U CAN'T TOUCH THIS [Finie]

         Malgré la noirceur omniprésente quelques souvenirs persistent. Tu te souviens avoir vécu une enfance heureuse, choyée et bercée comme il se doit. Ton esprit ne cesse de se remémorer tous ces moments passés à faire de la balançoire dans le jardin ou à jouer avec ta sœur, l'air candide et joyeux. Un rien t'amusais, tu étais une boule d'énergie et d'affection. Tu n'étais pas une enfant très extravertie mais tu avais de bons amis avec qui tu passais la plupart de ton temps. Ouais, c'était la bonne époque.

Mais il y a aussi des souvenirs bien plus obscurs qui te hantent.
Il ne se déroule pas une journée sans que tu y penses, sans que tu revives ce moment. Alors que tes autres souvenirs sont vagues celui-ci est net. Tu te souviens de tout. De la joie, puis l'angoisse, la peur, le désespoir que tu avais ressenti ce jour là, tout est clair dans ta tête. Chaque jour tu ne peux t'empêcher de repenser à lui, à son sourire, ses gestes, à sa main t'attrapant fermement. Tu te rappelles l'avoir vu être soudainement projeté en arrière, c'était irréel mais pourtant une chance inouïe. Tu aurais pu fuir, te mettre à l'abris dans un endroit sûr. Mais non. Tu n'as rien fait. Ton coeur s'est emballé, tes mains suivies du reste de ton corps se sont mises à trembler, ta vue s'est troublée, des pensées plus noires les unes que les autres ont fusées, tu étais complètement paralysée.
Alors ce qu'il devait arriver est arrivé. Pour la première fois de ta vie tu implorais de l'aide, mais personne n'est venu. Jamais tu ne t'étais sentie aussi sale. 
Combien de temps es-tu restée à terre ? À travers tes larmes tu l'as vu partir, comme si de rien n'était. Tu aurais voulu l'insulter, le frapper, pourtant tu n'as fait que pleurer, seule. Puis tu es aussi rentrée, comme si de rien n'était. Tu étais triste de voir que tes parents s'étaient inquiétés, tu t'en voulais de leur avoir infligé ça. Alors tu leurs a affirmé que tes bleus étaient dus à une chute dans les escaliers, que c'était pour cela que tu étais arrivée en retard. Personne ne devait savoir. Tu devais, tu pouvais, affronter ça seule, tu en étais intimement convaincue.

Pourtant depuis cela plus rien n'a plus jamais été pareil. 
Un sentiment de mal être grandissait en toi, une profonde tristesse était née. Elle gisait là, constamment, et semblait s'intensifier de jour en jour. La petite fille que tu étais commençait à haïr son corps, à haïr tout son être, et pour cause; chaque personne te touchant se voyait projetée quelques mètres plus loin. Tu haïssais le moindre contact physique alors c'était comme si ton corps cherchait à te protéger, sans que tu puisses y faire quoi que ce soit. Tes parents ne comprenaient pas, personne ne comprenait ce qu'il se passait. Heureusement tu réussissais a les épargner, eux au moins, tu n'aurais sans doute pas supporté de les faire souffrir davantage. 
Mais les journées à l'école t'étaient insupportables, tu étais devenue une véritable bête de foire et pendant qu'eux s'amusaient toi tu souffrais. Sans cesse tu repensais à ce qui avait provoqué tout ça, et tu t'en voulais. Tu étais convaincue que tout cela était de ta faute, que ce n'était qu'une punition pour avoir fauté. 
Alors tu as fini par quitter l'école, durant 2 ans tu as eu des cours par correspondance. Certes la souffrance était moindre mais pourtant toujours là.

Puis un jour, tu as reçu cette mystérieuse lettre, de "L'académie Tsuki". Elle avait réussi à faire renaître le peu d'espoir qu'il restait en toi. Tu avais donc décidé de la rejoindre, pour voir s'il y avait vraiment une place pour quelqu'un comme toi là bas.