, je sais pas, c'est pas le cas ici, gamine, et il y a un tas de façons de te faire la peau."