Attends!!! [Pv Yumiko]

Lorsque je sortis enfin de l’infirmerie alors que je venais de guérir Tori et, à cause de cela, subir une perfusion, j’allais pour rentrer à la maison Saphir pour me reposer un peu et réfléchir à ce qu’on m’avait dit. Je devais bien avouer que j’avais du mal à assimiler ce qui m’avait été dit sur le fait d’aimer une personne rendait « normale » l’inquiétude ressentie pour elle quand elle venait à se blesser d’une quelconque façon. Pour moi, qui savais pour cette inquiétude pour ma santé, j’aurais peut-être dû m’abstenir de faire une guérison aussi risquée, non ? C’est la question que je ne cessais de me poser malgré les dires de tous ceux qui m’avaient soutenue alors que j’étais allongée sur un des lits de l’infirmerie.

-Attends !!!

Surprise par cet appel auquel je ne m’attendais pas, je me tournai et vis la jeune femme qui était allé voir Noa aussi. Luxia si ma mémoire était bonne. Elle courait vers moi en me faisant de grands signes (puisque j’étais seule avec elle dans le couloir c’était plutôt évident) avant de s’emmêler les pieds et tomber dans les escaliers, passant même devant moi, jusqu’en bas. Inquiète, je descendis également, mais sur mes deux pieds, pour la rejoindre. Je n’eus cependant pas le temps de lui demander si elle allait bien puisqu’elle me devança en levant un bras tout en étant encore allongée sur le dos :

-Euh... C'est bon, je n'ai rien !

Bien que soulagée par ses dires, je n’en restais pas moins légèrement inquiète qu’elle ne me dise pas totalement la vérité pour ne pas me voir mal à nouveau par mon envie de guérir. Je ne dis cependant rien en la regardant se relever comme si elle sortait du lit tranquillement. C’était assez étrange en fait. Ce le fut surtout lorsqu’elle prit une posture sûre d’elle pour me regarder et déclarer :

-Euh... Excuse-moi. Je voulais juste te dire... Je voulais te féliciter pour ce que tu as fait tout à l'heure. C'était très courageux et... Je trouve que tu méritais que je te le dise, même si ça sert pas à grand-chose et que ça n'a pas beaucoup d’intérêt, je tenais à te le dire. Voilà.

Gêne et surprise. Telles étaient les émotions que je ressentais en l’entendant me féliciter de la sorte. Je ne comprenais pas vraiment son point de vue, mais je devais bien avouer que cela me faisait plaisir quand même. Je rougis donc en prenant une mèche de cheveux dans mes mains en lui répondant en souriant :

- Ce n’était rien, vraiment. Après tout, j’aurais voulu pouvoir guérir Noa et Marco aussi… Mais, merci pour ton compliment. Il me fait plaisir. Je pense que tu as très bien aidé toi aussi, à ta façon. Après tout, tu as aidé Marco et Noa à se relever et à leur donner un peu de réconfort. Je ne pense pas que ce soit rien non plus.

Code par Rin

Luxia ne sembla pas très convaincue par mes dires, ce qui me laissa un peu peinée. Je ne le restai cependant pas longtemps puisque je la vis baisser la tête pour ajouter :

-Tu sais, sur le moment, j'ai regretté de ne pas avoir moyen de me rendre utile plus que ça, et de ne pas connaître de moyen d'utiliser mon pouvoir pour aider. Ça doit être possible, pourtant, mais j'ai réussi à me sentir coupable. D'un côté je comprends que tu voudrais avoir pu faire plus, mais d'un autre, ce que tu as fait était déjà réellement extraordinaire.

Je me demandais bien ce que pouvait bien être son pouvoir pour qu’elle puisse penser aider avec. Certainement que tout pouvoir avait son utilité, mais chacun en son domaine, à moins qu’il ne soit polyvalent. Mais au lieu de chercher quel pouvoir aurait pu être utile dans ce genre de circonstances, je souris à la jeune femme pour lui répondre :

- Je pense que si tu demandes à un professeur de pouvoirs, ou si on y réfléchit ensemble, on pourra trouver une réponse à cette question. Après tout, ne sommes-nous pas là pour apprendre à nous en servir ?

Pour moi, l’école était surtout une liberté à laquelle je n’avais jamais pu rêver puisque je n’avais alors aucune idée de ce que cela signifiait. Mais, en prenant en compte que toutes les personnes présentes possédaient un pouvoir et des cours rien que pour ça, il devenait évident que c’était le but de cette académie. Il était possible que je cherche trop loin, ou pas assez, mais quelle importance au fond ?
En revenant à mes capacités, je continuai en rougissant un peu :

- Je t’avoue que je ne comprends pas vraiment en quoi c’est extraordinaire. De mon point de vue, je ne fais que guérir quelqu’un. Au fond, je n’ai rien fait de plus que permettre à Tori de sortir de l’infirmerie plus tôt, non ?

N’était-ce pas quelque chose de banal ? Puis, il y avait un autre défaut à mon pouvoir qui n’avait rien à voir avec mes contrecoups : je ne pouvais pas me guérir seule. N’était-ce pas cela en plus qui rendrait mon pouvoir extraordinaire ?

Code par Rin

Lorsque je lui avais proposé de se renseigner sur ce que pouvait faire son pouvoir dans certaines situations, Luxia me donna raison. J’étais contente qu’elle comprenne ce que je voulais dire et qu’elle le prenne aussi bien. J’étais aussi totalement ouverte à en discuter avec elle, mais je préférais que cela vienne d’elle. C’était mieux.
Puis, lorsque vint mes impressions par rapport à mon propre pouvoir, elle sembla réfléchir brièvement avant de me répondre avec hésitation :

-Hum... Et bien... Je ne sais pas comment te dire. C'était un peu... Inespéré ? Enfin... Tout le monde s'inquiétait pour elle, comme pour Marco et Noa, et toi, tu es arrivée et d'après ce que j'ai vu, tu as sans hésité mis en danger ta propre santé pour la sienne... Et finalement vous allez toutes les deux bien ! Je ne sais pas si je m'exprime très clairement, mais en tout cas, je te suis reconnaissante d'avoir fait ça pour elle et j'admire la façon avec laquelle tu t'y es prise. Bref...

Il me semblait comprendre ce qu’elle voulait dire et cela me fit sourire. Plus qu’après les paroles dites auparavant, j’avais envie de lui dire « merci ». Elle avait raison : Tori et moi allions bien finalement, même s’il avait fallu que je passe par la perfusion de sang. Je ne pouvais cependant pas m’empêcher de penser que j’aurais voulu faire quelque chose pour Noa et Marco. Pour le premier, c’était certainement possible, mais c’était son refus qui m’empêchait de mettre cela en pratique. Il était cependant de mon devoir de respecter son choix, même si cela m’était difficile.

-Au fait ! Je ne me suis pas présentée ! Bon, je suppose que tu as entendu mon nom à l'infirmerie, mais voilà, ce n'est pas vraiment ça. Donc je suis Luxia Kabuto, Saphir. Enchantée !

- Enchantée Luxia. Je suis Yumiko, Saphir également. C’est presque étrange qu’on ne se soit pas croisée plus tôt, non ?

Bien que je rie avec légèreté sur ma question, je n’en étais pas moins gênée. Après tout, je n’avais pas non plus fait très attention aux personnes qui m’entouraient tant je m’enfermais dans les études, les dessins et mes problèmes. Cela m’empêchait même d’aller voir mes amis régulièrement, surtout dernièrement…
Ne sachant pas trop quoi dire de plus, je lui proposai simplement :

- Souhaites-tu rentrer avec moi au dortoir ? Nous pourrions discuter en chemin.

Code par Rin

Elle ne répondit pas à ma première question. Etait-elle d’accord ? Après tout, elle ne niait pas non plus. A moins que ce ne soit un signe qu’elle ne voyait pas vraiment ce que je voulais dire ou qu’elle ne savait pas si j’attendais une réponse… Je préférais cependant éviter de rester sur la gêne que je ressentais.
Puis, lorsque vint ma proposition de rentrer au dortoir ensemble, elle me répondit avec enthousiasme qu’elle acceptait avec plaisir. J’étais contente de pouvoir marcher avec quelqu’un dans ces moments de doutes. Je tentais d’abandonner ces derniers pour profiter le plus possible de mon temps à l’académie. J’espérais aussi que la promesse détournée de Hayate serait aussi solide que le diamant qui pouvait le protéger. Cet espoir, comme celui apporté par mes bracelets que je portais constamment, me permettait d’avancer lentement sans me laisser aller à la douleur provoquée par les mots de mon père. Pourtant, même si elle était sourde, elle restait présente et impossible à oublier.

Après quelques minutes pendant lesquelles nous marchâmes en silence, et qui m’avaient permis de réfléchir un sujet de conversation, je finis par lui demander :

- Tu connais Noa depuis longtemps ? Tu… Tu n’es pas obligée de répondre, hein ? Simplement, je suis un peu curieuse. Je n’en connais pas beaucoup sur lui alors qu’il est certainement comme… un grand-frère pour moi. Je n’en suis pas sûre parce que je ne connais pas très bien les liens familiaux, mais il m’a dit que je pouvais le considérer comme ça.

Avais-je trop parlé ? Allait-elle mal prendre mes paroles ? Je n’en savais strictement rien à vrai dire, mais j’espérais que ma maladresse naturellement due à mes méconnaissances ne me mettrait pas dans le pétrin.

Code par Rin

-C'est drôle, c'est un peu pareil que moi. Enfin, je le connais presque depuis que je suis arrivée. Je l'ai croisé pendant un cours d'informatique, le premier où j'étais allée.

En l’entendant prendre la parole, je tournai la tête vers elle et vis qu’elle souriait. C’était un peu étrange de l’entendre dire qu’elle en connaissait peut-être autant que moi sur lui. Pourtant, à l’infirmerie, ils m’avaient paru tellement proches tous les deux… M’étais-je trompée ? Je ne tardai pas à avoir une réponse à cette question bien que je ne l’eus pas prononcée à voix haute :

-Mais en fait, on s'est vraiment parlé que l'après-midi qui a suivi, où on s'est croisés, et où un gars a commencé à sortir des théories comme quoi on était jumeaux parce que je portais un casque et lui des bouchons d'oreille et c'est resté et du coup maintenant on se fait appeler "les jumeaux démoniaques" en référence même si les gens comprennent pas vraiment et qu'on a pas vraiment de points communs que ce soit au niveau du physique ou de l'âge

Elle m’avait raconté tout ça d’une traite, sans réellement reprendre sa respiration. C’était assez étrange, pourtant je n’en dis rien. Je n’avais pas assez de connaissance dans le domaine du mensonge ou autres facettes sociales pour pouvoir juger les autres. Puis, que savais-je de sa relation avec Noa en dehors de ce qu’elle me racontait. Puis, si je devais me prononcer quant à tout cela, j’espérais seulement qu’ils s’appréciaient assez pour veiller l’un sur l’autre. Aucun d’eux ne méritait de souffrir. Personne ne le méritait.
Après avoir retrouvé son souffle, la jeune femme reprit :

- Bref, voilà. Même avec nos six ans d'écart - je sais que je suis petite - on est les pseudos jumeaux. On se taquine pas mal, mais on s'entend plutôt très bien. En plus, il s'y connaît très bien en botanique, et il m'aide pas mal avec mon pouvoir qui a tendance à me causer pas mal de problèmes. Voilà, je me tais maintenant ! Et toi du coup, tu l'as rencontré comment ?

Au moins ils s’entendaient bien et ils s’amusaient ensemble. J’en souris tant j’étais contente que ce soit le cas. Le fait que les Saphir et les Rubis ne s’entendaient pas était une image qui semblait se détériorer, disparaître, au fur et à mesure que le temps passait. Cela serait une bonne chose et conviendrait mieux pour que tout le monde s’entende. Pourquoi nous catégoriser selon un caractère ? J’avais l’impression que cela nous amenait à nous séparer sans donner la chance aux autres parce que le caractère était opposé au nôtre. Au moins, avec Luxia, il semblait que nous ne nous laissions pas porter par ces séparations bien fictives.
Me concernant… comment avais-je rencontré Noa ? La réponse était assez simple en vérité. Je ne tardai donc pas à lui donner une réponse, pensivement :

- Lorsque je l’ai rencontré je travaillais ma biologie. Il m’a aidée à comprendre les notions sur lesquelles j’avais des difficultés, puis il m’a invitée à la piscine. En fait, je considère Noa comme un grand frère car il m’aide à comprendre la vie de tous les jours et qu’il m’a promis de me montrer comment on fait pour s’amuser. J’ai l’impression de lui devoir beaucoup…

Il était difficile de parler de cela sans penser à mon passé, aux raisons qui nous avaient amenés à cette situation. Pourtant, je gardai un fin sourire pour ne pas inquiéter ma camarade.

Code par Rin

Je me sentis soulagée que Luxia ne me pose pas de questions concernant mes méconnaissances. Mais, d’un autre côté, cela créa un silence un peu moins agréable. Je ne sais pas comment elle le ressentit, mais il me sembla de plus en plus lourd à mesure que les minutes passèrent. Il fut même un moment où je crus que la conversation s’arrêterait là, que j’y avais mis un terme. Je m’en voulu puisque cela n’avait pas du tout été mon but. Ma mine en fut donc plus fermée que plus tôt, jusqu’à ce qu’on arrive en vue de la maison Saphir. En effet puisque c’est le moment que choisi la jeune femme pour me poser une nouvelle question avant d’y répondre elle-même :

-Et sinon euh... D'où viens-tu ? Personnellement je suis française, mais ma mère est italienne.

De ce que j’avais pu apprendre de la géographie, la France et l’Italie étaient deux pays se trouvant l’un à côté de l’autre et qu’ils étaient au Sud de l’Angleterre. Mais c’était tout ce que je pouvais en tirer. C’était un peu triste pour moi et non encourageant à répondre, surtout en prenant en compte mes craintes. Je n’avais cependant aucune bonne raison de refuser cela à la jeune femme… Je cherchais donc une réponse simple et pas trop courte qui ne prendrait pas en compte mon passé. C’était quasiment impossible ! Je ne connaissais rien de mon pays d’origine, donc je ne pouvais répondre à aucune de ses questions si elle venait à m’en poser. Pourtant, je ne pouvais pas rester silencieuse… Alors, je choisis de rester le plus vague possible en croisant mentalement les doigts pour que la curiosité de Luxia soit moindre.

- Je viens du Japon, mais je ne me suis jamais considérée comme en faisant partie.

Ma voix avait plus tremblé que je ne l’avais voulu. Mince… ! Je m’en étais rendu compte mais ne me sentais pas capable de rectifier le tir. J’espérais donc qu’elle ne s’en était pas aperçue ou qu’elle passerait outre. Puis… comment pouvais-je continuer la conversation ? En parlant des cours ? Non car c’était un terrain glissant. Ses parents ? Pire ! Les pays qu’elle avait nommés ? Oh mon Dieu !! Déjà que je ne savais pas parler du mien, alors les deux autres, impossible !... Finalement, je finis par trouver un sujet. Certainement était-il bateau, mais au moins je donnais une suite à cette conversation :

- Tu as un hobby ?

Code par Rin

Pendant un instant, que ce soit avant ou après que je lui eue posé ma question concernant ses hobbies, j’eue la nette impression d’avoir créé une certaine gêne. Ne souhaitant pas qu’elle connaisse mon passé pour une raison que moi seule connaissait, cela avait peut-être été le cas, surtout si elle était mille fois plus sensible aux signes non-verbaux. Je ne savais pas réellement l’interpréter, ni être certaine que j’en sois la réelle fautive, surtout à ce moment-là. Heureusement, la Saphir brisa le silence qu’elle avait laissé s’installer, comme si elle réfléchissait :

-Et bien... J'aime beaucoup écrire, vraiment, et j'y passe beaucoup de temps, de temps en temps je chante un peu, mais je suis beaucoup plus timide quand il s'agit de ça que le reste du temps alors je reste assez discrète généralement, puis j'aime bien aussi dessiner et écouter de la musique. Ah, et niveau sports je fais pas mal d'escalade, que ce soit à l'extérieur aux arbres ou en salle. J'essayes aussi de m'intéresser à la botanique le plus possible, parce que j'en ai besoin pour utiliser au mieux mon pouvoir.

Je devais bien avouer que je me sentais jalouse. Elle semblait aimer faire tellement d’activités que je comprenais mieux pourquoi elle n’avait pas répondu sur le coup. Après tout on devait compter grosso modo pas moins de cinq hobbies. D’une certaine manière, je ne pouvais m’empêcher de me comparer à elle, surtout quand elle me demanda :

-Euh... Et toi ?

- Ce que j’aime le plus, c’est dessiner. J’ai un peu arrêté ces derniers temps, mais ça m’a permis de me mettre au sport. … Je ne fais rien d’exceptionnel puisque je me contente de courir sur le terrain d’entraînement généralement.

Je failli ajouter qu’à part cela je ne savais pas, mais me retins. En y réfléchissant, deux hobbies n’était déjà pas mal. Peut-être en avais-je plus puisque j’aimais écouter de la musique sans pour autant le faire constamment. Surtout pour me couper du monde. La musique et le sport, je les devais à Jïnn, énième ami qui avait disparu de la circulation sans me dire « au revoir ». Je commençais vraiment à croire qu’on ne m’aimait pas tant que ça. Pourtant, je voulais encore croire en les amitiés qui m’étaient chères. Je voulais croire qu’on ne m’abandonnerait pas si je venais à disparaître.
En attendant, je ne savais pas du tout comment continuer la conversation. Je n’avais pas l’habitude de parler de moi-même sans passer par la case « passé ». Il y avait un début à tout et je voulais qu’il soit le plus tôt possible. Mais, comme pour toute matière, il fallait un certain apprentissage à tout cela, chose que je n’avais pas du tout.

Code par Rin