Pourquoi pleures-tu petit chat? [PV Yumiko~]

Pendant longtemps je regardai à l’extérieur, toujours repliée sur moi-même. Trois jours. C’était le temps qui était passé depuis mon retour du Japon. Le soleil brillait, mais à mes yeux le paysage était terne. Certainement étais-je trop malheureuse pour me rendre compte combien il était en réalité magnifique. Mes difficultés me mettaient tout simplement un filtre gris devant mes yeux.
La matinée était avancée sans trop l’être quand la jeune fille aux cheveux roses se réveilla. Elle resta silencieuse quelques instants avant de me saluer :

-Bonjour bien dormi ?

Bien sûr, ne pouvant pas parler, je ne répondis pas oralement. Quoi qu’il fût plus juste de dire que je ne le fis pas du tout. La raison était toute simple : j’avais peur de sa réaction si je venais à lui dire la vérité, que j’avais mal dormi. Cependant, je n’eus pas vraiment à m’en inquiéter sur le moment puisqu’elle prit son portable qui, finalement, reposait à ses côtés. En comprenant qu’elle allait pouvoir lire mes mots, je fis un geste pour l’arrêter, mais il était trop tard. Je m’arrêtai donc au milieu de mon geste, fermant ma bouche dans le même temps, et je regardai ailleurs. En réalité, je ne savais pas si le fait qu’elle le lise soit une bonne ou mauvaise chose. Certainement comprendrait-elle mes douleurs, ou se poserait-elle plus de questions. Sa réaction serait-elle aussi douce que la veille, ou moins compréhensive ? Je n’en avais aucune idée et cela me faisait très peur. La surprise provoquée par son geste n’en fut que plus grande : doucement, elle m’avait prise dans ses bras comme la veille puis elle me fit :

-Je suis désolée... J'aimerais t'aider, alors dis-moi comment faire. En attendant je ne te laisserais pas seule !

Sincèrement, pour le coup, j’aurais réellement voulu parler. J’aurais voulu lui dire de vive voix ce que je pensais, la remercier et répondre à ses questions. Malheureusement, j’avais beau essayer, je n’y parvenais pas. A cause de cela, j’enfouie mon visage dans son épaule en serrant son pyjama aussi fort que mes poings me le permettaient. Ne cesserais-je donc jamais de laisser paraître mes maux à travers des larmes incessantes ? Cela allait très certainement lasser tous ceux qui m’appréciaient encore… non ?
Après quelques petites minutes, je la relâchai et essuyai mes yeux avec la volonté de m’arrêter sans y parvenir totalement. Je repris ensuite son portable pour lui répondre :

Je ne sais pas comment on peut m’aider. Je ne l’ai jamais su. Après tout, il est impossible de faire revenir les personnes qui sont mortes… Pour ce qui est de mon passé, je ne sais pas ce qui peut m’aider
Je ne sais pas

Tout comme je n’avais pas de solution à lui donner, je ne parvenais pas à dire autre chose. Mes pensées étaient comme focalisées sans que je parvienne à trouver du réconfort ailleurs. Oui, j’avais encore des amis, mais ne seraient-ils pas désespérés en me voyant dans cet état ? Ne seraient-ils pas dans l’envie de me laisser seule ? Puis, mes dessins ne seraient pas aussi ternes que le monde que je voyais ? … Non, je ne savais vraiment pas comment guérir mes blessures alors que celles d’autrui ne me résistaient pas, quand elles étaient physique surtout.

Code par Rin

Sans perdre patience, Caitlyn lut mon message avant de me caresser les cheveux. Ce geste eu pour effet de me faire rougir très fort en baissant la tête. Mais ce qui me surpris encore plus ce fut le massage qu’elle m’offrit une fois qu’elle fut passée derrière moi. J’eus quelques difficultés à me détendre, mais je la laissai faire.

-Le temps t'aidera, mais je serais là pour soutenir en attendant que le temps passe.

Je fus soulagée d’entendre ces paroles. Les questions ne tardèrent cependant pas à revenir me hanter. Et lorsque je serais guérie, serait-elle toujours là ? Allais-je réussir à me permettre de la revoir sans me dire que j’allais la déranger ? J’avais peur, encore une fois, mais je ne voulais pas l’inquiéter plus encore. Je n’en parlai donc pas. De toute façon, elle prit son portable et le regardai brièvement avant de prendre un air mélangeant la surprise et la peur. Que se passait-il ? Il ne se passa longtemps avant qu’elle ne coure vers la salle de bain pour se faire un brin de toilette et se préparer pour les cours. Alors nous étions en semaine ? Depuis mon retour je n’avais pas fait attention aux jours que nous étions, les voyant simplement défiler avec une lenteur exaspérante.
Avec de grands gestes, Caitlyn m’expliqua la situation et me convint à me changer. D’un autre côté, je pouvais comprendre qu’elle ne voulait pas que je reste là en attendant que les cours finissent. Après tout, nous ne nous connaissions pas encore réellement, n’est-ce pas ? Enfilant mon jean, mon tee-shirt et mon sweet à capuche, je ne pus m’empêcher de remarquer qu’elle sortit encore de la nourriture pour deux de sous son lit. Elle n’avait vraiment pas menti en prétendant avoir une réserve conséquente… Et, alors que je mettais mes chaussettes, je l’entendis me demander :

-Dans quelle classe tu es Yumiko ? Aller en cours devrait te changer les idées je pense tu sais ! Et puis je vais te laisser mon numéro au cas où, et si tu veux on peut se revoir entre les cours ou après, il ne faut pas que tu restes seule !

D’un geste, je lui demandai son portable afin de pouvoir écrire ma réponse. Pendant un moment, je réfléchis tout de même puisque deux semaines avaient suffi pour me faire oublier des détails que je n’étais pas certaine de retrouver. Je finis donc par lui écrire :

Je ne sais pas… je crois que je n’ai pas pu m’inscrire aux cours dernièrement
Es-tu sûre que c’est une bonne idée ? Je n’ai pas mon uniforme et je ne suis pas sûre de pouvoir suivre
Et si je viens à pleurer en pleine classe ?

Pendant un instant, j’hésitai à effacer ma question. Tant et si bien que je ne pus la cacher à ma camarade.

Code par Rin

Avant que je ne puisse prendre une décision concernant ma dernière question, Caitlyn reprit son téléphone pour pouvoir lire ma réponse. Face à cela, elle me sourit et, tout en prenant des feuilles sur son bureau et fouillant dans son armoire, elle me déclara :

-Ne t'en fais pas je resterais avec toi, je n'ai pas encore vu de prof refuser des élèves à un cours, qui plus est une élève aussi adorable que toi. Je peux te prêter mon uniforme, il te sera peut-être un peu grand, à voir. Pour ce qui est du vert des Émeraudes il te suffit de garde le manteau que tu avais hier avec la couleur des Saphirs dessus donc ça devrait aller. Je resterai avec toi, les cours te changeront les idées il suffit de se focaliser dessus. Le contrôle des chambres va bientôt avoir lieu c'est pour ça aussi qu'il faut y aller sinon ils vont croire qu'on sèche.

Le… contrôle des chambres ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Je n’étais pas au courant et en deux ans je n’en avais jamais vraiment vu. Certainement se faisaient-ils pendant que j’étais en cours ? Certainement.

-Tiens ma belle !

Bien que je fusse peu convaincue que des cours puissent me faire oublier quoi que ce soit, j’entrepris de prendre l’uniforme et de troquer rapidement les vêtements que je venais d’enfiler avec. J’étais alors bien contente de ne pas avoir mis de baskets mais des bottes… J’avais bien compris que certaines personnes jugeaient par l’apparence plus qu’autre chose. L’uniforme, en lui-même, fut effectivement légèrement trop grand mais pas assez pour le paraître réellement. Je suivis ensuite le conseil de l’Emeraude et mis mon manteau par-dessus l’habit obligatoire des cours pour cacher son symbole vert par le bleu que j’avais accroché à mon manteau. A ce moment-là j’avais simplement pensé que cela me permettrait d’être attachée à Tsuki sans penser un seul instant que je m’en servirai de la sorte par la suite.

Lorsque je fus prête à partir, non sans un gros stress que je tentais de cacher, je suivis Caitlyn en dehors du dortoir pour ensuite entrer avec elle en cours. Dehors, il restait encore une bonne couche de neige. Elle était belle et pure, comme si le monde tentait de rendre ce monde plus beau pendant cette saison froide et dépourvue de couleurs.
En entrant en classe, je découvris des personnes et un professeur que je ne connaissais pas. Bon ! Une chose était sûre : elle et moi n’étions pas dans la même classe en temps normal.

Code par Rin