Ouaip fille de botaniste! 'Chuis sûre t'aurais jamais deviné! [Pv Masuta]

La matinée avait été chargée pour moi, mais il me restait du temps libre avant le repas. J’étais à jour dans mon travail personnel, et n’avait aucun cours de prévu. Je pouvais voir, par la fenêtre, que le printemps s’était décidemment installé dans le coin… Les rayons du soleil perçaient à travers les feuillages, et la faune et la flore reprenaient le dessus, repointant le bout de leur nez.

Je décidais de détacher ma cravate pour la glisser dans ma sacoche, d’ouvrir quelques peu ma chemise et de défaire mon chignon serré pour le transformer en une queue de cheval bien plus lâche. Sortir faire un tour, fumer une cigarette et errer dans le parc intérieur à l’académie me semblait être une bonne idée. La majorité des élèves étaient en cours à cette heure-ci, ce qui me donnait une heure avant le repas, pour profiter de la nature.

Depuis mon arrivée en Angleterre, il y a trois ans, j’avais toujours regretté l’environnement nippon. Que ce soit les plages bordant la mer de Kumano, ou le parc d’Ise Shima, mon enfance avait été bercé par cette nature sauvage et envoûtante. Et même durant mes études supérieures, passées à Tokyo, je prenais toujours le temps, durant les week-ends, de profiter du pays. Ici, j’avais l’impression de devoir m’éloigner pour voir des terres plus sauvages. Les parcs me servaient de refuges, si je puis dire, pour retrouver une pointe de nature.

J’arpentais les chemins pavés reliant les différentes ailes, d’une manière nonchalante, tout en détaillant le parc. Les rayons du soleil printanier se laissaient happer par le noir de ma veste, me donnant de délicats frissons. Engouffrant ma main dans ma poche intérieure, j’en profitais pour saisir mon paquet de cigarettes mentholées, et un briquet. Glissant le filtre entre mes lèvres charnues, j’allumais l’extrémité, profitant d’une bouffée en rangeant mes ustensiles. Je n’avais pas de cours à donner à cette heure-ci, et c’était le moment idéal pour prendre une petite pause.

Prenant de légères bouffées en avançant dans l’allée, j’aperçus un peu plus loin, dans les jardins, une jeune fille. M’orientant vers cette dernière, une lueur m’intrigua quelque peu. Assise en tailleur face à un plant, de quoi prendre des notes à ses côtés. Jean, chemise jaune, casque et sac à dos bleus, la demoiselle à la chevelure blonde dégageait la fameuse lumière émanait de ses mains. Son pouvoir j’imagine…

Elle semblait un peu plus jeune que ma sœur, à vue d’œil. Peut-être pour cela que je portais plus d’intérêt à ses faits qu’à ceux d’un élève lambda, que j’aurai pu croiser au détour de ces bâtiments. J’étais là pour aider après tout, et le fait de partager un pouvoir avec eux faisait que je me sentais concerné, presque naturellement, et contrairement à mon caractère de base.

M’arrêtant à quelques pas d’elle, je croisais les bras, finissant ma cigarette en silence. J’observais cette jeune fille, cherchant à comprendre les visées de son pouvoir. Après tout, ce qui touchait de près ou de loin à la science m’intéressait… Je restai là, patientant, pour ne pas la déranger. Peut-être même pourrais-je l’aider…

To be continued ...

Alors que ma cigarette se consumait à son rythme, une fleur prenait vie devant la jeune femme. Malgré la distance, je pouvais constater qu’elle ressemblait presque traits pour traits à celle lui faisant face. « Presque », car je n’étais pas assez proche pour confirmer qu’elles étaient identiques physiquement. Et que seule une analyse plus poussée aurait pu affirmer ou infirmer des similitudes au point de faire allusion à un clonage. La demoiselle prit des notes sur son carnet, à l’aide d’un stylo plume bleu – ce qui semblait être une couleur qu’elle portait dans son cœur.

Son casque s’ôtant de ses oreilles, je repris une bouffée de ma cigarette, continuant à détailler la jeune fille, et sa création. Je me posais des questions notamment quant au procédé auquel elle faisait appel, ainsi que les étendues de ce dernier. En scientifique – et passionné de nature surtout -, pas mal de réflexions se chamboulaient en moi, malgré mon silence. Relâchant la fumée délicatement, la laissant s’échapper de mes lèvres sans la forcer dans sa répartition ou sa dispersion, je vins croiser légèrement mes jambes.

Alors qu’elle sortait son téléphone, sûrement pour couper la musique qui devait se diffuser dans son casque, je compris à l’angle étonnant que ce dernier prit ainsi qu’aux réfléchissements qu’il lui servait d’alternative à un miroir. Cette sensation d’être épiée et de ne pas être seule avait dû l’envahir alors qu’elle n’avait plus besoin de se concentrer.


J’esquissais un léger sourire en coin, prenant la dernière bouffée de ma cigarette avant de la jeter dans une poubelle prévue à cet effet non loin, secouant doucement ma tête de droite à gauche. Si son ton était teinté d’une condescendance légère, elle marquait cependant ce qui aurait pu s’apparenter à une pointe de respect par nécessité, et non par bon-vouloir.

Peut-être à mon allure ou à mon attitude voyeuriste devait-elle me prendre pour un surveillant, ou pour un de ces professeurs qui arpentent les bâtiments à la recherche d’élèves à qui infliger des remontrances plutôt que de se concentrer sur leur visée initiale : enseigner. Décroisant mes bras, je m’approchais doucement en nonchalamment de la demoiselle, venant m’accroupir à ses côtés, laissant échapper un petit rire narquois, tentant de capter son regard dans le mien.


Effaçant le petit sourire que j’avais sur le visage, je concentrais alors mon regard sur la plante et son original. De plus près, elles gardaient cet aspect très similaire. Cela ne ressemblait pas à une création de plante similaire, mais plutôt à une copie. Que ce soit la fleur en elle-même, la tige ou les feuilles, tout semblait identique. Le sépale se répandait de la même manière autour de la corolle, et les étamines semblaient avoir subi une pollinisation identique. Même les quelques défauts, ou marques de vieillissement à l’extrémité des pétales étaient les mêmes… Continuant mon observation minutieuse, je vins tendre ma main à la jeune fille.


Si son pouvoir était de « cloner » des végétaux, je pourrai lui être très utile. Notamment pour tester certaines propriétés des plantes… Comme les réactions épidermiques, notamment… Moi qui ne ressent pas la douleur.

To be continued ...

Alors que mon regard parcourait la fleur qui venait de prendre vie, la jeune femme rangea son carnet de notes avant de se redresser. Je me contentais de simplement relâcher la main qu’elle avait refusé de serrer, la laissant retomber contre ma cuisse, alors que mes yeux se plissaient de sorte à analyser les moindres détails de la plante.


Me contentant d’esquisser un sourire en coin, je restais accroupi malgré que la jeune fille soit maintenant debout. A l’écouter, elle était agent secret en infiltration dans la Maison Saphir. M’enfin… En comparant le caractère de cette Luxia à celui des élèves que j’avais rencontré appartenant à cette maison, cela sonnait plus vrai que jamais.


Haussant l’un de mes sourcils, je tournais finalement à nouveau la tête vers la jeune fille, opinant doucement du chef. Un pouvoir permettant de recréer la flore, intéressant… L’apparence semblait pour moi identique. L’ADN serait à analyser, mais je pense que si certains détails changeaient au niveau moléculaire, ce ne serait pas un souci. Ou du moins, tant que les effets restaient identiques. Transformer une camomille en puissant énergisant pourrait être problématique si elle souhaitait, par la suite, utiliser ses plantes. Mais sur ce point, je pouvais l’aider. Et ce, dans l’immédiat.



Me redressant et replaçant ma veste correctement, je guettais toujours la jeune femme. Détachant les boutons de ma manche droite, sur ma veste puis sur ma chemise, je remontais mes manches, dévoilant mes avant-bras. De nombreuses cicatrices diverses, plus ou moins anciennes, couvraient ma peau. Je repris alors d’une voix posée.

To be continued ...

Les lèvres de Luxia se déformant en une grimace et ses sourcils se fronçant me font deviner que ma proposition ne semble pas l’intéresser. Elle prend finalement la parole, me paraissant quelques peu moins froide que lors de ses premières répliques.


J’opine doucement du chef, étirant mon sourire en replaçant mes manches correctement, les reboutonnant avec une attention toute particulière. Ce n’est pas parce que ma chemise est entrouverte et que ma cravate est gentiment rangée dans ma sacoche que je dois paraître négligé. De ma voix éraillée par le temps et définitivement rauque, je reprends la parole, à mon tour.


Me contentant de décrocher un ultime sourire à la demoiselle, je reportais mon regard sur la fameuse plante. Elle devait s’en douter, mais elle avait peut-être – et très sûrement – un pouvoir grandiose au creux de ses mains. Un peu une graine de Mère Nature... A première vue, elle pouvait créer un duplicata sans altérer la plante qu’elle imitait… En soit, elle pouvait faire en sorte qu’une plante, seule et isolée de son espèce, puisse trouver un partenaire de reproduction, et par conséquent palier à certaines extinctions…

Mon regard s’égarait sur les pétales à mesure que mes pensées divaguaient, toujours plus loin. Décidemment, les élèves et pouvoirs dont regorgeaient cette école étaient tous plus hallucinants et surprenants les uns que les autres… Et celui de Luxia me fascinait. Elle semblait jeune. J’avais l’air d’avoir le double de son âge. Et pourtant, à voir ce qu’elle savait déjà faire… La suite promettait d’être des plus impressionnantes.

To be continued ...