Rendez vous dans les champs...[Terminé]

Quelle lieu magnifique, l'académie n'avait pas le monopole des endroits fleuris et magnifique à voir. Des champs à perte de vue, des fleurs magnifiques les composaient... Un lieu paradisiaque, je me découvrais peu à peu un intérêt pour ce genre de choses que j'apprécias de plus en plus... Mais j'étais là car quelqu'un m'avait donné rendez vous. Je regardais sur mon portable qui m'indiquait que j'étais en avance, décidément c'est une manie... Mais ce n'est pas le pire endroit où l'on devrait attendre seule, en branchant mes écouteurs je m'affalais dans les fleurs, un frisson me parcouru quand j'ai pensé aux bêtes et insectes pouvant s'y trouver, après réflexion, ça ne me dérangeai pas plus que ça, je n'aimais pas les insectes, mais ce n'étais pas une phobie non plus. La musique passait et j'attendais Edi avec impatiente, me donner rendez vous dans un lieu comme celui ci, ça me paraissait "romantique". De quoi me faire repenser aux sentiments que je ne comprenais pas envers cette fille, je l'aimais beaucoup, mais même si je n'avais jamais vraiment eu de petit copain dans ma vie, avoir une petite copine ne me paraissait pas inconcevable. La mentalité actuelle permettait et ne discriminait pas, en principe, ce genre de choses. Mais je délire là, elle, peut-être qu'elle préfère les garçons, et quand bien même ça ne serait pas le cas, peut-être n'avait-elle pas de sentiments pour moi ? Mais je n'avais pas particulièrement envie d'être en couple non plus, que ce soit avec une fille ou un garçon... Je me posais trop de question, alors je décidais de me laisser bercer par la musique en attendant la personne qui me faisait me poser tant de questions.

Aujourd'hui, j'ai donné rendez-vous à Fuanteina dans les champs. Depuis que je l'ai rencontrée, je passe beaucoup de temps avec elle... Entre les escapades nocturnes à la salle de musique et les cours qu'on a en commun, on ne s'ennuie jamais ! Je pense vraiment qu'on est unies par un lien très puissant.
Bref, j'avais envie de la voir ; et j'arrive pile à l'heure que j'ai fixée. Elle est couchée au milieu des fleurs et des hautes herbes, les yeux fermés et les écouteurs dans les oreilles. Le fait qu'elle écoute de la musique provoque en moi un léger sourire : elle suit mon conseil ! Cette vision de mon amie au milieu d'un si beau paysage me chamboule un peu. Ses cheveux éparpillés sur le sol, son visage paisible... Je me couche à côté d'elle en lui piquant un écouteur pour me l'approprier. Toute sourire, je lance :

"Salut !"

Je lève ma paume ouverte vers le ciel et dis :

"C'est super beau ici, en plus le temps est magnifique..."

C'est vrai que toutes les conditions sont réunies pour une belle après-midi : le ciel est bleu vif, les nuages blancs sont regroupés comme des traînées de lait, la brise fait voler nos cheveux et hérisse nos poils, les fleurs plient, quelques pétales gesticulent dans l'air... Cette atmosphère est juste parfaite.
La mélodie transporte mon esprit à quelques années lumières d'ici, mais je sens toujours la présence de l’Émeraude à côté de moi, et mon cœur en est immédiatement ravi. Comme si mon monde changeait en sa présence...
Quel est ce genre de sentiment ?

J'attends Edi en écoutant calmement la musique, soudain quelqu'un me retire un écouteur, je rouvre les yeux et Edi me sourit en me saluant.

"C'est super beau ici, en plus le temps est magnifique..."

Dit-elle en désignant d'une main le ciel. Elle a raison, il fait vraiment bon d'être ici, encore plus avec elle.. Mais je divague là. Je prends la parole à mon tour :

"Oui, c'est un endroit paradisiaque... D'ailleurs, c'est un lieu assez original pour un rendez vous."

Je lui souris, ce n'est pas un reproche, et je n'attends même pas de réponse, et je lui fais comprendre que ça ne me gêne pas d'être ici. La musique qui passe est calme, elle me laisse entendre le vent souffler sur cette vaste étendu. Le temps passe, je me pose toujours les mêmes questions qu'avant son arrivée, je ne sais vraiment pas quoi penser d'elle, je ne vais pas parler du sujet, ça n'avancerait à rien, je ne me comprends pas moi même... Je ferme les yeux et pousse un long soupir ; c'est pénible d'être dans l'incertitude. Je suis déjà bien contente de ne  pas faire une crise, ce n'est clairement pas le moment, elle sait que j'entends des voix mais je ne pense pas qu'elle sache que j'ai une double personnalité des plus... étranges.

"Oui, c'est un endroit paradisiaque... D'ailleurs, c'est un lieu assez original pour un rendez vous."

De quel genre de rendez-vous parle-t-elle ?! Je deviens parano, elle ne parle sûrement pas de ce à quoi je pense...
Fuanteina pousse un long soupir et ferme les yeux. On écoute une douce mélodie de guitare, c'est magnifique. Je connais cette chanson, elle s'appelle "Oblivion", de Indians. Tiens, j'essaierai d'apprendre à jouer de cet instrument, un jour !

Couchée dans l'herbe et enveloppée de vent, j'ai presque l'impression de voler. Je souris et tourne la tête vers mon amie ; on dirait presque qu'elle dort alors j'en profite pour détailler son visage serein... A notre première rencontre, elle me paraissait déchirée, torturée de l'intérieur, elle me disait de m'éloigner d'elle tout en s'accrochant à moi.
Ses cheveux fins ondulent au vent...
Elle saignait et me faisait de la peine, cette fille brisée et rejetée par la planète entière.
Ses yeux fermés ont l'air paisibles...
Elle a changé ma vision du monde quand je l'ai vue s'écrouler au sol, en larmes.
Son nez un peu recourbé lui donne un air innocent...
Là, maintenant, tout se suite, je crois que le monde ne pourrait plus tourner sans elle.

Fuanteina ouvre les yeux et me regarde, surprise. Nos regards sont plongés l'un dans l'autre, et je ne comprend pas pourquoi elle est tant étonnée. Ah, peut-être parce que j'ai attrapé sa main sans m'en rendre compte... Les joues rouges, je baisse les yeux et retire mes doigts à quelques centimètres des siens.

Je suis allongée, sereine, les yeux fermés, comme si j'allais dormir. La musique douce qui passe suit cette atmosphère calme. J'écoute patiemment la musique, puis je sens qu'Edi saisit ma main de la sienne. Surprise sur le coup, je rouvre les yeux et mon regard est plongé dans le sien, elle rougit, et moi de même. Elle lâche ma main en détournant le regard. Elle a l'air gênée, moi aussi, il y a une ambiance de gêne, pourtant je lui sourit en caressant ses cheveux de ma main droite. Je suis vraiment incertaine de mes sentiments à ce moment. "Tu te rappelle ce qu'il s'est passé quand tu as été si proche de quelqu'un ?", oui mais elle c'est différent... Je resserre mon emprise quand ma main arrive à sa nuque, il faut la supprimer avant de s'y attacher ! Ma raison m'encourage à recommencer mais mes sentiments m'en dissuadent. Je resserre encore mon étreinte. "Allez, tranche les veines de son cou !", elle doit mourir, c'est la seule solution ! Je sens mon bras commençant à se transformer, non je ne veux pas ça ! Edi lance un petit cri de douleur, je retire mon bras sur le coup, et regarde le visage d'Edi, horrifiée par ce que j'ai fait.

"Je... Désolée Edi... Je ne sais pas ce qui me prends !"

Si je sais très bien. "Vas au bout de ton acte ! non je ne veux plus jamais lui faire de mal.. Je sens une larme perler sur ma joue, je souffre à l'idée de lui avoir fait du mal. Je l'enlace en posant ma tête sous son menton.

"Excuse...moi...Edi..."

J'articule difficilement ces quelques mots, plus on devient proche, plus je risque de la tuer... Je me hais. Mais je crois qu'elle, je l'aime plus que tout.

Après avoir détourné le regard, je ne dis rien. Fuanteina non plus. Personne ne bouge...
Mais qu'est-ce qu'il m'a pris, pourquoi j'ai tenu sa main ?! Je me maudis intérieurement, mais j'ai toujours la tête tournée vers elle. Vais-je oser relever mes yeux vers les siens... ? Probablement pas. Bref, le malaise plane jusqu'à ce que je sente sa main douce sur mes cheveux. Immédiatement, mes lèvres se fendent en un sourire sincère, je ne peux pas m'arrêter de sourire, de rougir, d'être heureuse, mon coeur bat trop vite.
Les doigts fins descendent mon visage comme une cascade d'eau tombant d'une falaise, puis s'arrêtent sur ma nuque. Ils se serrent un peu. Ils se serrent plus. Mes paupières s'entrouvrent et je distingue le visage crispé de mon amie. Elle a l'air déchirée, tiraillée... D'un coup, je comprend, ses voix prennent le dessus ! Pas le temps de réagir, je sens des griffes qui se plantent dans mon cou - peu profondément heureusement- et je pousse un cri de douleur. Le bras se retire brusquement, et nous nous fixons.

"Je... Désolée Edi... Je ne sais pas ce qui me prends !"

De son oeil coule une larme, puis elle m'enlace et mettant ma tête au creux de ses omoplates.

"Excuse...moi...Edi..."

Elle articule difficilement entre les pleurs. Je ne sais pas quoi dire, vraiment pas, je sèche complètement. Puis je me souviens de la recommandation qu'elle m'a faite : "Ne sors jamais de l'académie avec moi." Et je me souviens que j'ai totalement ignoré cet ordre, car je lui fais confiance.

"Je te fais confiance, Fuanteina", je souffle simplement.

En me blotissant contre son torse, je continue :

"Si je suis ici avec toi, c'est que je te fais confiance. S'il m'arrive quelque chose, tu n'es pas fautive, je suis la seule responsable. "

Je relève la tête pour essuyer ses larmes.

"Même si tu me tues, je ne t'en voudrai pas."

Cette phrase, je l'ai dite pour les voix. J'ai envie qu'elles arrêtent une fois pour toute de lui faire mal.
Je passe à mon tour mes bras autour d'elle et m'exclame :

"Je t'aime trop pour t'en vouloir !"

Elle a ignoré ce que je lui avais dit, et ça a failli mal finir. "Va au bout de ton acte !" Non, je ne veux pas ! Mais je dois le faire ! Alors qu'Edi essuie les larmes de mon visage en me disant qu'elle me fais confiance et qu'elle est sortie de l'académie malgré tout, je continue mon monologue intérieur, en essayant difficilement d'afficher un sourire sur mon visage. Si elle me fait confiance je n'ai aucune raison de m'en méfier... Mais j'ai déjà vu que résultait de cette confiance ! "Comme la dernière fois..." Non ce ne sera pas comme la dernière fois, j'en suis sûre ! Mais pourquoi en serait-il différemment ?

"Même si tu me tues, je ne t'en voudrai pas."

Vraiment ? Mais pourquoi ? Cela n'a aucun sens, personne ne veut mourir ! "Alors aucune raison de la laisser vivre." Non, je ne voudrai jamais sa mort, et quand bien même, c'est bien moins amusant quand les gens s'y attendent.

"Je t'aime trop pour t'en vouloir !"

Elle m'aime trop..? Vraiment ? "Foutaises !" Elle a bien dit qu'elle m'aimait ?! Alors je prends sa tête entre mes mains tremblantes, puis j'essaie de reprocher mon visage du sien. Elle ne m'aime pas comme ça ?!

Je veux en voir le cœur net !

Une fois de plus, son regard vert et mon regard gris sombre sont plongés l'un dans l'autre. Ma bouche est fendue en un petit sourire et une expression rassurante... Puis tout s'accèlère. Fuanteina prend ma tête entre ses mains, elle tremble, et nos visages s'approchent...
J'ai juste le temps d'écarquiller les yeux avant que je sente la pression de ses lèvres contre les miennes. Elle ferme les yeux, elle tremble encore.
C'est mon premier baiser, aussi inattendu que magique. Couchée au milieu d'un champ de fleurs dans les bras de la personne que j'aime, je crois que aucun humain ne peut rêver mieux comme atmosphère !
Mais il y a autre chose... Comment dire ?
Je me suis considérée comme hétérosexuelle de base. Car on est façonné et programmé ainsi, je crois. Mais pendant cet instant, ce court instant, je le sais, c'est elle que j'aime. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais réalisé que j'étais, disons, de cette orientation sexuelle... Mais depuis que je l'ai rencontrée, je sais que je suis unie à Fuanteina par un lien très puissant. Depuis notre longue étreinte au beau milieu d'un couloir, on a su panser mutuellement nos blessures.
Je suis homosexuelle, et tant pis !

N'est-ce pas ce sentiment qu'on appelle l'amour ?
Nos visages s'éloignent finalement, et je crois que mon monde a changé. Je souffle, heureuse :

"Je t'aime."

"Je t'aime."

Je me sens heureuse. J'aime Edi mais je me demande... comment en est-on arrivées là ? Il y a quelques jours à peine nous échangions des papiers en cours de biologie, et maintenant on vient tout juste de s'embrasser, seules dans les champs... Elle est inconsciente de m'avoir donné rendez-vous ici, mais maintenant, je n'ai plus jamais envie qu'on se sépare...

"Moi... Moi aussi..."

Pourquoi je bégaie ? Je dois avoir l'air hésitante, comment va-t-elle le prendre ? J'espère qu'elle ne pense pas que j'en doute...
Je l'enlace en susurrant :

"Edi..."

Je n'ai rien à lui dire, je veux juste la serrer dans mes bras, ce silence ne me dérange pas, je la laisserai parler si elle en a envie, mais je veux bien rester dans ce silence, dans ses bras une éternité ne dure que quelques secondes.

"Moi... Moi aussi..."

Fuanteina me prend dans ses bras, j'ai l'impression qu'elle est un peu embarrassée. Elle chuchote :

"Edi..."

Le silence s'installe.
Vous savez, il y a deux types de silences. Lors d'un entretien, d'un premier rendez-vous ou autour d'un repas : c'est ceux qu'on s'empresse de combler, les blancs qui mettent tout le monde mal à l'aise. Et il y a... ça. Ce silence, un cadeau, une petite éternité. Le genre d'instant si doux et si frais qu'il te laisse un goût de yaourt à la vanille dans la bouche.

Il y a aussi plusieurs types de personnes. Les démons, ces gens avides et cruels, égoïstes et rancuniers, ceux qui pensent à eux même, à leur sort, à leur ego. Les anges, ces gens parfaits et diplomates, beaux et grâcieux, ceux qui pensent à eux-même, à leur sort, à leur ego. Et il y a toi, Fuanteina. La fille double, entre les deux, qui ne pense pas qu'à toi-même, ton sort, ton ego. Toi qui s'inquiète des autres et qui endure, toi qui te détestes, toi que j'aime.


Toi à qui je prend la main doucement, toi contre qui je me repose, toi qui vient de m'arracher un sourire de bonheur pur rempli de yaourt à la vanille.

Edi me prends la main, toujours dans un silence religieux. C'est seulement avec elle que je me sens bien, que je me sens à ma place... Mon cœur bat la chamade. "Ça recommencera comme la dernière fois !", oui ça recommencera forcément ! Edi ne pourrai pas faire ça... "Bien sûr qu'elle le pourrait, pourquoi ne le ferait-elle pas ?" parce qu'elle m'aime. "Il faisait semblant de t'aimer de la même façon !", les circonstances n'ont rien de différentes, tout me dit que cela va recommencer. "Bien sûr que ça va recommencer.", pourtant je n'y crois pas, ou plutôt, je la crois, elle. "Tu la crois comme tu l'a cru autrefois.", oui ! Hors de question de se faire berner deux fois comme ça ! "Alors tue-la."... Je ne pourrai jamais lui faire de mal... Mais je vais devoir si c'est pour mon bien, si c'est nécessaire. "Ce n'est pas parce que ta sœur n'est pas là que ça ne recommencera pas avec quelqu'un d'autre !" Non, ça sera différent avec elle ! "Rappelle-toi de pourquoi tu as mis ta sœur derrière les barreaux ! Tout est parti de ta confiance stupide et aveugle !" Alors la seule solution est de la supprimer, ici et maintenant, sans conséquence pour mon avenir à l'académie. Ça sera différent, ça le sera, je le sait... Parce qu'il le faut ! "Mais elle, elle ne se gênera pas pour piétiner tes sentiments, encore une fois. Pourquoi ne le ferait-elle pas ?" Parce qu'elle...m'aime ? "Elle t'aime du moment qu'elle ne trouve personne d'autre."

"Arrêtez !"

Des larmes perlaient sur mes joues lorsque ces quelques mots déchirèrent le silence, je me mettais à douter... Pourquoi ? Ma main se serrait et se relâchait successivement, suivant mes pensées, allant de l’effleurer à peine, à presque la lui broyer.

"Edi, je ne veux plus jamais vivre une fausse relation idyllique...

Et pour ce faire, il fallait la tuer, je n'avais pas le choix.

"Arrêtez !"

Fuanteina pousse un cri aigü, strident, soudain et je sursaute. J'en connais la cause, c'est les voix, les voix dans sa tête, encore... Elle commence à pleurer, me lâche la main... puis l'empoigne à nouveau, très fort. Elle répète ce mouvement plusieurs fois, comme saisie par une crise d'angoisse, ses voix semblent avoir pris le dessus.

"Edi, je ne veux plus jamais vivre une fausse relation idyllique..."

C'est les voix, les voix parlent. Pas Fuanteina, pas ma Fuanteina. L'autre.
Quand je l'ai rencontrée pour la première fois, ça m'a fait peur, comme les démons dont on parle dans les vieilles légendes enfemées dans les grimoires. Les démons tout en noir, raffolant de sang et de souffrance, ceux qui veulent la mort et le chaos. Mais je n'ai plus l'ombre d'un doute, à présent. J'ai juré de l'aider, d'être à ses côtés même dans ces moments là ! Et plus qu'une promesse, c'est un besoin : comment pourrais-je vivre sans elle ? Je ne suis plus effrayée. Je considère les voix non pas comme des démons mais juste comme des parasites qu'il faut exterminer.
Bref, mes réflexes prennent le dessus et je réagis au quart de tour : je saisis ses poignets pour qu'elle ne fasse pas quelque chose qu'elle regretterait, et je plante mon regard franc dans la sien pour la ramener à elle-même.

"Je sais, Fuanteina, je sais. C'est pour ça qu'on s'aime, non ? Et on s'aimera sincèrement pour toujours."

I'M BACK !!:

Edi plonge son regard dans le mien, puis me dit sincèrement :

"Je sais, Fuanteina, je sais. C'est pour ça qu'on s'aime, non ? Et on s'aimera sincèrement pour toujours."

"Tu ne vas pas croire ça ?!" Pourtant j'en ai envie... Mais ça c'est déjà mal fini. Et j'ai massacré des gens pour ça... "Alors tue-la de suite, ça évitera de causer plus de morts, il n'y en aura qu'une." Je ne vous écouterai jamais ! Elles ne demanderaient pas moins de morts, elles veulent juste mon malheur. "Je veux juste que tu ne revives pas une expérience négative que tu as vécu dans ton passé." Peu importe vos avis, on ne serait pas toute les deux ici si il n'y avait aucun avenir dans cette relation. "Tu regretteras cette confiance plus tard."

"Edi..."

Je sens une larme caresser ma joue, je la serre dans mes bras.

"Je t'aime Edi..."

Je tremble légèrement, mais je ne veux plus entendre ces voix, je veux juste être avec Edi pour l'instant, elle est la seule qui veut guérir ce mal dans ma tête.

"Edi..."

Pleurant, tremblant, Fuanteina me serre dans ses bras.

"Je t'aime Edi..."

Je souris en fermant les yeux, attendrie. Je viendrais à bout de ses voix coûte que coûte, pour elle ! En carressant doucement le haut de son crâne, je la réconforte :

"Là, là, tout va bien, je suis là... Je t'aime aussi."

Elle était comme une petite fille, une petite soeur contre ma poitrine, dans mes bras, tremblant comme une feuille. Un petit être chaud qui réchauffe l'âme.
On reste un petit moment dans cette position, sans rien dire, juste en respirant l'une contre l'autre. Puis le vent se lève un petit peu, caresse mes joues et fait flotter les cheveux de l'Emeraude. J'ouvre doucement les yeux et j'aperçois une butte surplombant un petit ravin au loin.

"Fuanteina ? Et si on allait se balader un peu par là-bas ? Il y a une colline, on pourrait monter tout en haut. En plus ce sera génial, il y a du vent."

Elle accepte et on se lève doucement, comme si l'on se réveillait d'une longue nuit parsemée de rêves. Je lui prend la main, nous marchons au milieu des champs ; nos habits et nos cheveux pleins de grains de blé. Et je me sens bien.

On reste un moment dans le silence, mais surtout, dans les bras l'une de l'autre. Je ne sens que son expiration sur ma nuque, et la chaleur de son corps sur mon oreille, posée sur sa poitrine... Je ne dis mot. Elle rompt le silence :

"Fuanteina ? Et si on allait se balader un peu par là-bas ? Il y a une colline, on pourrait monter tout en haut. En plus ce sera génial, il y a du vent."

Elle saisit ma main et on se lève, on marche main dans la main, le vent caresse mes cheveux, les soulève et les laisse retomber, je vois en partie le visage d'Edi et ça me comble de bonheur, les voix se taisent enfin. Arrivées au sommet de cette colline j'observe tout le paysage s'offrant à nous ; c'est une magnifique vue. Je serre la main de la Saphir en lui disant :

"Tu as changé mon enfer en paradis Edi..."

Je souris en la regardant dans les yeux un moment sans dire un mot, puis je lui saute au cou et lui vole un baiser, avant de la serrer dans mes bras en posant ma tête sur son épaule et lui chuchotant à l'oreille :

"Je t'aime."

"Tu as changé mon enfer en paradis Edi..."

Alors que je m'apprête à me tourner vers Fuanteina, je sens tout son poids sur mes épaules et ses lèvres sur les miennes.
Elle ne me lâche pas mais me susurre un mignon "je t'aime" à l'oreille. Touchée par ces trois mots tout cons mais si sincères, je laisse échapper un petit rire. J'hésite à la prendre à la taille pour la faire tourbillonner, mais vu ma carrure je vais m'écrouler sous son corps ; alors je me contente d'un sourire euphorique et d'un gros câlin.

"Moi aussi, moi aussi, moi aussi !"

Je ris beaucoup, je ris en frottant énergiquement ma tête contre la sienne, envoyant au passage tout plein de mèches dans son visage. On rit beaucoup. On rit comme des détraquées mentales, mais on est si heureuses...
J'aimerais que ce moment dure toujours.
Toujours, pour toujours ! Ensemble à rire et à se câliner, à s'aimer comme si on s'en foutait de tout le reste.

On continue à marcher en se tenant la main, on écoute la brise, on se met même à danser au milieu du champ, on rit.
Je suis amoureuse de Fuanteina.