Qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour gagner de l'argent... [LIBRE pour 7 personnes]

Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour gagner de l'argent....

Ft. Beaucoup de gens.

Lorsque j'invitai Lady Luka à nous rejoindre amicalement, le visage rigide de Miss Harumi brilla d'une jovialité presque surprenante. Alors que je m'étais contenté d'un sourire fin et soigneusement calculé pour couronner nos retrouvailles, les yeux de la demoiselle aux cheveux azurs pétillèrent d'une immense joie. Un long moment s'était écoulé depuis notre dernière entrevue et il n'existe pas une journée, où je ne me remémore pas notre rencontre dantesque. Il ne manquait plus que Mademoiselle Akumu et notre grand quatuor d'ex-déboussolés serait de nouveau formé. Pourtant invitée par mes gracieuses paroles, la petite boulotte n'eut même à se rapprocher pour venir converser. Miss Harumi avait une quantité abondante de gaieté à dépenser et elle ne se gêna pas pour le lui en distribuer :

"Bonjour Luka ! Je suis super étonnée que tu sois là. D'ailleurs, il ne me semble pas que tu fasses partie officiellement du personnel de ce restaurant, je me trompe ? En tout cas, je vois que tuas pris mon rôle de départ. Ne t'inquiète pas pour la vaisselle, je n'aurai qu'à m'en occuper plus tard si ça te dérange."

Le ton de la demoiselle aux cheveux bleus était bon enfant, mais ses mots pouvaient s'avérer ravageurs selon l'interlocuteur en face. Luka m'avait autrefois prouvé qu'elle était une femme à l'esprit fort et déterminé. Je ne m'inquiétai donc pas trop pour elle. Mais au-delà des paroles divulguées, un constat dût vite la frapper et au vu de son visage ébranlé par la honte, elle l'avait remarqué. Leurs vêtements de travail ne concordaient pas, mais alors pas du tout. Si elles officiaient à deux postes différents, cela n'aurait, j'imagine, pas été un problème, mais nous sommes dans un restaurant... et il n'y a pas milles emplois à attribuer à une jeune étudiante. Subtilement manipulé par la chef, je m'étais abstenu d'en faire la remarque tout à l'heure, mais visiblement tout le monde ne ressentit pas la même empathie pour ce trouble. S'en suit Harumi qui n'oublia pas de récupérer les plats pour les servir, accompagnée de Luka. De mon côté, je retournai à mes ustensiles.

Trente secondes, c'est le temps qui me fallut pour retrouver une nouvelle fois, les deux charmantes demoiselles juste devant la porte des fourneaux. Si l'endroit de nos énièmes retrouvailles n'avait rien d'atypique, c'est le spectacle offert à ma noble personne qui m'abasourdit. Tandis qu'Harumi était étendue par terre, Luka était dos à moi, toutes les deux aspergées de pepsi. La demoiselle boulotte eut l'immense honneur d'obtenir un nouveau chapeau caféiné ainsi qu'un shampooing riche en sucre. La lady aux cheveux ciels quant à elle, se délecta du privilège de baigner dans une généreuse flaque de cola. Autant dire que je n'aurais jamais imaginé un tableau aussi fantasque durant notre toute première conversation. Je ne suis pas devin, mais je pouvais mettre ma main à couper que des éclairs pointeraient très très vite le bout de leurs étincelles :

"Alors comme ça on fait des bêtises ?"

L'intonation fut belliqueuse, bourrée de pensées meurtrières à l'égard du coupable de ce désastre. D'ailleurs, qui était ce malandrin ? J'avoue que mes pupilles n'avaient pu quitter le piteux état dans lequel les serveuses du restaurant s'étaient retrouvés. Un léger sursaut s'enclencha alors quand j'aperçus hissée par Harumi, Miss Akumu tenant fermement un steak entre ses petits doigts. Ma main se faufila près de ma bouche et cacha le petit rire amusé par cette situation maintenant claire. Ma nourriture était donc si délicieuse au point qu'exciter la gente féminine ! Ce constat burlesque me réjouit chaudement dans la progression de mes aptitudes culinaires, mais la rage noire des demoiselles "coca-ifiées" me refroidit instantanément. Peut-être que la voix gamine résonnant dans la cuisine pouvait apaiser les différents :

"Harumi, ça va ? Il t'est arrivé quoi ?"

Il semblerait que non ! Les demoiselles voulaient que le sang de la criminelle inonde le sol étincelant de ma cuisine ! Un sanctuaire sacré allait être éclaboussé du pire liquide qui soit ! Bien que nous étions enfin réunis tous les quatre après tant de péripéties, la tension environnante glacerait le sang de n'importe qui. Je plaignais le jeune homme d'être arrivé ici au mauvais moment. Ce qu'il allait voir ici risque de le traumatiser. Ou alors peut-être était-il trop innocent pour être terrorisé par l'aura meurtrière de ces ladies. J'avais les nerfs solides, mais étais-ce le cas pour ce pauvre garçon perdu ?

"Cher client, tout va bien il ne s'agit que d'un accident. Veuillez retourner à votre siège."

En apparence, elle avait l'air extrêmement professionnelle, mais je la ressentais ! Oui, ce profond désir de vendetta ! Au moins, le client n'avait pas eu à en faire les frais ! Comme une professionnelle, elle lui avait humblement quémander de retourner en salle. Ses mains l'irritaient probablement, mais pour nous et pour le bien de ce bar, elle se retenait de faire un carnage. Son courage était louable ! Elle avait l'air de tenir ses engagements fièrement criés lors de notre première rencontre ! J'étais à la fois ravi et effrayé par sa fureur maternelle. Le sourire pinçant mon visage mélangeait efficacement mon empathie pour la scène avec la nécessité de professionnalisme qu'impliquait mon poste de cuisinier. Ses yeux ancrés sur les miens étaient courageux, mais je pus lire sans l'ombre d'un doute, un appel au secours... il fallait régler ce problème au plus vite ! Qu'adviendra t-il de mon honneur si ce bar finit souillé en ma présence ?

"Madame, je vous prierais de sortir en payant ce steak, ou de rejoindre les autres clients dans le plus grand des calmes, sinon je me verrais contrainte de vous sortir de force."

Elle avait l'air de se calmer petit à petit, mais en contrepartie ses indications furent d'une acerbité aigüe. Je n'aurais jamais pensé pas que Miss Luka puisse être aussi sévère envers Miss Akumu. Si vous voulez mon avis, il arrive des moments où la faim domine notre raisonnement et nous pousse à agir primitivement. J'imagine que le ventre d'Akumu criait famine et l'alléchante odeur de mon steak l'avait amené jusqu'ici. Ayant consommé à ingérer la juteuse viande, il était logique de lui demander un paiement en bonne et due forme, mais j'étais presque certain qu'elle n'avait strictement rien pour nous rembourser. Je soupirai un bon coup ! Si je n'intervenais pas, Luka allait l'expulser du bar à coups de balai ! Pendant que Luka se dirigea vers le placard, à l'abri du regard de tous je glissai dans un petit sac rempli de gâteaux, un petit billet ! Ensuite, je m'approchai d'Akumu tenue fermement par la poigne d'Harumi :

"Vous ne pouvez imaginer ô combien, je suis ravi de vous revoir, Miss Akumu ! Toutefois, j'aurais préféré que nos retrouvailles se fassent dans de meilleures conditions !"

J'avais l'air calme et cherchais juste à apaiser la situation, notamment, la rage de Mademoiselle Harumi. Pour faire redescendre notre petite adolescente, je déposai doucement mes mains sur celles de d'Harumi. Lui murmurant un prévenant "Laissez-moi m'en charger !", elle ne tarda à me laisser porter Akumu. Une fois entre mes mains, je laissais ses pieds retrouver une terre ferme après une longue disette. Comme lors de notre entrevue dans le hall de l'académie, je posai dans sa main, un petit sachet de gâteaux dans sa main et sur un gentil ton plaisantin m'exaspérai :

"Si votre estomac criait tant famine que ça, vous auriez dû me prévenir avant d'orchestrer tout ce désordre ! Vous nous donnez-là beaucoup de travail ! Vous savez, j'aurais été ravi de vous préparer le même steak ! Pour le moment, j'espère que ces petits gâteaux combleront votre appétit !"
"Vous, au travail ! Sinon les clients ne seront pas content !" S'exclama une Luka de retour en forme. Hyperactive, il n'existait même plus de traces de cola par terre. Il n'y a pas dire, cette bonne humeur couplée à son entrain naturel lui allait comme un gant. Me retournant vers elle, je plaçai ma paume contre mon cœur et me courbai légèrement :

"Mademoiselle leader a parlé ! Les fourneaux m'attendent ! Miss Akumu, nos retrouvailles furent brèves, mais des plus appréciables ! N'ayez pas honte de me solliciter si la famine se manifeste de nouveau !" Malice et respect se chevauchèrent dans cette réplique. Elle avait dû s'en rendre compte, mais elle avait agi tel un leader pour régler ce problème d'où cette grande fierté ! Ensuite, je sortis deux petites serviettes de ma veste et leur donnai gentiment aux ladies Harumi et Luka ! Il n'y avait pas besoin de mots pour souligner leur utilité, mais un gentleman se devait quand même d'ajouter quelques suggestions :

"Mesdemoiselles, je vous invite vivement à vous changer ! Il doit être insupportable de travailler dans un tel inconfort !"

Aucune pensée perverse ne traversait. Je suis un gentleman après tout ! La seule chose à laquelle je pensais était leur confort pour le travail... mais également au fait qu'elle prenne une pause pour récupérer de toutes ces péripéties.

HRP: