Petite rencontre entre deux rayons [Naïa]

Un flash, puis plus rien. Ce n'était un mal de tête pas comme les autres. Rien qui puisse me soulager, rien pour l'enlever. Comment je suis arrivée dans cette situation ? 

Je me souviens de ma colère, de ma rage. D'une douleur dans l'abdomen. Je me souviens de ma blessure. D'une lame traversant mon ventre. Je me souviens du goût métallique du sang, sa couleurs. De mes mains blanchie par crispation autour de ma lance, plantée dans son torse. Puis je me souviens de son visage. D'elle. Un visage sans nez, des orbites sans yeux un sourire béant sans dents. 

Elle... La cause de tout ces maux. Me fixant, mutuellement empalée elle m'avait dit. "Pourquoi en arriver là ?" C'est vrai pourquoi ? Peut-être parce que tu ruines mes créations ? Non ? 

M'enfin. Il me faut du calme. Du calme, voilà le maître mot. Et donc... La bibliothèque.

Je connais le chemin. Je me ressasse tout. Encore, en boucle.. On dirait même que j'ai de la rancœur. C'est vrai. Tout m'était clair. Mes souvenirs étaient loin d'être brumeux. Mais au fond, pourquoi cette fixette ? Rien n'est réel, ni mon contrôle, ni rien. Alors, pourquoi cette orgueil mal placée ? Contrôle total, mon œil. 

Si mes souvenirs sont claires, ma réflexion, ma pensée l'est moins. Il est peut-être temps de s'arrêter. De respirer un peu. 

Ça tombe bien, l'entrée est devant moi. Allons-y. J'ouvre cette porte et avance. Toujours aussi silencieux, cette endroit. Enfin presque toujours. M'enfin, jamais plus de quatre, cinq personnes. 

Je passe mon regard vers la fenêtre. Un ciel gris, pluvieux même. Boarf, on est à l'intérieur. Il ne fait pas froid au moins. C'est la dernière chose que je voudrais tient. Avoir froid alors que ta tête se fait vriller par un marteau piqueur. Ça serait génial, ça.

 J'aperçois un ordinateur allumé, la session ouverte. Ce n'est pas une bonne idée ça, un petit farceur est si vite passé. On dirait qu'on regarde des mails. M'enfin, pas mes oignons. En marchant un peu, je remarque une jeune fille. Sans doute l'utilisatrice de l'ordinateur. On est que deux après tout. 

Je la vois observer un livre, perdue dans ses pensées. Je ne sais pourquoi, mais ça m'intriguait. Très longtemps que je n'ai vu une personne qui se met à rêver. J'approche avant d'émettre un faible, mais distinct 

"- Bonjour..."

Je passe ma main vers ma tempe droite tout en réprimant une grimace de douleur. Le mal de crâne revient.

Un écho de douleur résonne dans ma tête. Se réverbérant puis s'estompant doucement. Ça s'est calmé, du moins pour le moment. Je reviens à moi, entendant une voix qui me tire hors de mon état. 

"- Tu ... vas bien ?"

La jeune fille semble s'inquiéter pour moi. Elle ne semble pas savoir quoi faire cependant. Essayons de la rassurer.

"- Oui... Ça ira. J'ai juste besoin d'un peu de repos."

Un peu de repos hein... Il est vrai que j'ai beaucoup trop passé de temps avec mon pouvoir. C'était qu'une question de temps avant que je m'épuise. Rajoutons aussi le fait que mon rêve s'est terminé de façon brutale, on va dire...

Je cherche un endroit où m’asseoir, pour pouvoir souffler un peu. J'en profite pour observer mon interlocutrice. Légèrement plus petite que moi, une longue chevelure blonde. Des yeux bruns trahissant une origine étrangère. Étrangère ? Je le suis toute aussi...

Je passe mes mains sur mon visage. Soupirant, j'essaye de me ménager, éviter de trop penser à ce qui s'est passé durant ce rêve.

Si je me suis approchée d'elle, c'était pour connaitre l'objet de sa rêverie. M'enfin évitons d'être trop brusque. Sa session est toujours allumé. Et bien qu'on ne soit que deux ici, il vaut mieux qu'elle se déconnecte avant de s'en aller. 

"- L'ordinateur. Ta session.. C'est encore allumé."

Restant assise, j'e me repose en attendant sa réponse ou ... Une action de sa part. Ma tête reste un peu lourde. M'enfin, mes fesses vissées sur ce siège, je ne risque pas de m'étaler sur le sol. Je dois vraiment éviter d'abuser de ce pouvoir. Je regarde une de mes mains. Bien ça reste encore assez nette. Je vais pas me mettre à m'évanouir d'une minute à l'autre. 

Je soupire encore une fois, jouant un peu avec mon béret. Je devrais éviter de l'entortiller, m'enfin... Au moins ça me calme et me repose un peu.

Je commençais à jouer avec mon béret, pour me calmer, me distraire... Je commençais même à en devenir une petite gamine.. Eh, à force de coller mon précieux sur le visage, il ne restait peu de temps avant de m'endormir !

M'enfin, mon interlocutrice m'a tiré hors de cette état de guimauve. Je reprends mes esprits donc.

"- Oh merci pour l'ordinateur! J'avais oublié ... Tiens, j'ai une bouteille d'eau si tu veux boire un peu. Elle n'est pas ouverte."

Approche de la cible réussi. Héhéhé... Ouais non. C'est naturel voyons. J'accepte sa bouteille en lui renvoyant un petit sourire. Non sans un "Merci beaucoup..." plutôt faible. Aucune raison de se méfier d'elle, la bouteille est fermée, à ce qu'elle dit. Puis le bouchon résiste un peu. Refuser par contre serait un peu froid donc ...

J'ouvre la bouteille et bois une petite gorgée (en wifi comme disent les jeunes. Parce que faut pas déconner, c'est d'abord sa bouteille).Ce que je trouve curieux par contre, c'est que c'est elle qui amorce la discussion. 

"- Comment t'appelles tu ?"

Son air gênée indique que ce n'est pas dans son habitude d'approcher les gens comme ça, et pourtant c'est exactement ce qu'elle fait actuellement. M'enfin... 

"- Naïa. C'est comme ça qu'on m'appelle."

Je marque une petite pause. Le temps de souffler un peu. Je fixe un peu mes mains. Non, ça ne revient pas. Et c'est tant mieux. 

"- Et toi ?"

Après tout, c'est mieux de mettre un prénom sur le visage de son interlocutrice.. Quand même.

Aïky hein ? Et bien ... "- Enchantée." Curieux prénom. Je me demande d'où ça peut venir.. Hm. Elle accompagne sa présentation d'une salutation.

Et curieuse façon de saluer. Se pencher en guise de salutation. Japonaise peut-être ? Les habitudes sont tenaces à ce que je vois. En parlant d'habitude, je remarque que j'ai oublié de ramener un cookie. On va mettre ça sur le dos de mon état mental actuel. Dommage, le partager aurait été une bonne idée. Je pourrais toujours lui en offrir un plus tard. Eh ? Pourquoi faire ? T'es là pour te faire des amis maintenant ? Je croyais que tu essayais de t'isoler ! D'un autre côté, ça fera passer mon temps moins lentement

On interrompt ma réflexion sur "Est-ce que je dois sociabiliser ?" par un :

"- Ton prénom a t-il une signification ? Il est joli et a un son très doux à l'oreille ...!"

Honnêtement ? Je suis prise au dépourvu. C'est très rare pour moi de discuter avec des inconnus, alors recevoir un compliment ! Certes c'est qu'au sujet de mon prénom, mais ça me suffit pour devenir rouge comme une pivoine. Je bégaie. Impossible pour moi de parler correctement. Reprend ton souffle, ma cocote. Elle va pas te manger, Aïky. Du moins j'espère...

Surmontant ma gêne occasionnée (non sans rester un peu rouge), je me hasarde dans une explication :

"- Je ne sais pas trop... Mon prénom pourrait venir du grecque flot ou fluide.. Ou encore du Basque pour Désirée... Mais le soucis c'est que dans ma famille, on ne parle ni grec ni basque. alors j'ignore pourquoi ce prénom.."

.... Ou peut-être que mon prénom vient de Naïa la sorcière de Bretagne mais... Je devrais peut-être demander à Maria. Elle devrait savoir pourquoi ce prénom. J'avoue devenir curieuse sur le sujet... Après ce petit temps de pause, je reprends. Faisons un petit jeu tiens. Est-ce que mon hypothèse est vraie ?

"- C'est comment le Japon ?"

C'est plutôt direct, mais j'ai envie de voir comment notre demoiselle réagit à l'inattendue. Soit dit en passant, je pourrais sans doute pas répondre à ma propre question, si on me pose la question sur mon pays d'origine. Enfin si, mais rien qui puisse être des expériences du vécu. Je ne connais ce pays qu'à travers les écrits et les images.

Héhé. Gagné. Elle est d'origine japonaise donc. Les habitudes peuvent donner des informations, et oui Jean-Claude ! Donc, écoutons ce qu'a à dire Aïky. Parce que connaitre un pays à partir d'images, de textes et de vagues statistiques c'est une chose, connaitre le ressentis, l'expérience d'une personne c'en est une autre. Alors écoutons.

Hum.. Elle semble hésitante à se lancer... Pourquoi donc ? Qu'est-ce qui pourrait la bloquer dans son récit ? Un traumatisme ? Aucune idée par quoi commencer ? Aucune envie ?

Futiles interrogations, la voilà qui commence. La jeune femme parle de faunes, de flores, de fleures. A mesure qu'Aïky poursuit son récit, je me retrouve peu à peu happée par mon imagination. 

Des parterres couverts de nappes... Des gens en familles, souriants. Ils admirent multitudes d'arbres en fleurs. Des taches roses, blanches à perte de vue. Partout. Tous étaient là pour passer un moment agréable, en famille, entre amis... Un récit teinté de nostalgie. 

Et pourtant teinté de.. Solitude ? Son regard vient de se voiler. Un souvenir aigre pour la jeune fille. Tout ceci me plonge dans une perplexité. On dirait qu'elle se dévoile elle-même, un petit-peu. 

"- Sinon ... la culture est aussi très différente mais il y a un point commun entre le japon et l'Angleterre : le thé !"

Elle semble rire de ma surprise. Si surprise il y a eu, ce n'est pas à cause de ce point, que je connais (enfin d'écris. Vaguement quoi.) mais son soudain changement d'attitude. Ce n'était que passager alors. S'est-elle renfermée ? Hum...

"- Dans mon pays, le thé est même placé au rang d'art avec tout un cérémonial autour. Ici le thé semble aussi faire partir des habitudes et tradition surtout avec le fameux "Five o’clock tea" qui est un vrai rituel ! Il y aurait encore énormément à dire sur le japon tant au niveau vestimentaire, histoire , religieux, ou même de parler d'architecture mais je crois qu'il nous faudrait l'après midi entière."

Aïky a l'air de se reprendre mais ne semble plus vouloir poursuivre sur son vécu. J'acquiesce donc, il vaudrait mieux s'arrêter là, au lieu de forcer mais la voilà qui revient à la charge.

"- Et toi ? D’où viens tu ?"

Je... 

"- De France."

Je ne connais rien de mon pays d'origine. Je ne peux rien lui dire. Rien. Néant. Aïky n'a personne avec qui partager ses moments, moi je n'ai rien à partager avec elle. Pas de souvenir. Rien. Ni de la France où j'ai vécu, ni de la Norvège, mon pays d'origine. Mon regard se voile. Aucun vécu. Pas de souvenirs. Rien. Si, des bibliothèques, des livres poussiéreux et des moments à me- 

Je me reprends. 

"- J'ai vécu en France pendant le plus clair de mon temps. Mais je suis d'origine norvégienne. Je n'ai pas de souvenirs ni de la France, ni de la Norvège. Désolée..."

J'essaye de lui sourire, de dépit. Je ne sais pas si elle m'a entendu. Mais j'ai crû murmurer un "- J'aimerais me faire des souvenirs..." 

Me rendant compte de ce murmure, je rougis un peu et regarde en direction de Aïky.

Pendant que je répondais à ces questions, la demoiselle m'observe intensément, fronçant parfois les sourcils, surprise .. même ... intriguée ?
Je ne serais pas vraiment le dire et je souffle un peu quand c'est à son tour de répondre à ma question , qui semble aussi la laisser perplexe.

- De France.

Oh une française ? ça doit être aussi différent d'ici et c'est vrai que La France a quelque chose de fascinant, sa culture, son architecture, son histoire avec tous ces rois et ces châteaux ... Mais Naia a un regard ... voilé ... triste ... qu'est ce qui lui arrive ?

- J'ai vécu en France pendant le plus clair de mon temps. Mais je suis d'origine norvégienne. Je n'ai pas de souvenirs ni de la France, ni de la Norvège. Désolée..

Pas .. de souvenirs ? Comment est ce possible ? ou bien refuse t-elle de me les partager ? Il est vrai que je reste qu'une étrangère pour elle ... mais sa voix me fends le cœur surtout quand elle finit par des excuses... attisé par un murmure de sa part .

- J'aimerais me faire des souvenirs

Je ne sais pas si elle disait ça à mon égard, cela m'étonnerais ... plus une pensée dit par mégarde à voix haute ?

Je lui souris gentiment ... j'aimerais la câliner , cette fille si triste et sans souvenir ... mais à défaut de la réconforter physiquement, je m'approche un peu

- Tu n'as pas à t'excuser, Naia. Et puisque tu n'as pas de souvenir de la France ou de la Norvège, pourquoi ne pas t'en faire ici , en Angleterre ? Faire des choses avec tes amis , comme aller découvrir la ville, faire des sorties ?

Peut-être pourrais-je même l'aider ? L'accompagner quelque fois ?

- Et puis si tu veux on pourrait s'amuser à découvrir ensemble d'autres spécialités de l'Angleterre ? Puisque nous sommes toutes deux étudiantes pour encore quelques temps, autant en profiter ... non ?

La tête légèrement penchée de coté, je lui souris, espérant lui voir aussi un sourire sur son joli visage.

Elle me sourit. Et rien ne m'indique que je devrais me méfier d'elle. Enfin. Au point où on en est, il n'y a pas grand chose de compromettant. Alors bon. Laissons la s'approcher un peu. Ça ne mange pas de pain. 

"- Tu n'as pas à t'excuser, Naia. Et puisque tu n'as pas de souvenir de la France ou de la Norvège, pourquoi ne pas t'en faire ici , en Angleterre ? Faire des choses avec tes amis , comme aller découvrir la ville, faire des sorties ? "

"Pas à m'excuser"... Hum.. Peut-être. En tout cas ce que dit la jeune dame n'est pas faux. Pourquoi pas se faire des souvenirs ici- Pour l'instant ça se limite à un bordel sans nom qu'est censé être un banquet et manquer de se faire tuer. Alors bon, c'est pas très glorieux, et je voudrais bien avoir des expériences agréables pour changer tiens. 

Mais ça ne s'arrête pas là. Aïky propose autre chose, et c'est ma foi intéressant.

"- Et puis si tu veux on pourrait s'amuser à découvrir ensemble d'autres spécialités de l'Angleterre ? Puisque nous sommes toutes deux étudiantes pour encore quelques temps, autant en profiter ... non ?"

"Ensemble" hein... Je reste un peu songeuse. Se faire des amis hein.. Je me souviens de ce que m'a dit Felias. Se faire des amis me fera passer le temps plus rapidement. Plus rapidement pour quoi au juste ... ? Je resterais ici sans aucune option de toute manière. M'enfin ne laissons pas notre interlocutrice sans réponse. Ce n'est pas très sympathique de ma part, si je fais ça.

"- Héhéhé... Pourquoi pas. Comme on dit plus on est de fous, plus on rit ?"

Je souris à la fin de cette phrase. M'enfin quitte à accepter sa demande, il vaudrait mieux trouver un moyen de se contacter. Comme par exemple... Un portable. 

"- Tant qu'on y est. Il vaudrait mieux s'enregistrer. Nos numéros je veux dire. Voilà le mien."

Et je sors mon portable, avec mon numéro affiché sur l'écran. UN VIEUX PORTABLE CERTES. "Question de sécurité" d'après Maria. Elle n'a pas confiance au programmes de géolocalisations, et c'est à son honneur. 

Se faire des amis hein... Cette perspective m'est encore un peu vague. Mais je me lance. Aucune raison que ça tourne mal hein ?...

Eh bien eh bien... Je ne suis pas la seule à avoir un vieux téléphone on dirait. J'enregistre son numéro. MON DEUXIÈME NUMÉROS DANS UN PORTABLE ! Bon sang, ce que ça fait bizarre. Je n'ai vraiment pas l'habitude de faire ça. De l'excitation dissimulée ? Oui. Clairement. Excitation, mais évitons de montrer ça. Ce serait gênant. 

M'enfin ce qui m'interroge surtout, c'est ... Les petits regards qu'Aïky me lance. On dirait qu'elle cherchait à voir un truc sur mon visage. Bah... Ce n'est pas grave. Je crois... J"ai quelque chose sur le visage qui gêne ? Quoi donc ?

Ma réflexion sur l'hypothétique objet du regard d'Aïky est interrompu par cette dernière.

"- Et depuis combien de temps es tu à l'académie Tsuki ? Je suis ici depuis plusieurs mois et pourtant il me semble ne t'avoir encore jamais croisé avant aujourd'hui !"

Hum... Notons deux trucs. Déjà qu'elle semble avoir outrepassé sa timidité à l'aide de la curiosité. Huhuhu. J'aime ça. Ce n'est pas vraiment un défaut pour moi. Puis au moins, on pourra dire qu'elle manifeste de l'intérêt pour moi.

Ensuite, d'après ses dires elle est ici depuis un petit moment. Plusieurs mois hein... Alors bon... Et moi... Ça va faire ... CINQ MOIS ?! VRAIMENT ?! JE SUIS UN CAS DÉSESPÉRÉ. Admettons que ça fait vraiment cinq mois que je suis dans cette académie. Si c'est vraiment le cas, ça voudrait dire que je suis resté dans cette académie en faisant rien d'autre que glander. Allons. je vais essayer de répondre.

"- Hum.... Cinq mois je dirais ? Oui... Il faut dire que je passe beaucoup de temps cachée dans la bibliothèque. Je ne fais pas attention aux autres. C'est peut-être pour ça que tu ne m'as pas remarqué.

Oui c'est sans doute pour ça. je ne vais pas la blâmer de ne pas m'avoir remarqué alors que je fais tout pour éviter ça. Puis bon, entre nous, ça veut dire que je suis discrète. Et c'est ce que je cherche alors ...

Je commence à me sentir lourde. Aah... La fatigue est revenue. Il faudrait ptet que je dorme hein... Dormir... C'est vrai que la petite discussion m'a presque fait oublier ma condition physique. Du bien quoi...

Ma tête se balance d'un côté puis de l'autre. Doucement. Presque de façon imperceptible. Pas de mal de tête. Rien... Juste une irrésistible envie de dormir. Une sieste s'impose alors...

"- Je peux comprendre . Je suis plutôt discrète aussi en général et j'essaye de passer inaperçu aussi ... et je ne fais pas forcément attention aux gens qui m'entourent ... mais parfois ... on passe à coté de personnes formidable comme ça."

J'arrive de moins en moins à comprendre ce qu'elle dit je crois... 

... Hum...

Elle aussi est discrète... Hm... des personnes formidables hein ?... C'est vrai. Combien de personnes formidables ai-je raté dans ma vie ? Beaucoup sans doute. Aah... Qu'est-ce que ça aurait donné, si je n'étais pas ... Moi. M'enfin, le passé est le passé. Qu'est-ce que je peux y faire ? 

Je me contente de murmurer un "- Des personnes formidables..." doucement... Je souris un peu. Ma fatigue commence à prendre le pas sur ma réflexion. M'enfin...

"- Tu vas mieux ? Comment vas ta tête d'ailleurs ?"

Elle s'inquiète encore pour moi... Ah.. C'est tellement adorable. Elle semble vraiment attentive à moi. La seule personne à s'occuper de mon état c'était Maria...

Je me tourne vers elle, croisant son regard au passage. Vu mon était de presque sommeil, je ne suis pas tellement gênée. Je me contente de la répondre :

"- Oui... Ne t'inquiète pas... Le mal est partie... Par contre je... Je vais fermer les yeux un peu."

Et sur ces mots, je ferme les yeux et ...

C'est là que j'interviens. Oui bonjour, vous me connaissez pas, mais je suis le narrateur quand Naïa n'est plus consciente. Là par exemple elle vient de s'endormir, du coup ça va être difficile à décrire ce qui se passe... Donc me voilà pour expliquer ce qui se passe.

Ouais donc elle s'endort. C'est cool, posé tranquille. Sans doute jugeait-elle que la situation n'était pas dangereuse. Puis hein, faut dire... On choisit pas trop quand on est fatigué. 

Remarquez que sa tête vient de rouler sur le côté, proche de l'épaule de Aïky. Fufufu, regardez moi cette petite fille, endormie et incapable de tenir sa tête droite. Remarquez aussi que le souffle est régulier, aucune douleur de remarquable.

Naïa dort paisiblement. Une respiration calme et douce. Aucun problème niveau physique apparemment. Un simple manque de sommeil, pas de maladie ou autre en fait. Sa tête repose sur l'épaule d'Aïky qui, elle, est en train d'écrire sur un cahier, bloc note ou que sais-je encore. 

Plus intéressant encore, c'est le rêve qu'elle est en train de faire. Essayons de rentrer dans sa tête voulez vous ? Comment ça vous vous en foutez ? Répétez pour voir ! Toute façon vous avez pas le choix. Allez, direction la tête de Naïa :

Tout est noire autour de moi. Un sentiment de solitude m'enveloppe. C'est froid et dure. Ça mord ma peau comme d'innombrable serpents de métal. Ça mort mes mains, mes bras, mes jambes, mes pieds. Tout est sombre, noire, insondable... A part un éclat lumineux blanc... jaune devant moi. Ça me tend la main. Je la prend, sans hésiter. C'est... Chaud... Une présence apaisante. Mes angoisses disparaissent, avec les serpents. Je ne suis pas seule. Mais... Qu'est-ce ?

Ça s'accélère. Je n'arrive pas à la suivre. L'éclat semble vouloir rejoindre un autre endroit. Elle accélère, accélère, et je commence à lâcher sa main. Je n'arrive pas à la suivre. Attend ! Attend moi !

La chose s'accélère, lâche ma main et s'éloigne. Me voilà en train de courir après. A mesure que j'accélère elle s'éloigne. Plus je parcours de distance, plus j'en ai à faire. Je m'écroule au sol, me laissant envahir par mes anciens compagnons. Ma main est encore tendue vers l'éclat, que je perçois de moins en moins. 

Je... Non... Ne...

"- Non... Ne me laisse pas..."

Un petit murmure brise le silence ambiant de cette bibliothèque. Des larmes ruissellent sur son visage. Pas un torrent de larme non... Comme une petite fissure sur le visage de cette poupée de porcelaine, marquée par le temps, la solitude et le froid. Mais elle ne s'agite pas. Elle se laisse aller, dans sa tristesse ambiante.

Naïa s'agite un peu dans ses rêves. Enfin rêves, il est possible de parler de cauchemars à ce niveau là. Qu'importe, elle s'agite et ça peut commencer à inquiéter certaines personnes. Elle ne va pas se mettre à convulser quand même, si ? Vous imaginez vous ? Mort par cauchemars ? Quel game over bien triste... Rigolez pas, je suis presque sûr que ça soit possible. Comme un mauvais trip avec les elf machine. M'enfin on me fait remarquer qu'elle n'est pas drogué alors...

Quoi qu'il en soit, Aïky semble s'inquiéter pour notre petite. Elle essaye même de tirer notre pauvre infortunée hors de son état de torpeur/peur/whatever else. Hum ? Comment ça il est temps pour moi de m'en aller ? Non, je veux pas ! Vous allez pas vous débarrasser de moi comme ça ! JE ME PLAINDRAIS ! VOUS POUVEZ PAS ME VIRER COMME ÇA-

Je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Je ne me souviens de rien, juste d'avoir rêvé. Quel rêve ? Que s'est-il passé ? Je n'en sais rien. Mes yeux sont encore clos et j'entends quelqu'un essayer de me tirer hors de mon état. Qui est-ce ? C'est ...

"- Naia ? Naia ? Réveille toi ... ce n'est qu'un rêve !"

Ah... Aïky. J'ouvre mes yeux et lève ma tête. "- Qu'est ce qui se passe ?" Pourquoi cette confusion sur son visage ? Elle est inquiète, pourquoi ? J'étais agitée ?

Je passe mes mains sur le visage, instinctivement, comme à chaque fois que je me réveille.. "- Des ... Larmes ?" Oh bon sang. Encore ça. Ça me revient doucement, ce même rêve où je me retrouve abandonnée. Ce même rêve où l'éclat m'abandonne. Bon sang... Elle va vraiment s'inquiéter. C'est qu'un rêve récurrent, rien de grave Aïky. T'inquiète pas.

Je nettoie mon visage à l'aide de mes manches, avec hâte. Oui parce que c'est bien beau de pleurer et de passer pour une poupée fragile mais avoir le visage sec c'est bien aussi. Laisser transparaître mes faiblesses me plait pas vraiment non plus. Puis j'ai pas de mouchoir.

Je tourne ma tête vers la jeune damoiselle et tente de m'exprimer avec un ton rassurant :

"- Ce n'est rien... Un rêve récurrent. Ne t'inquiète pas. J'ai l'habitude à force."

Je fini ma phrase avec un petit sourire. J'espère être assez convaincante. Toute personne sur Terre a ses problèmes hein. Je vais pas non plus la charger de mes soucis. Pas la peine d'en rajouter et laissons la situation se calmer. Je ne pense pas être d'humeur à parler de ça, surtout avec une inconnue, aussi sympathique soit-elle.