Ici, personne ne te réveilleras (PV Warren)

Mon pas était lourd. Je ne pouvais plus faire marche arrière. Tel Orphée, il m’était à présent impossible de me retourner. Si je me retournais, j’avais perdu. C’était de la pression. Un amont incroyable de pression. J’avais l’impression que mes pieds s’étaient transformés en boulets. Je m’efforçais de ne pas les traîner au sol. Je me devais de partir dans la dignité. Une marche lente, macabre. La dernière de toutes. La fin de tout. C’était donc à ça que ça ressemblait ? Quelle fin minable, tout de même. Je ne pouvais pas m’empêcher de le penser. Au lieu de mourir en héros, je mourrais au milieu des miens, sans avoir pu les sauver. Mais je savais une chose, c’est que ça n’était pas ma faute. Non, ça ne l’était pas. Si l’on m’en avait laissé l’occasion, j’aurais assumé mon erreur. J’aurais pu les défendre contre vents et marrées. Jïnn et moi l’aurions fait, puisque c’était notre faute. Jïnn… C’était impossible. Impossible qu’ils l’eussent vaincu. Ils n’étaient qu’humains. Dans aucun des mondes ils n’auraient pu le vaincre. C’était mon disciple, je connaissais très bien ses capacités. Le fait qu’il s’en soit sorti relevait de la pure logique. Ça ne pouvait être qu’évident. Jïnn avait survécu… Mais je me fis brutalement ramener sur Terre. Si je n’avais pas mon pouvoir, lui non plus.

Je m’arrêtai devant la grande porte du hall. Vraiment tous avaient disparus… Non, c’était impossible. Il n’y en avait d’autres qui avaient des pouvoirs leur permettant la survie. Ils ne se seraient jamais fait avoir par de simples torches et fourches. Ni même des fusils. J’eus alors envie de retourner voir le professeur, lui demander ce qu’il était advenu de ces élèves. Oui, c’était quasiment certain, il y avait forcément des gens qui avaient de quoi fuir, de quoi affronter la révolution. Les chances que tout le monde se soit fait tuer étaient de zéro. Il y avait forcément des survivants. Une force invisible m’enserra alors la taille et je me crispai d’abord sur place, avant de comprendre que ce n’était que le fruit de mon imagination, mais surtout un rappel de ma conscience : cela devait terminer ici. Je ne pouvais plus reculer, avais-je dit. Je ne devais pas me retourner. La tête haute, le regard plus assuré, je poussai la porte.

À l’intérieur… C’était un carnage. Des corps, des balles, du sang. Évidemment. Je passai furtivement mon regard sur chaque détail. Cela ressemblait à une pièce théâtre, voire un film. Un film sur la guerre. Un bâtiment fantôme, abandonné, et moi, guerrier me tenant sur les décombres de ce qui fut une académie vivante et active… Il n’en restait que quelques élèves fuyards.

Des pas retentirent. Aussitôt, j’empoignai plus fermement mon arme à feu, prêt à tirer. La sécurité était déjà retirée, depuis mes menaces au professeur. Les pas se rapprochaient. Moi aussi. Lorsque la personne apparut de l’encadrement du mur… Je reculai de quelques pas, les yeux écarquillés. Les tremblements reprirent, je lâchai mon arme, et peu après, mes fesses la suivirent au sol. Jamais mon cœur n’avait jamais battu aussi fort.

« … T’es… T’es vivante… Dieu merci… »[/i]

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'Dés de danger' : 4

L’atmosphère était… Étrange. Presque palpable. C’était assez étrange après tout. Des morts partout, et je retrouvais ‘Weiss au milieu de tout ça… Je savais, que j’étais en partie responsable, mais que c’était surtout les pires des circonstances qui avaient causé cette situation. Mais j’étais tout de même heureux de la retrouver… C’était vraiment rassurant. Pouvais-je vraiment me suicider devant elle ? Après tout, peut-être serait-elle perdue sans moi… Je respirais, tout doucement pour reprendre un rythme convenable. Je devais me calmer. Calme-toi, Warren. Tout allait bien. C’était ‘Weiss, ta chère ‘Weiss…
 
Non… Quelque chose clochait… Je n’arrivais pas à sentir quoi… L’ambiance était beaucoup plus pesante que cela. Elle s’était arrêtée en me voyant. Elle me regardait, alors que j’étais à terre… Sans la moindre expression. Il y avait un problème… Un gros problème… Elle ne disait rien… ‘Weiss, qu’est-ce que…
 
Une arme à feu. J’écarquillai les yeux et brusquement, mon instinct de survie reprit le dessus. Je m’arrachai du sol, forçant mes jambes à me porter de nouveau, et entendis un coup de feu partir. Ce n’était pas le moyen. ’Weiss voulait me tuer. Mais il en était hors de question. Je ne pouvais pas mourir ici. Pas maintenant, pas tué par ma meilleure amie ! Pas sans une explication au moins. Fais chier ! C’était quoi ça maintenant ? Je serrais les dents, les larmes aux yeux.
 
« ‘Weiss putain ! Qu’est-ce que tu fous ?! »
 
Je m’empressai de m’essuyer les yeux, alors que ses yeux vides d’expression me suivirent. Le canon de son arme aussi. Je serrai la mienne… Mais je ne pouvais pas la tuer ! Tsuki avait trop perdu des leurs… Pour que je me le permette. Et c'était ma meilleure amie... Je n’allais pas mourir. Mais il fallait que je la neutralise. Au plus vite.
 
« Réponds-moi, ‘Weiss ! Pourquoi tu fais ça ? Parle-moi, bordel ! »

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'Dés de danger' : 4

Merde… J’étais touché… Qu’est-ce qu’il se passait, c’était impossible… ‘Weiss ne pouvait pas vouloir ma mort… C’était ma meilleure amie, bordel ! Vous savez ce que ça fait de voir votre meilleure amie tenter de mettre fin à vos jours ? Ça perce le cœur, et on se noie dans l’incompréhension la plus totale. On est perdu. Et elle, infatigable, sans rien dire, elle continue à vous tirer dessus… Putain, mon épaule. Elle me faisait mal. Une des balles m’avait traversé l’épaule…

« ‘Weiss… »

Je ne comprenais pas. Comment en étais-je arrivé là ? Que se passait-il ? Je serrais mes dents pour ne pas me remettre à pleurer. Je devais pas craquer… Je devais la neutraliser à tout prix, mais elle avait un flingue, bordel ! Réfléchis… Réfléchis Warren, t’es intelligent ou as ? De nouveaux coups de feu retentirent, je réussis à les esquiver manifestement… Était-ce vraiment le cas ? J’avais une étrange sensation en moi, au-dessus encore de toute cette incompréhension, cette perdition… C’était autre chose encore. Je n’avais pas le temps de m’y attarder : ma vie était en danger, bordel ! Par ma meilleure amie… ‘Weiss, tu avais tant de valeur à mes yeux… Pourquoi ça ? Pourquoi refusait-elle de répondre ? Pourquoi aucune émotion ne teintait son visage ? Bon sang, parle !

D’un coup, la porte d’entrée s’ouvrit. Effaré, je me retournai : professeur McAlister. Je voulus crier son nom pour demander de l’aide, lorsque…

« PAN. »

Je m’arrêtai net. Les yeux écarquillés, rivés sur la tête du professeur. Bouche bée. Ses yeux semblaient sur le point de se révulser. Il s’était arrêté en pleine phrase. Et avait un trou béant entre les deux yeux. Il ne put même pas me regarder. Il tomba droit, devant lui. Le professeur était mort. Tué par ma meilleure amie.

Je ne sentis même pas les larmes couler. Je ne voyais plus ‘Weiss. Ni le professeur. Ni les cadavres. Je ne voyais qu’une représentation de ‘Weiss. Me souriant. Me consolant. Parfois me taquinant, parfois me boudant. Me confiant ce qu’elle avait sur le cœur, moi-même lui confiant mes soucis, m’efforçant de l’aider au mieux. Tous ces bons moments passés ensemble. C’était comme si tout cela avait perdu son sens. C’était la fin.

Un coup de feu me ramena à la réalité. Coup de feu que j’attendais. Je le savais. Je l’avais prédit. Mon regard se posa de nouveau sur la meurtrière. Il était calme.

« C’est toi… Qui les as tous tués. Pas vrai ? »

Je n’obtins aucune réponse. De toute évidence. Je me mis à m’avancer vers elle, alors que son arme était toujours pointée sur moi. Des coups de feu, des coups de feu, encore des coups de feu. Aucun ne m’atteignit. Son expression ne changeait pas. La mienne, très lentement. Je semblais inexpressif, mais à l’intérieur, je commençais à serrer les dents. Elle tira le coup de feu de trop. Encounter, de lui-même, me fit bondir les quelques mètres nous séparant et j’écrasai la jeune femme au sol sans le moindre scrupule, le visage ruisselant de larmes, déformé par la rage et la tristesse. Sa tête était à présent dans ma main, et son bras tenant l’arme était plaqué par mon autre main. Tout son corps était immobilisé par mon pouvoir.

« JE T’AI DEMANDÉ… Si C’EST TOI QUI LES AS TOUS TUÉS ! »

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'Dés de danger' : 14

Une meurtrière… Tu n’étais devenue qu’une meurtrière… J’avais tellement mal, mal pour elle… Et pourtant, je ne pouvais pas la laisser. Elle avait tué un professeur sous mes yeux… Elle n’était plus ‘Weiss pour moi. Elle ne pouvait plus… C’était impossible que l’on parle de la même ‘Weiss. Celle-ci était beaucoup trop inexpressive. Elle ne semblait même pas avoir mal. Cette ‘Weiss… Devait disparaître. Mes larmes coulaient toujours malgré moi, je ne pouvais pas les arrêter. Une énorme boule prenait toute la place dans ma poitrine. J’étais à bout. Elle ouvrit alors la bouche… Pour que je découvrisse l’horreur : elle avait la langue tranchée. Elle ne pouvait pas parler. Ma bouche s’ouvrit un instant… Puis je serrai les dents. Je ne voulais pas y penser. Je ne voulais y penser… Je serrai, serrai et me mordis la lèvre.

« Rends-moi ma meilleure amie… »

Je forçai encore sur l’utilisation de mon pouvoir : la pression exercée augmenta encore. Je voulais l’écrabouiller, la réduire à rien du tout… Je voulais qu’elle disparaisse, maintenant… Qu’on me rende la vraie ‘Weiss, maintenant… Ma meilleure amie n’était pas une tueuse, j’en étais convaincu… Même si à ce rythme-là… Je commençais déjà à me sentir fatigué. Mon corps n’était pas réhabitué à fournir autant d’énergie dans Encounter… Ça me rappelle, quand j’étais petit et que je voulais forcer… C’était le même état. Je ne l’avais pas encore recouvré entièrement. Pourtant, je ne décolérai pas, les yeux rivés sur cet assassin. C’est là que je remarquai… Difficilement à cause de ma vue brouillée et de sa peau mate… Une grande cicatrice dans son cou… Comme si elle avait été… Rafistolée ? Je me mordis jusqu’au sang. Qu’est-ce que ça voulait dire… C’était elle, ce n’était pas elle… ? Qui était-elle… Mes larmes redoublèrent, mais pas ma force. Je commençais à perdre de ma force vraiment, Encounter allait céder…

C’est là que je vis le pire. Ses larmes. Les larmes de ‘Weiss. Ces larmes, que je ne supportais pas. J’ai toujours détesté savoir que ‘Weiss pleure. J’ai toujours tout fait en œuvre, pour qu’elle n’ait jamais à pleurer. J’ai toujours séché ses larmes, toujours… Parce que c’était ma meilleure amie.

Encounter céda, et moi-même, je m’assis à côté, le visage caché par mes mains. Pleurant toutes les larmes de mon corps.


« ‘Weiss… Putain ! »

Je tremblais de partout. Quel était ce cauchemar ? Je n’en pouvais plus. C’était trop pour moi. J’abandonnais. Oui, j’abandonnais tout. Je n’étais pas un dieu. Je n’étais rien du tout, un moins que rien face à la vie. J’ai tout perdu. Ma vie, mes amis, ma meilleure amie. Je n’avais plus la force de rechercher la vengeance, de m’échapper. Mon sweat à capuche se retrouva petit à petit trempé par mes larmes et ma morve. C’était terminé. Une dernière fois, je regardai ‘Weiss dans ses grands yeux inexpressifs, sans que mes larmes ne cessassent de couler.

« Vas-y… Fais-le… Qu’on en finisse… Bute-moi… DÉPÊCHE-TOI, putain… Laisse-moi les rejoindre… De toute façon, ça pouvait terminer que comme ça, pour tous mes péchés… J’suis désolé… De pas avoir été là… Pour tout ce que j’ai fait… Mets fin à ma misérable existence... S'il te plaît, 'Weiss... »

J’attendais. Que pouvais-je faire d’autre ? Pour moi, tout ça n’avait aucun sens. J’attendais simplement que la fin arrive. Tout se décolorait. Je perdais toutes les saveurs du monde. J’attendais de me transformer en pierre. J’attendais que tout se termine enfin, que l’on mette fin à mon calvaire. Je ne voulais plus de cette vie de souffrance. Rien, il ne me restait plus rien, pas même Encounter. Pas d’amis. Pas de proche. Et tout cela m’avait été enlevé par ma meilleure amie. Quel sens pouvait-on donner à sa vie après une telle tragédie ? Qui se relèverait de ces malheurs ? Pas moi, en tout cas.

‘Weiss avait du mal à se relever, semblait-il. Ça ne me posait aucun problème. Nous étions seuls, ici. Personne ne viendrait nous déranger. Elle pouvait prendre le temps qu’elle voudrait. Aussitôt relevée, elle accomplirait sans doute sa mission. J’attendis à ses côtés, mes dernières larmes coulant silencieusement. Seuls des bruits de pas résonnaient de l’autre côté de la porte. Encore. Ils ne me firent pas tiquer le moins du monde. Je ne réagis pas lorsque la grande entrée s’ouvrit à la volée, laissant apparaître deux individus. Une femme semblait me parler. Mes yeux rougis de larmes ne quittèrent pas ‘Weiss en premier lieu. J’avais cessé de pleurer. Il ne restait rien dans mes yeux. Plus rien. J’avais opté pour le même visage que celui de ma meilleure amie. Je daignai tourner lentement la tête, et relever le menton vers les intrus lorsqu’ils me demandèrent ma confiance.

« Barrez-vous, je parle à ma meilleure amie. »

Une vie de merde. Qui voudrait d’une vie pareille, où tout a été enlevé ? Il ne me restait que les larmes, mais même celles-ci avaient disparues. Il ne restait que le néant, et c’était mieux, bien mieux comme ça. Je dévisageais toujours les intrus, sans la moindre expression. Que voulaient-ils ? On s’en foutait, ils m’emmerdaient à présent. Je ne voulais pas bouger. Que faisait ‘Weiss ? Qu’elle s’active, on avait pas beaucoup de temps. L’adulte semblait si sûre d’elle. Pourquoi ? Je m’en foutais, mais tellement… Je n’arrivais même plus à satisfaire ma curiosité. C’était comme si elle n’avait jamais existé, en fait. Dommage.

Elle poussa un cri. Une seconde après, un nouveau coup de feu. Ce dernier était si prêt que mon oreille siffla. Pourtant, je n’avais pas bougé. Mes cheveux voletèrent à cause de la balle. Manqué de si peu… Mais je restais une cible assez facile… Sauf si elle manquait de munitions. Ce qui semblait être le cas… Zut. Une tentative… Ratée ? Je me souvins avec sarcasme à quel point j’insultais les suicidaires qui faisaient des tentatives de suicide ratées. J’étais donc tombé si bas ? Bah… Ça n’avait aucune importance. Personne ne s’en souviendrait.

Mon esprit, et une petite partie dans mes yeux s’éveilla à la première phrase qu’elle prononça cependant. ‘Weiss ne me ferait jamais de mal… Dans un autre endroit… Mes yeux s’écarquillèrent lentement… ‘Weiss, Jïnn… Ils étaient vivants, ailleurs… Je regardai à nouveau la meurtrière. C’était pourtant bien l’air de ‘Weiss. Son visage, son corps, ses larmes… Mais pas son regard. Je me remis un peu à trembler. Mes émotions remontaient une nouvelle fois.. C’étaient vraiment des montagnes russes. Je tournai la tête vers l’adulte, les yeux ouverts au maximum, la bouche un peu entrouverte.

« Ça n’a plus aucune importance. Emmenez-moi. Mais tirez-moi de ce cauchemar. »

J’allais la suivre, oui… J’allais sortir de cet enfer… C’était tout ce qui avait de l’importance… J’allais pouvoir retrouver une vie normale, revoir tout le monde… Revoir ‘Weiss… La vraie ‘Weiss… Ils mentaient peut-être, mais c’était le seul espoir auquel se raccrocher. Il ne me restait rien d’autre comme choix. À nouveau, je sentis ma volonté m’abandonner. Je ne voulais plus rien tenter. C’était trop, bien trop pour moi en une journée. Docilement, je me relevai et suivis les adultes. Un peu chancelant, je marchai juste derrière la femme. Celle qui m’avait parlé. Je ne lui faisais pas confiance. Même si elle était mon seul espoir. Pourtant, j’allais me montrer docile. Après tout, je ne pouvais rien faire d’autre qui soit vraiment signifiant. Avant que je puisse saisir son bras lorsqu’elle me le demanda, elle saisit le mien. Là, ce fut un noir total. Juste… Des secousses, de grosses secousses. Je ne ressentais que le bras de l’adulte. C’était comme si… Comme si nous transplanions. Mais sur plusieurs minutes. Puis d’un coup, tout se ralluma. Tout était blanc. Là seulement, on me lâcha le bras.

Cette salle blanche… Elle n’avait pas besoin de le dire. Je connaissais cet endroit. Nous étions à l’Agence. C’était la troisième fois de ma vie que j’y mettais les pieds. Je commençais à être habitué. Je regardai autour de moi. L’adulte vomissant, la porte fermée, la chaise devant moi… Tout cela était bien réel. Qu’est-ce que tout cela voulait dire… J’y comprenais de moins en moins. Tout cela avait-il seulement le moindre sens ? Je finis par prendre place, écoutant ce qu’elle avait à me dire. Vivants, oui… Mon souffle s’accéléra un peu lorsqu’elle évoqua mes amis. Calme, je devais me calmer… J’étais encore sonné. Il n’y a pas cinq minutes, ce qui ressemblait à ma meilleure amie voulait me tuer. L’Agence pas responsable… L’Agence pas responsable ? Comment ça ? La vérité. Si je voulais savoir la vérité… Je fus incapable de répondre de suite. La vérité sur ce qu’il venait de m’arriver… Ni un cauchemar, ni une illusion… Et ils voulaient me parler de la vérité ? Ma tête se baissa un instant. Puis, je passai une main sur mon visage, replaçant mes cheveux en arrière. Au passage de ma main, mon regard avait changé. Il se voulait plus assuré, plus ferme. Mes sourcils s’étaient froncés. Ma main s’était crispée dans mes cheveux pour les gratter, de nervosité. Peut-être un peu de rage. Si vite ? Oui, non ? Peu importe.

« Dites-moi. Tout. Je veux savoir. C’était quoi, ça ? »

J’assimilai tout. Tout ce qu’ils me disaient. J’absorbai pour moi chaque mot. Chaque lettre. Chaque information. Aussi folle, loufoque, bizarre, surnaturelle soit-elle, je pris tout pour argent comptant. Tout. Les dimensions parallèles, les conséquences, le retour dans le passé. Le fait que je venais d’une autre dimension. Tout, je pris tout. Weiss, Jïnn, devenus mercenaires… Non, forcés à le devenir. Le reste, tous morts. Par les leurs. Une punition partie trop loin, à cause de témoins… Qui ont enclenché une suite d’événements menant à la destruction de la forêt par mon ami et moi. Tout ça…

Lorsqu’elle eut fini, je restai sur ma chaise. Je n’étais encore pas prêt pour répondre. Tout était dans ma tête… Je devais à présent trier le tout. Cela prit du temps. Cinq minutes. Dix minutes. Quinze… Enfin, je réagis. Mes yeux avaient regagné leur éclat de vie. Je soupirai, et me relevai de mon siège. Je reculai de quelques pas, et me mis à faire les cent pas, replaquant en arrière mes cheveux une nouvelle fois, me les grattant.

« Donc…
Tout ce que j’ai vécu… Est issu d’une dimension parallèle… Existante actuellement…
Quelqu’un maniant le temps a changé l’histoire, et a créé une timeline dans laquelle mon combat avec Jïnn sera sans conséquences pour l’académie…
Je suis donc issu de la dimension Bad End, et l’Agence m’a amené dans la bonne dimension…
Toujours dans la dimension Bad End, tous ceux qui comptaient pour moi sont soit morts, soit ont été transformés en des machines sans émotion… Ou presque…
Maintenant, nous sommes dans la bonne dimension, où je suis en sécurité. »

Je m’arrêtai net. Je redressai mon menton, et regardai la femme qui semblait en connaître beaucoup.

« Si je viens d’ailleurs… Je suppose que j’ai un alter-égo ici… Or, nous ne pouvons vivre la même dimension. Alors… Qu’en est-il de lui ? »

On dépassait déjà les limites du rationnel, depuis longtemps. Mais je voulais d’abord des réponses, avant de montrer vraiment ce que je pensais à l’Agence.