On rencontre toujours un « mais » dans ce monde si imparfait. [PV. Shi & Yumiko] [Terminé]

Jill se demandait, mais qu'est-ce qu'elle foutait ici, au beau milieu du coin de la ville le moins bien fréquenté ? Elle se sentait très mal à l'aise pour le coup. Elle était assise sur un banc devant le cinéma, à espérer que personne ne la remarque. Ce qui était pour le moment mal parti puisque tous les garçons la regardaient de manière très sous-entendue. Elle avait beau leur jeter des regards noirs, ça n'avait aucun effet sur eux. Elle soupira. En plus de ça, elle n'était pas habillée très sexy aujourd'hui. Un haut on ne peut plus simple avec des motifs à cœurs colorés et une salopette-short. Si on ne la connaissait pas, on pourrait penser que c'est une fille tout droit sortie d'une ferme. Bien qu'elle adorait les fermes. Mais là n'était pas le problème.

Elle avait raté le bus qui menait à la galerie marchande. Donc au final, elle avait marché. Mais n'ayant pas l'habitude de se déplacer à pied, elle s'était perdue. Et quoi de mieux que d'atterrir ici ? En plus il était très tôt le matin et c'était encore les sorties de boîtes de nuit. La plupart des gens étaient complètement saoul ou encore euphorique par la nuit blanche qu'ils venaient de passer. Jill n'était pas du tout friande de ce genre de fête. Elle ne comprenait pas comment les gens pouvaient s'amuser à se mettre mal. Quand Jill participait aux fêtes familiales, elle s'éclatait. Et ce n'est pas pour autant qu'elle était défoncée à chaque fois. Et au moins, elle avait le mérite de se souvenir de tous les détails. Au final, ils faisaient plus pitié qu'autre chose ces gens qui se pensaient trop hype. Et le pire doivent être ceux qui ont plus de trente ballets et qui continuent à suivre ce délire de bringue tous les soirs et à se mettre à l'envers.

Maintenant, des jeunes venaient lui demander si elle n'avait pas de la beuh sur elle. Non mais pour de bon, elle avait une tête à avoir ce genre de produit sur elle ? A chaque fois elle les envoyait balader gentiment, mais elle en avait marre. Quand ce n'était pas de la drogue, on lui demandait si elle n'avait pas des clopes ou autres. Ils n'ont pas de fric ces gens-là pour qu'ils grattent constamment à droite et à gauche ? Et quand elle refuse, ils se permettent d'aller demander à quelqu'un d'autre jusqu'à tomber sur une âme charitable qui acceptera de lui en donner une. Quand elle se comparait à eux, elle n'avait strictement rien à voir. Ils avaient du style, avaient une allure rebelle et une démarche un peu bizarre. Jill était tout ce qui avait de plus simple. Si ce n'est ses cheveux.

En attendant, elle restait gentiment sur son banc. Elle attendait. Elle ne savait pas trop ce qu'elle faisait, mais elle le faisait quand même. Peut-être que sa journée changera l'espace d'un instant. Elle l'espérait. Parce que pour le moment, elle regrettait de s'être levée.

   

Jill explorait calmement les environs du regard lorsqu'elle distingua une silhouette familière qui approchait. De longs cheveux couleur marron glacé ramenés en une queue de cheval, une frange plutôt épaisse... ça lui rappelait son aventure récente à la bibliothèque. Dans ce cas là, il ne pouvait s'agir que de Shi. Cette dernière ne semblait pas seule. A ses côtés, on pouvait découvrir une nouvelle personne qui était inconnue aux yeux de Jill. Une jolie fille. Grande, élancée et fine, de longs cheveux blonds et de grandes prunelles claires. Le genre de fille qui attireraient tous les coups d’œils sur elle. A la manière dont elle se tenait, on pouvait facilement reconnaître le malaise. Elle ne semblait pas très heureuse de se retrouver ici.

Shi semblait un peu perdue et son amie qui se tenait à côté d'elle semblait de plus en plus paniquée. Jill fit un sourire désolée. Elle pouvait parfaitement comprendre ce qu'elle ressentait. Elle-même détestait se trouver dans des endroits bondés de monde notamment celui-ci. C'était bourré de gens qui étaient eux-même défoncés et ça ne lui plaisait pas. Elle avait déjà assez vécu d'accidents avec son pouvoir, elle ne voulait pas en rajouter d'autre à sa liste. Avec le temps, elle avait apprit à courir vite et à se faufiler partout pour échapper aux mauvaises personnes. D'ailleurs, elle commençait petit à petit à flipper avec tous ces yeux posés sur elle qui ne semblaient pas tous voués à de bonnes intentions. La majorité de ces individus sortaient de boîte complètement déchirés donc ne devaient pas avoir l'esprit très clair. Plus les secondes passaient, plus elle se sentait mal à l'aise.

Ah ! Shi et sa copine sont venues lui parler. Elle pouvait apaiser son petit cœur qui commençait peu à peu à s'emballer avec toutes ces histoires de tentatives d'agression voire plus grave. Elle salua Shi d'un geste de main accompagné d'un sourire. Elle n'allait pas faire la timide et la fragile devant tous ces hommes qui dans leur imaginaire lui faisaient des choses. Il fallait qu'elle montre qu'elle ait de l'assurance, pour leur prouver qu'elle n'est pas du genre à se laisser faire. Donc, qu'elle montre quelqu'un qui n'est carrément pas elle. Il faudra qu'elle s'empêche de bafouiller devant elles. A la place, ce sera Shi la timide avec ses bégaiements !

- Bonjour ! J'ai débarqué ici je ne sais trop comment en réalité... Je pense que je me suis perdue. Et il a fallut que ce soit ici, dans le pire quartier qui soit.

Jill fit les yeux ronds devant la mine paniquée qu'affichait l'amie de Shi. Elle se leva et s'approcha d'elle sans pour autant être trop proche pour éviter de la perturber ou la faire encore plus défaillir.

- Est-ce que ça va ?

La vélane commençait à s'inquiétait. En plus de ça, elle ne connaissait pas le numéro des pompiers car elle n'avait jamais eu à l'utiliser ! Elle espérait que sa nouvelle connaissance reprendrait peu à peu son calme pour ensuite se stabiliser sur ses deux jambes.

   

Si pour Shi cet emplacement était la seule chose de négative dans ce quartier, pour Jill c'était le tout. Elle n'aimait pas se trouver au beau milieu de places remplies de gens qui étaient plus ou moins fréquentables. Elle avait beau se rendre un peu partout, elle se rendait rapidement compte qu'elle était à l'abri nul part avec son pouvoir. Elle était soucieuse. Elle pourrait également leur causer des ennuis à cause de ce « petit » détail.

Jill était anxieuse de l'état de la blonde qui semblait être au plus mal. Elle ne savait pas trop comment procéder avec elle. Devait-elle la réconforter ? L'apaiser ? Néanmoins, la vélane n'était pas la mieux placée pour l'aider. Elle n'était peut-être pas aussi terrorisée qu'elle par le monde les entourant, mais c'était tout comme. Quand elle fit signe de la tête que ça n'allait pas, Jill comprit qu'il fallait faire quelque chose.

Shi se fit bousculer par un vieux bonhomme qui ne savait décidément plus comment mettre un pied devant l'autre sans se mêler les pinceaux. En plus de ça, il finissait sa course dans les poubelles. Jill grimaça. C'était fou ce que l'univers pouvait regorger de personnes pittoresque. Elle eut pitié lorsque ce dernier s'esclaffa. Elle cherchait ce qu'il y avait de drôle dans l'état actuel où il était.

L'étudiante sourit à la scène à laquelle, elle assistait. Shi s'excusait auprès de son amie de l'avoir entraînée avec elle dans ce foutoir. Elle trouvait ça plutôt beau. Personne ne lui avait fait des excuses après lui avoir causé des ennuis. Au contraire, tout le monde se fichait complètement d'elle. La petite fillette trop sérieuse et pas amusante. Quand on pensait à son avenir, les gens avaient tendance à nous prendre de haut. Elle ne comprendra jamais cette « philosophie ». Après s'être excusée, Shi leur proposa de bouger. Jill accepta immédiatement, sans demander son reste. Si elle pouvait s'éloigner de tous ces hommes ivres, elle était preneuse. Docilement, elle suivit la brunette accompagnée de son amie qui semblait complètement bouleversée. Jill se demandait comment elle faisait pour tenir sur ses deux jambes sans fléchir.

Elles étaient à présent dans une ruelle déserte, pas une silhouette à l'horizon. Jill soupira de soulagement avant de s'adosser à un mur humide. La ruelle avait beau sentir les égouts, elle se sentait déjà mieux que devant le Cinéma. Elle répondit à Shi par un pouce levé. Elle surveillait attentivement les changements d'expression et les mouvements de la nouvelle. Elle semblait peu à peu se détendre, c'était cool, pensa Jill. En y repensant, elle ne connaissait pas son prénom.

- Je m'appelle Jill. Et toi ? Dit-elle avant de s'adresser à Shi. Contente de te revoir malgré que ça se passe dans des circonstances pareilles.

Jill faisait beaucoup d'effort pour discuter de cette manière, aussi posée et un peu plus assurée. Il ne fallait pas qu'elle monte une once d'anxiété, sinon l'inconnue allait peut-être redémarrer sur les chapeaux de roues.

   

Jill ne prit pas mal le fait que la jolie blonde ne lui réponde pas immédiatement. Elle comprenait parfaitement. Elle devait certainement être sous le coup des émotions encore. Si la vélane se pensait réprimée par la foule et détestait les gens, elle se doutait bien que ce n'était pas autant que son interlocutrice. Elle se demandait comment ça se passait dans la vie de tous les jours pour elle. Elle supposait que ce n'était pas facile. Est-ce qu'elle avait essayé de « dompter » ce problème ? Encore une fois, Jill n'était pas la mieux placée pour en parler. Elle était du genre à fuir les problèmes au lieu de les affronter. C'était plus facile d'après elle. C'est ce qu'elle a fait constamment depuis le collège. Fuir et se taire. Peut-être que c'était la raison pour laquelle elle était si craintive et méfiante aujourd'hui.

Shi lui répondit simplement. Jill sourit. La jeune fille semblait elle aussi, timide avec ses bégaiements. Elle ne se rappelait plus vraiment si à la bibliothèque c'était la même chose. Ou alors, c'était peut-être juste la pression de l'extérieur. Tous ces gens qu'elles ne connaissaient pas et qui les regardaient comme des morceaux de viande, c'était sûr qu'il y avait de quoi se faire du soucis.

Jill reporta son attention quand elle vit cette dernière sourire violemment, d'un seul coup. Qu'est-ce qu'il lui arrivait, était-elle sur le point de s'étouffer ? La vélane se gifla. Non. Elle était juste dans l'embarras. Celui qui nous mettait dans tous nos états. Elle s'en voulait de lui avoir demandé à ce qu'elle se présente. Elle ne souhaitait pas la mettre aussi mal à l'aise. Ce n'était pas son but. Elle voulait juste faire connaissance pour espérer, justement, qu'elle se sente mieux. Mais apparemment, elle s'y prenait mal.

Yumiko... Son prénom était joli. Elle baissa les yeux au sol. Jill n'ajouta rien d'autre, si ce n'est un hochement de tête pour lui montrer qu'elle avait entendu malgré sa voix presque inaudible. Elle n'osait plus parler, de peur de mettre les deux filles dans le même esprit que Yumiko est actuellement.

   

C'était fou ce que de vieux murs et des poubelles traînant sur le sol, pouvaient être passionnants. Dès qu'un silence était installé, Jill ne savait plus où poser ses yeux. Il fallait toujours qu'elle regarde partout, sauf ses interlocuteurs. C'était un bon moyen de chercher sa place. Bon, des fois, c'était compliqué. Elle détestait juste le silence, ça s'arrêtait là. Néanmoins, elle n'avait pas grand chose à raconter. Elle avait tout sauf une vie passionnante. Son histoire ne sera pas celle que l'on pourra lire dans une autobiographie par exemple. En plus, qu'elle idée d'en écrire une lorsque l'on a dix-sept ans ? En supplément, elle n'était pas douée avec les mots. Si dans la réalité elle avait du mal à s'exprimer, à l'écrit, c'était pareil. Elle a toujours eu des problèmes à poser des mots sur ce qu'elle ressentait.

La blonde fut rassurée lorsque Shi reprit la parole. Aller dans un endroit plus calme ? Bien sûr que ça l'intéressait, elle en serait même ravie. Elle montra son adhésion à l'idée par un hochement de tête. Yumiko semblait réellement enchantée. Elle ne montrait rien sur son visage, pas même l'ombre d'un sourire. En tant qu'observatrice avertie, Jill pouvait voir cette petite lueur dans ses yeux qui voulait tout dire. Nos yeux sont le miroir de notre âme et également nos plus grands traîtres. Ils pouvaient révéler à n'importe qui nos plus profonds sentiments et émotions. En plus d'une joie plus qu'évidente, on pouvait ressentir une once d’inquiétude dans la voix de la jeune fille. Elle était décidément pas à l'aise dans ce quartier. Valait mieux lever le camp.