I'm quite a threat, I'm quite a mess. What do they know about that? [Terminé.]

Tes pas résonnent dans le couloir. Déterminé, tu te diriges vers le secrétariat, bien décidé à en savoir plus, à rétablir la vérité. Tu l’as croisé furtivement, le temps d’un cours à peine. Et pourtant, tant de questions trônent dans ta tête. Bon dieu, mais qui est-il ? Sorti de nulle part, avec son accent prononcé et ses traits à donner des frissons dans le dos, qui est donc ce nouveau professeur, fraîchement débarqué ? Tu attends patiemment, au guichet, le dossier que tu viens de demander. Le sien. Mais la secrétaire ne tarde pas à revenir, opinant du chef. Même si elle te le dit, tu le savais déjà : on ne peut pas accéder aux dossiers. Elle hausse brièvement les épaules avant de faire volte-face. Tu baisses le regard, dépité, prêt à retourner en cours, noyé dans ta déception. Et tu le vois. Elle a laissé le dossier, presque sous ton nez. Mitigé entre satisfaction et incompréhension, tu esquisses un bref sourire, attirant à toi le mince dossier, l’entrouvrant pour le parcourir. Les feuillets concernant le professeur sont peu nombreux, plutôt fins. Mais les lire t’apportera sûrement les réponses que tu es venu chercher…

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Cette fiche s’ouvre sur un nom, GEKITSUU Yuu. Masuta n’est donc pas son prénom ? Tu relèves le regard, plissant doucement les yeux, cherchant à comprendre. Tu prononces ce que tu pensais être son nom, Masuta, dans ta langue natale, britannique. Tu te souviens qu’il le prononce différemment. Alors tu tentes de te le rappeler et te le répéter à sa manière. Son accent nippon croque presque ce « u », il le prononce comme si son nom était Mas’ta, ou Masta… Tu te le répètes, et ton accent britannique reprend le dessus peu à peu… Masta… Cela sonnerait presque comme une prononciation paresseuse du terme Maître. Tes yeux pétillent, tu crois avoir compris. Et tu as raison. Vous croyiez tous que le prénom de votre professeur était Masuta, et vous vous trompiez. Tout ce temps, il se présentait comme Master Gekitsuu. Masuta n’est autre qu’un terme nippon, reprenant l’anglais Master. Tu esquisses un bref sourire, reprenant ta lecture.

Né le vingt octobre mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-huit, dans la ville de Tsu, au cœur de la préfecture japonaise de Mie, il a aujourd’hui un peu plus de vingt-huit ans. Sa mère était doctoresse, son père un éminent magistrat. Il a une petite sœur, âgée aujourd’hui de dix-sept ans, restée au Japon, auprès de leurs parents.

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Plusieurs dossiers d’écoles japonaises figurent dans le dossier. Si tous sont des copies d’originaux, et par conséquent rédigés dans la langue natale de l’homme, il y a par chance des fiches agrafées, comportant ce qui semble être une traduction, ou du moins un résumé. Tu constateras que le nouveau professeur a fait toutes ses études sur le territoire japonais. Très bon élève, il a poursuivi en attaquant une licence de physique-chimie à Tokyo, s’y éternisant jusqu’au doctorat, enchaînant huit années en tant que major de la faculté, devenant ainsi docteur en chimie analytique.

Très doué en linguistique, il a joué la carte de ses connaissances dans la langue de Shakespeare pour s’expatrier et se lancer dans le monde du travail à Londres. A vingt-cinq ans, il a commencé en donnant des cours de physique-chimie à la faculté de Cambridge. La suite, tu la connais déjà.

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Dans la partie médicale du dossier, tu verras une maladie inscrite : l’indifférence congénitale à la douleur. Vaguement détaillée, elle est indiquée comme une pathologie rendant la perception de la douleur impossible. Maladie de naissance, elle fut cependant décelée assez tôt, sûrement par la mère du jeune homme, lui évitant des séquelles irréversibles.

Maintenant que tu sais cela, tu comprends un peu mieux le nombre impressionnant de cicatrices couvrant le peu de chair que tu as vu. Et après tout, son allure si froide, ça doit être un peu dû à cette maladie…

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Le nom ne t’aidera pas vraiment, Dokuzetsuka. La traduction, langue de vipère, ne t’aide pas beaucoup plus. L’explication en revanche est croustillante.

Apparu alors qu’il n’avait qu’une dizaine d’années, sans pouvoir dater avec exactitude son apparition, il s’avère qu’un poison sommeille entre ses lèvres. Le sang s’y nichant constitue une sorte de venin, ayant les effets d’une drogue dont il dose la puissance. A l’heure actuelle, le professeur semble en avoir un contrôle total, seul son dosage reste à travailler, ou du moins à améliorer.

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Un sourire de satisfaction se dessine sur tes lèvres alors que tu refermes le dossier, reprenant ta route pour vaquer à tes occupations. Enfin tu en sais plus, enfin tu as ces informations en main pour mieux comprendre cet étrange homme qui sera désormais ton professeur. Mais ce que tu ne sais pas, c’est que peu importe le nombre de fiches que tu pourras trouver, certaines choses resteront à jamais un secret. Seul lui sait, seul lui pourrait te dire… Mais le fera-t-il ?

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Ce que tu ne sauras peut-être jamais, c’est que Yuu n’a pas toujours été ce colosse glacial et imperturbable qui se dresse à ce jour face à toi. Lorsque le jeune homme était plus jeune, il s’avérait être un vrai bouillon de joie de vivre et de candeur.

Malgré la pathologie l’affectant, Yuu vivait comme tous les autres enfants, et profitait de la vie. Très doué et épanoui dans sa scolarité, il tentait de contenir son aspect très casse-cou et sportif, pour éviter de se blesser outre-mesure, et surtout éviter de contrarier sa mère. En plus de se défouler grâce aux arts martiaux, il se concentra dans des activités plus cérébrales, et appris à jouer de plusieurs instruments.

Un peu avant son dixième anniversaire, sa mère constata une corrélation plutôt étrange. Dès que Yuu se blessait au niveau des lèvres, il éprouvait quelques instants plus tard une euphorie inexplicable, un épuisement soudain, se retrouvant dans un état second. Mais l’inverse était également valable : dès lors que Yuu se retrouvait dans cet état, on constatait qu’il s’était mordu la langue ou l’intérieur des joues, causant un saignement plus ou moins important. L’association de faits ne fut pas compliquée à établir.

Peu de temps après ses onze ans, sa petite sœur vint au monde. Par chance, non touchée par la maladie de Yuu, elle se présentait comme un petit être, délicat et chétif. Si le jeune homme était plutôt grand par rapport aux enfants de son âge, sa sœur était tout l’inverse. Elle était la prunelle de ses yeux, et il se voulait protecteur à souhait avec elle. Cette complicité ne fana jamais.

Avec l’adolescence, Yuu compris un peu mieux le fonctionnement de l’être humain. Etre gentil ne lui causerai que des ennuis, que des problèmes. Etre insensible à la douleur était utile. Mais ça ne le protégeait pas de ce qui faisait réellement mal : la méchanceté des autres, leurs remarques, leur attitude. Son corps avait pu le protéger des blessures physiques, il pourrait en toute logique le protéger de celles psychologiques. Dans cette optique, Yuu se forgea une carapace. Plus le temps passait, plus il devenait aux yeux du monde cet homme froid, impassible, distant et incassable.

Après avoir quitté son pays, Yuu se concentra sur sa carrière. Les femmes n’étaient pas sa priorité. Elles étaient toujours trop vénales, ou trop effacées. Et son caractère n’arrangeait rien à la chose. Il aimait partager leurs nuits, mais ne voulait pas d’elles dans sa vie. Il préféra se fixer sur son travail, son entretien personnel, et poursuivre sa petite routine.

Jusqu’au jour où une lettre arriva. Une lettre de l’académie. Bientôt trois ans qu’il enseignait à Cambridge, c’était l’occasion pour lui de changer. De tester autre chose. Et un établissement d’une qualité pareille n’était pas à refuser. Ses bagages faits, il fit son apparition à l’académie Tsuki.

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Masuta Gekitsuu était là, son savoir et ses secrets en poche. Tenteras-tu d’en apprendre plus sur les mystères de la physique-chimie, ou sur ceux du professeur te les dévoilant ?