Première Visite. [PV Capu]

Je me réveillais après une longue nuit de sommeil. Je me sentais revigorée, mais frigorifiée. Qui aurait cru que la rosée serait si fraîche, après de nombreux jours de beaux temps ? Je mis mes pantoufles, une grande veste sombre, et fila chercher mes bagages dans le placard commun; ensuite, direction les salles d'eau pour se débarbouiller.
Une fois prête, je laça mes bottines, pris ma grande sacoche et descendis le petit escalier jusqu'au dortoir.
Capucine n'était pas encore là; j'avais quelques minutes d'avances. Heureusement, j'avais emporté un livre.
"le Parfum De la Dame en Noir", de Gaston Leroux. C'est l'un de mes préférés.
Je m'installa dans un grand fauteuil près du coin de la salle, plongeant dans ma lecture.
Je me demandais ce qui nous attendait dans cette Académie; j'avais un peu peur de me perdre, le bâtiment étant très grand. Après notre visite, nous irions sûrement à la cafétéria. Mais ce que je voulais voir le plus, c'était la serre; c'est ici que notre promenade s'achèvera, car nous serons protégées de la température fraîche de la matinée et nous aurons tout le temps de contempler les fleurs et les plantations de toutes sortes. J'ai hâte !
J'espère qu'il y a une salle d'art ... J'aimerais beaucoup dessiner.
La porte s'ouvre; est-ce-que c'est elle ? Je relève la tête et vois son sourire, le même que la veille. Je lui souris à mon tour:

- Bonjour! Bien dormi ?

J'ai eu du mal à m'endormir hier soir... Ça m'inquiète un peu d'être sans mes parents... J'ai tenté de me calmer discrètement, histoire de ne pas commencer par une nuit blanche. Surtout que des sanglots me venaient à cause de la fatigue (j'ai juste pris la voiture pour venir pourtant).

Finalement, j'ai dormi comme une souche après deux heures de combat contre moi-même. Et je vais être à la bourre pour ma promenade avec Jumline ! Le comble, c'est qu'on dort dans la même chambre ! En même temps, je lui suis reconnaissante de ne pas m'avoir réveillée : j'ai horreur de ça. Peu importe qui, on n'a pas à me réveiller.

En vitesse, j'enfile mon uniforme et, puisqu'il fait encore frais, la veste assortie. A peine coiffée, je descend en trombe dans les escaliers pour me rendre au foyer. Je manque de glisser deux ou trois fois sur les marches à cause de mes chaussures neuves (pour aller avec l'uniforme, ma mère avait insisté).

Quand j'ouvre la porte de la salle commune, je cherche un instant ma camarade des yeux et...Bingo ! Dès que j'accroche son regard, j'affiche naturellement un grand sourire et elle me demande :
- Bonjour ! Bien dormi ?
Je la rejoins dans son coin de la salle pour lui répondre : ma voix fait souvent des siennes, mais au réveil, c'est plus un murmure continuel qu'autre chose.
- Pas mal, un peu stressée d'être arrivée à l'Académie. Et toi ?

Je remarque le livre qu'elle tient. "Le Parfum de la Dame en Noir"...Gaston Leroux...J'ai dû en entendre parler. On voit bien que les pages ont été tournées souvent. J'ai ramener un ou deux livres de chez moi, mais ils sont encore dans ma valise...Il faudrait qu'on passe par la bibliothèque aussi, ça pourrait être bien.

Effectivement, c'est bien Capucine. Etrange ... ça fait deux fois que mon instinct a raison ... Serait-ce la curieuse atmosphère régnant ici qui m'aurait rendue un peu plus érudite ? 'Faut pas rêver, non plus. Après tout, rien ne peux modifier le cerveau de quelqu'un - Si ? - Peut-être, étant donné que je suis entourée d'environ 650 personnes dotées de pouvoirs. Au moins un (ou une) parmi cette poignée de centaines d'élèves, a sûrement une faculté comme celle-ci ... Bref.
Capu regarde autour d'elle, l'air légèrement... Perdue. On dirait vraiment qu'elle vient de se réveiller; les yeux un peu bouffis, humides, et les cheveux en bataille. Heureusement que je ne l'ai pas réveillée en sortant ! Je pense qu'elle m'aurait adressée une mine encore plus grincheuse que Grincheux le nain (mais si, dans Blanche-Neige !) lui-même. Vive ce nouvel instinct.
Pour en revenir à ma colocataire, sa tenue diffère de la dernière fois; aujourd'hui, elle porte un uniforme composé d'une chemise blanc cassé, une jupe plissée bleue marine et une grande veste beige. (Moi je n'ai pas encore d'uniforme ... Ni de matériel scolaire efficace. Je crois qu'une séance shopping en ville s'imposera bientôt !)
Elle me cherche du regard, puis finit enfin par m'apercevoir; nos deux visages s'éclairent du même coup. C'est contagieux la bonne humeur ! Puis elle vient à ma rencontre, et d'une toute petite voix ensommeillée, elle marmonne un:

- Pas mal, un peu stressée d'être arrivée à l'Académie. Et toi ?

Tu m'étonnes qu'elle est stressée ! C'est aussi mon cas - En même temps, on vient d'arriver dans un manoir immense, peuplé d'étudiants "hors du commun", si ce n'est pas un terme trop insultant, et tout le monde à l'air d'avoir déjà un petit groupe d'amis. Heureusement qu'on s'est tombées dessus, ou plutôt, heureusement que j'ai un peu rempli sa boîte aux lettres de demandes d'amitié un peu insistantes.
D'ailleurs, elle vient de remarquer mon livre. Je me demande si elle aussi en a apportés ... Et quels sont ses préférés, d'ailleurs. Mais plutôt que de m'interroger là-dessus toute seule alors que l'individu concerné est en face de moi, autant répondre à la question de cette dernière.

- Pareil ! Eh bien, autant commencer à la visiter tout de suite, histoire de se familiariser un peu avec !

Je range mon livre dans mon sac - Une minute, j'ai oublié de lui demander où elle voulait aller en premier - Quelle impolitesse ! Où sont donc passées mes bonnes manières ?! Je m'empresse de lui demander, du coup :

- Au fait, tu voulais voir quoi en premier ?

- Pareil ! Eh bien, autant commencer à la visiter tout de suite, histoire de se familiariser un peu avec !

Pour une fois que je ne suis pas la seule à stresser ! Enfin, Jum' à l'air plus réveillée que moi. Quoique, à bien y regarder, elle a de bonnes cernes (qui se remarquent peu grâce à son maquillage déjà sombre).

Je me met un peu en route, sauf qu'elle soulève un point assez important : on n'a pas du tout pensé au trajet. Par où commencer ? ... Sans plan, difficile de savoir. J'ai seulement repéré les casiers. Je vais pas l'emmener aux casiers ! J'avais pensé à la bibliothèque déjà. Les jardins aussi. Mais il me semble qu'on doit les traverser pour arriver à la serre... Dans le doute, avant de répondre, je balaye encore une fois la pièce du regard dans l'espoir de trouver une carte des lieux. Je ne trouve qu'une horloge à pendule tic-tacante et le bric-à-brac (apparemment) habituel du foyer Saphir.

Quelques élèves passant sous/devant l'horloge me fixent un instant, curieux. Ils croient que je les regarde...Bah, maintenant oui, mais à la base, non. Vous voulez pas m'aider les gens ? Sérieux, allez ! Vous aideriez quand même une nouvelle perdue, non ? Si j'avais le courage de le dire, je trouverais de l'aide plus facilement. Mais je suis un peu timide dans le fond.

Jumline attend ma réponse. Elle doit se demander ce que je cherchais elle aussi. Je savais bien que je ne trouverais pas de plan, mais j'ai essayé quand même..

- Euh...On n'a qu'à aller à la serre d'abord, et on verra après. Sauf si tu veux aller ailleurs d'abord. Vu qu'il est déjà onze heures, je pense qu'on devra rallier la cantine dans pas trop longtemps. ...C'est bien une cantine ici ?