Lyana Ayuka Wilder est née à l’aube d’une belle journée du mois de mai, d’un père français et d’une mère japonaise, tous deux issus de bonnes familles. La jeune fille passa son enfance entourée de l’amour de ses parents, voyageant entre la France et le Japon, habitant tantôt dans le manoir de son père, tantôt dans l’ancien temple/sanctuaire traditionnel de la famille de sa mère. Elle n’avait manqué de rien dans son éducation, devant assidûment suivre les cours de professeurs particuliers, mais aussi aller en cours dans des écoles de hautes renommées. Le français, le japonais, la danse, l’escrime, le piano, l’art floral, les règles de courtoisie, de savoir-vivre à la maison et en-dehors, tout ceci elle avait dû l’apprendre au travers des nombreuses, assidues et fatigantes heures de cours.

Cependant, elle s’en accoutuma sans soucis, car elle n’était pas emprisonnée dans une tour d’ivoire, ses parents voulant déroger à certaines règles, n’hésitant pas à faire des activités que toute famille normale réalisait, du moins lorsque cela était possible avec leur travail. Ah oui, son père Sébastian Wilder dirigeait une moyenne entreprise mais à l’activité prospère dans les meubles de luxe, sa mère Akiko Bakuren quant à elle était une comédienne reconnue dans le monde du théâtre japonais.

Un jour alors qu’elle se trouvait à une foire aux livres, elle s’arrêta devant le stand d’un petit créateur. Des livres avec des couvertures en cuir étaient disposés ici et là. Elle en prit un et l’ouvrit, poussée par sa curiosité. Le papier semblait artisanal.

« C’est joli. Fit-elle en passant ses doigts sur le grain du papier.
-N’est-ce pas lui répondit le vendeur d’un ton enjoué, je les créé dans mon atelier. »

La petite fille de six ans regarda ses parents avec un regard plein d’espoir et le père souria, acceptant de lui en offrir un, le choisissant précautionneusement. Elle opta pour un carnet de taile A5, le cuir était de couleur marron tandis que certaines parties étaient patinés d’un vert forêt. Elle le garda précieusement en attendant de savoir pour quoi elle pourrait l’utiliser.


C’est à l’âge de 10 ans qu’elle découvrit son pouvoir, même s’il aurait fallu qu’elle l’apprenne autrement…A cette époque elle se trouvait dans la campagne japonaise, pendant ses vacances. Elle était partie toute seule en vadrouille, sur une route de campagne, accompagnée du chien d’un voisin, un Utonagan, avec qui elle s’entendait bien.

Tout se passait bien, jusqu’à un moment. Un bruit de moteur au loin semblait rouler à une vitesse démesurée… mais la jeune fille, trop occupée à jouer ne l’entendit pas. A un moment elle trébucha, quelques secondes plus tard une voiture déboula à toute vitesse en sortant d’un virage, Lyana n’avait pas le temps de se relever, la route était trop étroite pour éviter la voiture. Le chien sauta devant elle en se mettant à aboyer contre le moteur sur roues, mais le conducteur ne vit que trop tard le chien et la jeune fille…malgré le freinage, l’accident se produisit….

Elle ouvrit les yeux, ceux-ci étaient embués, pourquoi c’était si dur de les ouvrir ? Depuis combien de temps elle était allongée ? Quelques secondes ? Quelques minutes ? Le voile disparut de ses yeux, alors qu’elle voyait le corps de l’Utonagan allongé à côté d’elle, dans une flaque de sang. Elle essaya de bouger ses bras mais elle n’y arrivait pas. Une douleur fulgurante les traversa  et lorsque ses yeux les fixèrent, un frisson d’horreur la parcourut, ce n’était vraiment pas beau à voir…du sang en coulait abondamment alors qu’elle se tourna à nouveau vers le chien en essayant de l’appeler, bien qu’elle eut l’impression qu’aucun son ne sortait de sa bouche. Celui-ci ne réagissait pas.
Le conducteur s’était arrêté quelques mètres plus loin, en panique, cela faisait un moment qu’il appelait les pompiers, l’hôpital et compagnie, ne s’occupant pas d’elle pour le moment.

Alors qu’elle continuait à appeler le chien, celui-ci réussit à bouger faiblement une oreille et à ouvrir les yeux en direction de Lyana, il émit un léger aboiement, plein de souffrance et alors que les deux êtres se fixaient, leur sang se mélangea.

« Ne meurt pas. Réussit à articuler la jeune fille en direction de l’animal »

Comme en réponse à Lyana, l’Utonagan, réussi à aboyer une seconde fois et sans qu’elle ne comprenne trop comment, celui-ci se mit à briller d’une lueur blanche avant de disparaître d’un coup. Elle n’eut pas le temps de se poser trop de question, la douleur de ses bras et la perte de sang la firent sombrer dans le coma alors qu’au loin elle entendait la sirène de l’ambulance.

Quinze jours plus tard, Lyana Aidana Wilder ouvrit les yeux dans une chambre d’hôpital, il lui fallut un peu de temps avant de comprendre ce qu’il s’était passé et tout l’accident lui revint en mémoire, ainsi que la disparition du chien. Mais ses parents arrivèrent à ce moment-là, soulagés de la voir réveiller. Et c’est à ce moment que la petite fille percuta que ses bras n’étaient plus humains. Ceux-ci avaient été tellement endommagés dans l’accident qu’il avait fallu l’opérer pour les lui enlever et grâce à l’avancée technologique japonaise les chirurgiens les avaient remplacés par des bras mécaniques. Ceux-ci étaient connectés aux nerfs et pouvaient donc bouger selon sa volonté.

Il lui fallut à long moment pour se remettre du choc de l’accident. Elle avait demandé comment allait le chien du voisin, mais on lui avait répondu que celui-ci avait disparu le jour de l’accident, qu’il avait sûrement fugué à cause de ses blessures vu que l’on avait retrouvé beaucoup de son sang et que malheureusement il devait être déjà décédé…Mais elle savait que c’était faux, elle ne savait pas pourquoi, mais elle le savait…

Lorsqu’elle rentra chez elle, quelques jours plus tard, elle jeta un coup d’œil à son carnet, et qu’elle ne fût pas sa surprise de voir en deuxième page, un dessin très réaliste de l’Utonagan de son voisin de vacances, pourtant elle n’avait pas souvenir d’avoir écrit dans son carnet…elle passa ses doigts sur la page et dit le nom du chien.

Sans s’y attendre celui-ci apparut alors devant elle, dans une aura blanche, elle hurla de surprise alors que le canidé aboya joyeusement. Ses parents déboulèrent, inquiet de l’entendre hurler. Quelle ne fut pas leur surprise de voir le chien. Et ils le furent encore plus lorsqu’il disparut cinq minutes plus tard dans une même lumière blanche.

Quelques temps plus tard elle comprit qu’elle pouvait donc invoquer un animal avec lequel elle avait passé une sorte de pacte de sang. C’était bizarre, illogique, impossible même, mais sa famille et elle-même firent avec. Et elle comprit sans trop de difficulté qu’il fallait mieux garder tout cela secret pour un maximum de personne. Après tout, le monde n'était-il pas une succession de bizarreries ?


Vers l’âge de 13 ans elle réussit à passer un pacte avec un Elanion blanc dont son père s’était beaucoup occupé. Tout en mélangeant leur sang dans une petite coupelle, la réaction de l’animal fût la même qu’auparavant, il disparut avant de se retrouver dessiné dans le livre à la page suivante.

Quelques années plus tard, elle reçut une première lettre l’invitant à rejoindre une école en Angleterre afin d’apprendre à maîtriser son pouvoir. Mais elle refusa, voulant d’abords finir ses cours particuliers, jusqu’à ses 20 ans.
Et à l’aube de ceux-ci, elle reçut une nouvelle lettre un beau matin, Au vu des évènements passés et de la réputation de l’école pour son prestige et sa sélection très poussée (du moins en apparence au vu du monde extérieur), ses parents l’incitèrent à y aller afin qu’elle puisse mieux se connaître et découvrir le monde extérieur loin des affaires familiales.
La voici donc devant ses grandes portes, la lettre insérée dans son carnet en cuir dans sa main gauche et sa valise porter par sa main droite.