Papiers volants [Pv Fuanteina~]

Rappel du premier message :

Biologie. J'ai toujours haï ce cours ! Le prof est un vieux schnoque ridé avec des lunettes à triple verres, des pustules et des cheveux gras, vraiment le stéréotype du gars répugnant... Je m’assois au fond à droite, tout près de la vitre. J'observe les gens. La fille brune avec des tresses devant moi, son uniforme un peu trop grand pour elle et ses lunettes qui lui donnent un air brillant. Le grand gars à côté, son air nonchalant et la cravate desserrée de son uniforme, ses cheveux blonds en bataille... Soupir. Voyons le côté positif des choses, au moins on ne dissèque pas une grenouille ! N'empêche que je m'ennuie ferme. Et quand j'essaye de m'intéresser un schouilla à ce que le prof raconte, je me rend compte que je ne ferai jamais carrière dans la médecine : le système digestif humain est barbant à en mourir.

Je jette à nouveau un œil sur les gens et remarque que la place normalement libre, dans la rangée du milieu, est aujourd'hui occupée. L'élève assise là a des longs cheveux verts, j'aimerais bien voir son visage mais je ne vois que l'arrière de son crâne. Je ne l'ai jamais vue auparavant dans ce cours, elle doit être nouvelle ! Je décide de déchirer le coin d'une page de mon cahi-

"Mademoiselle Svenhild ! Peut-on savoirrrr pourquoi vous dégradez ostensiblement et volontairrrrrrement votre matériel scolairrrrrre ?"

Monsieur Pustule vient de m'apostropher parce que déchirer son cahier c'est mal. Je viens tout juste de m’apercevoir qu'il fait crisser les "r" qu'il prononce, ce qui n'ajoute rien à son charme...

"Désolée, monsieur."

Je finis ce que j'ai commencé - mais de manière plus discrète - et note rapidement :


J'agrémente le mot d'un petit émoticône souriant avant de le plier en deux et de l'envoyer sur la tête de ma cible. C'est seulement à ce moment que je remarque que cette personne a une queue. UNE QUEUE ?! J'ai l'habitude de voir des gens étranges ici, mais c'est la première fois que je vois une fille avec une queue de reptile...

J'arrête de chanter, surprise. La fille aux yeux verts se lance dans une longue tirade.

"Peux tu me promettre que tu seras là, quand je trancherai mes veines ? Seras tu là quand je ne voudrai plus que du sang et des morts ? Seras tu là quand j'aurai entre les mains le cœur encore battant d'un enfant innocent ?"

Je ne suis pas sûre de bien comprendre ce qu'il se passe. Est-ce les voix qui prennent le dessus ? Oui, bien sûr, ma vraie amie n'est pas comme ça ! Mais je l'empêcherai de commetre l'irréparable, personne - y compris elle - ne veut de mort.

"Seras tu là alors que tous les gens dans la rue ne voudront que me voir dans un sommeil éternel ?"

Evidemment. Je ne veux pas que tu meures.

"Seras tu là quand j'essaierai de tuer mes amis ?"

Naturellement. Je n'ai pas envie qu'ils meurent et toi non plus, alors je t'arrêterai.

"Seras tu là... quand je serai moi ?"

Quand tu répand le sang, tu n'es pas toi, tu le sais Fuanteina. C'est les voix qui parlent. Et je t'ai promis que je serai plus forte qu'elles. Tu n'as pas besoin de me prévenir que ce sera dur car je le sais, mais j'ai choisi de le faire. C'est le moment de les vaincre, alors je continue de câliner ma protégée en déclarant sans montrer une once d'inquiétude :

"Bien sûr que je serai là. Je serai là pour vous vaincre, voix, croyez-moi. Et on vous prendra la vraie Fuanteina, celle qui est bienveillante, celle à qui vous pourrissez la vie. Je la sauverai."

Je pose une main sur la sienne, l'autre sur son coeur. Je pose mon menton sur le haut de son crâne et la berce. Je l'emplis d'amour... Et je me remet à chanter.

"Bien sûr que je serai là. Je serai là pour vous vaincre, voix, croyez-moi. Et on vous prendra la vraie Fuanteina, celle qui est bienveillante, celle à qui vous pourrissez la vie. Je la sauverai."

Je suis intriguée par sa réaction, intriguée mais pas convaincue.

"J'ai déjà fait l'erreur une fois. Qu'est ce qui me dit que ça ne devrait pas être la seule ? Je pensais pouvoir lui faire confiance, j'ai essayé et elle m'a trahie. Alors qu'elle était ma jumelle. Je n'ai même pas une apparence purement humaine, je suis moi et mon doppelganger, comment me considérer comme humaine ?

Je me tais, je lui laisse répondre ce qu'elle veut, peut m'importe, je ne peux compter que sur moi même.

"Penses tu pouvoir hausser le ton plus haut qu'elles, qui sont dans ma tête ? Crois tu tenir mieux que ma soeur la partie de jeu sanglant que je te propose ? Imagines tu me tirer des tréfonds de ma folie, dans lesquels je me terre depuis si longtemps ?

Je reste blottie contre elle, je l'aime, je ne veux pas en être séparée, même si je sais qu'elle ne tiendra pas parole, parce qu'elle ne pourra pas tenir parole.

"J'ai déjà fait l'erreur une fois. Qu'est ce qui me dit que ça ne devrait pas être la seule ? Je pensais pouvoir lui faire confiance, j'ai essayé et elle m'a trahie. Alors qu'elle était ma jumelle. Je n'ai même pas une apparence purement humaine, je suis moi et mon doppelganger, comment me considérer comme humaine ?"

Je ne comprend rien à ce que me racontent les voix. Doppelganger ? Connais pas. Et puis, c'est quoi cette histoire de soeur ? Les voix seraient-elles la soeur de Fuanteina ? Ou alors une partie d'elle ? Je ne sais vraiment pas quoi répondre... Il faudrait déjà que je connaisse toute l'histoire pour ça.

"Penses tu pouvoir hausser le ton plus haut qu'elles, qui sont dans ma tête ?"

Si la partie bienveillante de toi y met du sien, on peut y arriver, il suffit que tu m'écoutes plus qu'elles. Et si vous haussez le ton, voix, j'hausserai aussi.

"Crois tu tenir mieux que ma soeur la partie de jeu sanglant que je te propose ?"

Je ne suis pas bien sûre de comprendre cette phrase... Je suppose que les voix torturent Fuanteina en lui donnant des pulsions meurtrières, mais je ne tire pas de conclusions hâtives et j'attend la suite. Mais si je devais répondre à cette question, je dirais : "je préfère qu'on arrête d'y jouer toutes les deux."

"Imagines tu me tirer des tréfonds de ma folie, dans lesquels je me terre depuis si longtemps ?"

Oui. Il n'y a rien de plus à ajouter.

"C'est trop tard, voix. Vous ne pouvez plus me dissuader, j'ai décidé de calmer sa peine. Vous avez le droit de ne pas être convaincues de mes propos, vous avez le droit de penser que je ne tiendrai pas ma promesse ! Mais je m'assume et je n'ai qu'une parole. Et puis, j'aime beaucoup cette fille, j'ai vraiment envie de la voir sourire un jour."

Mon amie se blottit contre moi. Malgré le défi qu'elle me lance à plusieurs reprises, elle s'accroche à moi. Qu'est-ce qu'elle doit penser ? Peut-être qu'elle m'aime bien, même si elle ne croit pas que je vais la sauver. Peut-être qu'elle se sent seule au monde, même quand je lui promet de l'aider, peut-être qu'elle est seule et qu'elle a juste besoin d'aide.

"C'est trop tard, voix. Vous ne pouvez plus me dissuader, j'ai décidé de calmer sa peine. Vous avez le droit de ne pas être convaincues de mes propos, vous avez le droit de penser que je ne tiendrai pas ma promesse ! Mais je m'assume et je n'ai qu'une parole. Et puis, j'aime beaucoup cette fille, j'ai vraiment envie de la voir sourire un jour."

"voix" ? Vraiment ? L'auto persuasion la fera juste tomber de plus haut, si elle ne veut pas accepter ce que je suis, il n'y a rien qui l'oblige à rester près de moi.

""Voix", non : je suis moi, celle avec qui tu marche dans les couloirs depuis tout à l'heure, celle à qui tu envoyais des petits papiers en biologie. Inutile de m'appeler "voix", si n'accepte pas qui je suis ou ce que je suis, alors écarte toi, laisse moi seule."

A peine ma phrase terminée je la regrette, je ne sais pas comment elle l’interprète, je n'ai pas envie, au fond de moi, qu'elle s'en aille. Alors je resserre encore mes bras autour d'elle, de la manière la plus possessive qu'il soit.

"E... Edi.. Tu ne pourras pas parler plus fort qu'elles...je remarque que je lui fait mal, je reste collée à elle mais en essayant de ne pas lui faire mal, "Ne me promets pas l'impossible..."

""Voix", non : je suis moi, celle avec qui tu marche dans les couloirs depuis tout à l'heure, celle à qui tu envoyais des petits papiers en biologie. Inutile de m'appeler "voix", si tu n'accepte pas qui je suis ou ce que je suis."

Je ne la crois pas. La vraie Fuanteina ne veut pas tuer, ne veut pas le mal des gens ! Cependant, je pense que c'est bien elle qui parle : elle est juste sous la manipulation des voix. C'est... complexe. Je suppose que mon amie, en plus des choses qu'elle entend dans sa tête, a une double personnalité. (D'après moi, la personnalité sadique est provoquée par les voix - et oui, je continue à les appeler comme ça.) Cette personne sanguinaire est donc bien une partie d'elle, ce qui complique assez la tâche...

"Alors écarte toi, laisse moi seule."

BAM ! En plein coeur... Blessée, je jette un regard à la nouvelle élève. Elle ne veut pas de moi, de mon aide, de mon étreinte ? Ce sont les voix qui parlent, n'est-ce pas... ? Rassurez-moi, dites moi que la Fuanteina que j'aime, celle qui veut le bien des gens, ne me déteste pas ! Mais par-dessus tout, j'espère qu'elle ne dit pas ça pour me protéger d'une quelconque façon. Elle s'emmurerait encore plus dans sa solitude.
Je suis quasiment sûre que c'est la deuxième personnalité qui parle, mais je retire mes bras tout doucement, dans le doute. Je suis un peu attristée... Soudain, elle me serre fort contre son torse, comme si elle voulait me garder avec elle pour toujours. La douleur m'arrache une grimace, je m'en fiche. Je suis heureuse de pouvoir la serrer dans mes bras !

"E... Edi.. Tu ne pourras pas parler plus fort qu'elles... Ne me promets pas l'impossible...

-Alors disons que je ne te l'ai pas promis, je me le suis promis. Mais il va falloir que tu m'aides, d'accord ? A partir de maintenant, il faut toujours que tu écoutes quelque chose, tu ne leur laisse pas la parole."

Je la regarde dans les yeux avec mon regard le plus sincère.

"Il faut que tu y croies, sinon ça ne va pas marcher... Laisse-moi une chance, Fuanteina."

Tout en soutenant son regard, je sors mon casque audio et mon baladeur de mon sac pour les lui donner.

"C'est pour toi. A chaque fois qu'elles tembêtent, met ça sur tes oreilles."

HRP:

Edi continue de me réconforter, elle ne veut pas lâcher l'affaire. Elle sort de son sac un casque et un baladeur et me les donne.

"C'est pour toi. A chaque fois qu'elles t'embêtent, met ça sur tes oreilles."

Je les regarde puis rends ses affaires à Edi, je referme sa main dessus.

"Ça, c'est à toi." je la regarde dans les yeux, "C'est ta voix que je veux entendre, pas celle d'un chanteur, aussi belle soit-elle."

Je me tais quelque instant.

"Je m'en achèterai peut-être, mais pour l'instant c'est sur toi que je compte, et c'est toi et toi seule que je veux entendre."

Je la laisse parler en me rendant compte que je monopolise la parole. Puis je rit de manière enfantine.

"Les voix me murmurent de te tuer... puis je me blottit, resserrant mes bras autour d'elle ,puis dis froidement : Temps que je serai là, personne ne te toucheras."

"Ça, c'est à toi, dit Fuanteina en me redonnant mon casque et mon baladeur. C'est ta voix que je veux entendre, pas celle d'un chanteur, aussi belle soit-elle."

Je souris en remettant mes affaires dans mon sac. C'est tout chaud dans ma poitrine, elle tient à moi...

"Je m'en achèterai peut-être, mais pour l'instant c'est sur toi que je compte, et c'est toi et toi seule que je veux entendre."

Ma bouche ne peut s'empêcher de se fendre en un large sourire. Ca y est, elle accepte ma proposition, elle accepte que je sois sa voix ! Maintenant je vais la protéger car elle croit en moi. C'est le début d'une belle amitié.

"Merci... je souffle. Tu peux avoir confiance en moi, si tu ne vas pas bien tu peux toujours venir me voir. Je ne te laisserai jamais tomber !"

Mon amie émet un rire pur, un rire d'enfant. Puis elle me dit :

"Les voix me murmurent de te tuer..."

Je caresse sa tête, pas du tout inquiète, pendant qu'elle ressere ses bras et dit d'un air sérieux :

"Temps que je serai là, personne ne te toucheras."

Souriante, je pose mon menton sur son crâne. Il est treize heures, tout le monde est en train de manger au réfectoire, sauf nous. On est seules dans le couloir à se câliner, et j'adore ça... Je veux lui parler, endosser mon rôle de voix. D'une voix douce, je murmure :

"Tu ne seras plus jamais seule... Nous serons inséparables, pour l'éternité !"