Oublier le passé n'est pas si facile... ~~ libre ~~

Un somme.
C'est tout ce que je retiens de mon voyage à bord du jet.
Je ne veux pas me souvenir dans de tout ce luxe. Il ne sera plus de mon quotidien, on ne me regardera plus comme la petite fille à papa qu'il ne fallait pas approcher de peur de la froisser. Je ne veux plus qu'on m'évite pour quelque chose de si débile, de si frustrant. J'avais pris ma résolution. Je ne pose plus les yeux sur la moindre marque de richesse et quitte l'appareil avec un petit air satisfait.

Fausse espérance.
Une limousine d'un noir étincelant m'attend, le chauffeur posté devant la porte arrière. Un soupir se fait entendre et exaspérée je lève les yeux sur un ciel noir, prêt à déverser ses larmes suite à ses grondements successifs. Il semble se mettre en colère comme me narguant de mon incapacité à crier la mienne sur mon père. Il avait tout prévu pour que je reste la fille riche sans faille, à croire qu'il voulait que je reste pour l'éternité seule. Je sens la colère monter encore, je sens la frustration grandir, mes mains se crispant et mes sourcils se fronçant. Je prends une grande respiration pour contenir ce sentiment et ferme les yeux en baissant la tête. Le vent, dérangeant mes mèches folles, fait fuir par son souffle doucement le peu d'émotion que je venais de ressentir. Un pas en avant, le premier consisterait à oublier cette colère.

Je descends les marches en retrouvant mon mon masque de glace. Celui qui me protéger. Un simple hochement de tête et un remerciement pour l'homme en noir et je m'assis dans le véhicule. Dès que la porte fut refermée ma tempe se pose sur la vitre, mes prunelles cherchant les déchirement lumineux du ciel. Le paysage ne m'interresse pas, juste le ciel. Ce ciel qui me fascinait aux humeurs changeantes, à l'immensité éclairante.

La limousine ralentit, la porte s'ouvre, je sors vers le nouveau commencement. J'approche le portail, la valise se pose juste à mes côtés et un "au revoir" s'impose. Le mauvais temps est mon ami, grâce à lui je ne vois personne pour épier la longue voiture partir tranquillement sur la route. Je vais jusqu'à la grille immense et pose ma main sur le métal froid, douce sensation de fraîcheur. Je regarde à travers les barreaux, soucieuse en voyant ce long chemin de graviers qui mène à un grand bâtiment.

Et si c'était pareil ? Et si j'arrivais pas à trouver l'apaisement que je cherche tant ? Et si ce n'était qu'un lieu de plus où le malaise me plantera ses griffes dans mon coeur ? Je suis seule, qu'est-ce qui pourrait m'empêcher de fuir loin de tous ? Fuir de toutes les pensées ? Recommencer à zéro... Serait-ce un manque de courage que de fuir ?

Nouveau soupir.
Mon regard glisse le long d'un barreau et vient se poser sur la grosse clenche. Je laisse ma main sur le métal rejoindre la pièce de métal et un frisson me remonta le long de l'échine. Léger frémissement des lèvres, je me sens à deux doigts de prendre la fuite et courir encore plus vite que le vent qui souffle en ce temps orageux.

« Hey bonjour, c'est une belle voiture qui t'a amenée.... par contre on dirait que quelque chose te dérange avec ça, j'ai raison...? »

Je relève la tête d’un mouvement sec et plisse des yeux en visualisant l’inconnu. Grand, pâle, aux cheveux nacre et yeux ambre, ce garçon avait été à deux doigts de me faire sursauter. Ce qui ne me plait pas vraiment, je n’aime pas me faire surprendre. Je le regardais un moment, ne laissant aucune trace de ma crispation que ce soit suite à son apparition soudaine ou à sa remarque.

« Peut-être, peut-être pas. Les yeux ne voient pas tous mais les tiens en ont vu de trop déjà. Je te demanderais de garder pour tes souvenirs cette voiture et de ne plus jamais la mentionner. »

Mes prunelles ne se décrochent pas des siennes et je laisse un lapse de temps pour appuyer sur mon dernier.

« S’il te plait. »

La politesse avant tout. Une parole pouvait être aussi tranchante qu’un couteau si on savait l’affiner.
Je pousse avec une lenteur réfléchie la lourde porte, ne pouvant plus faire marche arrière devant ce garçon. On ne montre jamais une faiblesse. Mon regard n’ayant pas quitté l’inconnu, j’avance jusqu’à sa hauteur et lève la tête. Les mots se précipitèrent à mes lèvres et avant que je puisse me retenir une certaine reconnaissance pour avoir combattu ce moment de doute me guida.

« Merci inconnu. »

Merci d’avoir pu me faire garder mes valeurs. La fuite n’est jamais bonne, on finit toujours par vous rattraper.

Moment d’hésitation.
Il semble un moment destabiliser. Rien de plus normal. On ne peut pas dire que j’ai la technique pour être claire. Les mots passent par ma bouche et des fois j’oublie qu’ils suivent une pensée qui reste secrète aux autres. Mais cela m’est bien égal. Je ne suis pas du genre à me retenir pour les autres. Mes yeux restent dans les siens, sans que je ne ressente un gêne quelconque. Je l’écoute tranquillement alors que lui montre un certain doute.


-Ah heu... de rien même si je ne sais pas en quoi je t'ai aidé. Quand à ce que je n'ai jamais vu ne t'inquiète pas je ne dis jamais rien de toute façon.

Il me fit un sourire, j’en esquisse un léger. Je le remercie une nouvelle fois d’un petit geste de la tête que j’espère qu’il interprète de la bonne façon. Il reprit la parole et mon regard s’éclaire d’une lueur qui montre toute ma surprise.

-Je m'appelle Yahiko Miyuki et toi ?

Indubitablement son nom sonne à la japonaise et il réussit alors à faire grandir encore un peu mon sourire. Je ne vois donc pas de problèmes à lui dire mon nom. Le Japon était assez grand pour qu’il ne connaisse pas mon nom après tout.

« Moi, c’est Inori Koubai. Enchantée Yahiko. »

Je lâche enfin son regard et baisse enfin le menton que j’avais gardé lever pour garder mes yeux dans les siens. Je prends mon bagage en main et commence à me diriger vers le grand hall d’entrée avant de me stopper. Je suis dans une académie inconnue, où personne ne me connait, ne serait-il pas temps de ne plus me renfermer sur moi-même ? De me laisser aller dans une relation humaine ? D’avoir peut-être des amis ?

Je remets une mèche de cheveux en place puis me retourne pour ancrer de nouveau mon regard dans celui de ce grand jeune homme.

« Je m’excuse, je ne sais pas trop comment me comporter. Je sais que l’on m’a placé chez les Rubis, tu pourrais m’en parler un peu ? »

Je retrouve mon petit sourire, en faisant craquer mes doigts pour me détendre. Je n’avais pas fuit, ce n’est pas pour faire marche arrière maintenant et me débiner devant un petit obstacle. Un sourire, apprécier la vie, ça ne doit pas être très difficile.