Pourquoi pleures-tu petit chat? [PV Yumiko~]

Depuis mon retour du Japon, j’étais essentiellement restée dans mon lit, dans la maison Saphir. Archie souhaitant veiller sur mon état, j’étais allé de temps en temps à l’infirmerie, ne serait-ce pour mes engelures et pour vérifier que j’allais pas trop mal. Je lui en étais reconnaissant et je comprenais qu’il veuille me garder sous surveillance médicale, malheureusement je ne me sentais pas de rester avec la forte possibilité qu’on vienne. Je souhaitais être seule le plus possible pour pouvoir pleurer mon ami tranquillement, si je pouvais dire cela ainsi.
Enfouis sous mes couvertures, je serrai contre moi la broche qu’il m’avait confiée en pleurant silencieusement. Mes cordes vocales étant paralysées, je pouvais laisser aller ma peine sans avoir peur qu’on vienne me demander ce que j’avais, à moins qu’on ne devine que je ne dormais pas. Je n’en restais cependant, et de toute façon, silencieuse. Le seul truc qu’on aurait pu me reprocher était de ne pas assez m’hydrater avec toute l’eau que je perdais en pleurant, mais je n’en avais que faire. Je n’arrivais pas à supporter cette douleur.

Le soir du deuxième jour après mon retour, alors que je venais de me réveiller, je regardai la broche en forme de Peace & Love. La caressant doucement, j’avais comme voulu totalement oublier qu’il n’était plus et pensai qu’il fallait que je la lui rende. Je me fis une petite toilette en me sentant poisseuse et m’habillait chaudement pour ensuite me diriger vers la maison Emeraude, la broche entre mes mains jointes sur ma poitrine. Malheureusement, quand j’arrivais devant, je n’osai plus rien faire et l’image que j’avais d’un Hayate souriant, me demandant ce que je faisais là se brisa comme en des éclats de verre irréparable. Cette image me ramena immédiatement à ce qu’il s’était passé et mes yeux s’emplirent à nouveau de larmes. C’est le moment que quelqu’un choisi pour arriver et demander :

-Eh, pourquoi pleures-tu petit chat ?

Instinctivement, je me tournai vers la personne en question : une jeune femme aux cheveux clairs légèrement rosés et aux yeux de cette même couleur. C’était assez étrange, mais j’étais bien trop mal pour m’attarder sur ce détail. Mais, en plus de cela, je savais pertinemment que je ne pouvais pas lui répondre : je n’avais plus de portable et je n’avais rien pour écrire. Je me mis donc à regarder partout autour de moi sans vraiment savoir comme le lui faire comprendre.
Après quelques instants, je tentai de faire fonctionner mes cordes vocales qui refusèrent obstinément de fonctionner. J’arrêtai donc et baissai la tête en laissant des larmes rouler sur mes joues, les gelant à cause du froid ambiant.

Code par Rin

-Mooh, voyons ne t'en fais pas j'ai compris ne te fatigue pas va...

Elle avait compris… quoi ? Que je ne pouvais pas parler ou la raison pour laquelle je pleurer ? Au fond, je savais que la seconde solution n’était pas vraiment possible, mais j’étais bien trop embrouillée pour que je puisse réfléchir correctement. Ce fut au point que je ne bougeai pas quand la jeune femme s’approcha de moi pour me prendre dans ses bras. Surprise, j’ouvris grand les yeux, mais ce geste me fut tellement agréable que je laissai encore une fois ma peine sortir sans que ma voix veuille fonctionner encore. La main de la personne qui tentait de me consoler frotter mon dos secoué par mes sanglots.

-Pleure, pleure ma belle, ça soulage toujours, tu me parleras après je te prêterai mon téléphone.

Ne pouvant pas me calmer comme ça, même après avoir pleuré pendant deux jours, je restai ainsi pendant un long moment. Ce fut la fatigue qui m’arrêta sans que je me sente réellement mieux. Je restai donc dans ses bras sans bouger, attendant que ce soit elle qui brise l’étreinte. Ce fut alors à contrecœur que je me détachai d’elle pour la suivre dans la maison Emeraude. Le froid étant mordant à l’extérieur, je la remerciai d’un mouvement de tête. Je découvris ainsi le lieu qui avait brièvement accueillit mon ami : plus chaleureux que la maison Saphir, la convivialité donnée était au point de proposer une télévision et une sorte de jeu que j’imaginais se jouer à plusieurs. Je ne me perdis cependant pas dans les détails tant ma concentration était volatile, suivant simplement la jeune femme qui me mena où m’assoir avec elle. Puis, comme promis, elle me prêta son téléphone afin que je puisse lui parler plus facilement. J’en profitai pour écrire :

Merci pour ton aide
Je m’appelle Yumiko
Désolée pour le dérangement…

Il était vrai que je voulais dire plus, mais je ne savais pas comment le formuler. En plus de ça, je ne parvenais pas à me faire à la mort de mon ami. Puis… comment annoncer une telle nouvelle ?

Code par Rin

Assise à côté de moi, la jeune femme lut mon message avant de me répondre avec un sourire tendre :

-Moi c'est Caitlyn, et ne t'en fais pas tu ne déranges absolument pas, c'est moi qui suis venue te voir donc tu n'as pas à t'en faire pour ça !

D’un certain côté, elle n’avait pas tort. Je n’en restais pas moins gênée d’être entrée de cette façon dans la vie de la jeune Emeraude. Je n’en dis cependant rien de peur d’avoir encore une leçon de morale comme lorsque je m’étais sentir coupable d’avoir inquiété mes amis déjà malmenés par l’état des personnes présentes alors que j’avais simplement utilisé mon pouvoir. J’avais été au courant des conséquences, pourtant je l’avais fait sans me renseigner concernant de la perte de sang subie. D’ailleurs, j’avais l’impression, en y réfléchissant un peu plus, qu’Hayate avait fait exactement la même chose que moi pour me sauver la vie et que c’était ce qui avait causé sa mort. Réaliser cela ne m’aidait pas…

-Veux-tu que l'on aille dans ma chambre à l'internat ? On y serait plus tranquille je pense ...

Ayant baissé la tête lorsque le silence s’était installé, je l’avais relevée pour écouter la jeune femme. Il était vrai que nous serions peut-être plus tranquilles, à moins qu’elle ne soit pas seule dans sa chambre ? Je n’en savais rien et je devais avouer que seule elle était juge.
J’allais lui écrire cela quand je fus déconcentrée par un gargouillis. Au début je crus que cela venait de moi puisque je n’avais pas mangé depuis longtemps, mais je fus contredite par la jeune femme à mes côtés qui paraissait gênée :

-Hum, sinon, on peut aussi y aller pour manger, j'ai des trucs cachés sous mon lit au cas où une invasion zombie, tout ça... Ou le réfectoire peut être bien aussi, mais j'aime autant être tranquille, pour toi en fait, ce ne doit pas être forcément être agréable ta situation. D'ailleurs si tu veux m'en parler tu peux, je suis une merveilleuse confidente !

Silencieuse, je repris l’écriture de mon message que je ne tardai pas à lui montrai sans la regarder réellement :

Je te laisse juge : je ne connais pas la maison Emeraude, mais j’ai eu l’occasion de constater qu’aucune maison n’était pareil…
Merci pour ton aide…

Je ne savais pas si j’allais avoir le courage de parler de ce qu’il m’était arrivé. Je ne savais même pas si découvrir la maison Emeraude serait bon pour moi. Je commençai donc à me demander ce que je faisais là, si j’avais encore une place quelque part à Tsuki, tout en suivant Caitlyn où qu’elle aille.

Code par Rin

Dès qu’elle eut lu mon message, Caitlyn me prit la main en déclarant :

-Allez viens, normalement à cette heure-ci il n'y a pas mes colocs de chambre. Tu veux manger quoi ? J'ai des nouilles instantanées, des granolas, des mickados. Tu choisis !

A vrai dire, je ne voulais pas manger. J’avais peur que cela me rende malade tant j’avais encore envie de pleurer. Ce n’était pas du tout le cas pour la jeune fille qui respirait la joie de vivre et ne le cachait pas. Si j’avais pu sourire, je l’aurais certainement fait pour montrer que j’étais contente qu’elle ne laisse pas abattre par mes malheurs. Je n’en étais cependant pas moins malheureuse par ce qu’il s’était passé quelques jours plus tôt.

-Si ça ne va pas, marque-le-moi hein. Je t'aurais bien proposé de venir à mon appartement mais j'habite en ville et ça risque d'être compliqué d'y aller.

Malgré ses dires, je n’écrivis rien tant que nous fûmes en train de marcher. Je préférais ne pas lui donner plus de soucis pour moi parce que je me serais cognée ou tombée. Par contre, la liberté dont elle me parlait, celle de pouvoir choisir son lieu de vie entre autres, me rendait jalouse. A mes souvenirs je ne l’avais jamais eu. Quoi que j’eusse choisi de rester à l’académie, non ? Mais pensais-je de cet endroit que c’était un lieu de vie ? Je ne savais plus… A mes yeux, j’avais tant perdu que je ne me voyais plus que comme une coquille vide.
Lorsque nous fûmes arrivés dans sa chambre, vide comme elle l’avait déclaré, je m’assis sur son lit, le dos contre le mur et les jambes repliées vers moi. Je me mis alors à écrire une réponse :

Je n’ai pas faim, merci.
Sinon

Je m’arrêtai d’écrire. Pouvais-je le dire ? Raconter ce qu’il s’était passé ? Si oui, comment ? Je ne m’en sentais pas vraiment la force… Pourtant, après un instant, je me remis à écrire :

Je n’ai pas faim, merci.
Sinon je ne vais pas bien du tout. Je reviens du Japon où mon père m’a fait subir la même chose que lorsque j’étais enfant. Il a blessé les amis qui sont venus me chercher et lorsqu’il a tenté de me tuer il a mis fin à la vie de celui que j’aimais. J’en ai marre de perdre les personnes auxquelles je tient ! Je suis malheureuse de savoir que j’ai vécu comme un monstre parce que je ne suis pas réellement la fille de celui que j’appelle « père » ! Je me sens coupable d’avoir été la source de malheur…

En regardant mes mots, je me blessai encore et fermai simplement l’appareil pour le poser à mes pieds. Incapable d’arrêter mes nouvelles larmes, je me recroquevillai sur moi-même en cachant mon visage dans les genoux en espérant me calmer rapidement. Il me semblait ne pas avoir le droit de pleurer alors que j’étais la seule responsable de ce qu’il s’était passé.

Code par Rin

Enfermée dans mes propres bras, je sentis une douce chaleur émaner des membres qui m’entourèrent une fois encore. Je ne me détendis pas pour autant, mais je sentais que cela me faisait un peu de bien. Caitlyn était gentille… Etait-ce pour cela que je ressentais de la peur aussi ? Avais-je peur qu’il lui arrive quelque chose par ma faute ou de ne plus la revoir par la suite ? Peut-être les deux ? Au vu de ce que j’avais vécu, cela ne m’étonnait pas tant que ça au fond. Pourtant, je voulais croire que ce ne serait pas le cas…

-Tu veux rester dormir dans ma chambre cette nuit ? Ce n'est peut-être pas une bonne idée de rester seule cette nuit. *Petite pause* Et je voulais te proposer, si tu en as envie, une soirée chez moi, genre comme une soirée entre fille, je me suis dit que ça pourrait te changer les idées de sortir d'ici et du cadre de l'académie. Non ?

Lentement, je me relever pour essuyer mes larmes des deux mains. C’était un peu inutile puisque je ne parvenais pas totalement à faire cesser leur production, mais, au moins, je voyais assez clair pour regarder celle qui m’avait prise dans ses bras deux fois de suite. Elle était vraiment très gentille… Mais que lui répondre ? Je ne me sentais pas capable de retourner en ville, endroit où j’avais été enlevée par mon père, mais elle avait certainement raison en prétendant que cela me ferait du bien de changer de lieu. Légèrement tremblante, je repris le portable pour lui écrire ma réponse :

J’ai peur d’aller en ville. La dernière fois que j’y suis allé tout a dégénéré… Mais, d’un autre côté, j’ai très très envie de répondre positivement à ta proposition ! Je ne sais pas quoi faire … Désolée
Désolée
Désolée
…

Etais-je bête de ne pas avoir de solution ? Pouvais-je penser que j’arriverais un jour à me détacher de tout cela ? Ah ! Mais… si je le faisais n’était-ce pas prétendre oublier mon ami ?
En pensant à cela, je serrai la broche contre mon cœur tout en montrant mon message à Caitlyn.

Code par Rin

-Ne t'en fais prends ton temps pour réfléchir il est normal que tu ne saches pas là tout de suite enfin ! Et ne t'en fais pas avec moi ce n'est pas la peine de t'excuser avec moi pour ça enfin !

Cette fille était une perle. On avait beau dire que j’étais désintéressée et avec un grand cœur, je me trouvais fort égoïste contrairement à cette personne qui me venait en aide. Malgré mes pleurs, elle trouvait quelque chose à dire. En plus de ça, elle était allée à l’encontre du règlement pour me mettre à l’aise. Et là elle me donnait du temps et semblait chercher quelque chose sous son lit : de la nourriture. Baissant la tête, je tentai de m’en désintéresser, mais ce fut sans compter mon hôte qui me mis un des paquets sous le net en déclarant :

-Des petits trucs comme ça, ça devrait bien passer, essaye il faut manger !

Doucement et, surtout, à contrecœur, je pris le paquet. Ainsi, la jeune femme pu prendre deux canettes et des pailles. Elle ouvrit l’une des canettes et me la tendit avec une paille en ajoutant :

-Et bois aussi ! Le jus d'orange c'est plein de vitamines ! Et puis le chocolat noir est plein de magnésium, c'est bon pour le moral ! J'espère que tu n'es pas allergique aux chats, j'ai un chat chez moi, si tu viens tu verras il est adorable j'ai même réussi à le faire aimer d'un ami qui n'en avait jamais côtoyé alors tu verras !

En l’écoutant parler de son chat, je posai la boîte pour prendre la boisson et but quelques gorgées à l’aide de la paille. Je n’arrivais pas à me faire à la situation, ni à la perte dont mon père était responsable. Cela me hantait. Le pire était que je ne savais pas comment continuer.
Posant le contenant entre mes pieds pour qu’il ne tombe pas, et surtout parce que je n’avais pas le courage de bouger pour la mettre ailleurs, je pris le paquet de mikados. J’ouvris assez facilement le carton mais j’eus quelques difficultés pour le plastique : ayant eu de grosses engelures pendant deux semaines, cela venait sans doute de là, en plus du fait que je tremblais pour avoir autant pleuré… et le manque de sucre.

Code par Rin

Voyant certainement mes difficultés, Caitlyn me prit des mains avec douceur le paquet de Mikados et l’ouvrit. Elle me le rendit ensuite en déclarant que ce n’était rien tout en souriant. Il ne faisait aucun doute qu’elle savait pertinemment que j’allais la remerciait. Je souris faiblement avant de prendre un Mikado et le manger avec lenteur en reprenant une expression de tristesse. Je regardai dans le vide en me demandant les raisons qui l’avaient poussée à me devancer de la sorte. Je ne l’avais pas mal pris, mais il me semblait que cela pouvait être mal pris dans d’autres circonstances. C’est en entendant la jeune femme chantonner que je compris que c’était parce qu’elle avait sans aucun doute que je l’aurais remerciée et qu’elle voulait m’éviter d’écrire encore un message dont elle se doutait du contenue. C’était gentil de sa part, quoi que légèrement maladroit. Je ne lui en fis cependant pas part, préférant le garder pour moi.
En écoutant la chanson qu’elle avait mise, je ne pus m’empêcher de tenter de la traduire. Bien entendu, je parlais anglais puisque je communiquais avec les autres, mais comme il s’agissait d’une chanson, en plus du fait que je revenais de mon pays natal, cela me paraissait différent. Je ne parvins pas à tout comprendre, mais, au fond, ce n’était pas grave puisque Caitlyn s’appropria mon attention en me tendant son téléphone. Me posant mille questions, je le pris avant qu’elle ne me pose des questions avec douceur :

-Quel âge as-tu du coup ? Moi j'ai 17 ans. Je suis arrivée il y a à peine un mois en ville et un peu moins à l'académie, ce qui fait que je ne connais pas grand monde d'ailleurs. Cela fait longtemps que tu es ici ?

Pour ne pas dire de bêtises, je me mis à réfléchir en bougeant les lèvres, levant un peu les yeux et bougeant légèrement la tête. Je perdais facilement le compte à vrai dire. Je réussis cependant à rapidement m’y retrouver et, ainsi, me mettre à écrire ma réponse :

J’ai moi aussi 17 ans depuis quelques jours.
Je suis à l’académie depuis environ deux ans. Du coup, j’y ai connu du monde dont beaucoup l’ont déjà quittée. Pour la dernière que j’ai vue partir… c’était il y a quelques jours aussi

En terminant ma phrase, l’image d’Hayate qui éclatait en mille morceaux refis surface dans mon esprit. Cette image m’ayant brisée, je lâchai le téléphone pour prendre ma tête entre les mains en tremblant, de nouvelles larmes menaçant de noyer mon visage une nouvelle fois.

Code par Rin

Mes yeux fermés m’empêchèrent de voir les réactions de Caitlyn face à ce que je venais de lui écrire. A vrai dire, je ne me posais pas vraiment la question, bien trop torturée par les images qui s’imposaient à moi. Je n’en pouvais plus… Ce n’était pas quelque chose qui pouvait s’oublier facilement. Je n’étais d’ailleurs pas la seule à en avoir été témoin... Mais c’était à moi qu’il avait dit qu’il n’allait pas pouvoir tenir sa promesse. C’était à moi aussi qu’il avait sauvé la vie. Comment devais-je le prendre si ce n’était pas avec douleur et tristesse ? En plus de cela, ce n’était pas la première personne que j’aimais que je voyais s’éloigner de moi, mais il l’avait fait d’une fois plus permanente encore que les autres. C’était bien trop dur pour moi…
Enfermée sur moi-même comme je l’étais, je ne fis pas attention à ce qu’il se passait autour. Je ne pus donc rien faire lorsque la jeune femme, après s’être rapprochée de moi, me pris la tête pour la poser sur sa poitrine. Son menton sur mes cheveux, elle me murmura :

- Ça va aller ne t'en fais pas tu n'es pas seule maintenant...

Combien de fois m’avait-on dit cela ? Combien de fois cela s’était avéré faux au final ? Je venais à me demander si je n’avais pas quelques responsabilités dans tout ce qui m’arrivais. Mais, si c’était le cas, pourquoi ne me le disait-on pas ?! Je l’aurais compris… Après tout, celle qui dans ce monde devait en moins connaître sur les relations humaines, les coutumes et autres, c’était bel et bien moi ! Je n’aimais pas le crier sur tous les toits, mais la plupart des personnes qui me connaissaient le savaient. Alors, pourquoi… ?
Alors que le temps passait, Caitlyn passait doucement sa main sur mon dos, le caressant chaleureusement. Tout en faisant ce geste qui se voulait sans aucun doute réconfortant, elle chantonnait la chanson qui passait. Elle était différente de l’autre, quoi que toujours avec une certaine énergie. Je ne savais pas comment le décrire si ce n’était que je l’appréciais moins. Pourtant, je ne dis rien, remerciant mentalement et tout simplement cette personne qui tentait de me consoler alors qu’elle ne connaissait rien de moi mis à part ce que je lui avais raconté. Et c’était parce que je lui étais reconnaissante de tout ce qu’elle faisait pour moi que je me laissai faire sans bouger. Ma peine ne pouvait pas se taire sur le moment, il me faudrait même beaucoup de temps pour que ma blessure se referme même partiellement, mais, au moins, je sentais que je pouvais me poser un peu. J’avais encore peur qu’après ça elle disparaisse elle aussi, que me rapprocher d’elle ne me blesse, mais je ne le montrai pas. Je m’abandonnais tout simplement à cette étreinte sans bouger plus que les tremblements de mon corps qui s’atténuaient lentement.

Code par Rin

Le temps de quelques chansons que je n’écoutais que d’une oreille, tel un bruit de fond agréable, nous restâmes dans la même position. Être ainsi dans ses bras me rappelait ma demi-sœur Yumi et mon amie Mana. L’une ne pouvait plus prendre contact avec moi alors que la seconde… je n’avais tout simplement pas eu le courage de lui dire que j’avais encore vécu quelque chose d’horrible. J’avais peur qu’elle se lasse de mes problèmes, qu’elle rajoute une couche sur ma culpabilité en apprenant ce que je lui avais caché en plus de ma prise de risques qui m’avait value deux semaines de pures douleurs… voire plus désormais.
Au bout d’un moment, Caitlyn me relâcha. Je ne compris pas très bien, mais je ne montrai rien de cela. Peut-être qu’elle en avait marre d’être dans la même position… Je pris donc ma canette de jus d’orange qui était miraculeusement restée en place entre mes chevilles, sans se renverser, et j’en bus quelques gorgées doucement. Ainsi, je ne regardai pas ce que l’Emeraude faisait jusqu’à ce qu’elle attire mon attention en me parlant :

-Bon je pense que vu l'heure et ton état tu vas rester dormir là, ça ne posera aucun problème à mes colocataires. De toutes manières elles ont pas le choix, je ne te laisse pas repartir ainsi. Je ne sais pas exactement ce que tu as, tu n'as pas à en parler encore une fois si tu ne veux pas mais il faut faire autre chose, essayer au mieux de se changer les idées. Alors pour ça je vais te faire regarder des supers films !

L’idée de rester avec d’autres personnes supplémentaires ne me plaisait pas du tout. Il semblait cependant que je n’avais pas vraiment le choix… Qui étaient-elles ? Allais-je pouvoir supporter leur regard ? Je n’en savais rien et j’espérais réellement que tout se passerait bien. A vrai dire, cette première idée m’avait totalement fait oublier l’idée du film. Heureusement, Caitlyn me la rappela bien assez rapidement en m’en proposant quelques-uns :

-Alors tu as le choix entre Footloose, Matrix et Mulan. Vas-y choisis !

En regardant brièvement les images des films sur l’écran d’ordinateur, je fus plus attirée par l’un d’eux en particulier. Je ne pus d’ailleurs m’empêcher de remarquer que je ne savais pas du tout qu’on pouvait regarder des films. J’oubliai cependant le fait que j’avais que peu de connaissances en informatique, entre autres, pour pouvoir lui répondre à l’aide du portable qu’elle me tendit :

Je n’en connais aucun, mais Mulan m’a l’air bien

Je l’espérais en tout cas.

Code par Rin

Posant son ordinateur à côté d’elle, Caitlyn se leva pour aller chercher quelque chose dans son armoire. En attendant, sans chercher à savoir plus que ce que je voyais comme si mon cerveau était en mode « off », je mangeai un autre Mikado aussi lentement que les autres, l’air absent. Je fus cependant tirée de ma « rêverie » par la jeune femme qui ferma son armoire pour me tendre un vêtement en déclarant joyeusement :

-Avant il faut se mettre en pyjama !

En le dépliant, je découvris encore quelque chose de nouveau. Je n’avais jamais vu cette sorte de « pyjama » et je ne pus m’empêcher de lever des yeux ahuris vers mon hôte qui commençait à se déshabiller. Pour ne pas paraître stupide ou la faire attendre, je fis comme elle avec lenteur, observant attentivement comment elle mettait l’habit étrange. Mais bien qu’il le soit, il n’en était pas moins joli et douillet.
Lorsque je fus habillée, je pus constater que Caitlyn avait fait glisser un des trois autres lits à côté du sien. Sans aucun doute qu’elle avait voulu faire en sorte que nous puissions dormir confortablement toutes les deux. Elle éteignit également les lumières et vint s’installer avec l’ordinateur préalablement branché. Je ne vins me réinstaller à côté d’elle quand elle le fut elle-même pour savoir comment elle voulait le faire sans avoir à prendre son portable pour le lui demander. D’ailleurs, lorsque nous fûmes côte à côte, elle me le tendit et me montra le code pour le déverrouiller en déclarant :

-Si tu veux parler à quelqu'un ou me parler, comme ça tu es tranquille !

Je le pris entre mes mains en souriant faiblement comme pour la remercier. Tous les numéros que j’avais pu avoir étaient pour moi perdus avec mon portable détruit par mon père. Je n’avais donc personne à qui parler à part Caitlyn qui me fit comprendre que c’était à moi de démarrer le film lorsque je serais prête. Comme je n’avais pas grand-chose à faire autre, je le fis tout de suite.

Malgré que l’histoire me plût beaucoup, la fatigue fut plus forte que ma volonté de voir la fin et je m’assoupis une trentaine de minutes avant cette dernière. Mon sommeil ne fut cependant pas reposant : au milieu de la nuit, je me réveillai en sursaut, la peau humide de sueur, mais silencieusement. Ne voulant pas réveiller la jeune femme à côté de moi, je pris son portable et le déverrouillai avec difficultés. Puis, lorsque je fus sur une des applications qui permettaient d’écrire, je me mis à raconter mon histoire :

Il était une fois une enfant détestée de sa famille. Croyant qu’elle était un monstre, elle fut enfermée dans une cage froide et loin du monde alors qu’elle n’avait que peu vécu. On lui apprit à parler pour les cas de nécessité, mais elle n’avait pas l’autorisation de communiquer avec quiconque. A vrai dire, ses droits se limitaient à se promener une fois de temps en temps si elle avait été assez sage. Les hivers lui étaient fortement désagréables, mais comme elle ne connaissait pas la chaleur d’un foyer, elle ne savait pas que ce n’était pas normal. Elle grandit donc dans l’ignorance de tout et la solitude la plus totale.
Ce n’est que lorsqu’elle fut invitée à vivre dans une académie grâce à son don qu’elle commença à apprendre tout ce qu’elle avait manqué. Elle avait alors quinze ans. La première année fut difficile à cause de ses lacunes fort nombreuses, devant supporter les abandons, les moqueries et des harcèlements. Elle s’en sortit cependant car elle était tout de même entourée de personnes adorables qui venaient la consoler sans toujours demander un retour. Puis, à l’aube de la seconde année, la jeune fille rencontra sa petite sœur. Elle l’avait déjà vue une fois lors d’une de ses promenades. Les doutes qu’elle avait quant au comportement furent évanouis dans la minutes qui suivit leur face à face par un câlin chaleureux auquel elle n’aurait jamais pu rêver. Malheureusement, le rêve qui venait de commencer vira rapidement au cauchemar puisque leurs parents vinrent à l’académie pour récupérer l’aîné. Comme cette dernière refusa, le père, furieux, lui ordonna indirectement de se suicider, son pouvoir ne lui donnant pas le choix. La jeune femme fut sauvée de justesse, mais ses épreuves étaient loin d’être terminées…
Les mois passèrent. Les blessures causées par ces épreuves commençaient lentement à guérir quand une de ses plus grandes craintes devint réalité : son père vint la chercher pour l’enfermer à nouveau. Elle n’avait prévenu qu’une seule personne que cela pouvait arriver. Elle n’avait dit qu’à une seule personne qu’on allait la ramener en cage. Cette personne mourut quelques temps plus tard en venant la sauver. Deux autres furent blessés de façons différentes. Tout cela, en plus de ses engelures et de sa voix paralysée, détruisit la jeune fille qui ne parvint pas à se remettre. Ce garçon… elle ne le savait pas avant que lui le dise, mais elle l’avait aimé.

Lorsque j’eus terminé d’écrire, le jour commençait à se lever. Je posai donc le portable à côté de moi, proche de Caitlyn, pour pouvoir observer le lever de soleil. Pourquoi avais-je écrit tout cela ? Je ne le savais pas moi-même.

Code par Rin