Parlons un peu, mangeons aussi (PV Luxia)

Artemis a écrit:Hi Luxia,
Ça fait longtemps qu'on n'a pas discuté toutes les deux tranquillement! Du coup je t'offre un chocolat chaud et des gâteaux à la boulangerie du quartier touristique! Samedi vers 16h?
A +
Artemis

Voici le contenu du petit mot que j'ai trouvé dans mon casier. Bon bah... J'irai pas. VOILÀ! FIN DU RP! Nan sérieux, BIEN SÛR QUE JE VAIS VENIR! Sinon y'aurais pas de rp, et j'aurais pas dit "ok, j'veux bien faire un truc avec toi" à l'autre! 'Chuis pas mesquine à ce point, quand même. Quoique ça aurait pu être drôle. Mais non. En plus elle à l'air de vouloir me dire quelque chose, et même, j'l'aime bien la piccola ragazza. Puis comme j'irai pas en cours, de toute façon, ça m'occupera, et ça pourra pas être désagréable! Les beaux jours commencent à revenir, les fleurs éclosent les unes après les autres, J'AIME!!! Bref, le jour j, après être remontée dans mon dortoir désert à cause des cours, je me suis munie de mon casque et du mp3 de Noël, puis suis partie en ville, bien avant l'heure donnée, alors que l'autre était sûrement encore en train de s'endormir devant les cours magistraux d'un prof random. À moins qu'elle ait adopté la technique de la défenestration aussi, comme à peu près soixante quinze pour-cents des gens, j'ai l'impression.

Je me promène donc dans la ville, mon casque vissé sur mes oreilles, encore une fois, et regarde attentivement tout ce qui se passe autour de moi, la vie qui semble comme réapparaître à l'approche du printemps. Les gens à leur fenêtre, les marchands dans leurs boutiques qui réorganisent leurs vitrines... J'arbore un léger sourire en constatant toute cette agitation qui en réalité paraît presque harmonieuse. En même temps, avec de la musique, tout paraît toujours plus beau. L'heure du rendez-vous enfin arrivée, je me dirige vers le café indiqué par la lettre. Bon, du coup, je serai inévitablement un peu en retard. J'espère qu'elle m'en voudra pas.

Cinq minutes exactement après l'heure où j'aurais dû me présenter, j'arrive au café et aperçois ma colocataire. Je lui adresse un signe de la main pour qu'elle me repère et viens m'installer en face d'elle.

"-Salut! Ça va?"

"-Hi ! Ça va ! Et toi?"

Elle se lève et me fait la bise. Bien que je ne sois pas très tactile, je sais qu'il ne s'agit que d'une formule de politesse, et puis non seulement nous sommes françaises toute les deux mais en plus nous nous voyons tous les jours. Rappelons quand même que nous vivons dans la même chambre. Bref, je ne bronche pas et lui fais à elle aussi la bise comme n'importe quelle fille bien éduquée.

"-Ca va ça va!

-Je vais commander ! Tu prends quoi?"

Et elle me donne la carte. Un peu brusquement, mais ça n'est pas le problème. Je regarde en survolant, bien que je sache déjà ce que je veux. Je lui demande donc poliment, comme à mon habitude, un chocolat chaud. Elle revient quelques instants plus tard avec un plateau sur lequel sont disposées toutes nos commandes. Elle me donne ma tasse et s'installe avant de croquer dans un gros muffin. Je sirote moi aussi quelques gorgées de la boisson chaude, encore presque brûlante d'ailleurs, avant de la reposer et de demander avec un petit sourire:

"-Alors, pourquoi m'as tu appelée? Tu avais l'air de vouloir me dire quelque chose. Il ne se passe rien de grave j'espère!"

J'espère en effet, mais je ne m'inquiète pas vraiment. Il n'y a pas grand chose à craindre, et elle a l'air détendue. D'ailleurs moi aussi je le suis. Je crois que ça doit se voir. C'est une belle journée pour discuter avec une amie autour de bonnes boissons!

Elle met un petit instant avant de me répondre.

"-Non, rien de grave ne t'inquiète pas, j'avais juste envie de discuté un peu avec toi. Même si on est coloc' on a pas toujours le temps de s’asseoir et de parler. Et puis aussi, j'avais envie de venir ici, en ville au soleil, boire un chocolat chaud. Et à vrai dire, j'ai quelques questions sur des gens de l'académie, que je ne connais pas. Par exemple Noa, tu le connais depuis longtemps?"

Wow! Et bien, elle ne perds pas de temps! Elle passe directement dans le vif du sujet! Mais bon, ça me va. Et puis elle a raison, même si on partage la même chambre on ne se voit pas tant que ça. Puis même si on pourrait potentiellement parler en cours j'y vais jamais alors... Bref, je suis un peu étonnée, et je me demande un peu pourquoi cette question bizarre. Mais je lui fait confiance, et je n'ai pas vraiment de raison de lui cacher.

"-Noa? C'est l'une des premières personnes que j'ai rencontrées à l'académie. On s'entend super bien, malgré notre différence d'âge. Suite à un délire avec un gars qui faisait des théories complètement perchées, on s'est surnommés les jumeaux démoniaques, même si il serait plus un grand frère ahah! Et puis aussi, il s'y connaît vraiment super bien en plantes, et même si j'ai un père botaniste, je n'ai pas eu l'occasion de vraiment apprendre de lui, alors c'est Noa qui m'apprend à utiliser mon pouvoir de façon maligne. Et ils m'a appris quelques bases de self-défense, aussi. C'est un peu mon sensei sur ces sujets!"

Wow, j'en ai dit beaucoup! J'ai même parlé de mon père! Mais bon, Artemis est largement digne de confiance, et au pire si elle commence à s'aventurer dans ce qui la regarde pas, je lui dirai!

Elle n'ajouta rien. Même pas un "Ah ok" ou quoi que ce soit. Elle se contenta de boire une gorgée de chocolat chaud. Je la regarde un peu interrogatrice, comme si en réalité elle n'en avait rien eu à faire de tout ce que je venais de lui dire, quand elle enchaîne:

"-Hum, Luxia? Tu te souviens, à la saint Patrick? Quand Kupo est venu nous voir, et qu'il était tout gêné."

Je hoche la tête, me souvenant parfaitement, mais n'arrivant pas à deviner où elle veut en venir. Elle a radicalement changé du sujet et semble un peu embarrassée.

"-Et bien à ce moment là, j'ai utilisé mon pouvoir

-Et?"

Je continue de la fixer, interrogatrice, réellement incapable de voir où elle veut en venir. Je ne suis même pas certaine de savoir en quoi consiste son pouvoir. Ce n'était pas quelque chose qui consistait en la lecture d'émotions ou quelque chose de ce style?

"-Et j'ai sentis que Kupo t'aimais bien genre vraiment bien, et il avait l'ait triste que tu t'en rendes pas compte. Alors si tu ne l'aimes pas comme lui il t'aime, tu devrais lui dire tu ne crois pas?"

Ah. Je vois. There we go, let's talk about love. Non sérieusement, je n'ai pas (plus?) de notion d'amour. Ce mot est trop vague et trop fragile. Et là, on va me prendre pour une putain de cultivée, mais je vais citer UN BOUQUIN, et ouais, z'auriez jamais cru ça de moi hein?

Erik Orsenna a écrit:Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue:

Je
t'
aime

Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps. Trois mots reliés chacun par un tuyau de plastique à un bocal plein de liquide.
Il me sembla qu'elle nous souriait, la petite phrase.
-Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j'ai trop travaillé. Il faut que je me repose.

La grammaire est une chanson douce

***
Et oui, éternelle pessimiste, c'est comme ça que je voyais l'amour. Comme la phrase décrite dans le livre. Malade, usé et fatigué. Pour moi ça n'avait aucun sens. L'amour a toujours tout détruit autour de moi. C'est plus une arme que quoi que ce soit d'autre, car on ne détruit personne autant qu'avec son amour. Et je ne fais pas exception à la règle, j'en suis même un bon exemple. Cet amour qu'ils chérissent tant est la plus grande faiblesse des êtres humains. Que d'ironie... Mais je ne pouvais pas croire ses paroles, malgré tous les éléments qui penchaient en sa faveur. Avec un petit sourire, plus d'usage que réellement amusé ou joyeux, je réponds:

"-Excuse moi, mais je ne te crois pas. J'aimerais pouvoir dire le contraire, mais je ne crois pas du tout à ce genre de choses. À mes yeux l'amour est une chose futile, qui n'apporte que des problèmes. Et puis je doute que Kupo puisse ressentir ce genre de sentiment envers moi, comme qui que ce soit d'ailleurs. Je suis solitaire de nature. Et pourtant j'apprécie beaucoup Kupo, mais est-ce que ce que tu racontes est même possible?"

On entend à mon ton que je suis un peu perdue dans mes pensées et peu crédule, mais c'est vrai, tout ceci n'a aucun sens.