Au départ, il n’y avait rien. Puis la rencontre d’un homme et d’une femme, une nuit torride dans un hôtel, engendrera plus tard le miracle de la vie ! Oui, je sais, je parle bien, je sais capter l’audimat. Ah, vous voulez plus simple ? Bon, très bien.

Donc, comme vous avez pu le comprendre, enfin je crois, je ne suis pas né d’une relation sérieuse. Un soir, ma mère est allé boire au bar quelques verres jusqu’à en avoir une gueule de bois pendant trois jours, et ce qui devait arriver arriva. Elle se réveilla le lendemain matin, dans une chambre d’hôtel, nue, avec un parfait inconnu également nu. Elle fuit la scène à toute vitesse, mais non sans prendre un petit souvenir au passage : moi ! C’est une raison pour laquelle je n’aime pas l’alcool, de peur de devenir papa du jour au lendemain.

Ma mère refusa d’avorter, se disant qu’elle voulait me donner une chance de vivre malgré les conditions de ma « création ». Merci maman ! Bon, personnellement je pense plutôt que c’est parce que elle avait 40 ans et toujours pas de relation, mais passons. En tout cas, son courage fut récompensé 9 mois plus tard par l’arrivée d’un bébé splendide et adorable qu’enviaient toutes les mères dans l’enceinte du service. Enceinte du service… du service de maternité ! Voilà que je fais des jeux de mots sans m’en rendre compte, haha ! Quoi ? Revenir à l’histoire ? D’accord, il suffit de demander.

Durant mon enfance, ma vie n’a pas vraiment été exceptionnelle. J’étais un petit garçon comme les autres, qui allait à l’école comme les autres, et qui avait des amis comme les autres. Enfin, le dernier c’est pas vraiment la vérité. J’avais du mal à m’intégrer en primaire, car déjà dans ma façon d’être pour certain j’étais un peu trop fille à leur goût. J’étais déjà à l’époque assez sensible, je pleurais souvent. Et pour un garçon, ça passe moyen.  Ca plus le fait que je n’avais pas une famille dites normal, composé d’un père et d’une mère. Il n’y avait que ma mère et moi, ses parents étaient morts, elle n’avait pas de frère ou sœur, et je ne pense pas qu’elle avait de réel lien avec le reste de la famille. On se débrouillait tout seul comme on pouvait.

À cause de ça, ma mère travaillait souvent et je la voyais à peine. Parfois elle rentrait quand j’étais couché, et le matin, elle me préparait le petit-déjeuner et le diner à réchauffer le soir avant de partir. J’avais presque finis par oublier à quoi elle ressemblait. Oh, allez, me regardez pas avec cet aire abattu s’il-vous-plait. C’est vrai, c’était dur et je me sentais seul. Mais cette période de ma vie à aussi du bon car elle m’a permis de découvrir ma vocation actuel.

J’avais 13 ans à ce moment-là. Et oui, c’était le collège, là où règne la loi des plus forts, dont je ne faisais toujours pas parti. Mais au moins j’étais toujours le plus beau de l’école. Bref. Un soir, toujours avec la même routine, c’est-à-dire seul, je m’ennuyais, et j’eus alors l’idée de regarder un clip vidéo sur internet. Je suis tombé sur une en particulière qui m’a de suite plu, aussi bien au niveau du rythme que des paroles ou de la chorégraphie. Je me suis donc entrainé pendant des mois car je voulais faire la même chose, et j’ai entrainé ma voix jusqu’à ce qu’il n’y ait aucune fausses notes, et mon corps pour que les mouvements se fondent avec la musique.

Quand je fus enfin au point, je me suis filmé sur un playback, avant d’attendre ma mère jusqu’à presque 23 heures pour lui montrer la vidéo. J’étais vraiment fière de moi. Et autant vous dire que ma mère a également apprécié. Le lendemain, elle a montré ma vidéo à la maison de disque où elle travaillait qui commencèrent alors à avoir des vues sur moi. Et je pense que vous connaissez la suite.

J’ai d’abord commencé par des petits castings pour apparaître dans des pubs, ou être figurant dans des films. Il me fallut attendre quelques temps pour que ma carrière décolle vraiment et qu’on me propose de signer un vrai contrat dans la musique. Et dire que tout a commencé avec une vidéo de moi à 13 ans, j’ai encore du mal à y croire.

C’est à 16 ans officiellement que j’ai vraiment commencé à percer entant que chanteur, avec comme nom de scène EnjeruB, et autant vous dire que le regard des autres sur moi avait radicalement changé. Après tout ça, j’ai gagné en assurance et en énergie, tout en gardant mon côté sensible et fragile qui est maintenant un peu plus reculé. Mais je n’ai aucune envie de le caché. C’est ma personnalité, et partie de moi. Et du moment que moi je m’aime comme ça, je n’ai aucune raison de changer qui je suis ou mon style de vie.

En tout cas, j’ai eu un beau parcours qui continue de s’allonger, et je ne suis pas prêt de m’arrêter, surtout maintenant que je suis connu à l’international avec mes chansons anglophones. Car oui, pour plaire à un plus large public, en dehors du Japon, j’ai sérieusement appris l’anglais pour devenir bilingue, et ça a payé comme on peut le voir… Hop hop hop, vous allez où ? Vous pensiez que l’histoire s’arrêtait là ? Détrompez-vous, ce n’est que le début de la fin. Allez, rasseyez-vous. Voilà, on peut reprendre.

Comme vous le savez, depuis un moment maintenant, les personnes avec des pouvoirs existent, et on assiste également à la création des Gears. C’est une chose dont j’ai entendu parler dès le début, et bien que n’étant pas contre ce procédé, je n’avais aucune envie d’y prendre part. Peut-être en partie car je sais qu’ils sont mal vu et que je ne veux pas perdre mon public. J’avais travaillé trop dur pour arrêter maintenant !

Mais évidemment, ma mère pensait l’inverse. Elle était devenue entre-temps mon agent et s’occupait de ma carrière en général, que ce soit les albums à préparer, les séances photos, les interviews, les réservations pour les salles. On pourrait dire qu’elle s’occupait de ma carrière dans les coulisses, et je m’occupais de la mienne sur la scène. Sauf que bien sûr, les décisions des agents ne sont pas toujours… judicieuse. Elle voulait me faire installer le Gear qui me permettait de modifier ma voix pour rajouter un petit plus à mes chansons, mais moi je préférais rester comme j’étais.

Malheureusement, elle ne l’entendu pas de cette oreille, et alla dans la société d’Olympus pour les payer afin qu’ils me fassent l’implant le plus tôt possible, et tout ça dans mon dos, car convaincu que c’était pour mon propre bien et celle de ma carrière.

Quelques jours plus tard, elle me dit qu’un énorme producteur qui avait produit les plus grands chanteurs de l’histoire voulait me voir pour me demander, d’après ma mère, de faire un duo avec une chanteuse que j’adore. Naïf comme je suis, je suis tombé dans le piège à pieds joints. Après quelques minutes de trajet, nous sommes arrivés à un hôpital, chose qui m’a énormément étonné. Je suis naïf, mais pas stupide, et ce n’était pas du tous les bureaux d’un producteur. Quand j’ai demandé à ma mère ce qu’on faisait là, elle m’a dit qu’elle avait reçu un message du producteur disant de venir ici car un membre de sa famille était malade et qu’il ne voulait pas quitter son chevet, ni renoncer à mon contrat. Je l’ai cru.

La suite est un peu floue après avoir franchi les portes. Je ne sais pas si j’ai piqué une crise de colère quand j’ai appris ce qu’ils allaient me faire, je ne sais pas si j’ai fondu en larmes, je ne sais pas si je me suis évanouie. Je me souviens juste du réveil, de mes yeux rempli de larmes fixant le plafond, et du seul mot qui traversait mon esprit à cet instant : trahison.

Tout est ensuite passé très vite. L’installation de mon Gear a fait la une des magazines people, j’ai commencé à perdre des fans et des ventes, à être détesté, à être hué, à être abandonné, comme quand j’étais enfant. J’ai dû demander à renforcer la sécurité au cas où des anti-gears se manifestaient, on a bien fait attention à ce que je n’ai aucune personne comme ça à moins de 10 mètres de moi. J’ai tenté d’expliquer à la presse et à la télé que malgré mon Gear, je restais le même et souhaitais ne rien changer. Oui, j’ai gagné en popularité, mais être populaire ne signifie pas être apprécié. J’ai eu des gens qui me soutenaient, me trouvaient courageux pour mon action, me disait de ne pas baisser les bras malgré ma nouvelle différence. D’autres me huait, m’insultait, ou feignant juste l’indifférence dans leur langage, mais pas dans leur langage. Dans le meilleure des cas on me plaint, dans le pire on me méprise.

J’ai renvoyé ma mère après cela, lui disant que désormais, je ne voulais plus mêler travail et famille, mais tout en la remerciant pour ce qu’elle avait fait pour moi tout du long, et même encore aujourd’hui. Au fond, je ne suis pas en colère contre elle, je n’y arrive pas. Mais a-t-elle regretté son geste ? Je ne sais pas.

Aujourd’hui, j’ai 19 ans. J’ai un nouvel agent, j’ai de nouveaux de bonne relation avec ma mère, et même si cette affaire ne sera jamais accepté, je l’accepte et fait avec. Après tout j’ai gardé les meilleurs fans, ceux qui m’acceptent, et je suis toujours connu en général. Je compte maintenant prendre une part de ce que j’ai gagné tout au long de ma carrière et m’installer très bientôt à Abondance, là où vivent plusieurs personnes comme moi. La seule chose qui m’effraie, c’est que je parle très mal la langue du pays, mais je pense réussir à apprendre sur le tas. Enfin j’espère car ça vaudrait mieux.

Bon, merci pour la discussion messieurs, c’était très sympathique. En tout cas, c’est la première fois que je parle vraiment avec des ingénieurs du son, et vous êtes super sympa et attentifs, je tiens à le dire. Comment ça vous n’êtes pas des ingénieurs du son ? Des journalistes ? Ah, c’est pour ça que l’un tenait un micro vers moi et l’autre prenait des notes, je vois, j’avais mal compris. Donc tout ce que j'ai dis, vous allez le mettre dans votre article ? Ah d'accord... SECURITE !!