Beau temps pour un entraînement (wow, original) [PV Aleïsha]

Il me semble que, ces temps-ci, j'ai souvent des temps libres ou disons plutôt que je les remarque d'avantage. Aujourd'hui, par exemple, le temps est ensoleillé. Je pourrais prendre l'un de mes livres et sortir dehors pour lire ou encore prendre ma boite à crayons de bois ainsi que mon cahier de dessins et dessiner, mais par un temps pareil, comment voulez-vous diable que je reste immobile assise sur un banc ou dans l'herbe ? J'ai eu une meilleure idée pour occuper mon temps. Il fait soleil ? Eh bien tant mieux, ça fait une lumière géante, c'est tout ce dont j'ai besoin !

Vêtue de shorts gris pâles et d'un vieux chandail noir sur lequel on peut discerner des tâches plus foncées... Oui, car il y a certaines matières qui tachent même les tissus noirs, comme le sang, par exemple... Bref, donc avec mon vieux t-shirt taché, parce que je fais jamais attention à mes limites et mon sac dans lequel je range une bouteille d'eau et un rouleau d'essuies-tout, je me dirige vers le terrain d'entraînement d'un pas décidé, ayant même pris l'initiative d'attacher mes cheveux en queue de cheval remontée. D'ailleurs, j'économise tellement depuis que je ne les teints plus en noir, mais bon chaque chose a da raison d'être et même sans teinture je peux bien rester le corbeau que je suis.

Une fois arrivée à destination, je dépose mon sac dans l'herbe bordant le terrain et m'avance sur celui-ci, me demandant par quoi commencer, car je réalise que je n'avais pas vraiment fait de planification. En effet, j'avais la tête dans les nuages durant tout ce temps et ce n'est peut-être pas plus mal, car l'improvisation peut donner lieu à de grandes choses. Quoiqu'il en soit, je me décide à simplement commencer par créer un petit cercle d'ombre que je vais essayer de faire grossir de plus en plus et après je verrai, si toutefois je n'ai pas perdu connaissance d'ici là... Bon, allons-y.

Je fixe un point imaginaire au sol et me concentre sur ce point. Sans trop d'efforts, je parviens à le faire noircir. Je le fais bouger un peu, rien que pour la forme, puis voilà, maintenant il ne reste plus qu'à le faire grandir.

J'errais dans les bois depuis déjà un moment. J'avais passer la dernière heure à revenir sur mes pas. Plus tôt, je m'étais aventurée trop loin et j'avais réussit à me perdre. Quel genre d'assassin se perds dans les bois! Enfin, j'avais repéré une souche que j'avais vu sur mon allé et je pu me retrouver relativement facilement.

J'arrivais à la bordure du terrain d'entrainement et vis ... enfin, je ne vis que certains des objets autour du terrain d'entrainement.Plusieurs plantes et autres avaient disparues face à un pouvoir. Quelqu'un s'entraînais. Je vis alors une fille, ce devais être elle qui s'entraînais. Notre pouvoir était semblable, et je me demandais si elle avait un meilleur contrôle du sien, que moi du mien.

Je m'avançais prudemment, je ne voulais pas l'effrayer et devenir la victime de son pouvoir! M'approchant à pas de loups, je m'avançais vers elle. J'hésitais, si je lui parlais, elle serai surprise. Si je posais ma main, sur son épaule, je pourrais la surprendre quand même.

Je restais planté là, à quelques centimètres d'elle en ne sachant pas quoi faire. Moi et les relations humaines... Mais j'étais venue à l'Académie aussi pour me faire des amis, en dehors de ma famille d'assassins. Et pour ce faire, il fallait entrer en contact avec d'autres gens.

J'inspirais un bon coup et approchais ma main très lentement de son épaule, en priant pour ne pas la faire sursauter.

-Pardon, je euh, je suis Aleïsha et euh, je me demandais si on pourrait s'entraîner ensembles? C'est que, euh, nos pouvoirs sont similaires ...

De plus en plus embarrassé, je me tus et fixais l'endroit ou se seraient trouvés mes pieds. J'espérais ne pas avoir dit ou fait quelque chose de travers en ces quelques mots. Je n'étais tellement pas douée avec les gens...

Tout se passe bien, jusqu'à ce que le cercle d'ombre au sol atteigne deux mètres carrés. À partir de là, plus rien ne se passe. Je fronce inconsciemment les sourcils, comme si ça allait changer quelque chose, mais j'ai beau me concentrer autant comme autant, il semblerait que le cercle sombre ait atteint sa taille maximale. Je serre les dents. Allez, je peux probablement faire mieux !

Je ne sais pas si c'est l'effet de la concentration ou plutôt celui de la fatigue, mais je commence à me sentir étourdie. C'est à ce moment que je sens que quelque chose me touche l'épaule. Quelque chose ou plutôt quelqu'un. Surprise, je me retourne pour découvrir une demoiselle que je n'ai jamais rencontré au par avant.

-Pardon, je euh, je suis Aleïsha et euh, je me demandais si on pourrait s'entraîner ensembles? C'est que, euh, nos pouvoirs sont similaires ...

Je la regarde d'un air interloqué durant un instant, pendant qu'elle baisse la tête, puis je capte avec retardement ce qu'elle demande. Sur le coup, je perds ma concentration et laisse l'ombre disparaître au sol. Je souris et me gratte la tête, un peu gênée.

- Ah oui, pardon, excuse-moi, j'étais dans la lune, haha. Enchantée de faire ta connaissance, Aleïsha, moi c'est Tori.

Je lui tends la main amicalement pour la mettre à l'aise, car visiblement elle semble légèrement, comment dire ? Non pas timide, mais peut-être insécure ?

- Je ne savais qu'il y avait des gens autour, j'étais concentrée... Eumh, donc tu disais que tu avais un pouvoir semblable ? De quoi s'agit-il ?

Comme souvent, la curiosité l'emporte sur la politesse. Autant rentrer dans le vif du sujet, si elle est venue sur le terrain, après tout.

- Ah oui, pardon, excuse-moi, j'étais dans la lune, haha. Enchantée de faire ta connaissance, Aleïsha, moi c'est Tori.

Tori me tends la main et surprise, je prends quelques secondes avant de réaliser que je n'avais pas bouger d'un poil. Je relève les yeux et lui tends ma main. Je serre sa main doucement, la sienne est tellement petite dans la mienne que je ne veux pas l'écraser!

- Je ne savais qu'il y avait des gens autour, j'étais concentrée... Eumh, donc tu disais que tu avais un pouvoir semblable ? De quoi s'agit-il ?

Je souris et baissais le regard pour tomber avec le sien. Question d'habitude quand on est une fille qui mesure 6 pieds!

-Ton pouvoir, c'est une sorte d'ombre, c'est sa ? Moi, c'est du brouillard, qui coupe les sons. Mais je ne peux pas le laisser apparent pendant longtemps.

Je fis une sorte de grimace qui démontrais mon état d'esprit: J'étais fâchée de ne pas pouvoir contrôler mon pouvoir plus longtemps, mais je ne pouvais que continuer de m'entraîner.

Je m'approchais encore un peu plus de Tori, pour qu'elle comprenne vraiment le fonctionnement de mon pouvoir. C'était tout une difficulté pour moi, règle numéro 1 chez les assassins, ne laisse personne connaître tes armes. J'inspirais un bon coup et me concentrais. Heureusement la journée n'était pas venteuse, ce serai beaucoup plus simple pour moi.
Je fermais les yeux et visualisait le brouillard. Il commença a apparaître sur le sol, dans un rayon de 10 mètre autour de moi. Je le fis monter progressivement autour de nous, plus la brouillard montais, plus ma concentration était importante. Heureusement, rendu a une certaine hauteur, le brouillard bloquait les sons ambiants et me permettais de mieux me concentrer. Je fis monter le brouillard à deux pieds au dessus de moi et le stabilisait. Si je ne voulais pas être aveugle un certain temps, je ne devais pas trop forcer.

Je rouvris les yeux et regardais Tori. Je m'étais approchée d'elle au début pour cette raison. Quelqu'un de très proche de moi, pouvais me voir, mais au delà de 30 centimètre, on ne me verrais plus.

-C'est chouette non?

Je sentie un léger picotement au niveau de mes yeux et je laissais mon pouvoir s'évanouir. J'avais voulu impressionnée Tori et avait créé mon brouillard rapidement, mais pour cette raison je ne pouvais le garder plus longtemps en effet.

J'avais la respiration lourde et toujours les yeux qui picotaient, mais je savais qu'en restant tranquille sa irai mieux bientôt.

-Alors, qu'est-ce que tu en dis?

Elle n'hésite aucunement à répondre à mon interrogation.

-Ton pouvoir, c'est une sorte d'ombre, c'est sa ? Moi, c'est du brouillard, qui coupe les sons. Mais je ne peux pas le laisser apparent pendant longtemps.

J'hoche affirmativement la tête en guise de réponse à sa question, puis continue d'écouter. Son pouvoir est donc de créer un brouillard, si je comprends bien. Vu la description qu'elle m'en fait, doit être pratique, peut-être pas toujours pour passer inaperçu, car de la brume ça peut se voir, mais plutôt pour étouffer les sons... Ça me rappelle la fois où Célestia et moi étions poursuivies par trois colosses pas très sympathiques et qu'elle avait utilisé son pouvoir pour rendre notre fuite silencieuse. On l'avait échapper bel. Toutefois, j'en reviens à l'instant présent, Aleïsha mentionne que son brouillard est plutôt éphémère. Ce n'est pas que je ne la croit pas, mais à mes yeux, tout est une question de relativité. Le temps, c'est pareil. Donc ça dépend de la vision de chacun.

L'explication la plus simple étant la démonstration, le jeune femme se rapproche de moi et j'en profite au passage pour remarquer nos différences de taille, ce qui est légèrement intimidant. Tout d'abord, il ne se passe rien... Wow, Tori, tu m'étonnes qu'il se passe rien au début ! Je roule discrètement des yeux. Je fais les meilleurs descriptions du monde. " Tout d'abord, rien, puis ensuite, un truc ! " Bref. Au bout de quelques instants, de la brume apparaît et s'élève progressivement dans les airs. Elle est d'ailleurs plutôt épaisse, je m'attendais pas à ce que ça le soit autant. Pour faire un test, je tends mon bras gauche le plus loin possible devant moi et je ne vois à peu près pas ma main au bout. Je comprends maintenant ce que Venda doit ressentir depuis son accident. Eden m'a donné quelques précisions, mais voilà, j'avais de la difficulté à visualiser ce que ça devait être d'avoir une vue de 3/10.

Sentant le regard de ma camarade posé sur moi, je me tourne vers elle.

-C'est chouette non?

- Ouais, vraiment.

Je continue " d'observer, même si on ne voit rien en fait, puis me rends compte que déjà la brume s'estompe. Finalement, elle avait raison lorsqu'elle disait que ce n'était pas long, mais c'était génial malgré tout.

-Alors, qu'est-ce que tu en dis?

J'opine en levant un pouce en l'air.

- Ça donne l'impression d'être invisible du reste du monde... Par contre, j'avais presque peur qu'un truc nous saute dessus à n'importe quel moment.

Je ris un peu, avant de reprendre :

- Je peux faire quelque chose d'autre dans un style un peu différent, par contre, je dois y aller seule... La dernière fois que j'ai essayé de faire venir quelqu'un avec moi, ça s'est terminé par deux jours dans le coma...

Je me gratte la tête, un peu gênée.

- Je ne suis pas très fière de cette histoire... Bref, laisse-moi te montrer la technique d'espionnage par excellence.

Je me concentre pour faire réapparaître une ombre sur le sol, sans même me donner la peine d'emprunter celle d'Aleïsha. On verra plus tard, mais pour le moment je vais la lui laisser. Je m'assure que la projection sombre soit assez grande, puis je me penche et appuie délicatement dessus avec ma main gauche. Je m'enfonce comme dans du sable mouvant et disparaît complètement au bout de quelques secondes.

À l'intérieur, je me réceptionne par une culbute et me redresse. Je donné signe de vie à Aleïsha pour qu'elle évite de s'inquiéter.

- Tadam, disparue ! Bon, par contre, le problème c'est que c'est pas insonorisé, du coup on peut entendre tout ce que je dis, mais c'est peut-être pas plus mal.

Suite à quoi, je prends mon élan et ressors pour éviter de me fatiguer. Tour de magie, accompli !

- Ça donne l'impression d'être invisible du reste du monde... Par contre, j'avais presque peur qu'un truc nous saute dessus à n'importe quel moment.

Je fronçais les sourcils, j’étais tellement habituée au danger, que quelque chose me saute dessus, généralement pour me tuer, que je n’avais plus cette peur dont Tori venait de parler. Mais il était évident qu’elle n’avait pas eu le genre d’enfance que j’avais eu alors il était normal qu’elle ait cette peur. Avant que je puisse répondre quoi que ce soit, elle dit,

- Je peux faire quelque chose d'autre dans un style un peu différent, par contre, je dois y aller seule... La dernière fois que j'ai essayé de faire venir quelqu'un avec moi, ça s'est terminé par deux jours dans le coma…

Elle rit un peu. Dans le coma? Wow, ce devait être quelque chose de sacrément puissant pour qu’elle tombe dans le coma ensuite! J’étais curieuse de voir ce que c’était, évidemment, j’aurais aimer … aller avec elle? Mais si la conséquence était le coma, je pouvais bien m’en abstenir!

- Je ne suis pas très fière de cette histoire... Bref, laisse-moi te montrer la technique d'espionnage par excellence.

Une ombre apparut alors, et en quelques secondes, Tori s’y enfonça dans une sorte de glissement et je ne la vis plus. J’haussais les sourcils, surprise. Wow, sa c’était vraiment impressionnant!

- Tadam, disparue ! Bon, par contre, le problème c'est que c'est pas insonorisé, du coup on peut entendre tout ce que je dis, mais c'est peut-être pas plus mal.

J’éclatais de rire face à son dernier commentaire. C’est sur que cet aspect là était moins pratique, mais quand même! Se créé un genre d’espace alternatif temporaire… c’était parfait pour se cacher d’ennemis potentiels. Tori aurait pu faire l’assassin par excellence … Non, assez Aleïsha, cette vie est terminé, concentres-toi sur ta nouvelle vie. D’un élan, Tori ressortit du trou temporel et se retrouva devant moi.

-Je suis vraiment impressionnée, c’est génial comme pouvoir! Sa dois t’avoir affaiblis pas mal, si la dernière fois tu t’es retrouvée dans le coma. Si tu veux, on peux s’asseoir un peu, pour discuter.

Je virais au rouge après cette dernière phrase. Je ne voulais pas qu’elle croit que je voulais… enfin que je… Je m’éloignais un peu, plus confuse que jamais.

-Euh, sinon je peux aussi continuer de m’entraîner, c’est pas en restant les bras ballants que je vais mieux contrôler mes pouvoirs…

Sentant que ma conversation ne faisait aucun sens, je me tus et fit apparaître du brouillard autour de moi. Cette fois, je m’efforçais de le faire apparaître en sens inverse, à commencer des airs jusqu’au sol. Mais c’était beaucoup plus difficile, l’eau était moins présente dans les airs que dans le sol. Je me concentrais un peu plus, et mes yeux se mirent à picoter encore. Allez juste un peu plus … Cette fois je ressentis une vive douleur me lacéré les yeux, j’avais trop forcer. Encore. Je relâchais mon pouvoir et ouvrit les yeux. Sa ne me servit pas à grand-chose, je ne voyais que des formes indistinctes, comme si j’avais un brouillard devant les yeux. Au moins, je m’évitais la migraine. Pour l’instant.

Je me tournais vers Tori, ou enfin, vers le point noir devant moi que je supposais être Tori. Je lâchais un mi-sourire, mi-grimace et dit;

-Bon, finalement, a moins que tu souhaites encore t’entraîner, je vais devoir déclarer forfait pour aujourd’hui!

Je me laissais tomber silencieusement sur le sol et m’assis en indien. Je savais que mes yeux devaient être tout blanc. Comme ceux d’un aveugle. Mais cela ne me dérangeait pas. Je sorti mes lunettes de soleil, au cas ou Tori serai effrayée, mais ne les mis pas tout de suite.

-Je suis vraiment impressionnée, c’est génial comme pouvoir! Sa dois t’avoir affaiblis pas mal, si la dernière fois tu t’es retrouvée dans le coma. Si tu veux, on peux s’asseoir un peu, pour discuter.

Les effets secondaires sont un peu plus complexes à définir que l'affaiblissement et je ne sais même pas si le coma y était directement lié à l'énergie déployée ou bien si c'est parce que j'ai reçu un coup à la tête en étant éjectée à cause de la lueur de Daaf ou je ne sais quoi encore. Cependant, je n'ai pas envie d'embrouiller Aleïsha en tentant de lui expliquer, alors je laisse les choses comme elles sont. En guise de réponse quant à sa proposition, ne remarquant même pas que mon interlocutrice venait de rougir, j'hausse les épaules et dis :

- C'est comme tu veux... Je n'ai pas de problème avec ça.

Elle prend de la distance, sans que je ne comprenne pourquoi. Est-ce qu'elle serait embarrassée ? Ou intimidée ?... Non, je penche plus pour la première option.

-Euh, sinon je peux aussi continuer de m’entraîner, c’est pas en restant les bras ballants que je vais mieux contrôler mes pouvoirs…

Je n'ai pas le temps d'ajouter quoique ce soit que déjà, je vois de la condensation brumeuse en l'air. Bon eh bien, comme il lui plaira. Cela dure un petit moment, puis le brouillard s'estompe et Aleïsha se retourne vers moi. Évidemment, je ne manque pas de remarquer le changement dans son regard, mais je ne bronche pas. Ce n'est plus ce genre de détail qui m'effraie depuis longtemps et puis ça me fait un peu penser à Storm des X-Men... Faudrait peut-être que j'arrête avec mes références Marvel et DC. Elle, je crois bien qu'elle vient d'abuser de sa capacité... Aïe aïe aïe, ça me rappelle une certaine fille maladroite qui avait tenté de faire diversion une fois.

-Bon, finalement, a moins que tu souhaites encore t’entraîner, je vais devoir déclarer forfait pour aujourd’hui!

Je la regarde presque s'écrouler au sol. Non, mais comme si j'allais la laisser tout bêtement dans cet état pour continuer l'entraînement. Inquiète, je m'accroupi devant elle.

- Tu ne préférerais pas plutôt que je te reconduise à l'infirmerie ? Je connais bien l'infirmier, il est très sympathique.

J'attends un instant, puis ajoute :

- Allez, je vais te donner la main et t'aider à marcher. Règle de base numéro un : quand on est embarrassée et qu'on veut faire diversion, on évite d'utiliser son pouvoir. Crois-en mon expérience, ça ne peut causer que du tort.

Inutile de parler de la fois où, dans le local d'art, j'ai paniqué lorsque Marco m'a demandé ce que je dessinais et que j'ai tenté de faire diversion en faisant bouger son l'ombre, mais trop rapidement. Le résultat fut plutôt catastrophique : gros saignement de nez, panique de Marco, renversement d'armoires en voulant m'aider, débris de vitre sur le plancher du local, perte de connaissance de Marco après qu'il ait tenté de changer les armoires en or, je sais plus pourquoi d'ailleurs... Bref, c'était pas très glorieux comme journée.

- Tu ne préférerais pas plutôt que je te reconduise à l'infirmerie ? Je connais bien l'infirmier, il est très sympathique.

Je savais que d'aller à l'infirmerie me serai complètement inutile, j'avais juste besoin de me reposer durant le reste de la journée et dès le lendemain, tout serai revenu à la normale. Ce n'était pas la première fois que sa m'arrivais et ce ne serai surement pas la dernière non plus.

- Allez, je vais te donner la main et t'aider à marcher. Règle de base numéro un : quand on est embarrassée et qu'on veut faire diversion, on évite d'utiliser son pouvoir. Crois-en mon expérience, ça ne peut causer que du tort.

Je souriais face à son commentaire, oui, je savais exactement ce qu'elle voulait dire par là. Il m'était déjà arriver à de nombreuses reprises de trop pousser sur mes pouvoirs pour impressionner mes Mactep (maîtres en russe) et j'avais souvent fini aveugle pendant des jours, avec des migraines qui me faisaient hurler de douleur, sans compter le brouillard trop intense que j'avais créé qui avait faillis coûter la vie à mon frère, Illyah, aussi la seule personne qui comptais à mes yeux.

-Je veux bien accepter ton aide pour me relever, mais aller à l'infirmerie serai une perte de temps. Je n'ai qu'à rester tranquille aujourd'hui et demain tout ira mieux.

D'une voix moins dure j'ajoutais,

-Je ne veux pas lui faire perdre son temps avec moi, alors que quelqu'un pourrait réellement avoir besoin de son aide, c'est tout.

En regardant un peu plus loin, je vis une souche d'arbre coupé à l'ombre de la forêt.

-Si tu veux, on pourrait aller s'installer là, - en pointant du doigt l'endroit en question- on pourrait discuter un peu? Je connais personne vraiment dans cette école, et il y a longtemps que je n'ai pas eu de vraie discussion avec quelqu'un.

Je levais les yeux vers elle et attendis patiemment qu'elle me dise ce qu'elle comptait faire. Dans tous les cas, je n'irais pas à l'infirmerie.

-Je veux bien accepter ton aide pour me relever, mais aller à l'infirmerie serai une perte de temps. Je n'ai qu'à rester tranquille aujourd'hui et demain tout ira mieux. Je ne veux pas lui faire perdre son temps avec moi, alors que quelqu'un pourrait réellement avoir besoin de son aide, c'est tout.

Je ne suis pas trop surprise par sa réponse, car moi-même je ne juge pas toujours utile d’y aller et de toute façon, si Aleïsha avait vraiment mal, enfin, je ne la connais pas vraiment, mais en tout cas j’espère que si elle avait vraiment mal, elle ne tenterait pas de dissimuler sa douleur rien que pour cacher sa vulnérabilité ou encore pour éviter d’être prise en pitié.

-Si tu veux, on pourrait aller s'installer là, on pourrait discuter un peu? Je connais personne vraiment dans cette école, et il y a longtemps que je n'ai pas eu de vraie discussion avec quelqu'un.

Je regarde ce qu’elle pointe. Une vieille souche abritée du soleil par le feuillage des autres arbres. Ce n’est pas une mauvaise idée, après tout. Résolue, j’acquiesce et lui tends la main.

- Bon, très bien, comme il te plaira. De toute façon, je ne peux pas t’obliger à aller quelque part. En revanche, n’hésite pas à me le dire si je peux faire quoique ce soit pour toi.

Pendant que je l'aide à se relever, j’hésite un peu, puis me décide à lui demander :

- Ce n’est pas la question la plus évidente qui soit, mais de quoi veux-tu qu’on parle ? Est-ce qu’il y a quelque chose que tu veux savoir en particulier ou juste au hasard, comme ça ?

Tori me tendis la main que j'acceptais avec un bonheur non contenu. Elle était plus forte qu'elle n'en avait l'air car malgré ma grande différence de taille avec elle, elle m'aida sans trop d'efforts.

- Bon, très bien, comme il te plaira. De toute façon, je ne peux pas t’obliger à aller quelque part. En revanche, n’hésite pas à me le dire si je peux faire quoique ce soit pour toi.

J'acquiesçais silencieusement d'un signe de tête, puis elle ajouta,

- Ce n’est pas la question la plus évidente qui soit, mais de quoi veux-tu qu’on parle ? Est-ce qu’il y a quelque chose que tu veux savoir en particulier ou juste au hasard, comme ça ?

Je fronçais les sourcils, Bravo ! j'avais voulu engager une discussion et ne savais même pas de quoi parler ! Bien joué Aleïsha! D'un air contrit je me grattais doucement la tête.

-Tu vas rire de moi mais, je n'en ai pas la moindre idée ! Je crois juste apprendre à nous connaître, ce que tu aimes, ce que tu n'aimes pas, si t'as de la famille ... N'importe quoi, quoi!

Je souriais en disant ma dernière phrase. Nous étions arrivés à la souche d'arbre et je m'y laissais tomber dessus, plus par chance que parce que je la voyais réellement. Je laissais le vent courir sur mon visage et je réalisais que je n'avais pas eu droit à un calme si serein depuis longtemps.

-Tu sais quoi? On est un peu comme le ying et le yang toi et moi, je suis d'une blancheur d'albinos et tu es, du moins pour les cheveux, aussi noire qu'un corbeau.

Sur cette étrange réflexion, je me tus et attendis que Tori prenne la parole. Je me concentrais sur tout ce que j'entendais, les grillons, le vent, les branches bouger... Être aveugle temporairement n'avais pas que des côtés négatifs, sa me permettais de prendre le temps d'écouter VRAIMENT ce qui se trouvais autour de moi.

-Tu vas rire de moi mais, je n'en ai pas la moindre idée ! Je crois juste apprendre à nous connaître, ce que tu aimes, ce que tu n'aimes pas, si t'as de la famille ... N'importe quoi, quoi!

Contrairement à ses attentes, je ne ris pas, en revanche, je souris de façon un peu niaise. Je sens qu'on ne va pas s'ennuyer toutes les deux.

- De toute façon, tu sais quoi ? Vive l'improvisation.

Avant de m'assoir à mon tour sur la souche tout comme l'a déjà fait ma nouvelle camarade, je vais rapidement récupérer mon sac à dos qui se trouve à une dizaine de mètres du tronc. Ce serait bête de l'oublier. Ensuite, je prends place à mon tour sur le cercle irrégulier assez grand pour accueillir plus d'une personne et je lève la tête vers le ciel pour regarder le mouvement des feuilles dans les arbres. Ça me rappelle cette fois où j'ai rencontré Lucy et où nous avons longtemps discuté dans la forêt.

-Tu sais quoi? On est un peu comme le ying et le yang toi et moi, je suis d'une blancheur d'albinos et tu es, du moins pour les cheveux, aussi noire qu'un corbeau.

Je baisse la tête pour détailler d'avantage Aleïsha. C'est plutôt gênant à avouer pour une personne observatrice comme moi, mais je n'avais pas beaucoup prêté attention à l'apparence de mon interlocutrice, peut-être parce j'étais concentrée sur autre chose. En revanche, maintenant qu'elle le dit, ça me frappe. J'éclate de rire.

- Tiens, c'est vrai.

Je ris encore quelques instants, puis lorsque j'arrive à me calmer, je poursuis :

- Si tu savais ! Et encore, tu ne m'as pas connu dans le temps où j'avais justement les cheveux noirs ! Enfin, " dans le temps ", c'était encore le cas il y a à peine 2 mois de ça, mais il s'est passé tellement de chose entre temps que j'ai l'impression que ça remonte à une autre vie. Et corbeau, c'est plutôt vrai...

En disant cela, je porte ma main à mon cou pour me mettre à jouer avec mon amulette en obsidienne, mais je ne la sens pas. Je tâte alors mon thorax jusqu'à ce que je trouve une petite bosse sous mon chandail. Rassurée, je vais chercher le pendentif pour le remettre par-dessus le t-shirt. Pendant un instant, j'ai eu peur de l'avoir perdu.

- Tiens, c'est vrai.

Elle éclate de rire puis poursuit,

- Si tu savais ! Et encore, tu ne m'as pas connu dans le temps où j'avais justement les cheveux noirs ! Enfin, " dans le temps ", c'était encore le cas il y a à peine 2 mois de ça, mais il s'est passé tellement de chose entre temps que j'ai l'impression que ça remonte à une autre vie. Et corbeau, c'est plutôt vrai...

Je comprenais ce qu'elle voulait dire par là. Le temps passait à une vitesse folle. Une journée j'étais en Russie à m'entraîner pour devenir une assassin et l'autre me voici loin de tout ce «foutoir» à essayer d'apprendre à contrôler mes pouvoirs.

Je remarquais alors que Tori cherchait quelque chose dans son chandail. Mmm, gênée je détournais les yeux.

-T'as perdue quelque chose?

D'après sa frénésie, je pouvais aisément deviner qu'il s'agissait de quelque chose de très important à ses yeux. J'enlevais ma veste noire et lui montrait mon avant-bras gauche sur le poignet, je portais un bracelet fait de petites roches grises.

-Tu vois ce bracelet? C'est mon frère Illyah qui me l'a fait. Ces petites roches sont des pierres qu'on passait notre temps à jeter dans la rivière qui passait derrière chez nous, souvent la rivière restais gelée, même en été, alors les pierres ne parvenaient pas à percer la glace et faire un beau ricochet. On jouait à qui perçait la glace et qui ne le pouvait pas. C'était...

Je me tus, la gorge serrée. Illyah me manquait. Ici j'étais seule. Je ne connaissais personne. J'inspirais un bon coup et fini par dire,

-Enfin, je ne sais pas ce que tu cherchais. Mais j'espère que tu l'as trouver, je n'y vois toujours pas clair.

Je fermais les yeux, pas besoin de les faire forcer pour rien. Et m'appuyais sur les coudes, en me laissant tomber vers l'arrière. Il faisait beaucoup plus chaud ici que chez moi et j'avais de la difficulté à supporter toute cette chaleur. Je passais le plus clair de mon temps à couvert sous les arbres.

-T'as perdue quelque chose?

Étant donné que j'ai eu le temps de retrouver mon bijou, je secoue la tête de manière négative, mais un peu tard pour me rappeler qu'Aleïsha ne verra probablement pas le geste. C'est alors qu'elle retire sa veste, dévoilant ainsi ses bras et elle met l'emphase plus particulièrement sur son avant-bras gauche orné d'un bracelet.

-Tu vois ce bracelet? C'est mon frère Illyah qui me l'a fait. Ces petites roches sont des pierres qu'on passait notre temps à jeter dans la rivière qui passait derrière chez nous, souvent la rivière restais gelée, même en été, alors les pierres ne parvenaient pas à percer la glace et faire un beau ricochet. On jouait à qui perçait la glace et qui ne le pouvait pas. C'était...

J'écoute avec entrain son histoire, jusqu'à ce qu'elle mentionne certains mots. Rivière gelée, percer la glace... Je sens que ma respiration devient saccadée. Je tente de me convaincre que je ne me trouve pas submergée par l'eau glaciale, que je peux respirer normalement, mais en essayant de me calmer, je me mets à trembler. La voix d'Aleïsha me ramène au moment présent, ce qui m'aide un peu à reprendre contenance.

-Enfin, je ne sais pas ce que tu cherchais. Mais j'espère que tu l'as trouver, je n'y vois toujours pas clair.

Je lâche involontairement une grosse expiration, comme si j'avais retenu mon souffle depuis trop longtemps. Parler d'autre chose, ça devrait m'aider à rester calme.

- Je... Euh, oui ça va... Elle était cachée. Elle, c'est une amulette protectrice en fait. Elle a accompagné beaucoup de mes ancêtres amérindiens à travers leur vie et par la même occasion, elle a été témoin d'un nombre incroyable d'événements se rapportant aux pouvoirs.

Je sers l'obsidienne dans ma main, puis reviens sur un détail dans l'histoire d'Aleïsha en essayant de ne pas penser à tout le reste pour éviter de me remettre à paniquer.

- Alors comme ça, tu viens d'un pays nordique toi aussi ?

Bon, c'est pas évident à deviner dans mon cas, parce que j'ai un prénom sans rapport avec mes origines, ou plutôt un physique qui dissuade toute personne de penser ne serait-ce que l'instant d'une seconde que je suis japonaise, j'ai un patronyme pouvant aussi bien être Anglais, qu'Américain, qu'Australien et je n'ai pas une once de ressemblance avec un autochtone, si ce n'est que ma faible pilosité, mais qui le sait vraiment ça que les amérindiens ont moins de poils que les caucasiens ou même les noirs ? Qui a déjà remarqué qu'aucun indien d'Amérique n'a de barbe ? En plus, cette chevelure blonde platine, ces yeux certes anormalement hétérochromes bleus/verts/gris ou je ne sais encore quelles couleurs, mais pâles dans l'essentiel. Je pourrais sans problème passer pour une scandinave. Au final, c'est une vraie devinette de découvrir d'où je viens.

HRP :

J'avais remarquer que sa respiration s'était soudainement accélérée, elle paniquait, pour je ne sais qu'elle raison. Mais elle se calma et je fis comme si je n'avais rien remarquer.

- Je... Euh, oui ça va... Elle était cachée. Elle, c'est une amulette protectrice en fait. Elle a accompagné beaucoup de mes ancêtres amérindiens à travers leur vie et par la même occasion, elle a été témoin d'un nombre incroyable d'événements se rapportant aux pouvoirs.

Wow, une amulette qui protège son possesseur? Il devait y avoir des centaines de légendes rattachée à cet objet. Il était dommage que je ne puisse mieux la voir, mais je pourrais me reprendre une prochaine fois.

-Tu connais les histoires qui se rapportent à ton talisman?

Puis, avant même de me répondre, elle ajouta,

- Alors comme ça, tu viens d'un pays nordique toi aussi ?

J'éclatais de rire, après m'être calmée un peu je répondis,

-Tu n'as pas remarquer mon si subtil accent? Je viens de la Russie, de Mourmansk pour être plus précis. C'est dans le nord. Montagnes enneigées, lacs gelés, c'est mon paysage habituel!

Je pris une pause et repensais à cette ville ou j'avais grandis, et me rendis compte qu'elle ne me manquait pas vraiment. Ses paysages enneigés me manquaient, mais la ville et ses habitants? Pas vraiment. Je levais les yeux vers le soleil et même si je ne voyais pas bien, je voyais le soleil resplendissant.

-Enfin bref, d'où tu viens, toi?

Je ne voulais pas me lancer dans un monologue sur mon pays natal, j'étais d'abord et avant tout curieuse d'en connaître d'avantage sur Tori. Elle semblait être si seule, et pourtant je ne la connaissais pas. Qu'est-ce qui me faisait croire qu'elle se sentait ainsi? Je n'aurais sut dire. Quelque chose dans son attitude peut-être?

Enfin bref, j'étais là aujourd'hui et j'avais toute la journée à lui consacrer si elle le souhaitait.

Je ne m’attendais pas à ce qu’elle éclate de rire ainsi. Est-ce que ma question était aussi ludique que ça ? À présent doublement interloquée, j’attends qu’elle me réponde.

-Tu n'as pas remarquer mon si subtil accent?

Ah, c’était donc ça. Je glisse un discret " Non ", évitant de justesse de commettre la même erreur que précédemment avec mon geste de négation. Je ne suis pas douée pour définir l’origine des accents.

- Je viens de la Russie, de Mourmansk pour être plus précis. C'est dans le nord. Montagnes enneigées, lacs gelés, c'est mon paysage habituel!


Je ne connais pas cette… région ? ville ? village ? mais je suppose que ça doit être beau. Russie donc. Ce n’est pas rien. C’est vrai qu’en étant plus attentive par rapport à son prénom ça aurait pu aussi me mettre sur la piste, mais bon, ce n’est pas plus grave que ça.

-Enfin bref, d'où tu viens, toi?

Je laisse échapper un petit gloussement en constatant subitement quelque chose que je ne me retiens pas de partager :

- Tu viens du plus grand pays au monde, tandis que moi je viens du deuxième plus grand. Le Canada. J’ai grandi dans l’une des provinces les plus froides, le Québec. En fait, il y a de gros écarts de température dépendamment des saisons, mais la région est surtout reconnue pour ses hivers. Amenez-en des tempêtes de neige, on attend que ça pour sortir nos pelles !

- Tu viens du plus grand pays au monde, tandis que moi je viens du deuxième plus grand. Le Canada. J’ai grandi dans l’une des provinces les plus froides, le Québec. En fait, il y a de gros écarts de température dépendamment des saisons, mais la région est surtout reconnue pour ses hivers. Amenez-en des tempêtes de neige, on attend que ça pour sortir nos pelles !

-Le Québec hein? Je connais un peu, Illyah m'y a emmener une fois pour...

Je m'arrêtais net, dire «pour y tuer quelqu'un» ne me semblait pas très approprié dans cette discussion.

-Il m'y a emmener pour un entrainement. Du parcours, tu connais?

Ouf, sauvée. Je n'avais pas envie que la première personne à qui je parles me crois folle à cause des origines de ma famille... C'était déjà bien suffisant de connaitre la véritable nature de ma famille adoptive...

-Alors, tu en connais des histoires sur ton amulette?

Je m'étais retournée vers elle plus par réflexe parce que je n'y voyais toujours pas grand chose. Par contre, je remarquais que je voyais un peu plus les couleurs. Ma vision prendrai encore des heures avant d'être revenue à la normale, mais je ne me plaindrais pas qu'elle s'améliore un peu.

-Je recommence à y voir, enfin un peu, dis donc, quand tu utilises trop tes pouvoirs, est-ce que tu vois comme une nappe de noirceur envahir ton champ de vision? C'est plus ou moins ce qui se passe dans mon cas, sauf que moi c'est du brouillard ... et je me suis dit que vu la nature de tes pouvoirs peut être que tu n'y vois que de la noirceur? Ou peut-être que je suis complètement dans le champ aussi ...

Je perdais le fil de ce que je disais et pensais à mon autre vie, comme je l'appelais. Que faisais Illyah en ce moment? Valais surement mieux que je n'en saches rien. Mais il me manquait, beaucoup. Je baissais les yeux et laissais couler une larme, qui roula sur ma joue. Je déglutis un bon coup et dit,

-YA dumayu chto my budem imet' khoroshiy vecher.

Puis réalisant que je venais de parler en Russe, je repris,

-Désolée, je voulais dire que je crois qu'on va avoir une belle soirée.

Le soleil se couchait tranquillement à l'horizon et bientôt on n'y verrais plus rien sur le terrain d'entrainement.

-Le Québec hein? Je connais un peu, Illyah m'y a emmener une fois pour...

Pour ?

-Il m'y a emmener pour un entrainement. Du parcours, tu connais?

- Ah. Oui, oui, je connais. Cool.

Je ne suis pas une grande adepte de sports, mais je connais au moins cette activité. Mon interlocutrice enchaine sur une question qu’elle m’avait déjà précédemment posé, mais que j’avais oublié.

-Alors, tu en connais des histoires sur ton amulette?

J’acquiesce. La seule personne à qui j’en ai parlé jusqu’à maintenant, c’est mon cher Marco, mais je crois bien que je peux aussi raconter l’histoire à Aleïsha.

- Oui. Tout a commencé dans une nation amérindienne, il y a bien longtemps de cela. Un groupe de jeunes femmes allaient cueillir des baies en forêt, lorsque l’une d’elles s’éloigna des autres pour aller récolter de petits fruits plus loin. Elle était si concentrée qu’elle ne s’en aperçu pas. Un ours arriva et sachant que les ours n’aiment pas se faire voler de la nourriture sur leur territoire, tu peux deviner ce qui se passa. Il l’attaqua et la fille tenta de se protéger.  C’est alors que les billes en obsidienne de son bracelet changèrent de forme pour devenir une arme tranchante. Avec celle-ci, elle blessa l’animal qui prit peur et disparu pour ne plus revenir. Alertés par les bruits, le groupe de jeunes femmes arrivèrent et furent témoins de la scène. Suite à cela, la jeune femme fut reconnue comme une shaman dans sa tribu et elle était respectée de tous. Un jour, elle décida de transmettre la pierre qui lui avait sauvé la vie à sa fille ainée pour que celle-ci la transmette à son tour à ses enfants lorsqu’elle en aurait, afin que la pierre traverse le temps et protège les futures générations. Voilà.

J’espère que je n’ai pas été trop assommante avec mon histoire. La jeune femme à côté de moi ne sembla pas trop ennuyée. Elle me dit par la suite :

-Je recommence à y voir, enfin un peu, dis donc, quand tu utilises trop tes pouvoirs, est-ce que tu vois comme une nappe de noirceur envahir ton champ de vision? C'est plus ou moins ce qui se passe dans mon cas, sauf que moi c'est du brouillard ... et je me suis dit que vu la nature de tes pouvoirs peut être que tu n'y vois que de la noirceur? Ou peut-être que je suis complètement dans le champ aussi ...

- Eumh, en effet, ce n’est pas tout à fait ça. Le plus souvent, je suis victime de saignements de nez, d’étourdissements et d’épuisement. Après, ça me surprends ces variations d’effets secondaires pour des pouvoirs semblables. J’ai connu un garçon qui pouvait rentrer dans les ombres lui aussi. Son pouvoir le rendait sensible au soleil, comme un vampire, alors que moi, à part des coups de soleil normaux, je n’ai jamais été sensible à ses rayons.

Elle dit quelque chose dans une langue qui est probablement du russe, mais qui n’est en tout cas très certainement pas de anglais. Ne comprenant pas, je laisse instinctivement échapper un :

- Hein ?

-Désolée, je voulais dire que je crois qu'on va avoir une belle soirée.

Je lève les yeux vers le ciel pour constater que lentement, l’astre du jour avait commencé à décliner.

-Ah oui, en effet… Encore quelques temps et je vais pouvoir te montrer quelque chose… Enfin, montrer, si tu arrives à le voir.

Je tentais de me remémorer les traits de Tori. Elle n'avait rien d'une amérindienne. Pas que je sois une spécialiste, mais je ne lui voyais aucun points communs avec les deux que j'avais connu. Enfin, qui étais-je pour juger de sa? J'avais bien l'air d'être albinos moi. Malgré que je n'en sois pas une.

Puis elle me raconta ce que sa lui faisait exactement quand elle abusait de ses pouvoirs ainsi que ce qui se passait à un garçon qui avait un pouvoir semblable au sien. Wow, ne pas pouvoir sortir au soleil, il manquait de bol ce pauvre.

Puis, elle mentionna quelque chose que je pourrais voir d'ici quelques instants. Enfin, si je pouvais voir, comme elle spécifia. Je levais les yeux et constatais que, plus le soleil déclinait, plus je voyais. J'étais moins aveuglée par les rayons du soleil, alors je voyais de mieux en mieux. Même s'il me faudrait encore quelques heures avant de recouvrir une vue parfaite.

-Dépendamment de ce qui se passe, je devrais être en mesure de voir ce que tu veux me montrer. Enfin, je l'espère.

Je baissais le regard et laissais le vent souffler contre mon visage, tandis que l'air devenait plus lourd autour de nous. Je ne voyais pas assez bien les arbres pour dire le sens des feuilles, mais d'après l'air ambiant, il allait pleuvoir.

-Est-ce que tu vois les feuilles des arbres? Est-ce qu'elles sont retournées ? Parce que si oui, j'espère que ce que tu veux me montrer peux se faire sous la pluie, autrement on va devoir reporter cette démonstration!

J'espérais vraiment qu'elle pourrait me montrer malgré la pluie. Je voulais vraiment savoir ce que mijotais ma camarade. La curiosité finirais par avoir raison de moi un jour.

Je sentis quelque chose me chatouiller la main et je réalisais que c'était un insecte. Je levais la main lentement vers mon visage et réalisais que c'était une abeille.

-Bonjour toi, tu devrais rentrer dans ta ruche, il ne va pas tarder à pleuvoir.

Ne trouvant rien à butiner sur ma main, elle s'envola. Je soupirais.

-Parfois, j'aimerais bien être un insecte. La vie serai tellement plus simple ainsi!

Je levais les yeux vers le ciel à nouveau et constatais que du soleil, on n'en voyait plus que quelques rayons persistants.

-Alors, qu'est-ce que tu veux me montrer?

J’espérais que ma camarade me rassurerait sur le fait qu’elle retrouverait la vue rapidement, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Aussi, elle me pose une question sur l’orientation des feuilles dans les arbres.

-Est-ce que tu vois les feuilles des arbres? Est-ce qu'elles sont retournées ? Parce que si oui, j'espère que ce que tu veux me montrer peux se faire sous la pluie, autrement on va devoir reporter cette démonstration!

Je n’avais même pas remarqué que le temps commençait à se couvrir. Ah la la, sacrée météo d’Angleterre… Par ailleurs et par rapport avec ce que vient de dire Aleïsha, je repense à la première fois que l’évènement s’est produit. C’était justement sous la pluie, lorsque j’étais perdue dans les bois avec Marco. Du coup, ça ne devrait pas poser problème.

- Oui, les feuilles sont retournées, mais ce n’est pas la pluie qui va affecter la démonstration… Sinon, je savais pas que les feuilles des arbres pouvaient servir d’indicateurs de risques de pluie, tu viens de m’apprendre un truc.

Ensuite, je continue de fixer le ciel, me doutant bien que les nuages vont s’accumuler, ce qui va contribuer à faire disparaitre les lueurs du soleil et ce qui n’est pas plus mal. Ainsi, lorsqu’Aleïsha se remet à parler, je ne comprends pas trop pourquoi elle parle de ruche, jusqu’à ce que j’aperçoive l’abeille sur sa main. Je m’écarte précipitamment par réflexe et attends que l’insecte se soit envolé bien loin de nous avant de me replacer.

-Parfois, j'aimerais bien être un insecte. La vie serai tellement plus simple ainsi!

Je grimace et me retiens de répliquer " Peut-être, mais il y a beaucoup de gens qui nous détestent et nous craignent dans ce cas… " Je risque de créer un froid, si je dis ça, alors je préfère garder le silence jusqu’à ce que je me fasse demander :

-Alors, qu'est-ce que tu veux me montrer?

Je crois que l’éclairage est suffisamment bas pour que ça puisse bien se distinguer, alors je me lance :

- En fait, c’est tout bête. J’ai découvert ça, il n’y a pas si longtemps. Regarde l’herbe à tes pieds.

Sur ce, je me concentre sur un point invisible par terre, devant mon interlocutrice. Chaque fois que j’essaie, il y a un délai qui subsiste avant que ça ne fonctionne, mais finalement, un petit cercle de lumière de la taille d’un frisbee se décide à faire son apparition au bout d’une quarantaine de secondes. Je le pointe du doigt sans le lâcher du regard.

- Et la lumière fut !

- Oui, les feuilles sont retournées, mais ce n’est pas la pluie qui va affecter la démonstration… Sinon, je savais pas que les feuilles des arbres pouvaient servir d’indicateurs de risques de pluie, tu viens de m’apprendre un truc.

Rassurée par ce que me dit Tori, je ne compris pas tout de suite ce qu'elle me dit, puis réalisant, je lui répondis,

-Oui, les feuilles des arbres se retournent toujours quelques temps avant que la pluie ne se mette à tomber. Même les aiguilles des sapins et des épinettes se retournent. C'est un vieux truc de grand-mère, mais il fonctionne à chaque fois.

J'avais alors remarquer son mouvement de recul face à l'abeille et ne réagit pas. Si elle avait peur des abeilles, je n'allais surement pas le lui reprocher. J'avais bien une peur bleue des chats !

- En fait, c’est tout bête. J’ai découvert ça, il n’y a pas si longtemps. Regarde l’herbe à tes pieds.

Je lui obéis et regardais mes pieds. Sur le coup, je ne voyais rien. Je forçais mon focus sur le point qu'elle me pointais et vis alors, après quelques instants, un petit point de lumière. Je clignais des yeux quelques fois et me rendis compte que je n'hallucinais pas. Devant moi, sur l'herbe rendue folle par le vent, se trouvais un point de lumière blanche.

- Et la lumière fut !

Je relevais les yeux vers Tori et lui demandais,

-Tu peux faire apparaître de la lumière? Wow! C'est génial! Tu es comme le maître des flux lumineux.

Je ris intérieurement face à cette drôle d’appellation. Mais d'un autre côté, c'était vrai, le flux lumineux n'était rien de plus que l'absence ou la présence de lumière, donnant ou enlevant la couleur percevable par l’œil humain.

-Comment sa fonctionne? T'as fait des recherches d'un point de vue scientifique?

Ma curiosité était sans limites et j'espérais que Tori ne le prenne pas mal.