[Intrigue n°2] Ici commence notre garde [Pv Tori/Evan/Impé]

L'arrivé c'était bien passé. Globalement la Nouvelle Calédonie tenais sont rôle de lieu paradisiaque. La sable était assez fin pour rentré partout, le soleil suffisamment fort pour faire un four solaire avec un miroir de poche. Et tout ce qui était plus épais qu'une chemise nous faisait cuire à l'étouffer. L'eau aussi était magnifique ! Si transparente que l'on voyais le fond aussi loin que l'horizon une fois équipé d'un masque et immergé... enfin presque. Je n’avais pas encore fait grand chose de mon arrivée cependant. Le décalage horaire avait achever mon cerveau qui manquait déjà de sommeil avant, alors maintenant c'était bien pire. Et de tout ce paysage de rêve je prévoyais pas d'aller à la plage puisqu'il faisait déjà bien assez chaud à l'ombre. La ville pareil, la réverbération des bâtiments et du bitume me cuirais sur place. Du coup dans notre chambre/cahute sur pilotis j'avais installer pour mon confort personnel un système qui me permettait de retirer les planches à coté de mon lit me faisait une cavité pour dormir dans l'eau, la ou il faisait le plus frais mais sans avoir à me mouiller. Oui parce que dormir dans l'eau et à moiter dans l'eau, en piscine ok, c'est envisageable, mais en mer avec les marrés c'était la possibilité de se noyer et de mal dormir. Mal dormir était inenvisageable.

Mais même après avoir récupérer mon sommeil en retard tant et si bien que j’avais dormis plus d'une journée entière, je ne me sentais pas à l'aise ici la plus part du temps. Il m’arrivait de me retourné persuader d'avoir entendu quelqu'un ou apercevoir quelque chose dans une ombre. Je me sentais épié et oppressé, et le sentiment grandissait à certain moment me rendant presque paranoïaque. Je n'avais pas peur de ça mais je n'aimais pas attendre  de voir venir si je pouvais en avoir le cœur net et faire quelque chose. Donc un soir, au lieu d’aller dormir et de me reposer avant de le cours de pouvoir de Mr. Loys, je montais la garde sur le toit en chaume.

Je m'étais vétu d'une chemise bleu nuit qui était ouvert et bougeait de temps à autre que le vent faisait mine d'être présent, et d'un short tout simplement noir. Je m'était préparé et avait emmener avec moi tout le sang que j'avais put caser dans ma valise. En définitif je n’avais que quelques vêtement, mais tout le sang que j'avais put emporter me constituait une réserve conséquente. Réserve que j'avais entièrement pris sur moi pour ma garde. Les 7,5 litres supplémentaire que j'avais avec moi était caché, plaqué sur le toit de ma cahute. J'en avais utilisé une parie pour me faire un arc et deux trois flèches. Bien loin de pouvoir faire une corde avec mon sang, j'avais avant mon départ acheté celle qui me servait actuellement. Les branches étaient en mélange de différent métaux assez souples, et la poigne était forcément sur mesure. Je tenais mes flèches entre mon majeur et la poignée de l'arc. Elles était donc oblique par rapport à l'axe de l'arc et me permettaient de pouvoir les saisir et retirer assez rapidement. Tout l'arc et le flèches, je les avait rendue mâts et ternes pour qu'ils ne reflètent pas lumière de la lune qui brillait d'un croissant épais et se début de nuit.

Je patientais attendant quelque chose j'espérais reconnaître quand je le l’apercevrais. Et mon attente ne fut pas longue avant qu'un bruit de craquement de planche se fit entendre. Je me leva d'un bond et envoya une flèche sur ma cible. Je n'était pas capable d'étendre mon sang assez vite pour régir à temps et les flèches me permettait de palier à ça. En cours de route la flèche se transforma en sang pour attraper le poignet de quelqu'un qui ne devrais pas être là et donc je ne voyais pas encore le visage à cause de l'ombre de l’appentis d'une cahute. Bien loin de pouvoir s'échapper et moi de pouvoir la tirer, la personne tenta de débarrasser de mon emprise pendant que m’approchais d'elle sur une vague de sang qui me permit de descendre rapidement et de comblé la distance tout aussi promptement.

Il est environ 23h. Dans le ciel dégagé, le clair de lune brille. Éclairée par cette lueur froide, je marche dans le sable mouillé, à la limite des vagues qui viennent me lécher les pieds. Mon esprit est en ébullition. J'ai besoin de faire le point sur certaines choses.

C'est bien sympathique de la part de l'académie de tous nous avoir envoyé en Nouvelle-Calédonie, mais pourquoi ici précisément ? La Nouvelle-Calédonie est dans l'hémisphère sud du globe, du coup, c'est l'hiver ici. Il n'y a pas de neige, car la température est trop élevée pour qu'il y en ait, mais cela n'empêche pas qu'à ce temps-ci de l'année, le soleil se lève vers 6h30 et se couche vers 17h30... Au Canada, en fait, au Québec et plus précisément dans la ville d'où je viens, dans les jours entourant le solstice d'hiver, le soleil se lève vers 7h40 et couche à 16h19... J'ai presque l'impression d'être au mois de janvier ou de février ! Si l'académie avait voulu être plus stratégique, elle aurait choisie Cuba, Hawaï, les Bahamas, la République-Dominicaine, le Costa Rica... Le choix est vaste !

Le cycle du soleil n'est pas la seule chose qui attire mon attention. Tous le monde a beau dire qu'il fait chaud, j'ai regardé plusieurs fois la météo locale. La température moyenne est de 25C°... C'est la température qu'il fait présentement en Angleterre ! Soit les autres ont oubliés ce qu'était la chaleur, soit le soleil leur a tapé trop fort sur la tête.

Et le décalage horaire ! Parlons-en du décalage horaire ! Entre l'Angleterre et la Nouvelle-Calédonie, il y a 10h de décalage. Ce qui veut dire qu'alors qu'il est 23h ici, il n'est que 13h à Londres. Pour l'instant, ce n'est pas si pire, les élèves sont bien éveillés la nuit et ils s'endorment lorsque le soleil se lève. Mais le problème va se poser lorsque les vacances seront finies. Lorsqu'on retournera tous derrière nos bureaux d'école, il y aura à nouveau 10h de décalage, mais en sens inverse. Oubliez les cours l'après-midi, les élèves et les professeurs vont tous aller se coucher, épuisés. Si l'académie avait plutôt choisir une destination en Amérique du Nord, il n'y aurait pas eu ce problème et le décalage aurait été de 6h seulement. Bah oui... Si je place une carte géographique face à moi. Là, nous avons voyagé vers la droite, donc on a avancé l'heure. En rentrant, on va reculer l'heure. Si, au lieux de quoi, on était parti vers la gauche, vers l'Amérique, on aurait reculé l'heure, puis on l'aurait avancée de retour à Tsuki...

J'aimerais pouvoir profiter de ces vacances, mais je n'y arrive pas. Ça ne va pas ! D'habitude, je ne suis pas du genre à penser stratégie. Je n'ai pas un esprit stratégique. Je fonce sans prévenir et je ne réfléchis pas. Mais là ! Là, il faudrait vraiment être cave pour ne pas se rendre compte de tout ça... Et pourtant ! J'ai l'impression que personne d'autre ne s'en est aperçu.

J'entends quelqu'un courir plus loin. Je me retourne, mais je ne vois personne. Ce n'est pas la première fois que ça se produit, mais je ne m'attarde pas plus sur cet incident. C'est bien le cadet de mes maudits soucis en ce moment !

Je décide de faire demi-tour pour retourner vers ma hutte. Pour y faire quoi ? Je n'en ai aucune fichue idée. Mon pied rencontre quelque chose. C'est une branche d'arbre qui a probablement été transportée jusqu'ici par les vagues. Je la ramasse et me met à la brandir comme s'il s'agissait d'une épée ou d'un sabre. Parfait, ça va me permettre de passer mes nerfs ! En continuant d'avancer en direction du village sur pilotis, je fais semblant d'attaquer un ennemi devant moi. Deux ans et demi d'escrime ! C'est difficile à croire lorsqu'on me voit, mais de l'âge de 10 ans jusqu'à l'âge de 13 ans, j'ai pratiqué ce sport. J'ai arrêté après ce que j'appelle " les événements du 4 février "... Je prend mon bâton à deux mains et le brise avant de m'accoter contre le mur d'une hutte. C'est du passé, Tori. Tu vis pour elle à présent...

J'étouffe un cri. Quelque chose m'a violemment attrapé le poignet droit. Malgré l'éclairage lunaire, il fait trop sombre pour que je puisse voir de quoi il s'agit. J'essaie de le retirer, mais ça ne veut pas s'enlever et je me sens comme une force qui s'en dégage. Mais bordel ! C'est quoi ce truc qui m'attaque ?! Je vois une forme au loin qui s'envient droit sur moi et, vu la façon dont ça arrive, ça n'augure rien de bon. Vite ! Quelque chose ! Une cachette ! Un moyen de défense ! U... Ah mais oui ! Je pousse légèrement sur le mur de la hutte. Ça fonctionne !!! Je parviens à rentrer dans l'ombre. À moins que " la chose " ne détruise le mur ou ne l'éclaire avec une source de lumière, je devrais être en sécurité. Du moins, c'est ce que je crois, jusqu'à temps que le truc non identifié à mon poignet commence à me exercer une tension. Pendant une quinzaine de secondes, je parviens à résister, mais cette force, plus la douleur de la compression dans l'ombre, je ne peux pas les supporter en même temps. Donc, à cause de ce fichu bidule à mon poignet, je suis expulsée de l'ombre j'atterris direct entre les mains d'un malfrat. Il ne me reste plus qu'une chose à faire, hurler et donner des coups en espérant attirer l'attention.

- LÂCHE-MOI ESTI D'CALISS !!!!!

Il y a longtemps que je n'avais pas sacré comme ça, mais la situation est vraiment désespérée.

En cette fin de soirée en terres inconnues, j’étais à moitié allongé sur le sable légèrement humide de par la fraicheur nocturne. Portant un simple T-shirt blanc que je n’avais pu retirer de la journée pour des raisons évidentes, ce dernier était accompagné d’un short en jean quelque peu délavé à l’avant. Alors que mon regard se perdait dans le croissant de lune de ce soir qui brillait plus que jamais, je pensais encore à ce choix de destination. Comme à mon habitude, je réfléchis… je réfléchis trop ! Pourquoi nous avoir emmené si longtemps ici ? Je ne vois aucun critère favorable à ce choix ; que ce soit la température, le prix ou la proximité. Je ne songerai même pas au prix du voyage pour tous les élèves, j’en deviendrais fou. A croire que le responsable de cette expédition y avait des intérêts personnels…

Secouant légèrement la tête comme pour me débarrasser de ses idées qui envahissaient mon esprit, je jetai un coup d’oeil à ma montre afin de connaitre l’heure. 12h56… Au temps pour moi, je n’avais même pas pensé à changer l’heure suite au changement du fuseau horaire. Si je ne dis pas de bêtises, il devrait être 22h56. Je tournai donc la couronne assez rapidement afin de me mettre à jour, je tâcherai de vérifier l’exactitude de cette manoeuvre le lendemain. Ceci étant fait, je pris conscience à quel point la soirée était déjà avancée et bien que n’étant toujours pas fatigué, je devais me forcer à aller me reposer pour m’adapter. Après tout, avec ce long voyage, un certain épuisement devrait commencer à montrer le bout de son nez.

Je me relevai donc tranquillement, n’étant pas pressé. Etant donné que cela faisait un bout de temps que j’étais assis là, je m’étirai grandement comme pour tout remettre en place. Après quoi, j’essuyai l’arrière de mon short afin d’en faire retomber le sable qui s’y était accroché. Si on pouvait mettre au point un sable artificiel qui ne s’envolerait pas pour venir démanger nos globes oculaires et qui ne s’accrocherait ni à nos vêtements, ni à nos pieds mouillés, je pense que je pourrais vivre ici, sur cette plage ; d’autant plus que cet endroit paradisiaque en ferait rêver plus d’un. Malgré les nombreuses stations balnéaires que j’ai déjà visitées, cette eau turquoise me fait toujours autant d’effets et il est assez difficile de résister à une petite baignade. Je me ravisai et me mis en route vers ces petits cabanons sur pilotis.

Alors que j’avais passé ma journée à rester à l’écart de mes chers collègues, je n’étais tombé sur personne de l’académie durant cette soirée. J’aurais pensé qu’ils auraient festoyé autour d’un grand feu de joie, virevoltant sans cesse en utilisant leurs pouvoirs comme des enfants sans aucune raison apparente. Alors que je rentrais dans ma cahute, j’aperçus au loin une jeune fille qui s’approchait de notre fameux campement. Son visage, bien que lointain et difficilement reconnaissable, ne m’était pas totalement inconnu, elle faisait sans aucun doute partie de l’académie. Sans m’attarder davantage sur sa personne, je pénétrai dans la cabane où je me retrouvai bel et bien seul. Je profitai de cette solitude pour enlever mon T-shirt, laissant places à ces cicatrices sur mon torse dont je n’étais pas fier. Je déboutonnai mon short pour laisser place à un plus souple, semblable à un short de football. Alors que j’étais torse-nu et le short à moitié enfilé, j’entendis des cris. Ni une, ni deux, tout en me dirigeant vers la sortie, je terminai d’enfiler le bas pour me mettre en direction de la provenance des bruits, en oubliant complètement les blessures sur mon torse.

J’aperçus alors la jeune fille de tout à l’heure mais avec plus de clarté cette fois. Ca y est, son visage me revenait, nous avions eu une expédition quelque peu marquante durant la période d’Halloween. Je fis abstraction des retrouvailles ; premièrement nous n’avions pas le temps et deuxièmement, ce n’était pas réellement mon genre. Elle semblait être dans une mauvaise posture, étant attirée contre sa volonté vers quelque chose. Il ne me fallut que quelques secondes pour voir descendre sur le côté, un jeune gars assez grand, aux cheveux noirs, sur une sorte de nuage ? de vague ? L’obscurité ne me permettait pas vraiment de distinguer avec précision ce qui m’entourait si ce n’est que le nécessaire. Cependant, mes yeux virèrent au rouge, de fureur, rongé par la haine qu’on puisse s’en prendre à une femme. Conscient du fait que mes yeux pouvaient mettre quiconque terriblement mal à l’aise, je fronçai les sourcils en pénétrant l’inconnu du regard. Je lui dis, sur un ton calme mais tout de même doté d’un brin de menace, voyant la fille se faire attirer par l'énergumène.

« Relâche-la… Tout de suite. » fronçant les sourcils de plus belle, prêt à réagir au quart de tour.

J'étais là, posé tranquillement contre le tronc d'un arbre non loin de l'eau. Les jambes tendu et les bras derrière la tête j'observai le reflet de la lune sur la surface de l'océan, c'était vraiment magnifique.
Aaah la lune, mon astre préféré. Qui plus est j'adorai la nuit, cette atmosphère différente et ce calme, j'avais comme l'impression que tout pouvait arriver quand le soleil laissait sa place à la lune.
Voyant si je pouvais repérer les constellations je scrutai le ciel sombre avec attention, je n'étais absolument pas un spécialiste en astronomie mais j'aimais tout particulièrement imaginer l'infini qui se trouvait au dessus de nos tête.

Après mon petit tour dans les étoiles je me redressai légèrement, j'attrapai alors l'étui qui était à côté de moi. Avant de sortir de ma chambre j'avais pensé à prendre mon violon, oui j'avais laissé mon sitar à l'Académie il était trop encombrant. Je me mis en position , je commençai alors à frotter les cordes avec mon archet.
Je m’exerçai actuellement à jouer les Quatre Saisons de Vivaldi, et je dois dire que je galérai un max ! C'était donc pour cela que je m'étais éloigné des cahutes afin d'éviter à mes camarades et autres personnes des saignements d'oreilles, qui pouvaient être assez désagréable je dois dire.
Jouer au clair de lune et devant l'océan, rien de plus plaisant !

Après avoir fini mon concert improvisé je sortis mon téléphone afin de regarder l'heure qu'il était, pas loin de 23h. Il serait peut être temps de rentrer.
Je me relevai en rangeant mon violon dans son étui pour me diriger vers le petit village, il faisait encore chaud et je n'avais pas sommeil j'irai sûrement me baigner une fois arriver.
Une légère brise soufflait, c'était agréable. J'avais opté pour un débardeur que j'avais mis avec un short, une tenue clichée de vacances mais que voulez-vous, au moins je n'avais pas de chemise à fleurs !
Ayant hâte d'aller piquer une tête je continuai mon bout de chemin au pas de course, mon regard croisa une silhouette ni prêtant pas attention j'étais presque arrivé.

Une fois devant ma cahute je posai mon violon sur la petit table extérieure et fixai l'horizon. OCÉAN OUVRE TOI ME VOILA !!.... J'avais presque honte de citer la Petite Sirène 2, le premier était dix fois meilleur voyons !
Quand j'entendis de faibles cris, mon problème d'audition me jouant encore des tours je pris la décision de sortir et d'activer mon pouvoir.
Les couleurs étaient intenses et toutes réunies au même endroit. Les différentes teintes signifiaient qu'il y avait plusieurs personnes et le côté écarlates des lumières ainsi que leurs mouvements me signalaient que quelques chose se passait là bas.
Je pris mon violon et mon archet et couru en direction des lumières.

J’aperçus alors trois personnes, une jeune fille qui avait l'air d'être en mauvaise posture. Il semblerait qu'un jeune homme la retenait et visiblement contre son grès. Le troisième quant à lui était non loin de moi et juste en face d'eux, lui aussi avait du surement entendre les cris et était sans doute venu pour porter secours à la jeune fille pour la protéger. Moi qui croyais être en vacance.
Il faisait noir, on ne pouvait donc pas bien distinguer les choses aux alentours. Essayant tout de même de m'approcher, mais rien n'y faisait.
Il ne me restai qu'une alternative, je brandis mon violon en portant mon archet sur les cordes. Faisant vibrer ses dernières assez brusquement et fortement, je converti ce son en une boule lumineuse afin d'apporter de la luminosité.

-Ecoute ce qu'il te dis et pas de mouvements brusques !

Mon violon en main j'étais prêt à dégainer. S'en prendre à une femme était pour moi IMPARDONNABLE, je pouvais m'avérer être très violent envers les personnes brutalisant le sexe féminin.

Quand j'arrivai près de ma prise, Je ne la trouva pas avec mes yeux... . Je savais que je tenais quelque chose, mon sang était agrippé au bras de ce que j'avais saisi. Pourtant je ne voyais rien. Mais je sentais que ça cherchait à s'enfuir vers le mur et je l'en empêchais en tirant sur ma prise pour ne pas voir ma cible s’enfuir, même si je ne comprenais pas comment. Tout en la retenant avec mon sang, je me rapprochais prudemment pour percer le mystère de la disparition de ma cible. Après quelques secondes je vis un bras... coupé au niveau du poignet qui était comme aspiré par le mur. Je voyais et sentais qu'il tentait d'aller dans le mur mais le reste du corps n'était pas visible. Au même moment, ce qui tentait de se cacher dans la surface me bondit dessus en hurlant.

LÂCHE-MOI ESTI D'CALISS !!!!!

Portant les mains à mes oreilles je sentis ce qui ressemblait à une adolescente me heurter le torse. Sans réfléchir je bondis en arrière pour atterrir au-dessus de l'eau, sur une plate forme de sang suspendue entre deux pontons. Ils n'était pas très espacés mais si je n’avais pas fait de support je me serais retrouvé à l'eau, heureusement que mon pouvoir me permet une telle flexibilité puisque sauter en arrière sans réfléchir... .En même temps, une partie du sang qui se tenait derrière moi coller à mes épaules, se sépara du nuage qui flottait passivement, pour aller englober la fille partout sauf au niveau de la tête et du cou. Elle se trouva emprisonnée dans un carcan ensanglanté, afin d'être sûr que la jeune femme ne s'échappe pas dans une autre surface, je la soulevai au-dessus du sol juste suffisamment pour qu'elle ne puisse pas le toucher. Afin de ne pas mourir dans l'opération je construisis une structure conique d'un mètre de large au sol qui la soutenait aux épaules. Les formes alvéolées formaient un maillage solide et épais de quelques millimètres. Si personne ne tapait dedans, le cône remplirait sans soucie sa fonction.

« Relâche-la… Tout de suite. »

Un jeune homme se rapprocha de nous. Je ne le distinguais pas très bien mais il semblait en short et torse nu. À la carrure un peu plus mince que moi, il semblait avoir une musculature entretenue, mais surtout, il paraissait près à se battre. Je m’apprêtais à clarifier la situation quand une boule de lumière accompagné d'un son de violon vint agresser mes yeux en même temps qu'elle bannissait l’obscurité alentour. Je me protégeai la vue de cette agression en même temps que je projetai mon sang dessus, Je déplaçai la lumière au-dessus de ma prise pour que personne n'ait de contre jours. La trouvant trop aveuglante et bien trop indiscrète, je lui fis un fin abat-jour en cristal rouge. Réduisant ainsi l’intensité de la lumière, elle diffusait maintenant une lumière plus tamisée et plus douce à mes yeux qui était habituée à la pénombre et à de la nuit. J'avais l’impression d'être un poisson lanterne avec cette lumière que je tenais au-dessus de celle que je venais de capturer.

J'en profitai ensuite pour observer les deux garçons qui voulaient visiblement porter secours à cette jeune fille. La conclusion était soit qu'il la connaissait, soit qu'il avait un sens de la chevalerie assez prononcé. En tout cas les deux semblaient musclés mais moins que moi, et plus petits. Même si je pensais avoir l'avantage, je ne voulais certainement pas me battre avec d'autres élèves de l'académie ce soir. En y portant plus attention, celui torse nu semblait en avoir vu d'autres avec, les larges cicatrices qui lui couvraient le torse. Des deux, c'est de lui que je me méfiais le plus, à plus forte raison que je ne connaissais pas son pouvoir à la différence du musicien qui semblait pouvoir faire de la lumière avec le son ou quelque chose d'approchant. Toujours le visage indifférant je pris la décision de relâcher calmement la jeune fille mais de me tenir prêt à la rattraper au besoin.

Pendant que je parlai, la culture conique, qui maintenait ma prise au-dessus du sol, s’aplatit dans la hauteur et relâcha son emprise sur le corps de la jeune femme. Une fois fondue, le sang qui se trouvait au sol autour de la jeune fille, revint vers moi et rejoignit le reste du sang qui était attaché à moi. Je descendis aussi de mon support pour rejoindre la fille des ombres qui se trouvait devant moi presque a porté du bras.

« Calmez-vous. Je ne veux pas me battre ni faire de mal à qui que ce soit. Mais j'ai une question. »

Je scrutai la jeune fille fraîchement libérée.

« Est-ce que c'est toi qui cours partout sans cesse ? Ça fait un moment qu'une présence me dérange ici et avec ce que j'ai vue de ton pouvoir ce pourrait bien être toi. Si ce n'est pas le cas alors tu as mes excuses. »

Mieux valais être préventif et commencer à demander pardon maintenant plutôt que de rester la cible de tout le monde ici.

La même matière étrange m'ayant attrapée le poignet vient me recouvrir des pieds à la gorge. Je ne cesse de me débattre contre le liquide poisseux, jusqu'à ce que celui-ci durcisse, me privant de toute ma liberté de mouvement, sauf celle de ma tête. Je n'ai plus la possibilité de me débattre, ce qui me donne la sensation d'être dans un film d'horreur. Je m'apprête à hurler de nouveau, lorsque qu'une personne fait son entrée :

- Relâche-la... Tout de suite.

Quelqu'un ! Il y a quelqu'un ! En plus, je suis sûre de connaître cette voix, mais à qui appartient-elle, je ne saurais le dire et pour le moment, je m'en fout éperdument. L'important, c'est que j'ai réussi à attirer l'attention d'au moins une personne et que le responsable de tout ça ne s'en sortira prochainement pas aussi facilement qu'il avait dû le penser. C'est alors qu'une lumière vient m'aveugler. Il faisait très noir deux secondes plus tôt et voilà qu'il fait maintenant trop clair. Je ferme les yeux pour le ne pas être aveuglée, en me demandant bien d'où peut provenir une telle source de lumière. À travers mes paupières closes, je vois que l'intensité lumineuse diminue subitement, donc je me risque à ouvrir un œil pour voir ce qu'il se passe. La lumière se trouve à présent au-dessus de ma tête, dans une sorte de... de truc rouge qui tamise la lumière... Je ne le vois pas bien de mo angle de vue. En tout cas, cette diminution d'éclairage me permet enfin d'identifier en grande partie ce qui m'entoure. Je reconnaît d'abord la personne à qui appartient la voix que j'ai entendue. Il s'agit d'Impé, torse nu, mais arborant un regard qui n'augure rien de bon. Je garde un souvenir clair de lui. Je me suis retrouvée dans une situation délicate avec lui et d'autres personnes, l'automne dernier et il m'est venu en aide alors que j'étais en mauvaise posture. Drôle d'hasard. Près de lui, un garçon à la chevelure sombre et à la carrure imposante tenant un violon comme s'il s'apprêtait à en jouer. Pour la première fois de ma vie, je trouve que tenir un violon dans cette position est menaçant. Pour terminer, il y a le malfaiteur. Il se tient au-dessus de l'eau, sur une plateforme sortant de je ne sais où. Il a lui aussi les cheveux sombres, mais tout paraît sombre avec cet éclairage, donc ils sont sombres... Il est de grande taille, immense et bâti. Une vraie silhouette d'antagonisme.

- Ecoute ce qu'il te dis et pas de mouvements brusques !

C'est le garçon au violon qui vient de parler. Ses paroles n'ont pas plus d'influence que celles d'Impé. Rien ne se passe. C'est le silence complet. J'ai l'impression qu'une heure s'écoule avant que quelque chose ne se passe, puis je sens que ma prison bouge. Elle me libère lentement et je me retrouve bientôt à genoux sur le pont. Je me relève en époussetant mon t-shirt noir et mes shorts aussi noirs, bien que la matière dans laquelle j'étais retenue n'ait pas laissée de trace sur moi.

- Calmez-vous. Je ne veux pas me battre ni faire de mal à qui que se soit. Mais j'ai une question.

Ne pas faire de mal à qui que se soit ?! Il existe de meilleures façons d'approcher quelqu'un sans avoir à le capturer, dans ce cas.

- Est-ce que c'est toi qui court partout sans cesse ? Ça fait un moment qu'une présence me dérange ici et avec ce que j'ai vue de ton pouvoir ce pourrais bien être toi. Si ce n'est pas la cas alors tu as mes excuses. et je vais retourner surveiller.

Il manque de clarté dans ses propos. À quelle durée de temps correspond " un moment " pour lui ? Une journée ? 3 heures ? 10 minutes ?... Dans tous les cas, une chose est sûre, c'est que ce n'est pas moi.

- J'ai bien mieux à faire de mon temps que de le gaspiller à courir dans tous les sens et mon pouvoir n'a foutrement rien à voir avec ça. Puis d'abord, moi aussi j'ai entendue des gens courir sans les voir, mais je ne suis pas énervée avec ça !

Quelle stupidité de se mettre en chasse juste parce qu'on entends des gens courir. C'est quoi la prochaine étape ? Traquer ceux qui ont des pieds, parce qu'ils font du bruit lorsqu'ils marchent et que c'est dérangeant ? Mais je retourne la chose dans ma tête. Ce garçon a dit qu'une présence le dérangeait. Il n'a pas mentionné directement qu'il était dérangé parce que quelqu'un courait. Ça, je l'ai insinué seule. Il a aussi dit " une présence ". Ce n'est certainement pas le premier mot que j'emploierais pour parler d'une personne en particulier... Il a peut-être bien senti que quelque chose d'étrange se passait ici, tout comme je trouve étrange le choix de la destination. Sur un ton calme et m'adressant aux trois personnes qui m'entoure, je demande :

- Est-ce que l'un d'entre-vous a aussi senti qu'il y avait quelque chose d'anormal dans ce voyage ? Je veux dire, à part ce qui vient tout juste de se passer.

Je n'en étais pas encore sûre à cent pour cent, mais maintenant c'est clair pour moi. Quelque chose ne va pas.

Alors que je ne lâchais pas l’énergumène du regard, la fille atterrit sur son torse. Pendant ce temps, un autre jeune homme arriva et gratta un violon qu’il dégaina, ce qui eut comme étrange effet d’envoyer une boule de lumière qui éclaira les alentours.

Plus aucun doute n’était permis, c’était bien du sang que le jeune assaillant manipulait ; il y en avait un peu partout ! Son corps était taché par endroits et de ces zones vermeilles, provenait du sang qui flotta dans l’air pour former diverses formes. Dans un premier temps, le sang entoura la jeune fille, ne laissant dépasser que sa tête. Il semblerait que le sang qu’il manipulait avait la capacité de se solidifier, de se cristalliser. Peu de temps après, du sang se décolla de nouveau de son corps pour créer un abat-jour autour de la lumière, ce qui eut pour effet de la tamiser légèrement, dégageant de ce fait une lueur rouge. Le visage du jeune homme ne changea pas d’expression alors que la fille était raccompagnée en douceur au sol, le sang se liquéfiant à nouveau, retournant au corps de son propriétaire. Enfin, je suppose que c’était son sang… Si c’est le cas, comment faisait-il pour ne pas se sentir mal à la perte de celui-ci ? Il ne semblait pas altéré par les voyages du sang.

Alors qu’un garçon était venu se poster à mes côtés, je ne pus toujours pas voir à quoi il ressemblait, ne préférant pas quitter des yeux celui que j’avais dans le collimateur. De toute façon, il ne semblait pas dangereux, insistant d’ailleurs sur mes propos :

« Ecoute ce qu'il te dis et pas de mouvements brusques ! »

La jeune fille atterrit alors sur les genoux, faisant craquer légèrement le bois du pont. Le gars descendit également de sa plateforme légèrement glauque. Il s’adressa alors à nous :

« Calmez-vous. Je ne veux pas me battre ni faire de mal à qui que ce soit. Mais j'ai une question. »

Suite à quoi, son regard changea de direction, se posant alors sur la fille. Il lui demanda alors :

« Est-ce que c'est toi qui court partout sans cesse ? Ça fait un moment qu'une présence me dérange ici et avec ce que j'ai vue de ton pouvoir ce pourrais bien être toi. Si ce n'est pas la cas alors tu as mes excuses. et je vais retourner surveiller. »

La jeune fille ne tarda pas à répondre. Elle semblait, à raison, agacée et en colère :

« J'ai bien mieux à faire de mon temps que de le gaspiller à courir dans tous les sens et mon pouvoir n'a foutrement rien à voir avec ça. Puis d'abord, moi aussi j'ai entendue des gens courir sans les voir, mais je ne suis pas énervée avec ça ! »

Je ne pouvais pas lui donner tort ! La réaction du grand gaillard me semblait assez démesurée… surtout qu’il a bien dû se rendre compte que c’était une fille, surprise qui plus est. Quoiqu’il en soit, la jeune fille, s’adressa à nous trois comme si rien ne s’était passé :

« Est-ce que l'un d'entre-vous a aussi senti qu'il y avait quelque chose d'anormal dans ce voyage ? Je veux dire, à part ce qui vient tout juste de se passer. »

Bien que ma réflexion nocturne de tout à l’heure me laissait sur quelques incohérences, je n’étais pas fan de ces théories du complot. Je me redressai, évacuant toute la raideur de mon corps, étant resté sur mes gardes durant ce moment de tension. Je m’apprêtai alors à répondre lorsqu’un rire retentit, captivant toute mon attention. Impossible d’en connaitre la provenance, j'avais l’impression que ce rire surgissait directement de derrière mon oreille ! N’étant pourtant pas de nature craintive, un frisson me parcourut tout de même et je me sentis aussitôt extrêmement mal à l’aise. Que cela pouvait-il bien être ? Je n’en savais rien, mais ce n’était pas naturel et ne présageait rien de bon...

Quand je vis que la jeune fille fut relâcher je me détendis un minimum en soufflant, le jeune homme se tourna vers nous pour nous parler.

« Calmez-vous. Je ne veux pas me battre ni faire de mal à qui que ce soit. Mais j'ai une question.
Est-ce que c'est toi qui court partout sans cesse ? Ça fait un moment qu'une présence me dérange ici et avec ce que j'ai vue de ton pouvoir ce pourrais bien être toi. Si ce n'est pas la cas alors tu as mes excuses. et je vais retourner surveiller. »

Il s'adressa principalement à la jeune fille, il s'excusa ce qui était quand même la moindre des choses après ce qu'il avait fait.
Elle ne tarda pas d'ailleurs à répondre, avec un air plutôt agressif. C'était normal elle avait été agressée, on ne pouvait pas la blâmer juste parce qu'elle était énervée.

« J'ai bien mieux à faire de mon temps que de le gaspiller à courir dans tous les sens et mon pouvoir n'a foutrement rien à voir avec ça. Puis d'abord, moi aussi j'ai entendue des gens courir sans les voir, mais je ne suis pas énervée avec ça ! »

Elle se calma pour reprendre une respiration normale, elle nous regarda avec un air de questionnement.

« Est-ce que l'un d'entre-vous a aussi senti qu'il y avait quelque chose d'anormal dans ce voyage ? Je veux dire, à part ce qui vient tout juste de se passer. »

Il est vrai que j'avais plusieurs fois senti des présences comme ci quelqu'un ou quelques choses était entrain de me regarder. Puis il y avait des brides de lumières inexpliquées qui apparaissaient sans raisons apparentes, comme si des petits bruits me suivaient. Si quelqu'un s'amusait à nous épier j'avais un handicape car je ne pouvais pas entendre distinctement les choses qui se passaient autour de moi. Mais c'est stupide, on n'est pas dans un film d'horreur … pourtant les malades mentaux existent. Un frisson me parcourut.
Un rire se fit alors entendre, j'avais l'impression qu'il était partout autour de nous mais en même temps nul part. C'était vraiment étrange.
Un fantôme, un psychopathe ? Oui j'imaginai le pire !

-Ce rire ne me dit rien de bon, et à mon avis c'est pas un signe très amical. Mais ça vient d'où ?

Je regardai les toits de nos cahutes, je pris la décision de l'escalader tant bien que mal. Une fois en haut je pris mon violon en main et fit vibrer les cordes pour éclairer une plus grande surface, il fallait avoir une vue claire à ce moment.

-Essayez de repérer quelque chose d'anormal. Si vous avez besoin de plus de lumières n'hésitez pas à demander.

Je n'étais pas du genre à donner des ordre mais fallait bien prendre les choses en mains et si je pouvait aider je ferai avec grand plaisir.

J'ai bien mieux à faire de mon temps que de le gaspiller à courir dans tous les sens et mon pouvoir n'a foutrement rien à voir avec ça. Puis d'abord, moi aussi j'ai entendue des gens courir sans les voir, mais je ne suis pas énervée avec ça !

Je gardai bien pour moi-même que la seule personne énervée ici était elle... . Elle l'aurait sûrement extrêmement mal pris. En tout cas les chances que soit elle qui rôde partout de manière malsaine étaient réduites à néant devant un tel caractère. Elle aurait plutôt hurlée sur les gens ou grommelée d'un coin sombre mais sûrement pas ri tout en courant.

Est-ce que l'un d'entre-vous a aussi senti qu'il y avait quelque chose d'anormal dans ce voyage ? Je veux dire, à part ce qui vient tout juste de se passer.

Ha ! Elle est bien bonne celle là. Elle semblait se moquer de moi et de mes raisons de chasser ce qui nous suivait sans répits, mais pourtant elle admettait d'elle-même que quelque-chose n'allait pas ! Je lui fis un sourire en coin désabusé avant de porter mon attention sur les autres. Le jeune homme aux cicatrices et aux larges épaules ce détendait visiblement, ce qui me détendit aussi puisque j'avais une méfiance permanente à son égard depuis son arrivée. Il se préparait à répondre quand quelque-chose prouva que ma santé mentale était intact et que les raisons de ma garde nocturne existaient.

Un rire se fit entendre, la source était indéchiffrable puisque le rire était partout à la fois. Mon regard toujours sur le balafré me confirma que je n'étais pas le seul à l'entendre. Mes poils se dressèrent sur mes bras et des sueurs froides me parcoururent le corps. Je n'avais peur que de très peu de choses, même si je me méfiais de presque tout le reste. Pourtant, la situation actuelle me donnait la chaire de poule et une envie de se trouver ailleurs commençait à s’immiscer en moi. J’étais bien content de ne pas me trouver seul face à ce qui s'amusait à nous épier.

Le premier à réagir fût le garçon avec son Violon.

-Ce rire ne me dit rien de bon, et à mon avis c'est pas un signe très amical. Mais ça vient d'où ? 

« Je ne sais pas, mais il faudrait trouver. Ça vous dit de mettre un point final à cette histoire ? »

Je regardai tours à tours les autres élèves qui se trouvaient avec moi, tentant de recueillir des signes d'accords de leur part. Je finis par voir le Violoniste en pleine escalade pour monter sur un toit, au même moment que je réalisais que je ne connaissais le nom de personne ici. Si nous projetions de faire équipe, et bien il faudrait pouvoir se nommer au lieu de donner des surnoms à tout le monde.

-Essayez de repérer quelque chose d'anormal. Si vous avez besoin de plus de lumières n'hésitez pas à demander. 

Face à ce nouveau flot de lumière, mes yeux étaient moins douloureux qu'avant. J'avais eu le temps de m'habituer à la lumière tamisé que la lanterne rouge diffusait. Je la fis descendre vers moi d'ailleurs, ayant de nouveau projet pour elle. Mais avant de m'éloigner un peu je me présentai au autres.

« Je m'appelle Narok au fait, maison Saphir. »

Sans attendre leur réponse je me plaçai dans un des axes principaux, adjacent à notre position. Après quelques secondes, j'avais transformé la lanterne en projeteur. L'abat-jour qui se trouvait avant sur la lumière s'était épaissi et se trouvait maintenant recouvert d'argent, reflétant donc la lumière, selon un principe de miroir assez simple. Je rajoutai une percé pour que la lumière s'échappe et puisse inonder mon champs de vision. La lumière que le Violoniste avec fait apparaître depuis le toit nous donnait un très bon éclairage. Cependant, à cause de l'angle de certaines cahutes, des zones d'ombres persistaient encore. D’où l’intérêt de mon projecteur improvisé. Je le montai sur un bâton tenable à deux mains, afin d'obtenir un usage plus simple, et commença ma recherche en pointant ce dernier là où mon regard portait. Je restais bien en vue des autres et à portée de voie de ma position. Je n'en bougeais d'ailleurs pas, la dernière chose à faire quand on forme un groupe est de se séparer.

Parfois je pensais apercevoir quelqu'un et j'entendais des bruits de pas, mais impossible d'avoir une certitude. Le sang qui flottait derrière moi ondulait nerveusement.

Tout ce que j'attendais, c'était une réponse de quelqu'un, mais au lieux de quoi, un rire. Un rire à glacer le sang perce dans la nuit. J'ai le réflexe de me retourner pour en chercher la source, mais j'ai beau tourner et me retourner, la provenance en reste inconnue, comme s'il était absolument partout. Je sursaute presque lorsque le garçon au violon prend la parole :

-Ce rire ne me dit rien de bon, et à mon avis, c'est pas un signe très amical. Mais ça vient d'où ?

Ah, la bonne question !

« Je ne sais pas, mais il faudrait trouver. Ça vous dit de mettre un point final à cette histoire ? »

- Oh que oui ! Hors de question que ça se prolonge d'avantage !

Je suis prête à agir ! Mais à faire quoi, au fait ? Que peut-on faire contre un rire dont on ne parvient même pas à déterminer la source ? Hésitante, je regarde ce que les autres font. Le garçon au violon a escaladé le toit d'une hutte. Ce qui n'est vraiment pas bête. Il se met à faire vibrer les cordes de son instrument avec son archet et instantanément, de la lumière apparaît. C'était donc ça, tout-à-l'heure. Je devrais peut-être l'imiter et chercher du haut d'un toit, moi aussi.

-Essayez de repérer quelque chose d'anormal. Si vous avez besoin de plus de lumières n'hésitez pas à demander. 

Repérer ? Ça confirme mon idée de grimper. Je me dirige vers une autre hutte, histoire d'avoir une étendue plus grande surveillée. Étant de plus petite taille, j'ai besoin de prendre un gros élan pour atteindre le toit et me hisser avec peine sans retomber, mais j'y parviens finalement après une grande quantité d'efforts fournis. Je commence à guetter au loin, en restant allongée, le temps de me remettre de mon ascension que je ne recommencerais pas si j'en avais l'occasion. Cependant, l'escalade en vaut la peine, car la vue du village sur pilotis est imprenable.

« Je m'appelle Narok au fait, maison Saphir. »

Narok. Je peux poser un nom sur celui qui m'a attaqué. Eh bien. Je lance à mon tour en levant la main et sans arrêter de surveiller au loin :

- Tori, Émeraude.

Je crois apercevoir quelque chose du coin de l'œil, sur l'un des pontons, mais le temps de tourner la tête et, hop ! Plus rien. C'est peut-être parce que je me trouve dans une situation où il faut chercher quelque chose que mon esprit se met à m'envoyer des fausses informations. Je n'en baisse pas moins ma vigilance, continuant d'observer le ponton suspect.

Je n'ai pas envie de l'avouer, mais si j'ai décidé de me poster sur un toit, c'est aussi parce que je n'ai pas envie de rester au sol. Je n'ai pas confiance.