Welcome back, fall... [Pv Elariond]

C'était une énième journée tout ce que j'avais pu connaître de plus normal depuis mon arrivée, où une fois de plus je n'avais daigné ni enfiler mon uniforme ni me pointer en cours. L'hiver allait bientôt revenir... Et je perdais peu à peu la motivation de faire quoi que ce soit. De plus je savais que mon père était là, je paniquais presque de le croiser à chaque détour de couloir pour me sauter dessus et me faire un long discours gênant sur un tas de choses dont je me fichais... Mais bon, ça n'était pas encore arrivé, et c'était tant mieux.

Profitant de la fraîcheur encore supportable de l'automne, j'avais aujourd'hui décidé de sortir pour me rendre dans les jardins de Tsuki, pour m'entraîner, peut-être grimper et me reposer un peu... Oui, je me sentais épuisée ces derniers temps. Je me serais bien rendue à la forêt pour marcher en écoutant de la musique, mais c'était déjà le milieu de l'après midi, et je ne me sentais pas de prendre le bus pour m'y rendre. Flemme. Mon éternelle tenue, chemise jaune veste noire et jean, mon casque bleu sur les oreilles et un visage parfaitement blasé, j'étais maintenant prête à sortir de ma chambre pour me rendre dehors.

À peine sortie, je remarque que seuls peu d'élèves sont dehors. Les nuages gris assombrissent le ciel, et en dissuadent sûrement plus d'un. Tss... Qu'est-ce qu'ils craignent, sérieusement? Bon, ça n'est pas plus mal. Je vais pouvoir être tranquille. Pendant quelques minutes je marche donc, mains dans les poches et pensive, regardant les feuilles tomber lentement, arrachées par le vent et par la fin de la saison chaude. Leur couleur n'est plus verte, mais rouge orangée, et les branches et les arbres entiers semblent mourir peu à peu... dans une ambiance qui n'aide pas vraiment mon moral.

Lassée, je finis par m'adosser contre l'un de ces troncs, sans jamais retirer mon casque ni arrêter la musique dont les basses résonnent à toute allure dans mon esprit, contemplant ce paysage comme on contemplerait un cimetière. Dans un soupir, je commence à faire passer le temps comme je peux en consultant d'abord mon portable; aucun message. Personne pour venir me sortir de mon ennui, et je n'ai aucune conversation à engager avec qui que ce soit... Ma vie est triste. Je range donc l'appareil dans ma poche.

Encore quelques minutes passent, avant qu'une nouvelle "idée" ne me vienne à l'esprit. Idée pas très constructive, je l'admet, mais qui paraît cependant sympa, quand on a rien de mieux à faire. Je regarde une petite seconde ma main, qui se met à produire de petites étincelles vertes émeraude, avant de regarder pousser sur elle de petites plantes, lentes et tranquilles, vertes et jeunes au milieu de tout ce tableau agonisant. Je m'amuse, je m'occupe comme je peux en faisant usage de mon pouvoir, du don mystérieux qui m'a amenée ici, et sans qui je ne sais pas à quoi aurait ressemblé ma vie, ce jour. Enfin, peu importe.

Ca fait plus d'un an que je suis ici... Un an, et même si je n'ai pas totalement stagné, j'ai à peine progressé... Pour une académie qui se veut faire progresser les dons... Au lieu de te plaindre t'aurais pu aller en cours un peu plus de cinq fois en un an, ça aurait pu être pas mal! ...Ouais... Tu marques un point, petite voix inconnue dans ma tête. Mais... Bon... En dehors des cours de pouvoirs je vois pas trop en quoi ça aurait pu m'aider... et puis tous les profs sont cinglés ici... Tu m'étonnes que j'ai la flemme.

Plongée dans mes pensées, je ne fais plus vraiment attention à ce qui se passe autour de moi et agis de façon mécanique, continuant de regarder ma main et de fixer la petite tige qui y grimpe. Mais sentant quelque chose se poser sur ma tête, je reviens à la réalité. Je passe rapidement ma main dans mes cheveux, et y découvre une énième feuille morte, me ramenant à la dure réalité. Je n'ai même pas envie de manger de tomate, je veux un chocolat chaud. Ou du chocolat, tout court. D'ailleurs je repense à la chocolate team... Elle me manque, elle aussi.

Mais un nouvel élément (encore, oui) vient perturber mon moment de mélancolie. Je sens comme un regard sur moi. Un bref coup d’œil à gauche, puis à droite, et je vois un jeune homme blond en train de me regarder, mains derrière le dos, habillé d'une drôle de tenue. M'enfin, je sais que je suis mal placée pour juger. De toute façon je n'en ai rien à faire, ça ne me regarde pas. Ce qui est plus embêtant, c'est qu'il soit là, et qu'il m'observe sans rien dire. C'est oppressant. Un peu gênée, ne sachant pas trop quoi dire, je me relève en appuyant ma main au sol, sans même en retirer les plantes, puis demande;

"-Hum... Bonjour? Je peux vous aider?"

Il a l'air plus âgé que moi... Un surveillant? Un professeur? Je verrai bien.